EXTÉRIEUR.
FRANCE. paris, 1" août.
Avant-hier a eu lieu la translation des
dépouilles mortelles de M. le duc d'Or
léans de Neuilly Notre-Dame.
Le cortège s'est mis en marche 11
heures 1/4; les frères de M. le duc d'Or
léans, toute sa maison, tout l'état major
général, plusieurs évêques, formaient le
cortège.
A 2 heures 1/2 le convoi entrait dans
Notre-Dame.
Aussitôt après le convoi funèbre, 3
heures des dépêches télégraphiques ont
été expédiées dans toutes les directions
pour annoncer que la cérémonie s'était
passée de la manière la plus convenable.
Les ouvriers de la liste civile vont,
nous assure-t-on,commencer cette semaine
les travaux nécessaires pour reconstruire
dans le parc de Neuilly, la maison de M.
Lecordier, où est mort le duc d'Orléans,
et pour bâtir une chapelle l'emplacement
où se trouve cette maison.
Une foule considérable se portait ce
matin Notre-Dame pour visiter l'intérieur
de la cathédrale et le cercueil du prince
royal. Uu fort détachement de la garde
municipale stationne sur la place du parvis.
On a eu déplorer hier plusieurs
accidents arrivés par l'imprudence de cer
tains individus qui s'étaient placés sur les
parapets des quais et sur les arbres des
Champs-Elysées. Plusieurs personnes ont
été noyées et d'autres ont été dangereuse
ment blessées, en tombant du haut des
branches où elles étaient placées pour voir
passer le convoi du duc d'Orléans.
Nous venons de voir une personne
qui était de service aujourd'hui Neuilly
et qui nous rapporte que la reine a été
saisi de convulsions au moment où l'on a
dû enlever le corps de son fils de la cha
pelle ardente où il avait été déposé depuis
près de quinze jours. On a eu beaucoup
de peine lui faire reprendre ses sens.
Cependant 2 heures 1/2 elle avait retrouvé
uu calme apparent.
Que nos lecteurs veuillent bien s'arrêter ici un
instant pour se demander avec nous b quoi se
réduisent enfin ces grands et bien pénibles sacri
fices que des communes se sont imposés, selon le
Progrèspour ne point laisser tomber ren
seignement tout entier entre les mains du
clergé. Ces sacrifices tant prôués par nos adver
saires, se réduisent comme on a vu, a puiser
largement dans la caisse communale pour soutenir
une institution qui ne possède pas la confiance de
la majorité des contribuables. Je puise dans la
poche de Pierre pour faire un cadeau h Paulqui
sympathise peu avec Pierre est-ce la un sacrifice?
Oui, selon le Progrès. Et, qui plus est, ce sa
crifice est des plus grands, et partant des plus
méritoires, toujours selon le Progrès. (1)
Le public nous pardonnera de relever de telles
inepties. Nous l'avons dit au début de cette dis
cussion ce n'est qu'a regret que nous sommes
entrés dans la lice. Nous avons une bonne fois
dû faire justice de ces éternelles accusations diri
gées contre les catholiques. La modération, pous
sée trop loindevient lâcheté. D'ailleurs les
imputations les plus absurdes peuvent a la longue
faire quelque impression sur les esprits faibles, ou
irréfléchis.
Nous ne saurions mieux terminer notre po
lémique déjà peut-être trop longue, que par les
paroles suivantes empruntées h un publiciste dis
tingué.
C'est une chose étrange, quand on y songe
sérieusement, une chose absurde et surtout souve
rainement inconstitutionnelle, que nous, qui for
mons le gros de la nationnous n'ayons d'écoles
que celles que nous établissons et entretenons de
nos propres deniers, h nos frais exclusivement.
Nous commençons par donner b l'État des sommes
considérables pour l'aider b ériger des universités
libérales, une école militaire libérale, etc. Nous en
payons b peu près autant b la province et b la
commune pour leur fournir les moyens d'organiser
et de doter généreusement des athenées et des
collèges libéraux, des écoles industrielles libérales,
des écoles vétérinaires libérales, des écoles moyen
nes et primaires libérales. A nos dépens, avec
notre fortune et celle de nos enfantsnous souf
frons, sans nous plaindre, sans rien dire, que le
libéralisme endoctrine tout le pays, toutes les
classes de citoyens, qu'il s'infiltre dans toutes les
veines du corps social. Après cela, si nous voulons
quelque chose pour nous, si nous voulons lui
arracher une partie de la société dont il fait sa
proie, il faut que nous nous cotisions, que nous
ayons recours b la charité. Si nous voulons une
université, nous devons ouvrir des listes de sous
cription dans tous nos diocèses; nos prêtres doivent
quêter, mendier dans nos temples, demander
l'obole de la veuve et de l'orphelin.
