CONSEIL PROVINCIAL
Séance du 19 juillet.
Séance du soir du 19 juillet.
montrée plus économe et en meme temps plus
soucieuse des intérêts moraux de la ville en sup
primant le collège communal, et en dotant con
venablement le collège ecclésiastique. A cela les
libéraux exclusifs du Progrès pourraient nous
accuser avec plus de violence que jamais, de viser
certainement au monopole, puisque la chute du
collège communal paraît devoir nous être agréa
ble. On pourrait également induire de notre aveu
que nous voulons ôter aux enfants qui le fré
quentent le moyen de recevoir l'instruction qui
leur convient.
D'abordquant h l'accusation de viser au mo
nopole de l'enseignement, notre réponse sera très
courte.Non, messieurs, nous n'aspirons point a
ce monopole; c'est-a-direnous ne désirons pas
qu'une loi vous ôte le moyen d'élever vos enfants
comme vous l'entendez. Érigez même a vos frais
autant de maisons d'éducation qu'il vous plaira. 11
est loin de notre pensée de vouloir vous en empê
cher. Le pays tout entier sait très bien que vous
calomniez les catholiques toutes les fois que vous
les accusez de viser au monopoletel que nous
venons de le définir.
Mais nous voulons la ruine de votre collège
communal! Eh! messieurs, sans doute, nous
ne désirons rien tant que de voir triompher partout
l'enseignement vraiment catholique, mais par des
moyens honnêtes et avoués par la religion. Que si
dans cela il y a quelque crime, êtes-vous bien
innocents, vous, messieurs les libéraux, qui certes
ne portez pas un bien tendre intérêt au collège
ecclésiastique, puisqu'il n'a pas dépendu de vous
qu'il ne fût ruiné sans retour? En refusant tout
subside h cet établissement vous avez prouvé la
face du pays que non seulement vous désirez
rendre impossible toute concurrence eu matière
d'instruction, mais que pour régner en maîtres
vous ne reculez devant aucun moyen.
Cette réponse devrait suffire pour convaincre
le public que nos adversaires sont au moins
imprudents lorsqu'ils nous font un crime de notre
peu de sympathie pour leur collège de prédi
lection. Néanmoins, nous prions qu'il nous soit
permis d'ajouter encore quelques réflexions pour
mettre la justice de notre cause dans tout son
jour. La matière est trop importante pour que nous
ne nous efforcions point de mettre k néant les
objections les moins fondées, au iisque de fatiguer
un peu nos lecteurs. Ajoutons qu'il se trouve
beaucoup de personnes qui, distraites par leurs
affaires, ne se donnent guère la peine de réfléchir
et de raisonner.
Voici donc ce que nous avons k dire. Oui,
messieurs les libéraux, nous nous plaignons amè
rement de nous voir traités en parti ennemi; nous
sommes révoltés de votre conduite a l'égard du
collège de S'-Vincent de Paul votre collège
communal ne possède pas notre confiance. Voyez
plutôt le chiffre du nombre des élèves qui fré
quentent les deux établissements. Que si vous
demandez pourquoi nous n'envoyons point nos
enfants k votre collège; si vous soutenez que
l'éducation y est certainement religieuse, et même
très catholique; si vous jurez, en un mot, que tout
y va au mieux, et que par conséquent les parents,
qui veulent pour leurs enfants une éducation
catholique, ont tort d'en éloigner leurs enfants,
nous répondrons d'abord que la confiance ne se
commande pas, et que les nombreux parents, qui
donnent la préférence au collège ecclésiastique,
eussent-ils mille fois tort, auraient encore un droit
incontestable une part proportionnelle du sub
side alloué en faveur de l'instruction moyenne.
Cela devient évident pour les esprits les plus
obtus si l'on suppose pour uu moment que notre
ville contienne dans son sein autant de familles
protestantes que de familles catholiques. Ces deux
opinions religieuses ne peuvent être également
vraies. Si les catholiques possèdent la vérité, les
protestants sont dans l'erreur. Or pense-t-on que
ces derniers, contribuant pour la moitié dans les
charges publiques, se résigneraient bénévolement
voir profiter aux catholiques seuls la somme
allouée au budget en faveur de l'instruction
Non, sans doute. Ces protestants crieraient bien
vite a l'arbitaire, k la tyrannie, et ils auraient
raison. Et la régence se verrait forcée ou de
supprimer tout subside k l'instruction publique, ou
de le partager entre les contribuables d'opinions
religieuses différentes. Peu importe donc que nous
autres parents catholiques nous ayons tort aux
yeux de la régence en ne voulant pas de son
collège. Nous ne sommes pas obligés de justifier
nos convictions religieuses. La régence, pour agir
avec équité, ne doit constater qu'un seul fait. Le
voici payons-nous, oui ou non, nous autres
catholiques, la presque totalité des sommes al
louées en faveur de l'instruction publique? L'af
firmative étant certaine, on voit de suite que nos
plaintes ne sont que trop fondées.
Nullement, nous diront nos conseillers com
munaux; vos plaintes sont tout-a-fait déraisson-
nables. Nous sommes catholiques autant que vous.
