D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS (T NOUVELLES DIVERSES. I i N° 2542. 25me Année. INTERIEUR. 7F5.3S, 12 Février. Avant-hier, on a retiré le cadavre d'un nouveau-né du fossé qui est en face du cabaret le Cornet de Poste hors la porte de Bailleul. Les hommes de l'art pensent qu'il a vécu et qu'il a été submergé depuis six semaines environ. Le meurtre qui est parvenu notre connaissance au moment de mettre sous presse notre précédent numéro, a été l'objet d'une descente sur les lieux de la part des officiers de la police judiciaire. On a trouvé la victime horriblement mu tilée coups de couperet; des traces de sang se sont révélées tant dans la pièce où le crime a été commis que dans une pièce y atténante. La circonstance que les époux n'occupaient pas la même chambre, a fait naître dans le public des soupçons qu'il faut dissiper parce que, d'après nos informations, ils n'ont aucune ombre de fondement. La justice paraît s'être assurée qu'il n'existe point d'indice contraire l'innocence de la femme qui, du reste, FEUILLETON DU PROPAGATEUR. QUaSTIOn Ï-.L72 Presser une Jfemme. vivait en parfaite intelligence avec son mari le repos de celui-ci est la seule cause qu'elle tenait avec ses enfants une autre partie de la demeure conjugale. Quelques objets de peu de valeur ont été enlevés. Jusqu'ici nous ne sachions pas qu'aucune arrestation ait été faite. Vanacker de Lichtervelde, âgé de dix sept ans, fut condamné six mois d'em prisonnement pour vol de pommes de terre. Sorti de prison après avoir subi sa peine, il dit en riant aux ricaneurs du village qui le félicitaient, que la soupe de la geôle ne valait pas la fricassée dont il se reput une fois la nuit chez ses parents. Comment, reprirent ses interlocuteurs, l'appétit et la bonne chère vont-ils jusqu'à régner dans votre chaumière l'exclusion du sommeil! alors il raconta qu'un soir la faveur de l'obscurité, il pénétra dans les étables du métayer Bouckaert Gits, et y enleva neuf poules endormies, sans que ni elles, ni le chien, ni les hôtes de la ferme s'en aperçussent. Rentré avec le butin, il manqua de bois pour préparer la bombance. Sur le reproche d'imprévoyance qu'il eut essuyer, il retourna sur-le- champ, et comme de juste, gratifia Bouc kaert de cet emprunt accessoire. Bientôt une flamme ronflante et joyeuse caressait la plus grande marmite, cuisait le fricot, et dégourdissait les nocturnes convives. Vanacker mangea deux poules pour sa part ses parents, frères et sœurs, expé dièrent le reste. Appelé au tribunal correctionnel, cu rieux d'attendre la répétition de cet his toire, le jeune et aventureux Vanacker n'a pu s'y rendre, cause d'une condamnation qui le retient Bruges. Malgré cette excuse légitime, sur la déposition de Bouckaert qu'effectivement neuf poules et du bois de chauffage lui ont été enlevés nuitamment sans qu'il ait pu en découvrir l'auteur, le tribunal a infligé au défaillant une année de détention, outre l'amende et les frais. La presse radicale a sur la conscience principalement deux énormités l'attentat Quénisset chez nos voisins et la mort du général Buzen en Belgique. Ne serait-il pas temps qu'elle apprît son confiteor? Le mandement de notre digne Évêque, M LE PROPAGATEUR, i J'étais l'autre jour chez une de mes amies, femme spi rituelle, aimable et belle trente ans; trente ans, on peut encore être tout cela, n'est-ce pas, messieurs? Bien. Elle attendait son médecin; ce n'est point qu'elle fût ce qui s'appelle malade, mais elle était vaporeuse et souffrait va guement des nerfs; car, nous autres femmes, nous sommes malheureuses avec nos nerfs tendus toujours et impression nables comme les cordes de nos harpes, qui vibrent et frémissent au moindre mouvement, au plus petit bruit, au plus léger son. C'est un instrument bien délicat, mais bien exquis que le système nerveux d'une femme, un harmonica, une