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main; c'étaient deux jeunes mariés de la
veille.
Le convoi traînait 710 personnes; ça
été un épouvantable cri de lamentation,
quand la secousse s'est fait sentir et quand
l'incendie s'est déclaré.
Parmi les incidents de ce désastre,
on cite le suivant Le fournisseur de gants
de l'Opéra, s'était rendu Versailles avec
sa femme et sa fille; séparé par la foule de
sa famille le mari prend seul le chemin de
Paris par la rive droite; au même moment
sa femme et sa fille, désespérant de la re
joindre, prenaient place dans le convoi de
la rive gauche. Toutes les deux sont au
nombre des victimes.
ALLEMAGNE. Francfort, 9 mai.
On écrit de Hambourg, 6 maimidi
Le bateau vapeur Guillaume Ier vous
portera cette lettre sans encombre, je
l'espère. Notre pauvre ville commerciale
est depuis hier en proie une affreuse
calamité; une grande partie est déjà réduite
en cendres. L'incendie a éclaté dans la
nuit de mercredi au jeudi dans la rue de
la Digue; il s'est étendu avec une rapidité
extrême aux marchés de Roeding et aux
Houblons, et faisant toujours de nouveaux
progrès, a détruit la Buhrstah, la rue des
Foulangers, la rue Royale, la rue Stein-
witte, le rempart des moines, le pont du
Moulin, une partie du nouveau boulevard
la place Adolphe, la vieille rue des Rem-
ftarts, la rue des Frères, le Château-Neuf,
e cimetière Saint-Nicolas, et une partie du
Yungfernsteg, l'ancienne Bourse, le vieux
Wasserkunst, qu'on a fait sauter au moyen
d'une mine, ainsi que Herrenmuhle, l'église
de S'-Nicolas qui s'est écroulée jusqu'aux
fondements, l'Hôtel-de-Ville qu'on a fait
sauter.
Au moment où je vous écris, les plus
beaux édifices du Yungfernsteg sont en
Eroie l'incendie, ainsi que notre nouvelle
ourse. On ne songe pas sauver leseffets
mobiliers; tous les effets tendent empê
cher le fléau dévastateur de détruire notre
ville de fond en comble. Le bureau des
postes et la Banque sont en danger.
L'incendie a éclaté vers une heure du
matin, dans une fabrique de tabac,
trente pas du port intérieur. Le vent est
variable, il est tantôt au S.-O. et tantôt
l'O.-S.; c'est ce qui a sauvé jusqu'à présent
les ports intérieur et extérieur. La pluie
qui nous avait manqué depuis un mois
a tombé par intervalles, mais ne peut
rien sur l'incendie. Le manque d'eau et la
grande sécheresse qui ont existé ici depuis
un mois ont aidé aux progrès du fléau;
c'est par un miracle que la rue de l'Ami
rauté a pu rester suave jusqu'à présent et
on dit qu'elle ne court aucun danger. Dieu
veuille aussi étendre sa protection la
Ville Neuve qui est restée intacte. L'argent
en barres et les livres de la banque ont
été sauvés. Les rues sont encombrées de
fuyards; tout ce qui peut sauver quelque
chose de son avoir, se presse aux portes
de la malheureuse ville.
Des chariots remplis de marchandises
sortent de la ville. Les bureaux des postes
viennent d'être transférés Saint-Paul.
Le trouble et la douleur des habitants de
la ville ne sauraient se décrire. A chaque
moment se répand la nouvelle de quelque
nouveau malheur. Que de familles posses
seurs il y a deux jours d'une belle fortune,
se trouvent aujourd'hui dans la plus pro
fonde misère! les centaines de victimes de
cet affreux accident regardent avec stupeur
la place où s'élevaient naguère leurs ma
gasins et leurs habitations!!
Les nouvelles que nous recevons par
voie extraordinaire et qui portent la date
du 7 mai, viennent renchérir sur les
détails qui précèdent*
On parle de 1300 maisons brûlées. Les
canaux étaient sec par suite des vents
continuels de l'Est. Les maisons abattues
n'avaient servi rien. Nous sommes la
grâce de Dieu; si le Ciel ne nous envie pas de
secours, nous ne voyons pas qu'elles sont les
parties de la ville qui pourront être sauvées.
Telle est la triste conclusions de la lettre
que nous avons sous les yeux.
Une lettre de Harbourg porte que le
nombre des maisons détruites par l'in
cendie de Hambourg, s'élevait, le 6 mai,
9 heures du soir, 2,000 ou peu près du
quart de la ville 35 rues ne présentent
plus que des décombres; trois cinquièmes
des richesses de Hambourg ont péri. Des
troupes hanovriennes sont accourues pour
maintenir l'ordre et contenir la populace.