Nous le demandons, est-ce la de la justice, de
la raison, du bon sens, de l'impartialité? Serait-ce
ainsi que la constitution belge entend la liberté en
fait d'enseignement?
(i) Si l'oa peut ajouter foi des bruits généralement
répandus en villeun des professeurs attachés au collège
communal ne serait pas étranger la rédaction de ce journal,
qui en matière de religion comme en politique, se montre
le digne aooljrte de 1 Observateur. Avis aux parents sincè
rement religieux.
Que l'État, la province et la commune ne
se mêlent pas de l'instructionqu'ils ne nous
demandent pas d'argent pour cet objet, ou bien
que l'enseignement public, surtout l'enseignement
primaire et moyen, devienne vraiment religieux,
et qu'on se souvienne enfin que les contribuables
sont généralement catholiques. (1)
On nous écrit de Dixmude, 29 juillet
M. le baron De Peellaert-Steeunaere, conseiller
communal de la ville de Bruges, a failli périr
victime d'un accident semblable b celui qui a
(1) Journal historique de Liège, Tome VII, page 3g6.
coûté la vie au malheureux prince que la France
pleure.
Ce matin, vers neuf heures, b peine sorti de
Dixmude, sur la route de Beerst, le cheval de M.
De Peellaert s'est efTrayé, et son mors s'étant
brisé il n'a plus connu de frein, et après avoir
renversé la voiture en passant sur un tas de sable,
il est allé se jeter dans un large et profond fossé
qui borde la route. M. De Peellaert en sera quitte
pour la peur et quelques contusions, mais son
domestiquequi s'est risqué pour sauver son
maître, a malheureusement la clavicule droite
cassée.
On écrit d'Ostende
Le sujet de toutes les conversations, taDt
des habitants que de nos nombreux visiteurs, est
un fait grave qui s'est passé dans la nuit der
nière b la station du chemin de fer M. D....,
chef de la station, prévenu depuis quelque temps,
par des amis officieux, qu'il existait des relations
illicites entre sa femme et le jeune M. Sra. aspi
rant de marine; déterminé a s'assurer de la vérité
de ces rapports, il prétexta un voyage b Bruxelles;
il partit par le dernier convoi d hier et ne fut que
jusqu'b Bruges.
Il revint, on ne sait comme, mais par le chemin
de fer; en arrivant b la station, il apprit que le
jeune M. Sm. s'était informé s'il était absent et
pour combien de tempsM. D.... se cacha dans
une diligence; entre onze heures et miuuit, il entra
chez lui, armé de deux pistolets; parvenu dans la
chambre b coucher, convaincu de l'infidélité de sa
femme, il déchargea on de ses pistolets sur Sm. et
le blessa grièvement, puis d'un second coup l'a
cheva; le cadavre gisait sur le carreau, et la juste
vengeance de M. D.... n'était pas encore satisfaite;
il sortit de la chambre souillée, y enfermant sa
femme avec les restes inanimés de son complice.
Ce matin, au point du jour, M. D.... a appelé
des témoins pour constater le faits, requis les
autorités pour entendre ses déclarations empreintes
d'une amère franchise. Les formalités voulus en
pareil cas étant remplies, M. D.... a offert de se
rendre en prisonil y a été conduit ainsi que
sa femme M. Masui, directeur des chemins de
fer, a pu assister aux suites de ce drame qui,
comme on le pense bien, est, surtout de la part
des Anglais, l'objet de longs commentaires sur
les conversation criminelles.
Le gouvernement, voulant favoriser l'éta
blissement d'une fabrique de rubans de soie en
Belgique, vient de permettre l'entrée en franchise
de droits de douane d'un certain nombre de mé
tiers propres au tissage de rubans, avec les acces
soires nécessaires. On annonce que cette fabrica
tion fonctionnera prochainement b Bruxelles.
Le ministre des travaux publics fait savoir
que la section du chemin de fer de Mons b Quié-
vrain sera livrée b la circulation dimanche, 7 août
prochain.
Une lettre que nous recevons de notre cor
respondant d'Athènes nous apprend que le roi
Othon a le projet de rendre son royaume indépen
dant du commerce étranger et de fermer les ports
delà Grèce aux vaisseaux des autres nations.
(1Journal de Bruges.)
Hier, a 9 heures du matin, le jury d'examen,