M. l'abbé de Haerne et M. J. Goethals. Quoique M. Van Cutsem se trouve éliminé de la liste, sa réélection paraît certaine. On nous écrit de Tirlemont, 7 mai Jeudi passé, une cavalcade a eu lieu Tirlemont en l'honneur de la Sainte-Croix, dont on célèbre en ce moment le jubilé de Saint-Germain. On ne saurait dépeindre toute la splendeur dont cette démonstra tion publique a été entourée. La richesse étalée cette occasion a surpassé tout ce qu'on avait vu jusqu'à ce jour en pareille circonstance. Le meilleur ordre a présidé cette imposante cérémonie, qui était ex clusivement consacrée des souvenirs historiques religieux. FRANCE. Le roi et la reine des Belges doivent partir sous peu de jours pour Bruxelles, par suite de l'avis qu'ils ont reçu de Lon dres de la prochaine arrivée de la duchesse de Kent, mère de la reine d'Angleterre en Belgique. La duchesse de Kent doit rester une quinzaine de jours au château de Laeken et elle ira ensuite en Allemagne. Elle ne sera pas de retour Londres avant le mois d'octobre prochain. On sait que le rapport sur l'attentat de Darmès doit être lu la cour des pairs lundi et mardi. La commission propose, dit la France, l'accusation de onze complices du princi pal accusé. La chambre a ordonné la mise en liberté de soixante personnes détenues préventivement. On pense que le nombre des complices sera encore réduit et que la moitié environ de ceux qui ont été désignés par la commission seront mis en liberté. D'après le Journal des Débats, deux autres prévenus sont en cause ce que l'on assure, avec Darmès. On mande de Boulogne, 29 avril Le prince Félix Baciocchi, mari d'Elisa Bonaparte, sœur de Napoléon est mort hier soir l'âge de quatre-vingt-un ans. Depuis plusieurs années il avait fixé sa résidence dans notre ville où il habitait le beau palais Ramuzzi. La princesse Came- rota, sa fille, mariée Ancône, viendra probablement habiter ici. Parmi les personnes arrêtées les armes la mainlors de l'échaffourée de Boulogne, se trouvait un petit bambin qui, placé près du prince, avait fait bravement le coup de pistolet. Ce jeune homme n'était autre que la fille Léopoldine Bouchet, âgée de 22 ans, et attachée Londres la mai son de Louis Bonaparte. Prise tout coup d'une velléité d'héroïsme, elle avait voulu s'associer l'entreprise et en partager les dangers. Léopoldine fut mise en liberté sur-le-champ et ne parut devant la cour des pairs que comme témoin. Aujourd'hui Léopoldine comparaissait devant la police correctionnelle sous la prévention de vol. Reconnue coupable de la soustraction d'une chemise, elle a été con damnée trois jours d'emprisonnement. On écrit de Maçon5 mai Arrivée hier dans cette ville, 5 heures du soir, S. M. la reine Christine est des cendue YHôtel de l'Europe dont les beaux appartements avaient été disposés pour la recevoir. La reine voyage dans le plus strict incognito. M. Delmas, prefet de Saône-et-Loire et M. Léveillé, curé de Saint-Vincent, ont été seuls admis près d'elle. S. M. est accompagnée d'un tréso rier, d'un secrétaire des commandements, et d'un médecind'un autre secrétaire et d'une dame de compagnie. Ses équipages se composent de3 voitures et d'un fourgon. On lit dans un journal de Madrid, el Corresponsal, du 28 avril, que le commerce de la capitale vient d'être mis en émoi par l'apparition de billets de banque falsifiés. ALLEMAGNE. On écrit de Vienne, 2 mai On vient de prendre une décision l'égard du sort de don Carlos, dont notre cour s'est tant occupé. 11 paraît, il est vrai, que ce prétendant ne renonce pas positi vement ses prétendus droits, et que notre gouvernement n'a pas non plus appuyé une pareille démarche; on dit cependant qu'on a stipulé certaines garanties que le gouvernement français a consenti la mise en liberté de son prisonnier. Un agent français, M. Barbançois, se trouve ici l'occasion de cette affaire pour con clure des arrangements relatifs la future sustentation du prétendant. On mande de Turin, 27 avril Les agents de don Carlos ont complète ment réussi assurer pour l'avenir la sub sistance de ce malheureux prince. Toutes les cours conservatrices