lyre éolienne qui soupire tendrement sous les brises caressantes d'une parole d'amantd'où exhale des accords désordonnés sous les coups du vent de la jalousie ou d'un amour dédaigné pauvres pianos que nous sommes, malheur nous quand les passions viennent battre sans cesse le clavier sous lequel roulent les tempêtes; la note céleste s'y entend peine alors, les cordes s'usent, les nerfs s'ébranlent, et voilà comment tant de femmes sont nerveuses et vapo reuses ainsi que l'était mon amie. C'était là justement le sujet de notre conversation, quand le médecin, si impa tiemment désiré, entra. Un fashionnable, gants jaunes, cheveux blonds, teint rose, paroles de même. Eli bien! madame, vous souffrez? Beaucoup, je vous assure. Voyons le pouls. Et il prit, après s'être gracieusement posé sur la causeuse, il prit le poignet de sa malade entre ses doigts avec le soin que l'on mettrait prendre un papillon dont 011 craindrait de dé florer ces ailes. Le mouvement est calme et régulier, dil-il après deux minutes de silence; silence imposant, quand le médecin doit le rompre pour déclarer une lièvre de crise, un arrêt de vie ou de mort, silence quelque peu burlesque, quand il doit iiuir par ces mots Madame vous vous portez merveille. C'est ce que le médecin de mon amie se garda bien de lui dire, il savait qu'elle voulait être ma lade toujours il lui assura doue qu'elle était souffrante, mais que ce ne serait rienet des mêmes doigts qui avaient si gravement consulté un pouls très-régulier, il prit délica tement la plume, écrivit une ordonnance douce, suave, édulcorée, moelleuse comme le papier de Bath sur lequel il la traçait, et se rassit sur la causeuse il ne pensait plus la maladie, la malade pas davantage; le médecin était venu et avait fait son ordonnance, c'était fini. Alors s'engagèrent des demandes et des réponses sur les théâtres, les concerts d'été, les modes, car le médecin parlait de modes aussi, mais je voyais au mouvement de ses lèvres qu'il ayait autre chose dire, et les mots erraient sur sa bouche comme un oiseau timide qui tente un premier vol, et tâte avec ses ailes l'air où il va se lancer. Enfin l'oiseau partit, la parole se fit jour Vous êtes une femme d'esprit, de beaucoup d'esprit, madame. 11 n'était pas nécessaire de si long-temps ruminer pour dire une chose connue et avouée de tous c'est ce que lui répondait tous bas. je le gage, mon amie, en lui faisaut le salut de mondeslie voulu dans cette circonstance, Nonpoint de modestie exagérée; je vous jure que vous êtes une femme de beaucoup d'esprit. C'était dire qu'il en avait, que s'en constituer juge et arbi tre. Nouveau salut. Et j'ai rarement le bonheur d'avoir des malades aussi spirituelles que vous, et aussi supérieures, car vous êtes supé rieure beaucoup de femmes; vous n'attachez poiut, par exemple, la beauté un prix insencé; vous savez qu'elle est passagère, et qu'il faut se préparer la perdre comme il faut se disposer mourir. C'est, comme on l'a dit bien souvent, une fleur que la beauté; elle éclot, épanouit, et s'effeuille bieu vite. Aussi vous êtes-vous assuré la jouissance de charmes plus durables, les arts, la musique, la peinture. Mon amie salua encore une fois, en disant qu'en effet les arts étaient une belle et bonne chose, qui secondaient utilement la beauté tant qu'elle duraitet quand elle n'était plus, la rem plaçait presque. Presque tout-à-fait, madameTenezpar exem plevous!.... Alors passa sur les lèvres de mon amie une petite grimace, qui s'effaça bien vile dans un gracieux sourire elle voulait conserver sa réputation de supériorité, et puis elle était curieuse de voir où il en voulait venir. Elle l'encouragea donc par ce sourire que j'ai dit, et aussi en relevant le gant Eh bien! monsieur, moi?....

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Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 1