Ypres, le 3i Août i84>.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Séance du 30 août.
Séance du 31 août.
ture sur verre et d'autres connaissances utiles,
que des tentatives fussent également faites pour
rétablir l'écriture eu or. Celles de M. Edmond
Smagghe, notre compatriote, semblent avoir ob
tenu un plein succès. Un tableau écrit par lui en
lettres resplendissantes, est exposé chez M. Sinag-
ghe-Hyndericx, Grand'Place, près de la colonnade
du Nieuw-Werk, et sera prochainement présenté
au Roi. Nous engageons tous ceux qui professent
le culte des arts, et ils sont nombreux parmi nous,
aller voir l'œuvre de notre chrysographe} ils
reconnaîtront que son travail est de nature a ajou
ter un lustre inconnu h la calligraphie, et que ce
premier essai mérite de sérieux encouragements.
Sans doute que M. Smagghe ne s'arrêtera point a
ce début; et l'intérêt qu'inspire son talent ne fera
que grandir, surtout si au fini et a l'éclat de l'exé
cution il a soin d'ajouter le bon choix des sujets.
C'est en matière de calligraphie souvent la partie
défectueuse. Nous avons vus calligraphiés avec
élégance de fades compliments; un sentiment plus
louable a fait calligraphier l'oraison dominicale
mais un sujet que nous n'avons jamais vu illustré
par cet art, et qui y semble cependant le mieux
approprié, c'est le décalogue. Quel imposant or
nement ne seraient point dans un salon les deux
tables de Moïse, enluminées de dessins symbo
liques, et enrichies des ressources nouvelles de la
chrysographie? Les foudres du Sinaï, la verge
d'Aaron, la colonne de feu, le serpent d'airain, et
tant d'autres emblèmes évoquant des souvenirs
solennels, viendraient se grouper autour de deux
superbes tableaux. II y aurait la quelque chose de
plus beau et de plus distingué que les indécentes
nudités que l'on rougit souvent de rencontrer dans
les appartements de familles chrétiennes, et qui
accusent, comme l'indécence des femmes, le relâ
chement dansles mœurs La philosophie du XVIII0
siècle tendait a exclure Dieu de la société. Un
Cabanis proposa de défendre de le nommer. Il
appartient a nous, hommes du XIX", et nation
catholique, de réhabiliter l'hommage a la divinité
partout où l'occasion s'en présente.
Le Progrès se plaint de ce que les députés
élus a Ypres, n'aient pas encore réclamé contre
les magasins a poudre renfermés dans notre for-
tresse. Nous lui demanderons pourquoi la régence,
a qui les intérêts de la ville sont confiés, n'a pas
fait de réclamation? S'il y a danger dans l'exis-
tance de ces magasins, personne n'est plus obligé
de les faire disparaître que nos magistrats muni
cipaux.
Le Progrès en blâmant nos députés, donne
une leçon a la régence; ce qui est maladroit de
sa part. Ensuite le Progrès doit aller plus loin
dans ses récriminations s'il veut éloigner a ja
mais la poudre de notre cité, il doit exiger de
notre régence et ensuite de nos députés, qu'ils
protestent contre l'existence de nos remparts, et
surtout de nos magasins a poudre; car tant qu'il
y aura de beaux magasins a l'abri de la bombe,
solidement construits, on ne doit pas s'attendre
voir disparaître les dangers imminents qui font
trembler le Progrès pour sa chère patrie. Le
fait est, que si le gouvernement est obligé par
la philantropie du Progrèsd'enlever ses poudres
des magasins construits exprès pour les déposer,
il ne saura ou les mettre.
