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D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DI
N° 2417.
MERCREDI, 2 Décembre, 1840.
24mô Année.
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FEUILLETON.
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LE REGARD D'UNE FEMME.
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JUSTICE
EN TOL DE TABAC.
Quoi que puissent dire Aristote et toute
la philosophieil n'est rien d'e'gal au tahac
c'est la passion des honnêtes gens; et qui vit
sans tabac n'est pas digne de vivre.
Ainsi s'exprime Sganarelle dans le Don Juan
de Molière; et telle est, nous ne croyons pas
nous tromper, l'opinion de beaucoup de per
sonnes, mais surtout de nos campagnards.
Nous sommes tellement machines, qu'il nous
faut presque toujours des moyens excitants, des
causes exte'rieures pour nous faire jouir de toutes
nos capacités h la fois. Des excès quelconques
ont donné des lueurs d'enthousiasme au plus
stupide, des instants de délire au plus blasé.
Je ne connais rien de plus difficile h exprimer
que le bonheur, et je plains toujours les orateurs
de la chaire quand il leur faut peindre les joies
du paradis. En voulant décrire ce qu'il y a dans
le regard d'une femme, je suis aussi embarrassé
que si j'avais a parler du ciel. 11 est des choses
que le cœur seul a le droit de sentir, et qui,
exprimées par des paroles, restent tout a coup
incomplètes et inachevées. On dirait que la langue
n'a été donnée l'homme que pour servir d'in
terprète a l'esprit, et qu'elle n'a rien faire
avec les choses de l'âme. Quand il s'agit de sen
timent, rien n'est éloquent comme le silence. Or,
le regard d'une femme est tout de sentiment; de
quelles paroles, de quels accens dois-je donc me
servir?... Oh! que n'ai-je la voix d'un ange! Que
ne suis-je un de ces etres éclos de l'esprit de Dieu,
h qui il a été donné de connaître les choses d'en
Le tabac, employé d'une manière ou d'autre,
produit sur le système nerveux une agréable
irritation et plonge l'esprit et les sens dans un
délicieux enivrement, dans une extase ravissante.
Aux hommes instruits, il échauffe l'imagination,
il dégage et coordonne les idées, il facilite
l'expression ceux qui sont demeurés dans
l'ignorance en éprouvent au moins un sentiment
ineffable de bien-être matériel. En ce qui con
cerne ses effets, le tabac est comparable au café,
au vin, a toutes les nourritures, h toutes les
boissons stimulantes.
Orc'est évidemment sur le palais de ces
hommes, qui travaillent beaucoup et qui se
nourrissent uniquement des fruits de la terre,
que les propriétés du tabac doivent exercer
l'action la plus puissante et par conséquent la
plus voluptueuse. Aussi nous est-il arrivé de
causer avec des cultivateurs qui avouaient naï
vement qu'ils se lèveraient la nuit pour fumer
la pipe si leur chère moitié n'avait intérêt h
s'y opposer.
Cependant la passion du tahac, comme toutes
les passions, porte quelquefois malheur.
Le nommé Auguste Dhoisne, journalier h
Waroêtonexploite un bien chétif jardin. A
coté d'un parc de pommes de terre, il y plante
approximativement assez de tabac pour fournir
haut, de comprendre les merveilles de la création
Alors, peut-être, je dirais tout ce qu'il y a d'eni
vrant, de mystérieux et de divin dans le regard
d'une femme; alors, si Dieu m'avait touché les
lèvres, je trouverais des paroles assez nombreuses,
assez de suavité et d'harmonie pour faire passer
les impressions de l'âme dans des lignes que la
plume laisse après elle en courant. Mais, réduit
l'impuissante faiblesse des habitans de la terre,
pauvre et inhabile plus que personneje ne
pourrai que balbutier quelques mots rude et gros
siers, comme l'enfant qui, pressé par ses premières
sensations, s'essaie avec effort a articuler des
syllabes.
Le regard d'une femme!... c'est la qu'est son
âme, sa vie, tout ce qui vit et respire en elle; c'est
le foyer d'où part toute flamme, le miroir magique
qui reflète tous ses sentiraens; le cœur d'une
femme est un livre fermé, mais un regard nous
l'ouvre, un regard, comme un rayon dans la nuit,
nous éclaire soudain, et nous lisons les caractères
sacrés qu'un doigt invisible a tracés dans le livre.
sa propre consommation. Cette année, nous
ne savons par quel hasardsa récolte lui a
paru devoir être insuffisante. En même temps,
il a vu que celle de son voisin était excessive,
et il a senti naître instinctivement en lui, l'idée
d'établir cet équilibre dont ne cessent de nous
abasourdir les philosophes et les politiques.
Mais les gendarmes, qui ne voient que du
feu dans la question d'Orient et sous le colbac
desquels il serait impossible d'introduire un
atome de philosophie, ont eu l'impolitesse de
se rendre chez lui sans le prévenir, se sont
emparés, sur l'indication du plaignant, d'un
échantillon tant du tabac usurpé que du tabac
du crû, dont l'un était a cette époque encore
plus vert que l'autre, et ont envoyé le tout
au parquet avec accompagnement d'un procès-
verbal bien conditionné.
Donc le prévenu est sur la sellette et le
volé raconte l'affaire.
Le président regardez ces tabacs et dites-
nous quel est le vôtre, quel est celui de Dhoisne.
Le plaignant (après avoir défait le paquet,
il eu tire plusieurs franges en feuilles de ni-
cotiane, et les examine très-lentement) voila
du tabac volé.
Le président allons, dépêchez-vous, mon
trez-nous du-tabac non volé.
Vous est-il arrivé le soir, travers une allée
solitaire, au bord d'un lac ou dans un vallonde
suspendre un moment vos pas rêveurs pour cher
cher dans le ciel l'étoile la plus belle et la plus
douce h vos yeux? Vous regardiez longtemps
l'astre que vous aviez choisi; vous vous plaisiez h
le voir scintiller dans le firmament, vous admiriez
son éclat paisible, son front mélancolique; vous
vous enivriez de sa beauté et de ses tendres rayons,
et dans votre ivresse vous le preniez pour un ange
perdu dans l'espace, ou pour un jeune enfant en
levé de la terre. Mais cette étoile si suave, si
pleine de charmes, qu'est-elle a côté de ce regard
divin d'une femme qui nous livre et nous aban
donne toutes ses sensations, alarmes touchantes,
d'une tristesse, joies secrètes, désirs inquiets? Oh
quand une femme, avec des yeux bleus rayonnant
sous de longs cils noirs, repose son regard sur toi,
pauvre jeune homme, n'es-tu pas plus heureux
que si tu contemplais l'étoile la plus belle, la plus
douce, la plus radieuse!
C'est par le regard que la femme commande et