du fourreau placés sur uu coussin de ve
lours rouge recouvert d'un crêpe.
Le superbe drapeau en velours ama-
ranthe avec franges d'or faisait l'objet de
l'admiration par la richesse de ses orne
ments. Un grand N brodé en or, surmonté
de la couronne impériale et entouré de
branches de laurier entrelacées en occu
pait le centre; au haut de la hampe,
laquelle était attachée un crêpe en signe
de deuil, brillaient l'aigle et le chiffre de
l'empereur.
Tous les membres portaient le crêpe au
bras. Le plus profond recueillement a
présidé cette funèbre et pieuse céré
monie, qui a dû éveiller plus d'un souvenir
au cœur de ces débris d'une armée
jamais célèbre.
On écrit de Tournai
Mercredi dernier, la carrière de M. H.
Dutoit,à Chercq, a été le théâtre d'un
déplorable événement. Un éboulement
aussi subit qu'inattendu enseveli cinq
ouvriers dont l'un atteint par une lourde
pierre, n'a pu être rappelé la vie. Les
quatre autres ont été retirés de dessous la
terre dans un état pitoyable, qui toutefois
n'offre pas de danger réel. Ces malheureux
ont été en proie de vives souffrances.
On écrit d'Arnhem comme une par
ticularité, que les hannetons y sont en si
grand nombre et font dans les champs et
les jardins tant de ravages, que les auto
rités ont été obligées de promettre des
primes pour les faire tuer. Cette prime
est de 2 cents des Pays-Bas par top (litron),
et l'abondance de ces insectes est telle,
que des garçons ont gagné jusqu'à deux
llorins par jour en les tuant.
On écrit de Montgauthier, canton de
Rocbefort
Jeudi dernier, jour de l'Ascention, un
malheureux père conduisit son fils, âgé de
15 ans, au cabaret, pour prendre part
la boisson qu'un maître payait ses ou
vriers. Le jeune homme après avoir bu 5
G petits verres de genièvre, en avala
deux gobelets. Peu après, il tomba sans
connaissance et une demi-heure après il
était mort.
EXTÉRIEUR.
FRANCE. Paris, 6 mai.
On lit dans la Gazette des Tribunaux
Un certain nombre d'arrestations ont
eu lieu le 5 et le 6 dans Paris. La police,
qui depuis quelque temps était sur les
traces d'une fabrication de projectiles de
guerre, a saisi chez le sieur 0..., tailleur,
demeurant passage Violet, des bombes in
cendiaires, et une assez grande quantité
d'objets paraissant avoir servi leur fa
brication. On a saisi, chez plusieurs autres
individus des balles, de la poudre et des
cartouches nouvellement fabriquées.
On cite parmi les personnes arrêtées le
sieur Considère, qui a figuré dans les
procès Darmès et Quénisset; le sieur Pon-
celet, condamné dans l'affaire de la rue
des Prouvaires et amnistié; on cite en outre
plusieurs autres individus déjà compromis
dans les procès politiques.
La justice est saisie et a commencé
l'information.
On parle beaucoup dans le quartier
de la place Maubert d'une substitution
d'enfant qui présente des circonstances
fort graves. M"e N..., ayant perdu son
mari, se fit passer pour enceinte dans le
but de s'assurer la succession qu'elle aurait
été obligée autrement de restituer la
famille du défunt. Elle s'entendit avec une
autre femme dont l'enfant déjà inscrit sur
les registres de l'état civil le fut une 2°"
fois comme enfant de Mme N...
Le tailleur chez qui l'autorité a saisi
les bombes incendiaires, est le sieur Orit.
Le nombre des arrestations est de vingt-
deux. Parmi les personnes arrêtés on cite
Piegard, condamné et amnistié dans l'af
faire de la rue des Prouvaires.
M. Jourdin, juge d'instruction, a con
tinué hier les opérations de l'information.
