Au moment de mettre sous presse nous
recevons une lettre que nous nous em
pressons communiquer au public, parce
qu'elle sert corroborer l'opinion que nous
émettons plus haut relativement l'acqui
sition de la maison de feu Mr De Coster en
faveur du collège de S'-Vincent. Ou parce
qu'elle contient les mêmes sentiments que
nous même nous avons signalés plus
haut.
Xttaitstfttr,
Agréez etc. un abonné.
EXTÉRIEUR.
FRANCE. paris, 25 juillet.
Mais ne doit-on pas s'affliger de voir, qu'a ce
même moment, la fabrique de S'-Jacques, laisse
indignement maltraiter ce majestueux édifice? Pour
éviter une légère augmentation de dépenseon
supprime les ornements qui déterminent le carac
tère de la construction et en constituent toute la
magnificence; on se borne 'a maçonner des murs
mal unis en remplacement d'un ingénieux et grave
ensemble arcbitectonique.
La tour de S'-Jacques a été construite en 1634.
Elle appartient spécialement h l'ordre ogival ter
tiaire. La fenêtre lancéolée qui surmonte le porche
principal est gracieuse et imposante. Chacune
des quatre faces du bâtiment est ornée de fenêtres
simulées, étroites et allongées, a lancettes trilobées
géminées, surmontées d'une quatre feuille. Autour
des fenêtresil y a des tores arrondis séparés les
uns des autres par des cannelures profondes.
Le corps de la tour est soutenu par quatre con
tre-forts a plusieurs étages, où figure un panneau
terminé par un arc en tiers point qui encadre une
liste canelée trilobée vers le haut. A ces contre
forts sont appliqués des pinacles simulés, ornés
d'arcades simulées et trilobées, surmontés d'un
fronton triangulaire, couronnés d'une aiguille élan
cée k crochets.
Déjà antérieurement, on a supprimé tous les
pinacles de derrière au lieu de les restaurer;
aujourd'hui on semble être disposé k faire subir le
même sort aux autres qui sont en très mauvais état.
On est occupé k maçonner k neuf les parties su
périeures des contre-forts et tandis que de vrais
modèles sont devant les yeux, on se contente de
faire un panneau en plein cintre sans continuer la
bordure canelée et sans y insérer l'ornement trilobé.
Il n'est pas jusqu'aux fenêtres simulées qu'on
n'ait corrompues en les raccommodant sans pro
longer les tores arrondis qui les entourent sur l'une
de celles du devant et en supprimant les ornements
trilobés surmontés d'un quatre-feuilles sur l'une
-de celles de côté.
Enfin, dans les dernières réparations, la corni
che n'est plus visible, tellement on la diminue.
Il faut déplorer avec amertume ces dégradations
qui finiront par devenir irréparables. Car si au
jourd'hui le monument présente encore lui-même
jes traces de ce qu'il fut, l'époque n'est pas loin
où il n'offrira plus aux regards désolés qu'un in
forme amas de briques.
Au nom du ciel, ne demeurez pas sourds k nos
avertissements, vous qui avez l'administration de
nos églises, vous conseillers communaux et pro
vinciaux, vous curés et évêques; lorsque des ré
parations sont dévenues nécessaires, n'y procédez
qu'après avoir consulté les principes de l'art et les
renseignements de l'histoire; et si vous n'avez pas
les moyens de bien faire, car nous ne pouvons
supposer que vous n'en ayez pas la volonté, alors
abstenez vous; n'interrompez point l'action du
temps, et k défaut d'un bel édifice laissez nous du
moins une respectable ruine.
Qu'il nous soit permis de le dire, ce que nous
venons de signaler, nous donne des craintes sur la
ligne de conduite qui sera suivie dans la restaura
tion de notre cathédrale. Le devis porte, nous le
savons, que le porche sera rétabli dans son état pri
mitif. Mais ces paroles sont vagues et l'exécution
est dévolue k un entrepreneur de traveaux publics;
nous ne contestons ni son activité, ni son intelli
gence; mais a-t-il les connaissances spéciales in
dispensables? D'ailleurs doit-il aller au-dela des
clauses du cahier des charges? En outre le plan
offre beaucoup d'imperfections.
Une importante décoration qui doit surmonter
immédiatement l'arcade du porche, avait été né
gligée; d'après l'observation du seul artiste que
nous possédions on a eu la gaucherie de coller sur
le plan exposé k l'église un ornement en trifo-
rinni tandis qu'il doit être en panneaux que l'on
peut consulter plus bas.
Au surplus, ce plan est entaché de plusieurs
autres irrégularités et omissions. Magistrats com
munaux dans une pareille circonstance pourquoi
ne pas vous entourer de lumières artistiques? Pour
quoi négliger un homme que vous avez formé par
votre crédit et votre protection Pourquoi ne pas
tirer de cet homme toute l'utilité que doivent vous
valoir vos sacrifices? Pourquoi abandonner k un
maçon et un géomètre, un travail éminemment
d'art, d'histoire et de génie?
