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Forest, par désespoir d'amour. Un jeune
homme, âgé de 20 ans, et une demoiselle
de 17 ans s'étaient rendus dans cet endroit
comme en partie de promenade et de
plaisir; après une station dans un cabaret,
l'Ane, où l'on assure qu'ils avaient em
poisonné deux verres d'eau qu'ils avaient
demandés, ils se sont acheminés ensemble
vers la rivière et s'y sont précipités tous
les deux, mais le jeune homme qui appa
remment savait nager et qu'un instinct
indéfinissable empêchait de périr dans
l'eau en est sorti, s'est frappé de trois
coups de poignard et s'y est jeté de nou
veau. Des hommes dans la campagne qui
avaient vu et pressenti de loin ce qui se
passait, sont accourus le jeune homme a
été retiré de l'eau encore vivant et trans
porté de suite en ville dans une vigilante
l'hôpital St-Pierre; la jeune personne
n'avait pas encore été retrouvée dix heu
res du soir. Le jeune homme, M. G..., est
élève en médecine l'hôpital militaire, et
la jeune personne est fille de M. B....,
menuisier entrepreneur en bâtiments en
cette ville, parti hier matin pour Charle-
roi; cette demoiselle était élève au Con
servatoire de musique.
Le corps de la jeune personne dont
nous avons annoncé la fin malheureuse, a
été retiré de l'eau hier matin et transporté
l'Hôpital St-Pierre, vers cinq heures du
soir; l'autopsie a dû avoir lieu ce matin
M heures. Le jeune homme, dont l'état
n'offre jusqu'à présent pas de danger, ne
peut communiquer avec personne.
L'autopsie du corps de la jeune per
sonne qui a été transporté avant-hier
l'hôpital St-Pierre, a eu lieu hier matin.
Elle a été faite par MM. Joly et Deronbaix,
médecins légistes, en présence de M. Del-
court, délégué du parquet, et de MM. de
Neubourg, Puraye, Lebeau et Vanhoeker,
médecins délégués par M"" Bellot, mère
de la victime; après inspection minutieuse
des organes externes et internes, ces mes
sieurs ont recueilli et renfermé avec soin,
dans différents locaux, les principaux or
ganes et leur contenu, pour les soumettre
l'analyse des chimistes.
On attribue comme cause principale
ce double suicide le refus fait par les pa
rents de Pauline Bellot Ghilisquet de le
recevoir et le peu d'encouragement que
celui-ci avait ainsi trouvé dans sa passion
pour le jeune élève du Conservatoire.
D'après une lettre que M. Verdickt,
secrétaire de la commune de St-Gilles,
adresse au Be/ge, le sieur Ghilisquet et la
demoiselle Pauline Bellot, après avoir pris
un verre d'eau empoissonnée, étaient en
proie des convulsions. La jeune fille en
fut atteinte la première et vomit avec abon
dance. Dans ce moment, elle dit Ghilis
quet que l'effet du poison lui paraissait
trop lent, qu'ils auraient trop souffrir, et
ils convinrent de se jeter dans la Senne.
Elle s'y jeta la première et périt l'instant.
Son amant en fit autant, mais l'eau n'étant
pas assez profonde pour qu'il s'y noyât, il
revint sur le bord et se porta trois coups
de poignard un peu au-dessous du cœur,
et essaya de nouveau de se jeter l'eau.
Mais deux individus qui étaient accourus
le retinrent et le firent marcher devant
eux jusqu'à St-Gilles. M. le bourgmestre
assisté de son secrétaire prit sa déposition
et le fit transporter immédiatement
l'hôpital St-Pierre Bruxelles. Ensuite ces
fonctionnaires se rendirent en personne
chez le procureur du roi qui se rendit
sur-le-champ avec eux l'hôpital Saint-
Pierre, de là Auderlecht, sur les lieux
où s'est passé ce sinistre événement. MM.
les médecins Deglym, de Bruxelles, et
Schuermans, de St-Gilles, lui ont adminis
tré un contre-poison qui a produit un effet
très-salutaire.
