D'AFFICHES, ANJONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERS
N° 2476.
SAMEDI, 26 Juin, 1841.
24me jAuuee.
BELGIQUE.
Il y a quelques semaines, Poperinghe,
une veuve faisait restaurer et embellir
sa maison. C'est l'une des mille ruses in
nocentes qui font élever des prétentions
la place du défunt. Un ouvrier et son aide,
en travaillant au toit découvrirent dans la
charpente un paquet ressemblant beau
coup un sac rempli d'argent. La com
mère du vis-à-vis qui avait les yeux sur
les travailleurs plutôt que sur sa propre
besogne, s'aperçut qu'ils se faisaient signe
de garder le silence et qu'ils couvraient
l'aubaine d'un tas d'ordure. Il y avait là
plus qu'un prétexte pour se lever et cou
rir chez la voisine. Feu votre mari fai
sait des épargnes votre insu; je le savais
bien, moi; il les cachait sous le toit;
preuve de cela, vos couvreurs viennent de
vous les voler l'instant je l'ai vu, de
mes propres yeux vu, ce qu'on appelle
vu Ces paroles frappèrent la veuve et
elle monta l'instant.
L'ouvrier, tout en niant qu'il eût vu le
sac ou l'argent, s'empressa de déterrer des
décombres un paquet qu'il mit sous sa
veste. Malheureusement, il s'en échappa
quelques pièces de cent sols. On descen
dit il y eut altercation au milieu de la
rue. L'ouvrier se rendit chez lui pas re
doublés. L'officieuse amie le suivit, et en
tra dans sa demeure. Le sac était déjà vidé
et le couvreur eut l'impolitesse de le jeter
la figure de la réclamante. L'intervention
de la police a été requise et il est proba
ble que des poursuites correctionnelles
auront lieu.
Samedi dernier, 19 Juin, 7 i/a heu
res de relevée, on a trouvé S-Jacques,
Ypres, extra mûros, près la ferme occupé
par le cultivateur Pierre Hacke, le cadavre
d'une personne du sexe masculin, en gran
de partie en putréfaction. Les médecins
légistes, qui ont fait l'autopsie, ont con
staté que cet individu, âgé d'environ 56
57 ans, serait mort, depuis une quinzai
ne de jours, d'une apoplexie foudroyante.
Le cadavre portait l'habillement suivant,
savoir une veste en drap bleu, un panta
lon de toile grise, une casquette en drap
bleu, visière en cuir, une chemise de toile
commune, une paire de demi bottes; dans
une de ses poches se trouvaient une taba
tière en bois, un livre de prière et une
petite bourse d'étoffe jaune, contenant un
franc et quelques centimes.
L'affaire des voleurs de Boesinghe,
dans l'instruction de laquelle la police de
cette commune et celle de la ville d'Ypres
ont rivalisé de zèle, a été appelée Jeudi
au tribunal correctionnel. Il est résulté
des aveux des accusés que les cinq do
mestiques du cultivateur Delva s'étaient
depuis un certain temps associés pour
voler au préjudice de leur maître. Le blé
était descendu la nuit par demi-sacs du
grenier par le plus hardi de la bande, qui,
outre sa part dans le produit de la vente,
recevait une prime conventionnelle pour
celte opération dangereuse. De temps
autre, il fut vendu de ce blé chez Rose
Neisre, cabaretière près la porte d'eau.
Une perquisition chez cette femme amena
la découverte de différentes quantités de
froment et de farine. Il y en avait non
seulement dans plusieurs endroits de sa
maison et dans sa cave, mais encore dans
ses étables, dans les réduits des masures
de la Porte d'eau, et sous le sol dans un
petit jardin devant sa demeure. Elle don
nait du blé bouilli ses vaches. Une vente
publique ayant eu lieu de ses effets, un
des assistants, le sieur Vandewinckel fut
bien étonné d'y voir mettre aux enchères
des ferrailles qu'il reconnaissait pour avoir
disparu depuis quelques années de chez lui.
M. Beke figurait seul au banc de la dé
fense, et uniquement pour Rose Neisre.
Dans une improvisation qui a duré près
de deux heures, il a discuté toutes les
charges de l'accusation avec une lucidité
remarquable. Il a soutenuque l'acheteur
d'une chose dérobée n'est réputé complice,
que pour autant qu'il sache au moment
même de la vente, que l'objet provient de
vol, et qu'il récele, c'est-à-dire cache, l'ob
jet qu'ils acquiert. Ni l'achat avec connais
sance seulement postérieure du vol, ni
l'achat fût-ce avec connaissance du vol,
mais sans récel proprement dit, ne con
stituent légalement une complicité. Dé
duisant les conséquences de cette doctrine,
et les comparant avec les éléments de la
prévention, le défenseur a divisé les par
ties de blé qui formaient le corps de délit,
en deux classes quant aux quantités
trouvées dans la maison de sa cliente, et
dont aucune n'était cachée, il n'y a point
de récel; quant celles qui étaient cachées
sous terre, dans les étables et aux envi
rons, ces lieux étant accessibles au premier
venuet rien ne prouvant que le dépôt eu
eût été fait par la prévenue, elle ne saurait
être inculpée de ce chef.
Malgré les efforts de l'avocat, le tribunal
a déclaré Rose Neisre coupable de com
plicité par récel, et l'a condamnée deux
années d'emprisonnement, un temps
égal de surveillance spéciale, et aux dé
pens solidairement avec les autres accusés.
Deux de ceux-ci ont été punis de quatre
années de prison, et les trois autres de
peines moindres, eu égard l'importance
de leur participation. Tous ont été mis
pour un temps égal leur peine sous la
surveillance de la police. L'étalage de sacs,
seaux, marmites, et jusqu'à une blouse
remplis de blé, fesaient ressembler le par
quet un petit marché. Une affluence
considérable de monde encombrait le
Palais, et stationnait en partie sur la
Grand'place. M. Julien Gastrique, récem
ment nommé juge suppléant, siégeait
pour la première fois. En sortant de l'au
dience, Rose Neisre s'est immédiatement
rendue au greffe pour interjeter appel. Le
sieur Sinaeve a aussi appelé de sa con
damnation, prononcée passé quelques se
maines.
Plusieurs filles publiques et le chef
d'une maison de prostitution ont été con
damnés récemment pour avoir exercé 4c*
LE PROPAGATEUR,
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Ypres, 26 Juin.