Ce que nous voyons k la tour de S'-Jacques et
ce que nous appréhendons pour le porche de S'-
Martin, nous porte k répéter en Belgique les
paroles que le célèbre De Caumont a prononcées
en France
Chacun de nous peut s'opposer aux dé
gradations par la persuasion; chacun de nous peut
signaler les édifices remarquables, les faire con
naître par tous les moyens possiblesafin qu'une
voix unanime s'élève contre le barbare qui vau
drait y porter atteinte.
Employons donc toute notre influence pour
neutraliser les efforts des modernes vandales. Nous
aurons bien mérité du monde civilisé, auquel il
importe que les chefs-d'œuvres ne soient point
mutilés ou détruits; en même lemps nous aurons
bien mérité de la patrie; il y a du patriotisme,
j'ose le dire, k lutter contre le génie de destruc
tion qui plane sur le monde.
Nous consacrons un article spécial k la restau
ration de l'église de S'-Martin.
Ypres te 36 Juillet 1841.
xs/éondt'ear ie feo/ac/ear c/u îPtopa^ateuir.
Permettez que j'use de la voie de votre esti
mable journal pour faire part k tous vos lecteurs
l'impression produite par un événement qui tou
che de bien près k nos intérêts les plus chers.
Je veux parler de l'acquisition faite samedi
dernier de la maison avec ses dépendances de
feu M. De Coster k l'effet d'y transférer le col
lège de S'-Vincent de Paul. A peioe cette
acquisition fut-elle connue que tout le monde
s'empressa de témoigner hautement sa joie. Et
certes tous les hommes de bien ont grandement
raison de se réjouir puisque l'existence du col
lège ecclésiastique devient par la moins pré
caire, quels que fussent d'ailleurs le zèle et la
générosité des habitants yprois. Si nous sommes
bien informés, les bâtiments ont été achetés par
une société d'ecclésiastiques. C'est ainsi que ces
prêtres journellement en butte aux calomnies
les plus atroces, se vengent en procurant k
leurs concitoyens le plus grand des bienfaits.
On ne peut nier, en effet, que la ruine du
collège de S'-Yincent de Paul nous jetterait
tous ou presque tous dans un véritable déses
poir, en nous voyant privés de l'occasion d'é
lever nos enfants conformément a nos convictions
religieuses. Grâce k la générosité de quelques
hommes, qui acquièrent ainsi un nouveau titre
k notre amour et k notre reconnaissance, ce
malheur n'est plus k craindre. Il est même in
finiment probable que ledit établissement verra
sa prospérité s'accroître sensiblement. C'est notre
désir le plus ardent.
En présence d'un fait aussi intéressant on se
reporte involontairement k cette époque, ou nos
magistrats se transformant en hommes de parti,
ont mis tout en œuvre pour détruire une ins
titution éminemment catholique. Leurs plans ont
été déjoués. L'état florissant du collège de S'-
Vincent de Paulle profond discrédit où est
tombé leur collège communal, montrent évi
demment que la passion les a entraînés dans une
fausse voie. Puissent-ils l'abandonner enfin et
prouver désormais qu'ils ont rompu pour tou
jours avec les ennemis de l'ordre et de la re
ligion Entretemps nous espérons que le collège
ecclésiastique se tiendra constamment k la hau
teur de sa mission en donnant k nos enfants
une instruction solide et basée sur la religion
catholique, k laquelle les yprois tiennent du fond
de leurs entrailles.
Mr le duc de Nemours a pris la direction du
haras de Meudon, qui appartenant au prince
royal.
On nous rapporte que le comte de Paris,
voyant pleurer autour de lui depuis quelques
jours, a dit hier k son précepteur Tout le
monde pleure Charles est sage, je suis aussi
bien sage moi; pourquoi donc ces pleurs?
Mm* la duchesse d'Orléans, qui avait entendu
les paroles du jeune prince, se mit k verser
d'abondantes larmes en s'écriant Mon Dieu
ayez pitié de nous et protégez-le!
On annonce que M"" la grande duchesse de
Mecklembourg, qui était aux eaux de Marienbad,
va se rendre k Paris auprès de Mm* la duchesse
d'Orléans.
Les travaux des fortifications se poursuivent
en ce moment avec une très-grande activité.
Le samedi 3o, jour de la translation du
corps de S. A. R. Mr le duc d'Orléans, les
quatre princes fils du roi suivront k pied le
char funèbre depuis Neuilly jusqu'k Notre-Dame.
LL. AA. RR. accompagneront également le
corps du prince royal pendant la translation de
Notre-Dame a Dreux.
Le roi se rendra séparément k Dreux dans
la soirée du 3 août.
Après le voyage de Dreux, le roi et la famille
royale s'établiront au palais de Saint-Cloud.
Que la pitié du riche ne se lasse pas mais au
lieu de se répandre isolément et d'une manière
stérile, qu'elle s'organise. On lit dans un journal
de Gand
Le nommé Jacques De Buckouvrierde
meurant faubourg de la porte de Bruges, près le
cimitière, est mort mardi dernier... de faim!!!
Ce malheureux était père de trois enfants et
sa femme est enceinte du quatrième. Depuis sa
medi au soir ils n'avaient eu pour toute nourriture
qu'un petit pain bis que De Buck avait reçu par
charité. Dans la matinée du mardiexténué par
un jeûne de plus de quarante-huit heures, l'ou
vrier venait de quitter son domicile pour aller
implorer du secours en faveur de sa famille, lors-