Depuis quelque temps les journaux
de la Capitale et des principales villes du
Royaume ont cité avec éloges une nouvelle
invention qui sans faire grand bruit dans
notre ville mérité cependant une mention
particulière par les résultats utiles qu'elle
vient offrir nous voulons parler d'une es
pèce d'appareil inventé par MM. Gold-
schmindt et C* de Berlin et Strasbourg,
appareil dont on se sert déjà depuis plu
sieurs années en France, en Allemagne,
en Angleterre, en Russie etc. et qui est
propre affiler les rasoirs, les canifs et
tous les instrumens tranchans. C'est au
moyen de préparations chimiques qu'on
parvient sans peine et en peu de temps
donner un tranchant parfait ces instru
mens et ce sans le secours d'aucun autre
procédé quelconque. Le moyen employé
professeurs dont le zèle a été admirablement se
condé par votre application.
Le directeur de vos études Mr le sous-l* Remy,
peut juste titre, s'enorgueiller des succès obtenus.
Vous avez compris la pensée du propagateur
des lumières dans l'armée Elle peut se traduire
par ces mots Soldatsdès que vous serez ins
truits, je vous rendrai vos familles, h vos indus
tries, a vos carrières civiles. Pour ceux d'entre
vous, qui désireront continuer le noble métier des
armesnon seulement les cadres d'officiersde
sous officiers ne seront plus restrints, mais les
vacances de ces cadres leur appartiendront exclu
sivement.
Il vous faut donc, pour atteindre ces deux buts
précieux, du savoir Lui seul peut vous conduire
k l'indépendance; avec de la conduite il vous fera
obtenir l'épaulette.
Aspirans officiers sachez que si la guerre est
l'action du soldat, la paix ne doit pas être son
sommeil; aujourd'hui les conquêtes sur l'igno
rance, pour rendre plus facile celie de demain
sur l'ennemi. Jamais époque ne fut plus intellec
tuelle que la vôtre, vous saurez en profiter par la
position avantageuse ou vous êtes placés. Bientôt
vous reconnaîtrez que l'éducation fait l'honnête
homme, le loyal soldat, et plus tard le citoyen
utile et vertueux.
Votre zèle ne peut manquer de récompense
tons les jours vous en sentez un nouveau prix.
Lequel d'entre vous, n'est déjà heureux des pro
grès qu'il a faits? Ainsi donc mes jeunes amis,
continuez de répondre par votre travail k l'attente
de ceux qui ont eu la noble pensée de vous faire
instruire.Vous avez vaincu les plus grandes diffi
cultés. Celles que l'on rencontre ordinairement
dans toutes les entreprises, ce sont les commen
cements. A l'ouverture de vos cours, le directeur
de vos études vous a dit Que le service mili
taire au lieu d'être une occasion de désapprendre,
devait au contraire être le complément de l'édu
cation civile. Vous êtes aujourd'hui convaincus
qu'il ne vous a pas trompés, accomplissez donc en
«t les rencontra a moitié route.
Mon père! dit Auguste d'un ton décidé...
puis il s'arrête.
Mou oncle, ajouta Jenny, et son imagina
tion ne trouva rien de mieux.
Ni le père ni l'oncle ne sont contens; on se
tue k veiller ainsi et k courir la nuit. Jenny, je te
défends de sortit demain de ta chambre avant que
la cloche n'appelle au déjeuner. Me le promets tu
Oh! oui, dit-elle en lui prenant la main
qu'elle baisa avec Hn sentiment de reconnaissance
que son âme ingénue ne pouvait cacher, elle était
si contente qu'il n'eut rien vu. Us rentrèrent
tous trois, et cette fois, pour ne plus sortir. Mais
quand Jenny fut chez elle, et avant de quitter son
fils, le général s'assit sur un des fauteuils du
salon, attira Auguste sur ses genoux, lui tourna
doucement la tête vers lui, et le regardant avec
toute son âme
Mon fils, mon ami, je suis triste et tu
en es la cause.
entier sa prédiction, redoublez de zèle et d'appli
cation et celui qui restera au drapeauaura
l'épaulette, épaulette dignement portée, parce
qu'elle sera le prix du mérite. Celui qui re
tournera dans ses foyers y inspirera la confiance
et le respect général. Alors qu'il se souvienne
que c'est sous son drapeau qu'il s'est rendu meil
leur et plus utile, que c'est au service militaire,
en un mot, qu'il a appris k devenir bon citoyen.
Jeunes camarades! merci pour les progrès que
vous avez faits, merci pour le régiment qui
voit en vous le cadre qui doit l'enorgueiller un
jour merci pour la patrie, qui aura en vous des
défenseurs éclairés.
