D'AFIICHES, ANNONCES, AVIS IT NOUVELLES DIVERSES. No 2579. 25me Année. INTERIEUR. 7? P. 3 S, 22 Juin. Ainsi qu'il était aisé de prévoir, l'adop tion du fractionnement des collèges élec toraux a jeté le parti libéral dans la plus grande consternation. Nous n'avons pas examiner s'il n'y a pas ici quelque tactique. Toujours est-il que les feuilles du parti exagéré représentent la loi récemment adoptée comme pouvant amener pour la malheureuse Belgique les catastrophes les plus déplorables. Heureux si par les ef forts héroïques des libéraux, ces ardents amis du repos et du bonheur du pays, nous pouvons échapper aux malheurs qui nous menacent! En effet, jugez si l'on fut jamais plus fondé prédire un avenir gros de tempêtes et de bouleversements. La chambre des représentants avait dé cider si, dans l'intérêt d'une bonne admi nistration, les électeurs de la ville d'Ypres cette cité malheureuse se trouve atteinte par la loi continueraient élire en un seul bloc les 15 conseillers communaux, ou bien, s'il était préférable que cette élection se fît par plusieurs sections, dont chacune aurait nommer un certain nombre de conseillers, de manière qu'au total il y aurait le même nombre de 15. Le croirait-on? La chambre, malgré les prophéties sinistres, mais très fondées, de l'opposition libérale, a donné la préfé rence au deuxième mode. On conviendra qu'une mesure aussi inique doit faire fré mir d'indignation tous les honnêtes gens. N'est-ce pas la fable des bâtons flottants? Nous avons eu raison de nous défier de certains journaux qui se plaisaient na guère répandre les bruits les plus étran ges relativement l'issue des négociations commerciales entamées avec l'Espagne. Le ministre de l'intérieur vient de les dé mentir la chambre des représentants de la manière la plus formelle. Le gouver nement espagnol, bien loin de se refuser écouter notre agent cause du jubilé publié dernièrement en Belgique, l'a par faitement accueilli, au contraire. Tout porte croire que les dites négociations seront couronnées de succès. Ainsi tom bent toutes ces prétendues nouvelles pro pagées avec autant d'imprudence que de méchanceté. Le respectable Régent de notre école d'Orphelins a procuré le divertissement d'une agréable excursion aux enfants con fiés sa garde il les a conduits lui-même une ville française voisine et a permis leur légitime amour propre la satisfaction de pouvoir constater leurs progrès en mu sique. Voici comment la correspondance du Journal de DunJierque rend compte de l'effet produit en cette ville par la pré sence de nos jeunes et intéressants conci toyens. -. jw v. -.itIUUL il] lH\tt LE Au loiu c'est quelque chose; et de près ce n'est rien. Dunkerque, i5 juia 1843. C'était avant-hier lundi, vers une heure, que, favorisés par notre beau soleil de juin, une foule de iuonde et moitout le premieraccourions au-devant d'une musique militaire qui franchissait avec un drapeau étranger notre Pont-Royal. Cette musique était composée de trentre-trois jeunes exécutants, âgés depuis 9 jusqu'à dix-huit ans environ ce drapeau étranger était le drapeau belge. Je ne tardai point d'apprendre que ces jeunes harmonistes étaient les pensionnaires de l'école des orphelins de la ville d'Ypres, conduits par leur régent M. l'abbé Desière. En commu niquant les nouvelles que je venais de recueillir b un groupe qui me questionnait, je m'aperçus que je n'étais point le seul vivement impressionné la vue de ces jeunes orphelins dont les traits rebondis accusent une vigilance toute évangélique, toute paternelle, et plus d'une larme significative hu mectait les paupières. Ce fut alors, au milieu d'un nombreux cortège, que cette musique, qui me reportait au souvenir des montagnards, traversa la ville en jouant pour se rendre b la mairie. La, par une heureuse inspiration, M. l'abbé Desière, gra vissant avec sa troupe juvénile les marches de l'Hôtel-de-Ville, a couronné le buste de Jean- Bart en adressant, au milieu d'une sensation profonde, une allocution pour rappeler que ce fut a son audace, a sa bravoure et a son géoiesurtout a sa fidélité a l'antique foi de ses pères que notre héros dut toute sa gloire et toute son immortalité. Belle émulation sans doute pour sa jeune troupe qui, après les unanimes applaudissements des spec tateurs, a glorifié le Dunkerquois en jouant des morceaux d'une exécution et d'un ensemble aux quels les musiques de plus d'une ville de nos en virons pourraient porter envie. Après la réception la plus cordiale qui leur a été faite dans l'une de leurs salles par messieurs les membres de la Ré gence et du Cercle du Commerce, et après y avoir humecté la partie animale de l'instrument pour renforcer la vigueur de leurs jeunes pou mons, nos harmonistes ont continué leur pélérinage triomphal, au son de leur musique, avec l'accom pagnement obligé de la grosse caisse très ingé nieusement montée sur un petit charriot a quatre roues. Ils ont visité le belvéder, du haut duquel ils ont lancé leurs flots d'harmonie, la mer et la Sous-Préfecture où notre digne administrateur M. Randouin a, dans son aimable sollicitude, adressé a la jeune troupe des éloges mérités sur ses talents précoces et donné des conseils paternels en lui recommandant toujours amour et respect leur digne régent auquel M. Randouin a en suite exprimé avec une parfaite convenance des vœux de paix et d'éternelle alliance entre le peuple français et le peuple belge. Nous avons omis d'exprimer les regrets occasionnés par l'ab sence de notre maire, M. Gourdin qui se trouvait a Bergues. Après une promenade de cinq heures environ, les orphelins belges ont quitté notre ville, tout enchantés de la cordiale réception de ses habitans, pour aller a Bergues. La barque avait hissé son pavillon de fête, et attaché ses banderoles au mat et aux vergues. Sur sa proue flottait le gràlt*l drapeau de la Nation Belge! Une couronne d'im mortelles, au chiffre de la bien-aimée Reine, de Louise-Marie de la Mère du pauvre et de l'orphelin, attendrissait tous les cœurs!.'! L'on jouait la Léopoldine au départ, devant un mil lier de spectateurs!!! Que la Providence soit toujours avec vous, nobles enfants, et dans l'intérêt de l'humanité for- mons les vœux les plus fervents pjotir*qùe lïte pareils établissements se propagent sur tous les sols, et les orphelins supporteront alors avec ré signation la pensée d'être privés des caresses d'une mère. Gloire ermerci b vous, M. l'abbé Desière, vous portez une bien belle couronne, et dans chaque note qui s'exhale c'est une bénédiction de vos enfants chéris qui monte a Dieu!

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Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 1