Nos illusions coloraient encore un des tableaux projeté, et pour le faire avec équitéle milieu se présente naturellement comme la base la moins sujette h critique. A quoi servirait-il de s'élendre sur les bien faits que les voies de communication apportent aux populations voisinespour entourer le projet actuel de l'auréole d'une brillante ex pectative De tels développementsquoique se rattachant intimement au sujet, seraient certainement superflusdans une requête principalement déstinée a être soumise aux méditations d'une administration aussi éclairée que la votre. Qu'il suffite de dire, que l'impulsion civi lisatrice qui exercerait son influence sur le pays sillonné, viendrait des deux cotésdes deux points de départ de la route, remarque que l'on ne doit point perdre de vue, parce que le même avantage n existerait pas, en dirigeant une chaussée vers un autre point quelconque de la route française de Lille ci Dunkerque. Dranoulre, Locre, Westoutre, Reninghelst, une grande portion de Kemmel mêmesont autant d'endroits où la circulation et le mou vement doubleraient d'importanceoù l'or, verrait se répandre une aisance inattendue, où les propriétés croîtraient en valeur dans une progression rapideoù Vagriculture actuelle ment languissante et gênée, atteindrait bientôt un haut degré de prospérité Diclebusch participerait ces avantages, qui tous reflueraient et se résumeraient dans la ville d'ïprès, centre obligé de toutes ces localités. N'oublions pas tout ce que le bureau de douanes gagnerait en activité- la frontière et ne laissons pas de coté cette autre obser vation pleine d'avenir, que tôt ou tard un embranchement lierait celte route vers Locre Neuve-Eglise, et amènerait la solution de cette question si difficile, de faire aboutir une qui rappellent les grands souvenirs, l'herbe foule'e aux pieds par les pas de l'histoire, conserve pré cieusement dans un album a côté d'une feuille du laurier de Virgile, d'un peu de mousse de la fon taine de Vaucluse, d'un rameau de l'arbre de Femey, conserve, dis—jeune feuille de lierre cueillie aux murs de la cabane de Guillaume Tell. A l'aspect de cette feuille sèche, chacun croit voir, en même temps que le noble paysan conspirant la délivrance de son pays, le mal heureux père obligé d'atteindre un but deux lignes du front de son enfant, l'heureux archer ayant assez bonne flèche pour épargner son fils et tuer son tyran. On sait cependant qu'une his toire danoise étant arrivée en Suisse, se natu ralisa dans ce pays, fut appliquée h l'époque de la régénération de l'Helvétie, et reçut pour mo nument une antique petite cabane qui, du haut d'une plate-forme de rochers, reflète son chaume et ses festons de lierre dans les eaux du lac des quatre cantons. chaussée l'intéressant Neuve-Église, sans que la ville d'Y près perde de ses rapports avec cet endroit commerçant. Deux projets, fortement appuyés de part et d'autre, ont occupé longtemps l'attention des hommes réfléchis au détriment de l'entreprise d'uneportée plus grande et plus généralement utile, quoique moins frayeuse, dont le gou vernement a pris présent l'initiative. Ces deux projets, en lutte dès leur origine, et nés pour s'entre détruire, parce qu'ils s'attaquaient par des moyens fondés de part et cF autre, ont expiré le jour des dernières publications. Les uns voulaient une chaussée de Aeuve-Église Messines, et de Messines Wàrnêton; les autres une route d'Ypres par Kemmel Neuve- Eglise, avec prolongement jusqu'à je ne sais quel point sans nom du pavé français. Adopter le premier système, c'était, par les petites chaussées de Comines et de Wervicq, enlever Ypres tout le bénéfice de la vente et du transit sur Neuve-Église. On est d'accord que Neuve-Église est un village très commerçant quel est le négociant de cet endroit, qui tirant ses marchandises ou les envoyant par le chemin de fer, ne les eût pas fait passer par les petits pavés mentionnés, sans faire le détour, quoique peu considérable, par Ypres Neuve-Eglise en eut eu peu d'a vantage, et Ypres en aurait souffert tout le préjudice. Aussi votre vigilance n'a-t'elle pas été mise en défaut, Messieurs, et en rejusant toutsubside la réalisation du premier projet, avez vous résolu d'accorder plutôt fr. 4o,ooo, si je ne me trompe (ce sont les