I 2 On nous écrit de S'-Julien, commune de Langemarck Dans le but d'obvier aux événements fâ cheux qui pourraient être occasionnés par les insensés laissés en liberté, nous signa lons l'autorité compétente l'idiot qu'on remarque constamment le long de la route d'Ypres Bruges, au hameau S'-Julien, commune de Langemarck. Cet être dis gracié de la nature dont la physionomie et le rire niait annoncent la nullité de ses facultés mentales, est sujet de violentes attaques convulsives, et s'adonne des excès de colère; n'obéissant qu'à un in stinct aveugle, il poursuit indistinctement lespassans, effraie les femmesetlesenfants qui en ont horreur, s'expose a être écrasé sous les roues des voitures, ne commettant jamais que des extravagances ou des actes plus ou moins repréhensibles. Ce malheu reux sans cesse en proie l'agitation et la fureur, deviendra bientôt la cause de quelque événement si l'attention de l'auto rité administrative ne les prévient. On écrit de Tournai, 20 juin Enûn l'administration a décidé l'éta blissement d'une école de natation; seule ment et comme un fossé de la ville a été choisi pour emplacement, c'est du génie millitaire que dépend maintenant l'exécution de la mesure. Faisons des vœux pour que celte seconde décision ne se fasse pas attendre autant que l'autre. On lit dans le Journal de Liège M. le major Pirson, arrivé récemment du Texas, vient d'offrir au cabinet de zoologie de l'Université de Liège un exem plaire vivant d'un reptile très-rare. Au premier coup d'oeil, on le prendrait pour un crapaud, mais c'est un véritable lé zard, appartenant au genre Phrynosoma de Wingmann, d'une forme très-large et très-aplalie, hérissé d'épines de toutes parts, et ayant la faculté de changer de couleur comme le caméléon. C'est proba blement la première fois que cet animal remarquable est apporté vivant en Europe. Un journal fait ce rapprochement L'incendie de Hambourg a eu lieu le 5 mai. La destruction partielle de Saint-Do mingue le 7 mai. L'événement du chemin de fer de Ver sailles le 8 mai. Ainsi la durée de cent heures a vu s'ac complir, sur différents points du globe, trois catastrophes qui, dans l'histoire de l'humanité, ne se présentent d'ordinaire qu'à de longs intervalles. Par arrêté royal en date du 18 juin, le général-major Prisse, aide-de-camp de S. Celui-ci n'exerce aucune surveillance sur les deux universite's de l'état. Cependant, nous le répétons, qui sont ceux qui fournissent annuellement la presque totalité des 600,000 fr. et audela que coûtent ces établissementssinon les catholiques eux-mêmes? Si l'on réfléchit que l'état, comme tel, ne professe aucune religion, on doit convenir que les catholiques, et non les libéraux, ont ici a se plaindre. Après avoir déploré cette prétendue incurie du gouvernement, le Progrès loue hautement les provinces et communes, qui ont fait, dit-il, les plus grands sacrifices afin de pouvoir lutter avec avantage contre le clergé. Nous avons promis d'examiner si les sacrificesdont on parleont réellement quelque chose de bien pénible pour les chefs des localités, où cette lutte existe. De cet exameu on pourra conclure naturellement le mérite des éloges prodigués par la feuille antica tholique. Il est évident par le passage de l'article du Progrèscité dans notre n° du 4 juinque notre adversaire a eu spécialement en vue la lutte existant h Ypres entre le collège communal et celui de S'-Yincent de Paul. C'est pourquoi nous tâcherons de résoudre la question que nous nous sommes proposée en appréciant eu particulier ce qui regarde l'enseignement moyen donné en notre ville. Aussi bien la discussion, pour être restreinte a une seule localité, ne perdra point son caractère de généralité quant au fond. En effet, tous les arguments que nous apporterons en notre faveur, pourront être invoqués partout ailleurs où une lutte de même nature est organisée entre les libéraux et les catholiques. Mais avant d'aller plus loinnous éprouvons le besoin de protester de toutes nos forces contre toute interprétation malveillante qu'on pourrait donner nos paroles. Ce n'est point pour nous venger, ou pour dénigrer qui que ce soit, que nous sommes entrés dans la lice. Nous laissons volontiers cette tâche d'autres. Vérité et modération, telle est la devise inscrite sur notre bannière. Nous ne prétendons user, qu'on se le persuade bien, que du droit de légitime défense. On voudra bien se le rappeler, si dans la présente discussion nous nous trouvons forcés de dire quelques vérités un peu dures k des magistrats, dont nous ne voulons pas nier les qualités personnelles. Afin de mettre nos lecteurs a même de pouvoir juger avec pleine connaissance de cause entre le Progrès et nous autres catholiques, il