D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES.
No 2561.
25me Année.
w
INTERIEUR.
T?B,SS, 20 Avril.
Décidément, il n'estplusdu toutquestion
de transférer le tribunal de première in
stance et les justices de paix au Palais épis-
copal. Nous l'avons dit différentes re
prises, ce projet n'a jamais été qu'un leurre
maçonnique. Malheureusement les pré
tendus libéraux du conseil communal ont
été pris au piège et ont enlevé un éta
blissement utile le bâtiment et le subside.
Mais heureusement en revanche, le véri
table but n'a pas été atteint. Le collège
communal végété et le collège S-Vincent
acquiert de jour en jour plus de force et
plus d'étendue. Pour ne pas augmenter le
ridicule qu'ils ont tiré sur eux, nos con
seillers se frappent le front l'effet de trou
ver que faire de cette propriété déserte.
La commission de la société des beaux-arts
semble avoir conçu l'idée de mettre profit
cette irrésolution, cet embarras de nos
fiers administrateurs. Et en effet, ils se
raient sauvés de l'impasse où ils se trou
vent en ouvrant les deux battants toutes
les vieilleries que les marchands anglais
d'antiquités ont dédaigné de transporter
dans leur pays. On y introduirait aussi
FEUILLETON DU PROPAGATEUR.
l'académie de peinture et de dessin. Aux
académiciens on substituerait les bou
chers. On bâtirait une salle de spectacle,
une salle de danse et de concert l'endroit
de la boucherie. C'est trop pour le croire;
et puis la Concorde n'aurait pas encore ses
salles sur la Grand'Place. Voilà pourtant
l'essentiel, qu'importe toute autre chose!
Les libéraux ont donné le signal ils se
mettent l'œuvre pour préparer le terrain
des élections. Ils s'associent pour faire
triompher leurs candidats. Actuellement,
ce qui les occupe le plus, sont les listes
électorales. Ils ont soin d'y faire inscrire
ceux des leurs qui n'y seraient point portés.
Nous engageons les hommes d'ordre ne
rien négliger de leur côté pour emmener
le triomphe de la morale et de la justice.
Nous reviendrons sur les élections.
Pour le moment, nous nous bornerons
dire que Mr Alphonse Vàndenpeereboom,
propriétaire Ypres, se met sur les rangs
pour le conseil provincial, en remplace
ment de Mr Rodenbachdécédé.
Les amateurs de Pigeons, de la société
l'Éclaireur de Noë de cette ville; réunira
dimanche 24 du courant 1 1 heures du
matin, en son local Estaminet d'Anvers,
250 Pigeons Voyageurs, lesquels, pren-
dront part aux divers concours de cette
année, ils seront lâchés ensemble, midi
présice sur la grande Esplénade.
On écrit d'Ostende, le 14 avril
Cet après-midiest entré en relâche le
beau schooner Industrielen destination
d'Anvers, venant de Valparaiso, chargé de
cuivre, cuirs et diverses marchandises. Ce
navire a 128 jours de mer; c'est le seul
qui depuis quatorze jours ait pu gagner
assez sur le vent pour traverser la Manche
de l'ouest l'est. Il paraît qu'en mer le
vent d'est souffle depuis le 1er avril avec
une telle violence que le capitaine, fatigué
de manœuvrer en pure perte, est venu at
tendre ici une occasion plus favorable pour
continuer sa route. Des navires qui sont
dans la Manche depuis dix quinze jours
n'ont pas encore pu déboucher dans la
mer du Nord. De mémoire d'homme on
ne se rappelle que le vent ait soufflé avec
tant de constance dans une même direc
tion; dans cette saison ci, il est rare d'a
voir seulememt trois jours de vent d'est
soutenu.
Par suite des démarches de nos admi
nistrateurs, généralement approuvées par
le public, nous venons d'apprendre avec
beaucoup de plaisir, que le gouvernement
LE PROPAGATEUR,
La renommée d'Agnès Sorelet la poésie attachée au
nom de cette femme qui sut faire tourner l'amour au profit
de la gloire, nous ont paru devoir lui mériter la faveur de
trouver place dans ce recueil, où nous voulons offrir parfois
nos lectrices, les biographies des femmes qui ont obtenu
quelque illustration soit par leur supériorité individuelle,
soit par une position remarquable. Nous nous plaisons
croire que ce projet recevra leur approbation, puisqu'il doit
les initier des détails historiques qu'il faut connaître, en
même temps qu'à des vies dont les phases souvent pleines
d'intérêt et de touchantes péripéties, doivent prêter la
lecture un attrait de puissante curiosité qui la rend agréa
ble et attachante.
