Depuis quelques jours, Melchior Mathieu est livré au plus profond abatte ment. Il se livre souvent la prière et reçoit presque journellement les consola tions de M. l'abbé Triest, aumônier de la prison. Parmi les inculpés du complot con tre la sûrêté de l'état se trouve Philippe Yerpraet, soldat au 2e régiment d'artillerie en garnison Ypres. Arrêté le 10 de ce mois Ypres, Yerpraet est arrivé le 17 aux Petits-Carmes où il a été mis au se cret jusqu'au 22. Pendant cet intervalle, il a subi deux interrogatoires. Plusieurs témoins ont déposé sur la question de sa voir si ce militaire leur a fait des proposi tions au nom des principaux inculpés de coopérer au renversement du pouvoir en Belgique au moment du commencement de la révolte. La justice est encore sur les traces d'euibaucheurs qui auraient tenté de faire participer plusieurs militaires de divers corps dans le complot dès qu'il y aurait eu prise d'armes. Jeudi, Jean-Baptiste Ghobert, préve nu d'attentat contre la sûrêté de l'état et la personne du Roi, a encore subi un in terrogatoire. Deux experts en écriture ont fait un rapport sur l'écriture de Ghobert, compa rée la lettre commatoire dont on l'accuse d'être l'auteur, l'identicite d'écriture a été dit-on, reconnue. Un malheur affreux vient d'avoir lieu Herve. Un incendie s'est déclaré dans la maison du boulanger Dossin, le ^2, vers 5 heures du matin; un plancher chargé de grain et de farine s'est affaissé tandis que plusieurs personnes s'occu paient en retirer des meubles quatre d'entre elles ont été extraites des décom bres, mortes et horiblement brûlées. On est parvenu maîtriser le fer et le bor ner cette seule maison. Les pompes de Dison ont été réclamées et ont prêté un secours efficace. Les dommages sont éva lués 34,000 fr. environ, ainsi répartis Mobilier, 1,000 fr.; grains et farines, 15,000 fr.; bâtiments, 18,000 fr. On mande de Gand, 22 décembre La réouverture de l'église de Sl-Etienne alias des Augustins), détruite par l'incen die du 21 jauvier 1838, aura lieu diman che prochain, fête du patron de la paroisse, Mgr l'évêque fera 9 heures la consécra tion de l'église, suivie d'une messe solen nelle. L'après-dîner, le sermon sera fait par M. le chanoine de Decker. L'église, convenablement restauréeest éclairée au gaz. Le soir, les principales rues de la paroisse seront illuminées. On lit dans le Journal d'Annonce de Malines, le 26 décembre Une cérémonie bien attendrissante a eu lieu dans l'église de Notre-Dame de Hans- wyck. Trois jeunes gens appartenant la religion réformée, arrivés d'Allemagne depuis quelques mois, et aujourd'hui élè ves du collège communal de cette ville, ont fait solennellement leur rentrée dans le sein de l'église catholique. La foule qui encombrait l'église, l'éclat qu'on avait su donner cette cérémonie déjà si majes tueuse par elle-même, le chant des élèves qui placés des deux côtés entouraient les jeunes néophytes, tout donnait cette solennité quelque chose d'imposant qui va au cœur, les fonts baptismaux étaient placés au milieu de l'église. Les trois frères ont fait, avant le baptême, leur abjuration entre les mains du curé de la paroisse. C'est le directeur du collège qui les avait instruits et qui a fait le sermon de circonstance. Les parrains étaient MM. les chanoines Yan Hemel, Aerts Verhou- straelen; les marraines étaient Mme Mœler de Louvain; M™ Arendt de Louvain et M"8 Jacobs, d'Anvers. La mère des trois jeunes gens qui depuis quelque temps se fait connaître dans cette ville par son beau talent artistique, surtout par ses succès dans les portraits, les avait précédés dans cette démarche, il y a peu d'années. Mmc Amy était fort attendrie pen dant la cérémonie. A chaque instant une joie mêlée de larmes venait trahir les émotions de son cœur. Cela se conçoit; elle a le bonheur de voir toute sa famille ca tholique. Ses deux autres enfants avaient reçu le baptême avec elle. FRANCE. Le 23, 1 heure 1/2, la cour des pairs a rendu son arrêt sur l'attentat Quénisset. Bien avant l'ouverture de la séance, un public nombreux assiégeant les escaliers qui mènent aux tribunes. La