11 n'y a aucune parité entre nos magasins a
poudre et la porte de liai, qui est un bâtiment
ordinaire autour duquel le public circule. Le
Progrès y aurait songé s'il avait écouté la raison
plutôt que son aveugle passion il a voulu sans
doute détourner l'attention de ses lecteurs, des
exagérations de Mr Yerhaeghen, qui avait vu un
magasin a poudre, dans quelques paquets de car
touches; ce qui du reste est fort naturel dans un
député exagéré par habitude. Ce journal se trompe
lorsqu'il dit que nos députés sont les élus des
campagnards seulement, car ils ont eu la majorité
en ville mais fussent-ils les élus des campaguards,
appartient il a un journal, qui se pique de libé
ralisme, de mépriser une classe de citoyens hono
rables, qui payent les impôts tout aussi bien que
les habitants des villes, et dont l'opinion est toute
aussi respectable que celle de quelques fiers cita
dins qui les insultent. On voit bien que le Pro
grèseu est toujours au même point injurier
toutes les personnes qui n'affectent pas son faux
libéralisme, porter aux nues les exagérés de toute
couleur, voila son système débiter des mensonges,
ou des mauvaises raisons, voila sa ressource ordi
naire. Que le bon scbs lui soit en aide
Un accident déplorable vient d'arriver dans la
commune de Bixschote. Avant-hier, Sophie Ma-
hieu, épouse d'Eugène Verley, a été trouvée pendue
a une solive d'étable. Cette femme fut constam
ment d'une conduite louable; mais depuis quelque
temps elle donna des signes évidents d'une aliéna
tion mentalequi est la cause unique de cet acte
de désespoir.
Le commandant Louis vient de faire ses adieux
a la garnison par l'ordre suivant; nous ignorons,
pour notre part, si Mr Louis sera regretté de la
garnison autant qu'il semble lui-même regretter,
son ancienne position-
OUDBE DE (URXISOV,
Je porte la connaissance des troupes composant la gar-
nison, que j'ai reçu «ro'mise la pension de retraite.
Notre bon Roi perd ea moi un officier qui lui était bien
dévoué et qui avait encore assez de force physique pour
pouvoir encore être de quelque utilité sa patrie, comme
il l'a été en iS3o, lorsque la Belgique a criée aux armes
pour secouer le joug hollandais, sous lequel elle gémissait
depuis i5 ans.
Une grande consolation me reste en quittant l'armée,
c'est que j'ai la certitude d'emporter son estime, parce que
je la méritais.
Adieu, mes bons camarades! Le vieux soldat sans tâche,
et un des plus rares de l'Europe par sou existence, vous
quitte, mais son cœur reste avec vous et côté du drapeau
belge, auquel il restera fidèle jusqu'à la mort; et si le
temps n'est pas trop reculé, que le canon vienne gron
der, pour repousser l'ennemi, ou la trahison, il sera là.
Encore une fois adieu mes camarades.
Monsieur le major Finet, du 5e régiment d'infe ayant été
désigné pour prendre le commandement de la place, entre
en fonctions, demain premier septembre.
Le Commandant d'Armes(signé) H. I.OIIN.
L'ordre du jour appelle la suite du second vote sur le
projet de loi relatif l'instruction primaire.
La chambre a adopté hier l'article 9. Le débat est ouvert
sur l'article 10, relatif la nomination des instituteurs,
M. De vaux rappelle combien ont été modérés et pleins
de conciliation les amendements proposés par l'opinion li
bérale et quoiqu'ils n'aient pas tous été adoptésil reconnaît
avec franchise que la loi telle qu'elle est maintenant, vaut
mieux que celle qui avait été présentée primitivement; il
reconnaît que si le nouvel article 21 est encore assez
obscur dans ses termes, les explications données par M. le
ministre de l'intérieur en ont fait disparaître le danger. 11
approuve la disposition qui donne au gouvernement le
droit de révocation des instituteurs; cependant il croit
devoir faire quelques observations sur l'article 10, relatif
leur nomination.
