D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERS
No 2477.
MERCREDI, 30 Juin, 1841.
24me An
FEIJ1LLËTON.
BELGIQUE.
Quoique notre intention ne soit pas
d'entrer dans une polémique de journal,
cependant pour mettre la vérité dans tout
son jour, nous répondrons un dernier mot
aux auteurs de l'article, communiqué et
inséré dans le Propagateur du 19 juin.
Il est vrai que le 23 mai dernier le nommé
Pierre Taccoen fut arrêté aux portes de la
ville par un employé de l'octroi, mais les
procès-verbaux déposés au greffe du tri
bunal prouvent que déjà depuis la veille
cet individu avait fait l'aveu des divers
vols, commis par lui, Mr Dehaene,
échevin chargé de la police Boesinghe
qui depuis longtemps le fesait surveiller.
Le même article se plait avancer que
ledit jour 25 la police d'Ypres de concert
avec le garde champêtre Moriocour fit une
visite domiciliaire chez la nommée Rose
Neisre; mais qui a découvert que depuis
longtemps celte femme récelait des objets
volés? N'est-ce pas Mr Dehaene qu'est
due cette découverte? N'est-ce pas par ses
investigations que l'on est parvenu ap-
AUX POÈTES.
prendre que la maison de cette femme
était le rendez-vous ordinaire de quelques
individus suspects? N'est-ce pas ce magis
trat qui a provoqué cette visite domici
liaire? N'est-ce pas après avoir obtenu une
autorisation de l'autorité judiciaire que le
garde champêtre Moriocour s'est rendu au
bureau de Mr le commissaire de police
d'Ypres pour réclamer sa présence aux
opérations de celte visite? N'est-ce pas après
avoir été convaincu de l'absence de ce
dernier qu'il s'est rendu chez la dite Neisre,
accompagné d'un agent de police d'Ypres.
Mais arrêtons nous, puisque déjà la justice
a prononcé son jugement.
C'est hier qu'ont été célébrées, dans l'église
paroissiale, les obsèques de monsieur Ooglie
Bourgmestre de cette commune. Celte céré
monie funéraire a excité l'intérêt de toute la
population de Langemarck. Envoyant la foule
se précipiter vers le convoi de son premier
magistral, on a pu juger de La/faction que
le peuple lui a vouée pendant qu'il était vivant.
Jamais la commune de Langemarck, n'a
vait vu d'aussi pompeuses funérailles; le cor-
lège était composé du corps municipal qui
marchait en tête, et de la confrérie de
Sê-Georgeindépendamment de toutes les no
tabilités de l'endroit une foule nombreuse
profondement émue suivait le cortège.
La perte que jious venons de faire en la
personne de notre bourgmestre est très sen
sible, ce fut l'homme accessible tout le
monde et toute heure, chéri et respecté de
ses administrés dont il était depuis 10 ans,
plutôt l'ami que le chef; sa mort a causé un
deuil général dans la population, son éloge
est dans la bouche de tout le monde et quelque
soit le bourgmestre que le gouvernement tious
donne, nous tenons pour certain qu'il pourra
succéder monsieur Ooghe, mais qu'il ne le
remplacera jamais.
Agréez, monsieur le Rédacteur l'assurance
de ma parfaite estime,
On assure que l'inspection du Bristish-
Queen, bateau vapeur dont l'achat est
projeté par la Belgique, a été faite avec le
soin le plus minutieux. Le gouvernement
britannique a permis que des officiers de
la marine royale assistassent cette inspec
tion. Leur rapport a été très-favorable au
navire.
Le 25, vers 7 8 heures du soir, uu
événement des plus tragiques s'est passé
LE PROPAGATEUR,
Ce Journal parait le MERCREDI et le SAMEDI. A/a
bonnement eut de 4 fr- Par trimestre pour la Ville, et 4
fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste.
Les insertions se paient 17 centimes la ligne. Affranchir
les lettres.
SVtivrvigfstviiiiirtnrrvBtBiiai'iiv-rrtTtrisTrsTrsTrirsTnD
Ypres, 30 Juin.
Moi, je suis devant vous comme un roseau qui plie,
Votre souffle en passant pourrait me renverser.
Saihte-Becve.
Vous avez de l'orgueil dans l'âme et sur le front;
Vous savez que votre art est sublime et profond.
Et la foule se dit quaud elle vous écoute
Sur leur bouche uue abeille a déposé sou miel,
El l'un des mille oiseaux qui volent dans le ciel
Leur apprit chanter saus doute.
Srillans magiciens, comme avec un ciseau
Vous sculptez vos peusers; comme avec un pinceau,
Vous posez des couleurs dont le veinis fascine,
Des couleurs d'écailate et de pourpre! l'objet
Que vos vers ont touché s'éclaire leur reflet;
Ou dirait qu'uu rayon de soleil l'illumiue.
Les auteurs de l'article du n juin 184
Lazgejurgx, le 18 juin, 1841;
tidtcui 4e £$;ec4ac4é«t c/a (Pwpa^atcuir.
Monsieur,
Vous comprenez les voix des fleuves, des vents. Dieu,
Le grand poele avec les comeles de feu,
Les vagues de la mer les arbres de la plaine,
Fit le poème eutier de l'univers; et vous,
Il vous a désignés pour le lire genoux
Et le traduire en langue humaine.
Vous pouvez regarder ce qu'on fait dans les cieux
Voir ces élus aux corps subtils et lumineux,
Voir cet arbre de vie l'immense racine,
Voir, sur la graude échelle aux échelons sans fin,
L'auge aux ailes de cygne et l'ardent séraphin;
Vous avez les ciels d'or de la cité diviue.
Oh! vous' êtes bien fiers! pauvres fous! voyez doue
Comme vos jours sout noirs et remplis de tempêtes
Vous, la critique vient décourouuer vos têtes.
Et, comme un fer rougi, vient vous marquer au front.
Vous, votre chant est fée, et nul ne le répète!
Le silence y répond; le silence, grand Dieu!
Ce néant des vivans, ce tombeau du poète,
Ce linceul, sous lequel bondit uu cœur de feu.
Un Abonné.
Bruxelles, 29 Juin.
A vous la gloire immense et ses palmes divines;
Salut, vous êtes roi, poète au large essor!
Mais ne sculez-vous pas la couronne d'épines
Que la gloire cachait sous sa couronne d'or
Jeune homme, vous aimez d'un amour tout de flamme,
Mais au public qui veut avoir uu beau concert
Vous livrez cet amour, vous laissez dans votre âme
Regarder les passaus comme en un temple ouvert.
Pour vous autres, la gloire est dans le cimetière;
Vos sépulcres glacés serout vos piédestaux.
A quoi servent vos vers de flamme et de lumière
A faire quelque jour reluire vos tombeaux.
Sitôt qu'il n'eulend plus, on dit gloire au poète;
ouchés dans vos cercueils vous paraîtrez plus grands;
Le public aime tant les morta c'est uu squelette
Qu'il prend pour son iJole et parfume d'encens.
Tousvous êtes poussés par un pouvoir élrauge
Cherchez-vous l'ombre, bêlas! pour y passer vos jours,
Comme le juif errantvous entendez l'archange
Vous crier Marche! marche!... eucor!... marche toujours.