contribueront pro portionnellement la somme nécessaire; il n'y a plus que la Russie dont jusqu'à présent on ne connaisse pas encore la ré ponse. Du reste, on ne doute pas que la eour de Saint-Pétersbourg n'approuve ce qui a été fait cet égard. On dit mainte nant que la somme assurée annuellement don Carlos s'élève 200,000 fr. Un événement assez important se pré- PARIS, 10 MAI. ajouté Viens me voirviens me parler d'elle. J'aurais bien voulu voir ma mère, mais je ne pou vais quitter Pauline. Un jour, en arrivant dans le petit salon où mes journées se passaient si courtes et si remplies, je n'y trouvais que madame de Sauve. En lui disant bonjour, je cherchais Pauline de l'œil, j'écoutais si nul bruit ne m'annonçait sa présence dans sa chambre, dont l'accès m'était interdit, et ne voy ant, n'entendant rien, je reportais tristement mes regards sur madame de Sauve, dont la physionomie me parut agitée d'une émotion douce et pénible. Qu'y-a-t-il? mon Dieu, où est-elle? Son père l'a emmenée un instantJe voudrais bien vous dire... mais ne faites pas d'ex travagances... soyez calme, enfant Enfant répéta-t-elle en souriant. Moi, saisi d'un tremblement nerveux, j'avais h peine la force de redire encore Qu'y-a-t-il? Eh bien monsieur, il faut être grave et rai sonnable, car votre petite femme, dans quelques mois, vous imposera d'importans devoirs... Vous' êtes père. A ces mots, une jolie folle s'empara de moi Ma Pauline, mon enfant, m'écriai-je en courant h travers la chambre, embrasant madame de Sauve qui riait et pleurait, bouleversant tout; puis ces démonstrations bruyantes me semblaient peu d'ac cord avec le nom de père, je restais un instant tranquille; mais bientôt les gambades et les excla mations recommencèrent. En ce moment, M. de Sauve et sa fille arrivèrent. D'abord je saisis Pau line dans mes bras, la couvris de baisers; puis craignant de lui faire mal, je l'assis doucement, et, me plaçant a ses genoux, je lui dis tout ce qu'elle m'inspirait d'amour, de vénération, d'enthousias me. Ne me demande pas, mon fils, l'histoire du temps qui précéda le jour, où l'époque de mon mariage étant fixée, je dus en aller prévenir mon père. Ces souvenirs d'un bonheur que rien depuis ne m'a rendu, sont trop près de souvenirs horri bles, pour que j'aime les réveiller; et maintenant encore lorsqu'ils arrivent ensemble, il me faut une grande force sur moi-même pour ne pas devenir insensé. Pendant cette intervalle, les droits de M. de Sauve avaient été reconnus; nous étions allés habiter un bel hôtel du faubourg Saint-Germain, et M. de Sauve avait mis sa maison sur un train noble et factueux; mais que nous importait Lorsque je me trouvais seul, a cheval, sur la route qui conduisait h la ferme de mon père, j'étais bien triste, sans doute, d'être séparé de Pauline, mais nul pressentiment fâcheux ne se mêlait h cette tristesse, et j'avais d'heureuses pensées pour l'ac cueil qui m'attendait au toit paternel. A quelques lieues de Paris, le galop précipité d'un cheval, venant derrière moi, me fit tourner la tête; celui qui me suivait ainsi me fit signe de loin de m'arrê- ter. Je tournai bride et courus au-devant de lui. C'était le valet de chambre de M. de Sauve; il était pâle, en désordre, et me dit ces mots d'une voix brève et entrecoupée; je les ai entendus long-temps a la même heure. Monsieur, monsieur, venez vite.Mademoiselle est tombée, elle est blessée... on craint... Je restai une seconde immobile et froid, puis, enfonçant l'éperon au flanc de mon cheval, je partis au grand galop, n'ayant qu'une idée, qu'un but, elle, et prenant sans intention, par instinct, le chemin le plus court pour la joindre. J'arrive devant l'hôtel;, les portes sont ouvertes, je me précipite, repoussant les bras qui veulent m'ar- rêter, n'entendant pas les cris qui m'ordonnent d'attendre. Je monte jusqu'à sa chambre; là, un silence affreux; j'entre, je voix Pauline étendue sur son lit, pâle, morte, des débris informes côté d'elle; sa mère évanouie, son père genoux près du lit... 11 m'avait entendu, il se retourne, me

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 2