Nous ignorons si les dernières arres
tations ont donné des craintes la police,
mais une partie de la garnison de Paris
est consignée depuis deux jours dans ses
quartiers.
Le télégraphe a envoyé dans toutes
les directions le signalement de deux indi
vidus compromis dans la nouvelle affaire
de conspiration. On paraît croire qu'ils ont
pris la route de Belgique, se rendant
Ostende afin de s'embarquer pour l'An
gleterre.
Le bruit était répandu ce matin que
les sieurs Considère et Poncelet avaient
cherché se suicider, et qu'ils étaient
gardés vue au dépôt de la Préfecture.
S'il est vrai, comme on l'assurait le
7 la bourse, que la proposition d'exécuter
le chemin de fer de Paris Bruxelles aux
conditions voulues dans le projet de loi
présenté la chambre des députés, ait été
faite au gouvernement par M. le baron
Rothseild, on pourrait considérer cette
ligne comme une decelles dont l'exécution
est assurée, car on prétendait que la com
pagnie avait l'intention d'en pousser les
travaux avec une activité telle qu'avant
peu d'années elle pût être livrée la circu
lation. L'achat des terrains, les travaux de
terrassement, de tranchée, les ponts, les
aquéducs, la pose des rails, marcheraient
simultanément. La compagnie garantirait
la solidité des travaux.
Le célèbre ténor Elleviou, qui faisait
il y a 25 ans la gloire de l'Opéra-Comique,
est mort hier Paris, d'un coup d'apo
plexie l'âge de 71 ans.
Depuis 1855, les sommes que la ville
de Paris a consacrées aux hôpitaux, sous
le titre de subvention, s'élèvent près de
50,000,000 de francs. C'est, par conséquent
une moyenne de 6,250,000 fr. par année.
On lit dans l'Alsace, du 5 mai
Lundi, dix heures, le corps de M.
Humann est arrivé Strasbourg. Dès qua
tre heures du matin, les troupes de la
garnison étaient sur pied et échelonnées
sur la route par où devait passer la voiture
chargée d'apporter les dépouilles mortelles
du ministre. Un fort détachement d'artil
lerie l'attendait la porte Nationale.
Aussitôt que la voiture a atteint la barrière
de Strasbourg, l'artillerie l'a accompagnée
jusque sur la place de la cathédrale; M.
Théodore Humann, fils du ministre, et qui
a ramené le corps de son père dans sa ville
natale, suivait dans une voiture de poste;
après lui venaient plusieurs autres équi
pages de deuil, contenant des parents et
des amis de la famille, qui s'étaient rendus
hors la ville pour recevoir le défunt.
Les troupes de ligne formaient la haie
jusqu'à la cathédrale, où le corps a été
reçu par le clergé, avec les cérémonies et
les prières usitées en pareil cas, puis dé
posé dans une chapelle ardente, où il est
resté jusqu'à ce matin, gardé par un piquet
d'honneur.
On écrit de Vitteaux (Côte-d'Or), 4
mai
Samedi dernier, de cinq sept heures
du soir, notre pays a été le théâtre de
scènes de terreur et de désolation impos
sible décrire. La journée avait été suffo
cante de chaleur; le ciel était d'une pureté
remarquable, l'exception de quelques
légères vapeurs blanches, grises, qu'un
vent léger promenait sur la licime des
montagnes. Les vapeurs s'amoncelèrent
bientôt et formèrent l'ouest comme un
rideau noir, cuivré, que le soleil perçait de
temps autre de ses rayons. C'était un
spectacle magnifique qui ne devait pas
tarder être remplacé par un de ces
orages telle que les hommes n'en avaient
pas conservé de souvenir. A quatre heures,
quelques coups de tonnerre ébranlèrent et
dilatèrent une masse de nuages menaçants
qui s'étaient arrêtés et comme fixés sur le
bassin au milieu duquel est bâtie la ville
de Vitteaux.