D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES.
No 2573
25me Année
INTERIEUR.
7?B,3S, 1er Juin.
Nous appelons l'attention de nos lec
teurs sur notre feuilleton d'aujourd'hui,
extrait des feuilles politiques de Munich. C'est
un article écrit avec toute la modération
possible. L'auteur, sans se faire illusion
sur l'importance, que certains publicistes
prétendent donner la franc-maçonnerie
dévoile avec une grande pénétration le
but et les tendances de cette société, que
le saint siège a si justement comdamnée
diverses reprises. Il est vraibon nombre
de loges, telles qu'apparemment notre
Amicitia, ne sont instituées que pour amu
ser des frères-dupes; pour donner leurs
frais des fêtes gastronomiques; enfin pour
leur délier la bourse et avec leur argent
distribuer quelques pains ou quelques me
sures de houille, distribution qui est régu
lièrement annoncée au son des trompet
tes. Mais il est bon que ces frères sachent
une bonne fois, et que tout le monde con
naisse avec eux, qu'ils font partie d'une
association, qui, tout en flattant le pou
voir, travaille en secret au bouleversement
des états et de la Religion de Jesus-Christ.
Quiconque lira sans prévention cet article
tout entier, saura apprécier la justesse
des mesures, que plusieurs souverains
FEUILLETON BU PROPAGATEUR.
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LA FRANC-MAÇONNERIE.
Pontifes ont cru devoir prendre contre
les sociétés secrètes, et contre ceux qui
les soutiennent.
Pour le coup, nous sommes débordés.
Ne faudrait-il pas remuer la mémoire des
sociétés passées? Mais les sociétés présentes
et futures nous occuperaient tous les jours
si nous avions la folie d'ennuyer nos lec
teurs de ces éternels remue-ménages.
Ce que nous voyons, n'est pas la manifes
tation de la sociabilité humaine; ce sont
les agitations paroxysmiques de l'exclusi-
veté On s'unit ceux-ci, non pour être
en compagnie, mais pour ne pas être ex
posé se trouver avec ceux-là. Quel noble
et beau sentiment que celui qui inspire
une telle conduite!
Depuis la société des charpentiers (de
Sl-Josepli)qui n'est peut-être pas encore
la plus basse, jusqu'à la société de la Con
corde, qui a assez de fatuité pour se croire
la plus élevée, il y a mécontentement, il y
a désunion, il y a discorde, il y a scission.
Et dès qu'il se rencontre trois rebelles,
une nouvelle société surgit. Au train que
ça marche il n'y aura bientôt plus, ni en
ville, ni dans les environs, un cabaret qui
ne soit le siège d'une société, un cabaret
qui n'étale en grandes lettres devant la
porte arrière les profanes.
Si tout cela n'était pas factice, le déses-
poir devrait entrer dans le cœur des gens
véritablement sociables, les seuls désor
mais qui soient exclus des sociétés, ou,
pour mieux dire, les seuls qui ne puissent
pas y entrer parce qu'ils se déshonore
raient par le contact avec l'égoïsme.
La scission qui occupe particulièrement
les esprits dans ce moment, est celle qui a
éclate dans la Concorde entre les militaires
et les non-militaires. Vingt cinq démis
sions et la création d'une société militaire
la campagne Nicaise, voilà la consé
quence. Et l'origine? Nous ne savons
pas au juste les uns disent un caprice du
colonel; les autres l'ordre de porter l'uni
forme.
Quoi qu'il en soit, l'honnête homme qui
n'est pas membre de YUnion, parce qu'il
ne veut pas essuyer les boules noires de
gens qui ne le valent point, a trouvé depuis
dimanche l'entrée de l'ancien Tivoli fer
mée devant lui, parce qu'il ne porte pas
d epaulettes.
D'autres séparations nous semblent
imminentes. N'en parlons pas. Mais le
Parcvous le verrez, le Parc aussi ne
lardera pas n'accueillir que des catégo
ries, sinon le Parc sera abandonné par
ceux qui, dans un niais mépris, appellent
mélange les seules réunion tolérables, les
seules qui constituent la société réelle.
Voici les principales nuances de notre
LE PROPAGATEUR,
Dans le siècle dernier, on s'est souvent exagéré l'impor
tance et l'influence de la Franc-maçonnerie plusieurs
gouvernements, se trompaut sur le danger qui pouvait
résulter pour eux de cette institution, ont, par des mesures
prises contre elle, augmenté la propension si naturelle
l'homme de faire ce qui est défendu. La fausse appréciation
des sociétés maçonniques provoqua l'organisation de la
police seciète, d'un mal qui n'est pas moins grand dans
ses suites. De 110s jours une opinion toute contraire s'est
accréditée; plusieurs gouvernements favorisent et protègent
la franc-maçonnerie, parce qu'ils la considèrent comme un
instrument dont ils peuvent se servir pour atteindre leur
but; dans d'autres pays, la crainte trop vive a fait place
une insouciance qui pourrait bien avoir prochainement de
faoheux résultats.