paroles de F honorable bourgmestre, M' Vanderstichele, que je crois me rappeler exactement), pour contribuer l'exécution d'une routequi en traversant Neuve-Église par Kemmel, atteindrait par la la frontière française. Il est évident que cette résolution puisait sa de notre propre histoire, la féodalité. Les romans nous l'avaient peinte héroïque et touchante telle nous la vîmes encore sous l'influence de Marchangy, mais c'était la fin des illusions, c'était le rêve du matin. Maintenant qu'on nous fait voir au naturel le château féodal; au lieu d'un séjour de candeur, d'innocence, l'héroïsme, de fidélité conjugale, voici l'image qui s'offre a notre esprit dès que nous entendons nommer ce monument du moyen-âge. C'est un lourd château rustique, grimpé comme un ours sur quelque roche escarpée bien vaste parce qu'il doit enfouir beaucoup de pillage, bien fort parce qu'il doit dérober beaucoup de crimes a la vengeance. A côté du massif portail, nous voyons d'abord un gibet formé de quatre piliers où pen dent des os cliquetiquans. Dans le verger, les en fans du château s'amusent regarder mourir un vilain qui dérobait des fruits, et que l'homme d'armes vient de pourfendre de sa lance jetée du haut de la tourelle. Dans un des taillis du jardinla grnad'mère et force dans la nécessité d'écarter, dans l'intérêt de vos administrésF exécution de la route dé sastreuse pour le commerce d'Ypres, de Neuve- Eglise IVarnêlon par Messines. Car sauf la commodité locale de Neuve-Église pour ses transports, commodité qui est d'une importance très médiocre pour le conseil communal d'Y— près, et qui ne serait pas un légitime motif de gréver le budget de la ville, vous n!aviez pas a tacher d'obtenir l'écoulement de nos mar chandises vers cet endroit, écoulement dont nous sommes en possession malgré l'absence d'une chaussée, et qui ne peut nous être enlevé que par la construction de la route rivale. Yous ne pouviez non plus avoir en vue la jonction de la route par Kemmel ta frontière française car quelle perspective offrait la possibilité d'arriver un endroit de la frontière qui n'est ni une ville, ni même un village, mais qui aurait été simplement le point d'in tersection d'une route avec une autre1 Si donc la chaussée de Neuve-Église par Kemmel, qui n'offre en elle-même aucune utilité plausible pour nous, a été favorisée et soutenue contre le plan rival, ç'a été dans un but de conservation et de nécessité, pour éviter une spoliation imminente et très certaine plutôt qu'avec un espoir d'acquisition ou d'a mélioration notable, la situation des lieux et toutes les prévisions possibles, ne présageant rien de semblable. Aujourd'hui, grâce cette fois, convenons-en, la sollicitude du gouvernement pour une ville qui a tant besoin d'être relevée de l'état de marasme dans lequel elle languit, et qui, au lieu de fabriques pour le travail, ne voit s'élever que des baraques pour la mendicité dans des enclos infects, il s'agit pour nous d'une ques tion vitale, qui vitale pour toutes nos industries pour tous nos environs, il s'agit d'un plan d'exécution facile, qui, comme la jonction de la Lys au canal, n'a pas besoin d'un demi— le docte trouveur font de la théologie galante, dissèquent le sentiment et tourmentent l'amour; un peu plus loin l'amour tourmente la châtelaine et son grand écuyer; un peu plus loin, la daraoiselle aînée s'enfuit avec un pèlerinpar une sortie dérobée pour aller visiter la Terre-Sainte. De la porte principale, et sur le pont-levis qui s'abaisse, sortent d'abord deux capucins; pliant sous la besace gonflée d'aumônes; puis, puis quelques instans après, le seigneur et ses fils les plus grands qui s'en vont la prise vers la nuit tombante. Le haut baron va voler et tuer sur la grande route princes, brigands pèlerins; il s'engraissera de leurs dépouilles, jusqu'au moment de son dernier sou pir, moment où, la mort le prêchant, il donnera, tout a l'église pour en obtenir la dernière hostie... Mais je m'arrête comment oser nous plaindre de ne plus croire a HomèreRomulusla vertu de nos bonnes aïeules; comment déplorer la fuite des faibles illusions qui nous restaient encore et qui se sont évanouies? Nos pères, hélas! en ont perdus bien d'autres!...

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 3