D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES^
No 2583.
MERCREDI, 6 Juillet, 1842.
25me Annee.
7PF.3S, 6 J UILLET.
Il n'y a pas de pires sourds, dit le pro
verbe, que ceux qui ne veulent point en
tendre. La presse de l'opposition avancée
6emble avoir pris tâche de confirmer
cette vérité tous les jours. En vain vous
avez mis néant les assertions les plus
étranges qu'elle se plaît faire croire
ses dupes, demain elle recommencera de
plus belle. Tout le monde sait qu'une par
tie des libéraux a rompu ouvertement
l'union formée autrefois entre eux et les
catholiques pour secouer le joug batave.
Ces derniers, de l'aveu même des libéraux
modérés, sont restés constamment fidèles
leurs antécédents. Vingt fois on les a
vus combattre pour toutes nos libertés
envers et contre tous. Toujours ils se sont
montrés les défenseurs les plus ardents
de notre nationalité. Bien plus, les inté
rêts matériels ont trouvé parmi eux des
avocats et plus zélés et plus intelligents
que chez les libéraux exclusifs. N'importe:
entendre les feuilles dévouées au parti
exagéré, le parti clérical, c'est-à-dire les
hommes modérés, ne visent qu'à confis
quer leur profit toutes nos libertés. Les
dernières décisions de nos chambres en
font foi. Et comment prouve-t-on que ces
lois sont liberticides? Comment prouve-t
on, en particulier, que la liberté de l'en
seignement est sérieusement compromise?
Belle demande! Ne savez-vous pas que les
feuilles de cette espèce ont le droit d'être
crues sur parole? Ce privilège, elles en
usent largement, je vous assure. Dès-lors,
nos lecteurs nous permettront de nous
borner nier tout simplement ce dont on
nous accuse sans preuve. D'ailleurs le pu
blic est assez éclairé pour juger, sans se
tromper, chez qui se trouve la vérité, ou
chez nos adversaires, ou chez nous autres
catholiques.
LE PROPAGATEUR,
MONOPOLE DE L*EI1SEIGÎÏEMENT.
QUATRIÈME ARTICLE.
Dans le dernier article nous avons rappelé a nos
lecteurs de quelle manière notre conseil communal
(i) Voir notre numéro du a5 juin.
renversa le système de conciliationsi sagement
adopté par le conseil précédent, relativement h
l'enseignement moyen donné en notre ville. Il re
fusa, partir du i" janvier i84i, tout subside
au collège de S'-Vincent de Paul, et ordonna aux
professeurs de quitter les bâtiments au mois d'oc
tobre de la même année. Ni la certitude d'in
disposer contre lui beaucoup de familles, vu le
nombre toujours croissant des élèves dudit col
lège (t), ni la démarche de 166 habitants, qui
dans UDe pétition collective réclamaient la conti
nuation du subside, ni enfin la honte résultant du
mépris d'engagements sacrés, rien ne put détour
ner le coup. Ou passa outre, et le vœ victia dut
sortir son plein effet. On ne peut douter un seul
instant de l'esprit qui avait dicté une mesure aussi
criante. On n'osait l'avouer, mais il était clair pour
tout homme non prévenu que ce fut l'esprit de
domination exclusive, une aversM>d bien pronon
cée contre le catholicisme, ou, si l'on veut, une
ridicule clérophobie. Ce n'est pas qu'on ne se soit
efforcé de cacher l'odieux de l'arrêt en apportant
quelques raisons pour le justifier mais quelles
raisons, grand Dieu! Nous rougissons de les rappor
ter, mais les imprudentes provocations du Progrès
nous y forcent.
Un industrieldisait-on, n'allouerait évidem
ment pas de fonds pour qu'il s'établisse vis-à-vis
de lui un rival daugereux et incommode. Quel
misérable sophisme Sans doute, un industriel, en
agissant ainsi, commettrait une folie, mais y a-t-il
la moindre analogie entre un industriel qui fait
valoir ses propres fonds et un conseil communal,
qui, sans pouvoir regarder aucunement les deniers
publics comme siens, est obligé en conscience de
les administrer, en tuteur intègre et impartial Or,
un tuteur mérite-t-il ces qualifications lorsqu'il
se permet de dépouiller l'un de ses pupilles pour
engraisser l'autre? Mais accordons un instant qu'u
ne régence quelconque puisse être regardée comme
marchande d'instruction publique. Dans ce cas
elle devrait se pourvoir d'un assortiment complet.
Le simple bon sens d'un négociant ordinaire doit
lui faire comprendre la nécessité d'être même
(1) A cette époque, suivant les chiffres officiels, les élèves
du collège de S1-Vincent de Paul coûtaient la ville 4"
francs par tête, et ceux du collège municipal fi. s43-4c.
également par tête. Aujourd'hui qu'au lieu de 78 élèves,
que ce dernier collège comptait alors, on y en compte tout
au plus 70, on voit que chaque élève coûte encore da
vantage. Le collège ecclésiastique compte actuellemeut un
peu audelà de cent élèves, qui ne coûtent pas uu centime
la ville.
de pouvoir satisfaire tous les goûts, notamment
celui de ses pratiques catholiques.
Autre motif. Un conseil communal ne doit pas
adopter en aveugle la marche suivie par son de
vancier; au contraire, il est de son devoir de répa
rer les fautes commises avant son avènement aux
affaires. Rien de pins juste. Mais, nous le deman
dons avec confiance, peut-il entrer dans l'esprit
de personne que la conduite des anciens conseillers
mérite le moindre blâme? De ce que nous avons
rapporté en historiens impartiaux, nos lecteurs
conclueront que l'érection du collège de S'-Vin-
cent de Paul, bien loin d'avoir été une faute com
mise par la régence qui y a concouru, n'a été au
fond qu'un hommage bien juste, quoique tardif,
rendu l'opinion des yprois Si docc en matière
d'instruction publique il se trouve que des con
seillers communaux aieut agi avec imprudence, on
doit accusct-iron lu régence-Je r834, mais bien ht
régence, qui eu i84o a osé rompre les engage
ments les plus solennels. Cuique suum. Du reste
dous aimons croire que la régence actuelle ne
tardera plus longtemps quitter la voie, où, nous
en sommes convaincus, elle s'est engagée malgré
elle. S'il est propre tout homme de se tromper,
elle sait qu'il est beau de reconnaître ses toits et
de les réparer. D'ailleurs l'affection de la presque
totalité de ses administrés n'est qu'à ce prix.
Maintenant, passons un troisième argument
qu'on a fait valoir en faveur du retrait de tout sub
side au collège ecclésiastique. L'état des finances
de la ville s'opposait, disait-on la continuation
du subside. Économie économie! motjAuilujsant
s'il en fut jamais! Combien de gen*fen voulafK
être économes, ont reconnu trop lard que cette
prétendue économie les avait perdus
Il était donc impossible, messieurs, de trouver
la somme bien minime de 3,ooo francs afin d'eu
gratifier un établissement, qui avait les sympathies
de tous les hommes religieux? Vous ne pouviez
abaisser un peu le chiffre de quelques articles des
dépenses portés sur votre budget? Qujj^urrait le
croire? Supposons qu'il en fut ainsi jdan$
plutôt que de traiter aussi lentement v^s'
nistrés, il aurait fallu faire contribuer la génér
des habitants jusqu'à concurrence dft ladite
de 3.ooo francs, puisque les catholiques
nissent la somme bien i m porta ntèswe
sacrez une institution, dont ils ne veulent point,
et bon droit. Cette nouvelle charge n'aurait
certes pas été bien lourde pour une population de
.cas
i con-