On lit dans un n° extraordinaire de
la Gazette de Brème, 8 mai
Sur tous les points de la chaussée de
Brème, ou a vu pendant la nuit précédente
de vives flammes s'élevant au-dessus de
Hambourg. Les principales imprimeries
au nombre de 16 sont réduite en cendres.
On ne peut donc pas attendre de journaux.
On parle d'une troupe d'incendiaires;
du moins un homme aurait-il été massacré
parla populace. Un voyageur a vu arrêter
des hommes très-bien mis, des Anglais
qu'on accusait du crime d'incendie. Espé
rons que ces bruits qui rappellent trop
les bruits d'empoisonnement des fontaines
au temps du choléra, ne se propagent pas.
La Gazette de Brèmedu 8, donne quel
ques détails sur le commencement de
l'incendie.
Le 5, deux heures, le feu s'étant
communiqué au Hepfenmarkt, le plomb
qui recouvre la tour de S'-Nicolas vint
fondre et couler sur les pompiers, qui
n'espérant rien de leurs efforts, se reti
rèrent et laissèrent au feu avoir son libre
cours. A quatre heures, cette magnifique
église n'était plus qu'un tas de décombres
en flammes. Des centaines d'hommes y ont
perdu la vie.
Pour préserver la rue de Bohnenstrasse,
on a fait sauter par la mine plusieurs
édifices et entr'autres le Boursenhalle,
actuellement l'Union, où avait lieu en ce
moment l'exposition de peinture. Chacun
cherche sauver ce qu'il peut. Des miliers
d'hommes parcourent les rues, emportant
leurs lits sur leurs épaules. Des maris
déposent dans les vestibules leurs enfants
au berceau; et s'enfuient pour sauver
quelque reste de leur avoir. La rue de
l'Amirauté est remplie de meubles, de lits;
de marchandises. Celui qui n'est pas té
moin de cette misère ne peut s'en fàire
une idée.
Lors de l'écroulement de la tour de
Saint-Nicolas, 50 employés de la Hanse
auraient péri.
Le feu continue ses ravages avec la
même force dans une direction opposée
la Ville-Neuve, et il est craindre qu'il ne
s'arrêtera qu'aux dernières limites, faute
d'aliment. L'église S'-Pierre, et la tour qui
est un chef-d'œuvre d'architecture sont
aujourd'hui réduites en cendres. On craint
beaucoup pour la bibliothèque et pour
l'école. On n'est pas même sans inquiétude
pour le faubourg S'-Georges.
Ce qu'il y a de plus terrible, c'est une
troupe d'incendiaires qui ont mis le feu
plusieurs endroits de la Yille-Neuvg. et
Vieille. Plusieurs ont été pris en-ffagràK^
délit, et n'ont pu se soustraire qu'à grande
peine la fureur du peuple. Quelques-lins
ont été massacrés par lui.
On a reçu Francfort, pa^ estafette,
la nouvelle de Hambourg que Ne 7 mai
dans la nuit on s'était rendu maître du fetL
La nouvelle bourse est sauvée. Quelques
ouvriers qui mettaientle feu une fabrique
ont été arrêtés; les troupes hanovriemies
accourues au secours de Hambourg Aut
tenu une conduite au-dessus de toutélogei
On écrit de Baltimore (Etais-Unis}, que
le 14 avril, ce port a été fëthéàtrod tf
Post-scriptum. Le vent acquiert une vio
lence nouvelle. Les pertes sont évaluées
jusqu'à présent plus de 100 millions de
marcs de Banco, il est impossible que les
sociétés d'assurances paient tout cela. Un
grand nombre de versions circulent sur
les personnes qui ont dû perdre la vie dans
la catastrophe; on ne peut rien savoir de
positif cet égard. Rien n'annonce encore
que l'incendie doive finir; il y a quarante
heures qu'il sévit sans interruption.
P. S. Au moment de fermer ma lettre,
j'apprends la destruction de la nouvelle
bourse. Dieu seul sait jusqu'à ce moment
où s'arrêteront les flammes. Des miliers
de personnes fuient la ville en emportant
ce qu'elles ont pu sauver déplus précieux.
Hambourg, 7 mai. Les communi
cations avec la vieille ville ne peuvent
plus avoir lieu que par les limites extrêmes
du midi et du nord. La Yille-Neuve qui a
été fortement menacée pendant quelque
temps est maintenant hors de danger, et
un changement dans la direction du vent
ne pourrait même lui nuire. Au moyen
d'efforts inouïs, on est parvenu jusqu'ici
préserver la nouvelle Bourse, quoique la
ilamme l'ait souvent entamée.
EXPLOSION D'UN STEAMER.