Aucun membre de la régence ne professe une
autre religion que la religion catholique. Le
collège, que nous dirigeons, est donc bien catho
lique aussi. Il est vrai, le catéchisme n'y est point
enseigné par un ecclésiastique, mais les élèves sont
cependant obligés de l'apprendre. Est-ce notre
faute si l'évêque refuse de désigner un ecclé
siastique pour donner dans notre établissement
l'enseignement religieux? Oseriez-vous nier que
les professeurs aussi bien que les élèves rem
plissent les devoirs prescrits par notre sainte reli
gion Ne vont-ils pas k confesse quasi tous les
mois, et k la messe tous les jours? Vous n'avez
donc aucun motif pour justifier votre antipathie
contre notre collège communal.
Au contraire, messieurs les conseillers, ne vous
en déplaise, nous avons des motifs très graves.
Nous avons montré déjk que vous n'avez pas
le droit d'exiger que nous vous exposions sur quoi
nos convictions sont basées. Néanmoins, tout en
sachant bien que nous marchons ici sur des char
bons ardents, nous ne voulons point paraître des
hommes entêtés en gardant un silence absolu.
Vous êtes catholiques! Nous le savons, mes
sieurs. Mais de ce que vous faites profession de la
religion catholique, s'ensuit-il nécessairement que
votre collège est organisé de manière k nous
donner une complète certitude que la foi et les
mœurs de nos enfants y seront k l'abri de tout
danger? Vraiment, si pour votre part vous êtes
convaincus de la rigueur de cette conséquence,
nous vous disons nettement que tel n'est pas notre
avis, ni celui d'une centaine de familles qui con
fient leurs enfants au collège de S'-Vincent de
Paul. La conduite de tant de parents est une
protestation journalière et bien solennelle contre
votre logique. Y avez vous sérieusement songé,
messieurs? Non, non, ce n'est pas de gaieté de
cœur que nous payons deux fois. Vous nous
rendrez la justice de croire, messieurs, que nos
convictions doivent reposer sur des raisons bien
plausibles, puisqu'elles ont pu nous porter a nous
cotiser afin de soutenir le collège ecclésiastique, et
cela tout en continuant de payer presque intégra
lement le subside élevé dont vous gratifiez votre
établissement. Vous êtes catholiques! Hé bien!
entendez-vous alors avec le chef du diocèse. Sous
peine de faire croire k tout le monde que votre
profession de foi n'est pas sincère, vous devez
le reconnaître pour votre guide et votre supérieur
en matière religieuse. Ce recours k l'autorité ec
clésiastique nous le croyons indispensable, dès
qu'il s'agit de l'éducation de la jeunesse ca
tholique, k moins qu'on ne veuille lui donner une
instruction toute payenne, ou, ce qui k nos yeux
n'est guère différent, basée uniquement sur une
religiosité vague et dépourvue de toute sanction.
Nous savons que vous avez écrit a Mgr l'évêque
pour le prier de bien vouloir charger un ec
clésiastique d'enseigner la religion aux élèves de
votre collège. Mais le Progrès nous a fait con
naître le motif pour lequel Sa Grandeur n'a
pu accueillir votre demande. Le prélat n'a pas cru
que dans l'état actuel des choses sa coopération
pût être utile. Et voilk, si on en veut, une
première réponse directe k votre demande, pour
quoi votre collège communal ne possède pas notre
confiance. Nous disons votre institution, nous
n'en voulons pas, parce que notre évêque, arbitre
compétent, ne paraît pas l'avoir jugée a l'abri
de tout reproche. Pour deuxième réponse directe
nous vous déclarons franchement qu'un collège
qui a les sympathies d'un journal aussi ouver
tement irréligieux et aussi peu moral que le Pro
grès d'Ypres, ne possédera jamais la confiance
d'un bon catholique.
La suite k un numéro prochain.
DE LA
FLHDRE OCCIDENTALE.
Il est donné connaissance k MM. les conseillers
de l'heureuse issue des négociations commerciales
avec la France. (Voir nos nouvelles diverses de
notre dernier numéro.)
Le conseil renvoie k la députation la demande
de MT le ministre de l'intérieur, tendant k faire
allouer des fonds i° en faveur d'un traitement
médical pour les aliénés; 2° dans le but de procurer
un traitement gratuit aux opthalmistes; 3° afin
d'engager les sages-femmes k s'établir dans les
communes où il n'en existe pas.
Le subside demandé par la société Medicô-
Cbirurgicale est refusé.
Le conseil accorde un subside de 2,000 francs
en faveur de l'hospice des vieillards k Courtrai.
La demande faite par le hameau Ploegsteêrt, a
l'effet d'être érigé en commune, est renvoyée k la
députation pour par instruction.
A la demande du conseil cantonnai de Courtrai
le subside en faveur de l'industrie linière, qui fut
l'année passée de 10,000 francs, est porté k
20,000 francs. Ont voté contre cette augmentation
MM. Biebuyck, De Mazeman, De Nieulandt, De
Patin, Massez, Perlau, Alphonse Vandenpee-
reboom et Vande Velde.
Une somme annuelle de 10,000 francs pour le
terme de dix ans est accordée en faveur de l'amé
lioration de la race bovine, avec charge pour la
députation de soumettre chaque année au conseil
un rapport sur cette question.
Le conseil adopte la proposition de céder au
gouvernement l'hôtel provincialattendu que les
grosses réparations k faire surpassent le prix du
loyer.
11 est deux heures. La séance est suspendue
pour être reprise cinq heures.
La demande faite par l'autorité locale d'oost-
Nieuwkerke, pour que la route a construire de
Dixmude a Roulers passe par le centre de cette
commune, est rejetée.