Des soustractions de toute nature ont eu
lieu linge, ustensiles de ménage, argen
terie, objets d'art, en un mot, tout ce qui
était d'un transport facile a disparu. Le
syndic la faillite et le juge commissaire
se sont mis en mesure de rechercher les
auteurs de ces soustractions. Déjà plu
sieurs des objets disparus ont été, sur leur
insistance, rendus aux créanciers et rap
portés des Fayes, domicile de M. de Buf
fîère, beau-frère de Lafarge, où ils avaient
été déposés. Sans doute, les efforts de ces
honorables commissaires auront un succès
plus complet encore. Des soupçons se sont
élevés contre Denis, ses malles viennent
d'être saisies Uzerche, et resteront ainsi
placées sous la surveillance de la justice.
La famille Lafarge va être appelée in
cessamment rendre compte aux créan
ciers d'une somme de 2o,000 francs, que
M. Lafarge portait avec lui son dernier
retour Paris. On se rappelle que la dé
fense de Marie Capelle prétendit que cette
somme avait été enlevé par la famille.
Nous tiendrons nos lecteurs au courant
de ce qui pourra advenir ce sujet. On
nous assure, en outre, qu'à la même épo
que, M. Lafarge avait perçu d'autres som
mes considérables qui ne se sont pas non
plus trouvées l'inventaire, et sur les
quelles la famille aura s'expliquer.
Un fait fort grave encore a été constaté,
les registres servant aux opérations de
commerce de Lafarge ont disparu, et il
n'a été trouvé que des livres fort anciens;
il est pourtant certain qu'une comptabilité
régulière existait au Glandier durant ces
dernières années, et il faut encore enten
dre ce sujet les explications de la famille.
Il est une circonstance inqualifiable, si
elle est vraie, et que nous ne donnons
qu'avec réserve cause de sa gravité
même.
Mme Buffîère a cédé son frèrel'épo
que de son mariage qui remonte près de
dix ans, tous ses droits successifs moyen
nant 24,000 fr. M. Lafarge se serait libéré
entièrement, et plusieurs personnes nota
bles ont vu la quittance définitive de Mme
Bufiière. Mais cette pièce n'a pas été ren
contrée dans les papiers du Glandier, et
déjà Mme Buffîère a introduit une action
contre la faillite pour obtenir son paie
ment. Les créanciers de Lafarge préten
dent que, lors du décès de son fils, Mma
Lafarge mère força le secrétaire, placé
près du lit de mort, pour se saisir de cette
quittance et la faire disparaître.
Au nombre des objets enlevés, il en est
un surtout fort remarquable c'est l'habit
de cheval de Marie Capelle, dont il a été
plusieurs fois parlé dans le procès, et dont
une partie avait été déchirée par les rats.
Cet habit était placé dans un cabinet de
toilette au moment où les scellés furent
apposés; il n'a pas été retrouvé; il faut né
cessairement que les scellés pour s'en
emparer... Qui donc avait intérêt faire
disparaître ces moyens de défense pour
l'accusée?Ajoutons que dans le même
cabinet on a trouvé, quinze jours après
l'arrestation de Marie Capelle, la pâtée
préparée pour les rats, dans laquelle on
n'a pas rencontré d'arsenic. La main qui
enlevait l'habit de cheval n'a-t-elle pas pu
aussi échanger la préparation dangereuse?
Nous attendrons, pour nous expliquer
davantage, l'assemblée des créanciers qui
aura lieu sous peu.
Les insinuations contre Denis Barbier,
qui se trouvent renfermées dans une lettre
de Mme Lafarge, rapportée par les jour
naux, ont provoqué l'attention de la jus
tice. Nous pourrions donner d'amples
détails; nous le ferons dans quelques
jours. Nous nous abstenons dans ce mo
ment par motif que nos lecteurs con
naîtront plus tard et qu'ils approuveront.
ALLEMAGNE.
On parle du mariage du prince hérédi
taire de Sardaigne avec la tille aînée de
l'archiduc Rainier.
Quant la mission du marquis de Lis-
boa, elle aurait pour résultat une union
de l'empereur don Pedro. 11 avait une autre
fille de cet archiduc ou avec la fille du
prince de Salerne, donc la mère est aussi
une archiduchesse autrichienne. Dona Ja-
nuaria princesse du Brésil épouserait un
prince de la maison de Modène.
On écrit des frontières de Russie,
8 avril
L'affaire du prince Demidoff est arran
gée, son épouse s'est concilié les bonnes
grâces de l'empereur, tandis que le prince
a protesté de son attachement au synode
russe et son orthodoxie. Il paraît qu'il a
déjà obtenu de l'empereur l'autorisation
de faire un voyage Paris.