Fille du seigneur de St-Cérand. gentilhomme attaché la
maison du comte de ClermontAgnès Sorelsurnommée
la belle des bellesnaquit au village de Fromeuteau, en
Touraine, l'an i4°9- Les avantages d'une éducation brillante
ajoutèrent encore aux dons qu'elle avait reçus de la nature.
Agnès, aveo un esprit cultivé, une grande amabileté natu
relle, beaucoup de grâoes et d'enjoûment, joints une
beauté remarquable, était si fort au-dessus des autres femmes,
qu'elle passait pour uu prodigue. Dès l'âge de quinze ans,
elle fut plaoée en qualité de lille d'honneur près d'Isabeau
<Je Lorraine, duchesse d'Anjou, qui était UDe des femmes
les plus distinguées de son temps; et ce fut avec celte
princesse, qu'en 143 elle parut la cour de France.
Dans tout l'éclat de la jeunesse, et parée des charmes
les plus séduisans, Agnès Sorel fut bientôt admirée comme
une merveille. Charles VII ne put la voir sans être vive
ment ému, et il en devint éperdument amoureux. Voulant
trouver un moyen de la fixer la cour, il lui donna près
de la reine la place qu'elle occupait auprès de la duchesse
d'Anjou. Ainsichaque jour il pouvait approcher d'elle, et
jouir de tout le bonheur que lui causait sa présence. Mais
aimer seul ne suffit pas un coeur bien épris, il veut le
partage complet de tout ce qu'il éprouve; Charles VII ne
se contint pas longtemps; il fit Agnès l'aveu de son
amour, et la supplia d'y répondre. La belle jeune fille,
naïve et pure encore, essaya de résister la passion du
roi; mais, hélas! elle l'aimait elle-même, et sa vertu ne
lui fut pas une sauve-garde assex puissante contre les sé
ductions de Charles VII.
Aussitôt que de tendres relations s'établirent entre eux,
ils mirent un soin extrême cacher leurs amours; cepen
dant, le roi comblant chaque jour de nouvelles faveurs les
parens d'Agnès Sorel. et les dépenses extraordinaires qu'elle
faisait la cour de France, alors la plus pauvre de l'Europe,
attirèrent l'attention des courtisans qui découvrirent enfin
la vérité. Dès lois, Agnès inspira tous la plus grande
jalousie, et ils osèrent même murmurer hautement contre
le luxe royal qu'elle déployait autour d'elle. Ces murmures
blessèrent l'amour-propre de la favorite de Charles VII
qui dit avec colère les Parisiens ne sont que villains
et si f avais su qu'ils ne m'eussent pas rendu plus cf bon-
neurs,je n'aurais jamais mis le pied dans leur ville.
A cette époque, les Anglais possédaient la moitié de la
Franoe, et menaçaient de tout envahir. Charles VII endormi
sur les lauriers qu'il avait oueillis Montereau, où plein
d'ardeur et de courage on l'avait vu escalader bravement
les murailles l'épée la main, et faire des prodigues de
valeur, oubliait Loche et Chinon, au sein de la mol
lesse et des plaisirs, qu'il lui fallait reconquérir son royaume,
et combattre le duc de Betford. La belle Agnès l'ooeupait
seuleil semblait avoir oublié tout le reste. Ce fut elle
cependant, tant l'amour a de puissance et d'incompréhen
sibles mystères.' Elle, qui après l'avoir saturé de bonheur,
et engourdi toute son énergie, le rendit lui-même par
quelques mois seulement. L'occasion la plus simple se pré
senta; elle la saisit. Voici comment cela arriva Un jour,
un savant astrologue s'étant présenté la oour, le roi eut
la fantaisie de le consulter devant Agnès qui voulut aussi
apprendre de lui son destin, Le devin qui tenait sans doute
la flatter lui prédit qu'elle devait fixer long-temps le
coeur d'un grand roi. Agnès aussitôt se lève, se tourne
vers Charles VII, et lui faisant une profonde révérence,
elle lui dit Sire, permette» que je me retire la cour
du roi d'Angleterre pour y remplir ma destinée, car c'est
lui sans doute que regarde la prédiction, puisque vous
ailes perdre votre couronne, et que bientôt Henri va la
réunir la sienne.
(Suite au prochain numéro.)