plupart des curieux avaient cru que les accusés se raient présents, ce qui est contraire aux usages de la cour, et le désappointement se lisait, l'ouverture de l'audience, sur bien des visages. M. le chancelier a prononcé l'arrêt d'une e cet esprit de préjuge' qui, pendant si longtemps, a réglé l'opinion a notre égard et a tenu la mesure j nos lumières fort au-dessous de celle de notre jtellgence; mais le règne de l'erreur a passé son sceptre usé s'est brisé pour jamais contre a raison du siècle nouveau. Aussi reconnait-on chaque jour davantage la nécessité de suivre, dans la marche de notre éducation, le système de droiture et de vérité qui en avait été banni \iusqu'à présent, et les succès obtenus proraet- mt des succès plus heureux encore. ViVIèrae dans la jeune fille sortie h peine de nolescence on reconnaît déjà l'influence d'un Ve sage sa pensée est sérieuse, sa raison At jusqu'aux transports, jusqu'aux rires es de son âge, tout est empreint de sagesse. e^«nnne heure, on la voit s'occuper avec in térêt de choses graves qui auraient fait bâiller d'ennui ou reculer d'effroi toute jeune fille du siècle dernier. Aussi le misérable langage de la galanterie n'est-il plus fait pour elle il choque vson oreille, il répugne son esprit délicat et >sévère; déjh elle comprend trop la dignité de son être pour ne pas craindre tout ce qui peut la froisser. Désormais plus de mensonges, plus de fausses maximes pour la tromper et lui ap prendre h tromper née dans un siècle de vérité, tout en elle doit être vérité, car elle ne s'étudie plus a dissimuler ses pensées, renfermer ses idées dans un cercle étroit et borné. Elle est enfin, elle sera ce que la nature et les lumières de son siècle ne peuvent manquer de la faire. Ainsi, plus elle s'instruit et s'éclaire, plus son âme s'échauffe et se pénètre du sentiment sublime des devoirs d'épouse et de mère, de ces devoirs sacrés que d'avance elle apprend h aimer sous les yeux de sa mère; elle s'y prépare dans toute l'innocence de la vertu, cette innocence réelle qui n'a rien de commun avec celle de l'igno rance et de la sottise. Telle est, telle doit être la jeune fille de nos -jours sage, modeste, recueillie, aimable comme son âge, gracieuse et vraie comme la nature, et grave déjà comme le siècle auquel elle appartient. C'est donc h un système d'éducation plus sage ment combiné qu'il ne l'avait jamais été que l'on doit de tels succès; mais ce système, quoique supé rieur h tous ceux qui l'ont précédé, a besoin de s'améliorer encore pour rendre la femme réelle ment capable de suivre, sous l'égide de l'homme, le mouvement des lumières; de s'avancer et de s'élever avec lui, car partout où il se place, ne doit-elle pas se placer après lui, comme la moitié inséparable de son être? PARIS, 27 DECEMBRE. C'est alors qu'il aura recueilli les résultats pré cieux d'un tel système, qu'il sera convaincu, comme il doit l'être, de l'importance de l'étude pour notre raison, nos devoirs et son bonheur; c'est alors qu'il s'avouera que presque tous nos défauts et nos travers naissent de notre manque de savoir; que nous avons droit avec lui h une part égale de lumière, et que l'indépendance du siècle est une conquête dont la moitié nous appartient. Que l'on considère la femme depuis le siècle dernier jusqu'à celui-ci, soit sous le rapport de l'instruction et des beaux-artssoit sous celui de ses devoirs comme épouse et comme mère et l'on verra quel degré de supériorité elle s'est élevée déjà par l'exercice de la pensée et le résultat de l'étude; et l'on reconnaîtra qu'elle peut et qu'elle doit s'élever un degré plus supérieur encore. Tout l'annonce dans la jeune fille du siècle, tout en elle promet la femme sage, éclairée, forte, dont l'esprit dégagé enfin des chaînes de l'erreur, prendra désormais le noble essor que le ciel lui a marqué ainsi qu'à l'homme. Et alors seulement on pourra dire avec vérité, en observant toutes les actions de sa vie, Qu'appelé h vivre de >1 moitié avec le cœur de son époux, elle vit aussi de moitié avec son esprit.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 2