Vous MM" les professeurs et moniteurs de
l'école, recevez l'hommage de ma satisfaction toute
particulière, heureux sera pour moi le jour, ou je
pourrai joindre des actes aux vœux que je forme
pour votre prospérité.
Jeunes élèves, vous allez recevoir en cette solem-
nité de famille régimentaire, la récompense de
votre application. Pensez k la joie qu'éprouveront
vos autres familles, lorsqu'elles auront connais
sance des progrès que vous avez faits. Que ces
douces impressions soient un lien de plus, qui
vous attache k vos chefs; n'oubliez jamais que
vous devez le fruit de vos études au Roi, qui a
voulu que son armée soit éclairée. Que votre
réconnaissance égale votre dévouement k sa per
sonne sacrée! Vive LéopoldI".' Vive le Roi
Aux cris de vive le Roiqui ont été répétés k
plusieurs reprises, par tous les assistans, avec le
plus grand enthousiasme, la musique du régiment
a fait eDtendre l'air; Où peut on être mieuxetc.
Le calme rétabli, le chef du corps a fait avancer
sur la chaire où il était placé les deux élèves qui
se sont le plus distingués pendant les cours de
l'année scolaire.
Après leur avoir fait une courte allocution de
félicitation en particulier il leur a attaché k l'un
les galons de sergent, k l'autre ceux de caporal.
Il est impossible de décrire l'émotion que cette
cérémonie a produite sur toute l'assembléeces
Père, j'ai bien vu que tu savais tout....
Puis le jeune homme releva la tête avec fierté...
Mais Jenny n'est il pas k mot ne me l'as-tu
pas donnée pour femme
Dans un an seulement, mon fils.
Et d'ici l'a, est-ce un crime de se promener
le soir avee elle de l'embrasser quelquefois?
La nuit... seuls... quand rien ne la dé
fend?
Oh je ne veux rien de pins que ce que tu
as vu; je ne demanderai jamais davantage.
En est-tu bien sur.
i i Mais...
Auguste hésita, mais il reprit bientôt
Tiens, père, je ne serais pas vrai si je disais
que, lorsque j'embrasse Jenny comme je l'ai em
brassée ce soir, je ne désire pas autre chose... et
puis je me rappelle bien que tout ce que je vou
lais d'abord était un baiser sur sa main; cepen
dant il m'a de suite fallu davantage, et je n'ose
répondre de moi... Mais je puis bien t'assurer
deux élèves ne s'attendaient pas plus k cette
récompense que le reste des spectateurs. Le
premier Rotbar caporal fut stupéfait en voyant
attacher par son Colonel, viel officier de l'Empire
les galons de sergent sur ceux de caporal qu'il
portait; quand vint le tour du jeune Creif il fondit
en larmes, qui ont gagné une grande partie des
assistans. Les expressions sont insuffisantes,
nul ne peut se former une idée de cette scène
vraiment attendrissante k moins que d'y avoir
assisté.
Après la cérémonie des grades obtenus pour
récompense, a continué la distribution des prix
qui consistait en livres instructifs lorsqu'elle fut
terminée, tous les élèves firent entendre le cri de
Vive le Colonel.
La cérémonie a duré une heure et la musique
n'a pas peu contribué k l'embellir.
Un semblable encouragement ne peut manquer
de faire naître l'émulation dans un régiment; aussi
applaudissons-nous sincèrement k ceux qui en
ont eu l'heureuse idée.
que s'il y avait quelqn'obstacle k notre union, je
n'aurais même pas voulu demeurer dans la même
maison qu'elle; mais heureux comme nons le
sommes de t'avoir pour père, si j'osais... si j'obte
nais Jenny d'elle-même, ne me serait-t-il pas tou
jours facile de tout réparer?
Tout reparer! imprudent: nos affections,
nos convenances, notre espoir de bonheur, sont
dans ton mariage avec ta cousine, tout est prêt,
tout semble sûr! mais, pauvre enfant, si peu avancé
dans la vie que tu ne sais pas combien elle est
décevante et quels murs d'airain peuvent s'élever,
qnels abîmes peuvent se creuser entre notre course
et son but, ne fût-ce que du jour au lendemain
Ecoute, mon fils, tu m'a souvent demandé la cause
de ces mélancolies subites qui m'atteignaient au
sein de notre existance si calme et si douce!
A présent, je veux te la dire demain, de bonne
heure, avant de voir ta cousine, viens me prendre
chez moi, nous ferons une promenade dans les
hauteurs du parc, l'a, je t'apprendrai que c'est