Le mariage du grand-duc héritier de
Russie est fixé au (16) 28 avril.
On écrit du grand-duché de Mecklem-
bourg-Schwerin, le II avril
Un bruit généralement répandu, mais
qui demande confirmationet que M.
Thiers veut acheter ici des biens pour une
somme très-considérable, et que même on
est déjà entré en pour-parler ce sujet.
Ce qu'il y a de certain c'est qu'on a offert
son enfant souffrir? d'ailleurs n'étais—je pas un
enfant moi-même? Je l'entourai donc de mes
bras, la posai sur mon cœur. Sa tête tomba lan
guissante sur mon épaula; elle trouva encore un
sourire pour Grillonqui tournait autour de
nous inquiet et déconcerté. La mère après-avoir
rassemblé la hâte l'ouvrage épars sur le banc,
marcha devant moi pour me guider. Juge, mon
fils, quels furent mon étonnementma joie, la
maison que j'habitais était la sienne, un étage
seulement nous séparait. En la posant doucement
sur un fauteuil, dans la plus grande chambre du
petit appartement qu'elles occupaient seules.
Je suis votre voisin, leur dis-je, disposez
de moi.
Un médecin, mon enfant, un médecin, et
que de reconnaissance
Elle n'avait pas achevé, que je descendais quatre
a quatre au bas de l'escalier, je pensai renverser
le portier, conduisant un chirurgienqu'il avait
presque volé a un malade qu'il visitait. Quand nous
rentrâmes dans l'appartement, sa mère l'avait déjà
déchaussée, et le même sentiment de pudeur qui lui
fit retirer a elle sa jambe mignonne et nue, m'obli
gea, moi, de rester en dehors et tout tremblant.
Quand le pansement fut fait, quand le chirurgien,
reconduit par la mère, l'eut assurée que Pauline en
serait quitte au prix de quelques jours d'un repos
complet de mon sein et de celui de la mère, il sor
tit un soupir d'allégement. J'allais me retirer,et
bien a contre-cœur remonter chez moiVenez
donc, me dit la mère de Pauline en souriant, venez
vous reposer et nous reconnaître un peu; cette en
fant nous a bouleversés. Je ne repondis pas;
j'entrai, et de ma vie, si ce n'est a ta naissance, mon
fils, je n'éprouvai une émotion plus délicieuse
plus pénétrante que celle que je ressentis, lors-
qu'assis près, bien près du fauteuil de Pauline, je
l'écoutai me remercier de cette voix qui me faisait
tressaillir. Cet intérieur où je venais d'être intro
duit, était presque pauvre,mais propre; et ce qui
me frappa le plus, fut un portrait d'homme dont
la physionomie froide, sévère, me fit peur. Je re
gardais tout cela en répondant aux question bien
veillantes de Pauline et de sa mère moi je ne leur
en fis pas; mais les bonnes âmes,en s'approchant,
ont un besoin mutuel de s'épancher et de se con
naître. Je sus donc bien vite ce qu'elles étaient,
leurs désirs et leurs espérances.
M. de Sauve, père de Pauline, au commen-
FRANCFORT, 21 AVRIL.
cernent de la re'volution, passa en Angleterre,
laissant sa femme et sa fille, encore au berceau,
sous la protection d'un ami d'enfance qui, par
convictionse de'vouait a une cause pour le
triomphe de laquelle il n'y a peut-être pas hélas I
assez de vertus sur cette terre, le marquait parmi
les autorités d'alors. Cet ami, fidèle a ce qu'il
avait promisacheta les biens considérables de
M. de Sauve, lorsqu'ils furent mis en vente,
y veilla, pour les conserver intacts, comme
s'il les avait considérés comme siens, et sa pro
tection affectueuse permit a madame de Sauve
d'élever sa fille avec aisance et tranquillité;
mais cet homme généreux mourut subitement a
l'instant où il venait d'obtenir la radiation de son
ami. Son testament réintégrait la famille dans
toutes ses richesses; mais l'exilé seul pouvait en
reprendre possession; il fallait l'attendre. Un
mois s'était peine écoulé depuis qu'une lettre,
rappelant M. de Sauve, l'instruisait de la mort
de celui qui avait été sa providence. En attendant,
les revenus étaient arrêtés, et madame de Sauve
et sa fille se consolaient de la gêne qu'un travail
assidu pouvait peine rendre tolérable, en son
geant que chaque instant en rapprochait le terme.