est indis pensable de leur rappeler quelques faits, qui ne seront contestés par personne. Un collège communal existait au sein de notre ville depuis bien des années. Il possédait la con fiance des parents et la méritait juste titreparce qu'il ne devait le céder aux autres établissements de la même catégorie ni sous le rapport de l'ordre et de la moralité, ni sous celui des études. En 1826 le roi Guillaume voulut le façonner a sa mode. Le principal et tous les professeurs, n'é coutant que la voix de leur conscience, refusèrent nettement leur concours aux vues mal déguisées du roi calviniste. Ils se retirèrent jusqu'au dernier et la régence d'Ypres confia la direction du collège d'autres mains. Il végéta péniblement jusqu'en i33o. Les yprois virent avec joie renaître l'ère de la liberté. Ils auraient enfin l'occasion de donner leurs enfants une éducation conforme leurs principes religieux I Comme la régence se contentait d'apporter au collège quelques amé liorations de peu d'importance, tandis qu'il ré clamait une réforme essentielle et nécessairela masse des catholiques ne crut pas pouvoir y placer sa confiance. Avides pourtant de participer aux bienfaits, que la constitution permet de répandre sur tous les concitoyens indistinctement, les ca tholiques, en qualité de contribuables, s'adres sèrent, pour obtenir la réalisation de leurs vœux, ceux qui disposent du trésor public, patrimoine des habitants. Le conseil communal alors existant accueillit favorablement leur demande. Tout en refusant, on ne sait pourquoi, de réformer radi calement le collège municipal, il reconnut la nécessité de satisfaire aux justes désirs de leurs administrés en érigeant un établissement d'éduca tion entièrement en harmonie avec leurs principes. Un des membres dudit conseil fut député a Bruges. 11 se présenta devant le chef du diocèse, et en qualité de délégué, lui parla en ces termes Monseigneur, l'effet d'ériger h Ypres un collège ecclésiastique, le conseil communal de ladite ville vous offre, par l'organe de son délégué, un local, plus le tiersvoire même la moitié des dépenses annuellement nécessaires a cet établissement. Msr, voulez-vous ces conditions vous charger du personnelde la direction et du reste enfin L'évêque y donna son assentiment. Voilà comment fut créé le collège de S'-Vincent de Paul savoir, en vertu d'un contrat synallagmatique titre onéreux, dont la seule condition avantageuse k l'une des parties contractantes était évidemment la stabilité. Le conseil communal accorde donc outre le localune somme de 3,000 francs comme subside annuel. L'évêque, de son côté, remplit les conditions qui étaient a sa charge, et le collège ecclésiastique commença en i834 sa carrière que tout présageait devoir être longue. Dès son début il obtint la confiance des pères de familles qui prétendent que leurs enfants, tout en recevant une instruction solide et variée, soient élevés dans l'amour et la pratique de la religion. Depuis cette époque les catholiques se montraient satisfaits. Et certes, ils prouvaient par 1k au parti libéral qu'ils étaient de bonne composition. Ils n'igno raient pas que le collège qui possédait leur confiance, avait droit, en vertu de la justice distributivea la presque totalité des sommes allouées annuellement par la ville k l'instruction publique. Et pourquoi? Parce qu'eux seuls con stituent la presque totalité des contribuables. Malgré cette injustice ils étaient comme nous venons de dire, contents et tranquilles puisqu'a- près tout leurs intérêts môraux n'étaient plus froissés. Il n'en était pas de même quant k ces gens qui k Ypres, comme ailleurs, sous le beau nom de libéraux, sont les plus intolérants des hommes. Ils frémissaient de voir que l'oppression des catho liques n'était point complète. Aussi quelle fut leur joie lorsqu'aux dernières élections pour le renouvellement partiel du corps communal, ils virent enfin la régence d'Ypres composée presque toute entière d'hommes de leur bord! Dans leurs réunions ténébreuses ils se hâtèrent de se concerter afin de porter les nouveaux conseillers commu nauxleurs protégés, k détruire au plus vite l'ouvrage de leurs devanciers. Leurs efforts ne furent point vains. Le 28 décembre i84o le conseil communal résolut k une grande majorité de retirer, a partir du 1" janvier suivant, le modique subside alloué jusqu'alors au collège de S'-Vincent de Paul. En même temps il enjoignit aux directeurs de l'établissement d'évacuer les bâtiments a la fin de l'année scolaire courante. Comme cet article a déjk une certaine longueur. nous continuerons la discussion dans un numéro Nouvelliste des Flandres.) Bruxelles, 21 Juin.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 2