S. M. la Reine des Belges a bien voulu
commander notre concitoyen M. Joseph
Coomans, un tableau d'histoire dont le
sujet et la dimension sont laissés au choix
de l'artiste.
M. le ministre de l'intérieur vient de
déléguer plusieurs membres de la com
mission directrice, l'effet de se rendre
dans nos principales villes manufacturiè
res, d'y voir, de concert avec les membres
de l'administration locale et de la com
mission provinciale d'examen, les indus
triels qui ne se sont pas fait inscrire pour
l'exposition, et de les engager y prendre
part, en leur accordant les délais dont ils
pourraient avoir besoin. Si nous sommes
bien informés. M. Frédéric Bassé, vice-
président, est délégué pour Gand; M.
Doucet, pour Liège et Verviers; M. Ga-
chard, pour Tournai et Courtrai; M. Jules
Kindt, pour Bruges et Ypres.
Le ministre des finances informe les
intéressés que les coupons d'intérêt échéant
le 1er juillet 1841 de l'emprunt de 700,000
fl. 5 p. c., fait en 1829, pour l'érection
de l'entrepôt général de commerce An
vers, seront payés, dater du jour de leur
échéance, par l'agent du caissier-général
de l'état, Anvers.
On écrit de Gand, le 26 juin
La cour d'appel de Gand s'est occupée
vendredi de l'affaire des héritiers de Bro-
glie contre le domaine, dont ils réclament
l'arriéré du traitement de feu l'évèque, leur
parent. L'avocat Jouhaud, du barreau de
Paris, a longuement plaidé que sous l'em
pire de la Constitution belge un prêtre ne
peut être assimilé un fonctionnaire pu
blic; qu'à l'autorité ecclésiastique seule
appartient le droit de permettre un évê-
que de s'absenter de son diocèse; que les
émoluments d'un évêque sont d'ailleurs
des conditions de sa qualité, laquelle est
indélébile; que par conséquent le domaine
ne peut se prévaloir de ce que l'évèque de
Broglie aurait été contraint par les circon
stances s'éloigner de son diocèse, et que
l'action en indemnité n'est nullement du
ressort administratif, mais est valablement
intentée devant les tribunaux civils. L'avo
cat du domaine a vivement combattu ce
système et a invoqué plusieurs arrêtés du
roi Guillaume, lesquels pourraient servir
de base l'exception de chose jugée, s'ils
ne peuvent exercer aucune influence sur
la question de compétence, actuellement
la seule en litige.
FRANCE.
Un journal prétend que Paris sera bien
tôt le théâtre de grandes fêtes, l'occasion
du prochain mariage de la princesse Clé
mentine avec le frère de l'époux de la
reine d'Angleterre. Le mariage de la prin
cesse Clémentine avec le prince bériditaire
du duché de Saxe-Cobourg-Gotha est, en
effet, sur le tapis depuis le dernier voyage
du roi des Belges en France, lors du
baptême du comte de Paris.
Le général Schneider, comme l'on
sait, directeur de travaux de fortification
de Paris, touche en celte qualité, au tré
sor, un traitement annuel et extraordinaire
de 80,000 fr.
On lit dans l'Indicateur Corrézien
(Tulle) du 22
La cour de cassation n'ayant pas admis
le pourvoi de Marie Capelle, l'affaire du
vol des diamants sera portée le 5 août
prochain au tribunal correctionnel de
Tulle.
On écrit d'Alexandrie qu'une qua
rantaine d'Abyssiniens viennent étudier
en France les sciences et les arts; il y a
parmi eux plusieurs personnes de dis
tinction.
On écrit de Lille, qu'un vol accom
pagné des circonstances les plus horribles
du sacrilège et de l'impiété, a été commis,
l'une de ces nuits, dans la chappelle de
Lommelet. Les vases sacrés ont été enle
vés, les saintes hosties ont disparu en un
morceau de papier, laissé leur place,
portait ces mots Contre Dieu... Point
de sagesse.
Les peintures du Chemin de la Croix
arrachées des murailles, et les ornements
sacerdotaux déchirés ont été amoncelés au
PARIS, 28 JUIN.