D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET N0UVE1LES DIVERSES.
N» 2434.
SAMEDI, 30 Janvier, 1841.
24me Année.
FEUILLETON.
YPRES.
En rendant compte du concert donné
par la société de S-Sébastien, nous avons
oublié de dire que Mr Fr. Deleu, de Mes
sines, élève de Mr Yerhille, y a fait un
début très-satisfaisant. Les heureuses et
brillantes dispositions de ce jeune homme,
âgé de douze ou treize ans tout au plus,
ont excité un vif intérêt dans le public.
L'Église de S'-Marlin a fait l'acquisi
tion de trois tableaux représentant tous
les prélats qui ont administré l'évêché
d'Ypres.
A ce que l'on dit, ces toiles formèrent,
il y a nombre d'années, la tapisserie d'une
pièce au palais épiscopal. Elles passèrent,
nous ignorons par quelles circonstances,
entre les mains de plusieurs particuliers,
et furent achetées par la ville qui en fit
don ou les céda la cathédrale.
Chaque tableau renferme évidemment
autant d'anachronismes qu'il offre de per
sonnages, et aucun des trois n'a l'avantage
de porter le cachet d'un talent distingué.
Le seul mérite de ces productions est de
transférer la postérité les physionomies
AMOUR CONJUGAL.
plus ou moins fidèles des évêques de notre
ancien diocèse.
II y a identité monotone dans la manière
de traiter le sujet les dignitaires de l'Église
discutent et délibèrent autour d'une table.
Le premier présente
10 Mar t. Yalck dit Rithovius, décédé en 1583.
2° P. Simons, décédé en 1605.
3° C. Maes, de Bruxelles, décédé en 1612.
4° J. Devisschere, décédé en 1613.
5° Ant. De Hennin, décédé en 1626.
6° Georges Chamberlain, décédé en 1634.
Le deuxième
7° Corn. Jansenius de Leerdam, décédé
en 1638.
8° Jud. Bouckaert d'Iséghem, décédé en
1642.
9° F.-J. Derobles, décédé en 1659.
10° M. Prats, décédé en 1671.
11° H. Vanhalmale, d'Anvers, décédé en
1676.
Le troisième
12° G. Herincx, décédé en 1678.
13° M. Deratabon, décédé en 1728.
14° C. Guide De Laval de Momorenci, dé
cédé en 1713.
15° J.-B. Desmedt, décédé en 1741.
16° GuillDelvaux de Liège, décédé en 1761
17° F.-J.-H. De Wavrans, décédé en 1784.
18° C.-A. Darberg, décédé en 1809.
Les tableaux dont s'agit, sont placés
dans les arcades qui séparent le vaisseau
de l'Église d'avec la chapelle du S-Sacre
ment. Nous ne pouvons pas nous habituer
les voir sur cette jolie balustrade en
cuivre où, d'après notre avis, ils rompent
l'harmonie de l'ensemble architectonique.
Aussi est-il croire que MM. les fabriciens
reviendront leur premier projet, celui
de les exposer entre les vitraux de ladite
chapelle. Là sans doute, ils auraient moms
de lumière; mais il ne serait pas iiiq>os-
sible de les voir. Du reste, nous l'avons
dit, ce ne sont point des chefs d'oeuvre dé
peinture et il faudrait les placer dans,
l'obscurité la plus complète plutôt qu'é de
les faire servir altérer la beauté de la
basilique.
On écrit de Bruxelles, 29 janvier
La chambre de commerce de cette ville,
informe les négociants de son ressort que
le gouvernement lui a adressé l°des ren
seignements sur les relations commer-
cialles de la Belgique avec les ports russes
de la mer Noire; 2° concernant la Maldavie
et la Valachie, avec comptes simulés; 3° le
bulletin commercial de Rio-Janeiro, au 15
octobre 1840; et 4° des renseignements
très-curieux sur les Mexique, ainsi que des
échantillons d'indiennes qui y trouvent du
débit. Les intéressés peuvent prendre ins
pection des documents précités, en s'adres-
sant au secrétaire, rue du Lombard, n° 7,
tous les jours non fériés, dé 10 h. midi.
LE PROPAGATEUR,
Ce Journal parait le MERCREDI et le SAMEDI. L'a
bonnement est de 4 fr. par trimestre pour la Ville, et 4
fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste.
Les insertions se paient 17 centimes la ligne. Affranchir
les lettres.
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De toutes les affections d'où l'homme tire le peu
de bonheur dont il jouit sur la terre, il n'en est
point qui ait été aussi diversement jugée que celle
qui porte le nom damour conjugal. Objet a la
fois de piquantes et cruelles railleries, de sombres
et flétrissantes accusations, de scepticisme et d'en
thousiasme; tantôt considéré comme le gage trom
peur d'un vil marché, d'un contrat où le cœur n'a
nulle part; tantôt comme une œuvre du ciel, le
fondement de l'état social, la base de toute félicité
sur la terre, l'amour conjugalpréconisé par les
uns, méconnu par les autres, s'est vu tour tour
revêtu et dépouillé de son auguste caractère, de
ses plus doux attributs. Il faut peut-être chercher
la cause de cette diversité de jugemens dans l'ha
bitude où l'on est de confondre, assez mal pro
pos, l'amour conjugal avec le mariage proprement
dit, la partie poétique et morale avec le matériel,
le positif, le dieu avec le temple et l'on en est
venu jusqu'à nier l'existence du premier quand on
a trouvé le second délabré ou désert. L'amour,
tel que le conçoivent les jeunes cœurs, peut-il
exister dans le mariage? Madame de Staël, qui a
fait de cette question le sujet de si belles pages, le
croit et elle déplore, avec son talent et sa chaleur
d'âme ordinaires, la perte de cette illusion; perte
qui suit les premiers mois du mariage, et qui gâte
si cruellement le bonheur des époux. Mais ne
serait-ce pas faute de connaître le véritable ca-
ractère de l'amour conjugal, que naissent d'aussi
fréquens, d'aussi douloureux mécomptes L'a
mour qui préside au mariage n'est point cette
passion impétueuse, mutine, subjugante, qui naît
dans l'effervescence des sens, s'apaise avec eux, et
se consume par sa propre violence; ce n'est pas
cette passion terrible, redoutable, que l'antiquité
représente tantôt sous les traits d'un enfant aveugle,
agitant dans ses mains une torche ardente ou des
traits acéréset tantôt sous ceux aussi d'un
enfant qui porte au dos des ailes d'aigle, et dont
les mains puissantes soumettent un lion la nature
vive et capricieuse de ce jeune dieu ne saurait se
plier aucun joug, fût il de fleurs; ses fortes ailes
sont faites pour s'agiter dans l'espace il périrait
sous les saintes entraves du lien conjugal. 11 est un
autre amour qui, parmi les pénates domestiques,