Je ne vous parlerai, dans cet article, ni des cérémonies,
des mystères ou des signes distinctifs, ni de l'histoire
prétendue, ni du détail des dissentions et des luttes
intérieures de la frauo-maçonuerie. Ne croyez pas pourtant
qu'uu devoir ou une promesse quelconque me forcent
garder le silence sur ces choses ce qui m'y engage, c'est
le désir d'éparguer aux lecteurs l'enuui et le déguût que
l'on éprouve, quand on jette un regard dans ce cahos de
contradictions el d'inventions absurdes, sur l'explication et
le sens intime desquelles il y a autant d'opinions différentes
3ue de têtes. Parmi les membres de cette association secrète,
en est qui ont encore le triste courage de s'occuper de
ces niaiseries; mais la partie sensée d'eutre eux garde le
silence ou hausse les épaules, lorsque l'on parle de ces
folies inexpliquables. Du reste toutes ces sottises ont souvent
été imprimées, et celui qui ne craint pas de perdre son
temps, peut les lire dans des ouvrages, qui, eux seuls,
forment toute une branche de la littérature moderne. Je
me bornerai ici indiquer quelques points de vue que
l'expérience et de longues observations m'ont fait découvrir
ce sont autant d'indications qui pourront guider les lecteurs
dans de plus profondes recherches.
J'aborde donc la question sans autre préambule.
La franc-maçonnerie, dans sa forme actuelle, ne compte
pas plus de cent cinquante ans d'existence. L'Angleterre
est sa patrie et son berceau; de là elle s'est répandue sur
toute l'Ëurnpe et sur ses colonies, conservant son caractère
propre, caractèie d'hostilité contre tout ce qui est positif en
matière religieuse. Quant son essence, elle n'est autre
chose que le protestantisme transformé en indifférence de
religion. Vers la fin du XVIIe siècle, le protestautisme
était arrivé en Angleterre son véritable but et une fin
que lui assignait nécessairement sa nature même, savoir
rejeter touie hase chrétienne et positive. Comme, d'une part,
l'antique foi y avait été effacée jusqu'aux dernières traces
de la plupart des intelligences, et comme, de l'autre, les
souvenirs chrétiens du moyen âge étaient encore trop
vivaces pour que l'on eut pu prétendre, comme aujourd'hui,
se passer entièrement de toute forme hiérarchique, le
besoin de substituer l'Église universelle une institution
qui embrasserait également toutes les nations et tous les
rangs de la société, se fit bientôt sentir dans cette aucienne
patrie des corporations, et fut favorisée par la dissolution
générale tant religieuse que politique, qui désola l'Angle
terre. Cette institution, c'est la franc-maçonnerie, que l'on
peut ainsi avec raison définir l église de indifferentisme
forme sociale de l'hérésie du XVIIe et XVIIIe siècle, dans
laquelle s'est transformé le protestantisme du XVIe.
Ce point de vue, mon avis, sert de clef la solution
de l'énigme que présente la franc-maçonnerie. D'après
cela, on comprend en premier lieu son opposition naturelle
et nécessaire contre l'Église. Il y a l'opposition la plus
forte et la plus tianchée qu'on puisse imaginer entre cette
association, véritable anti église de notre époque, et l'Église
de Jésus-Christ. Celle-ci déclare que la foi catholique, dans
tout sou ensemble, est la condition indispensable du salut
éternel, taudis que la franc-maçonnerie a pour but essentiel
et pour ainsi dire uuique de faire oublier ses adeptes
toute indifférence de religion, qui, selon elle, n'est qu'une
œuvre purement humaine sans valeur et sans importance.
En général, la franc-maçonnerie avoue hautement que
telle est sa véritable essence; quelquefois cependant, quand
il s'agit d'étouffer la voix d une conscience catholique
elle lâche de voiler et de cacher cette essence par des
sopbismes grossiers et absurdes. On dit, par exemple, un
catholique qui hésite d'entrer dans l'association, que le
pape n'a point connu la véritable maçonnerie et qu'il en
a condamné les abus comme s'ils cousliluaient la chose
même; que le véritable système maçonnique ne touche pas
la religion, ne s'occupe poiut de la diversité des opinions
religieuses, mais qu'il unit au contraire, sans égard aux
croyancestous les hommes en une grande association
fraternelle et humanitaire. Mais c'est là précisément la