D'après la disposition de l'article 10, après quatre années
les communes auront le droit de nommer les instituteurs
parmi les élèves des écoles normales du gouvernement ou
de celles qui se seront soumises au régime de surveillance
de la loi. Or la loi peut avoir l'un ou l'autre de ces résultats;
ou bien d'étendre ce droit des écoles normales qui
n'offrent aucune garantie, mais qui auront accepté l'ins
pection du gouvernementou bien elle peut avoir dans la
pratique l'effet de restreindre ce droit un petit nombre
d'établissements qui paraîtront seuls jouir du droit de dis
penser leurs élèves de l'agréation du gouvernement.
M. le ministre de XintérieurLes termes de l'article 10
peuvent en effet paraître un peu vagues, cependant il ne
peut y avoir de doute, car on ne pourra jamais considérer
comme écoles normales que celles qui auront un enseignement
complet et véritablement normal. Pour moi, j'entends l'ar
ticle comme si le deuxième paragraphe était rédigé de la
manière suivante
Pendant les quatre premières années de la mise
exécution de la présente loi, toutes les nominations seront
soumises l'agréation du gouvernement; après ce délai les
conseils communaux choisiront leurs instituteurs parmi les
candidats qui justifieront d'avoir fréquenté avec fruit pen
dant deux ans au moins les cours de Vune des deux écoles
normales de Xètatles cours normaux adjoints par le gou
vernement Vune des écoles piimaires supérieuresou les
cours d'une école normale libre ayant accepté depuis deux
ans au moins le régime d'inscription établi par la présente
loiJe proposerai donc cette rédaction.
L'amendement de M. le ministre est adopté.
L'article 10 ainsi modifié est définitivement adopté.
M. Rogier demande si les instituteurs, comme les ins
pecteurs provinciaux, seront considérés comme fonctionnaires
publics; s'il en était autrement il faudrait mettre dans la
loi qu'ils seront astreints au serment de fidélité au roi,
d'obéissance la constitution et aux lois du peuple belge.
M. le ministre de lintérieur. Je pense que les instituteurs
de même que les inspecteurs prêteront le serment comme
tous les autres fonctionnaires publics.
M. le présidentVoici l'amendement de M. Rogier Tout
instituteur nommé en vertu de l'article 10, ou appartenant
l'une des écoles mentionnées en l'article 3, sera tenu de
prêter entre les mains du gouverneur ou de son délégué,
le serment prescrit par l'art, i du décret du 20 juillet i83o. n
M. Dumortier approuve l'amendement en ce qni concerne
les instituteurs nommés en vertu de l'article 10, mais il ne
pense pas qu'il puisse être applicable ceux que mentionne
l'article 3, car dans cet article, il ne s'agit que des insti
tutions communaux.
M. Rogier consent restreindre son amendement dans
le sens indiqué par M. Dumortier.
M. le ministre de l'intérieur. Je crois qu'on devrait faire
un article général, qu'on pourrait mettre la fin de la
loi. IL serait ainsi conçu
a Les inspecteurs provinciaux et cantonnaux, et les ins
tituteurs communaux nommés en vertu de l'article 1 o, ainsi
que les professeurs des écoles normales, et des écoles primaires
supérieures, prêteront le serment prescrit par l'article du
décret du Congrès Naliopai du 3o juillet »83o.
L'amendement de M. le ministre est adopté; il fera
l'article 37 de loi.
Les articles 11, 12, i3 et 14 sont définitivement adoptés.
L'article i5 porte qu'un règlement du conseil communal
déterminera la rétribution des élèves, le mode de recou
vrement les heures de travailles vacancesle mode de
punition et de récompense. Sur la demande de M. le mi
nistre de l'intérieur, on ajoute les mots Sauf recours au
roi.
L'article 16 subit aussi une addition portant que l'inspecteur
jprovincial inspectera au moins une fois par an toutes les
écoles communales de son ressort, et celles qui en tiennent
lieu en vertu de l'article 3 de la présente loi.
L'article a5 porte qu'une partie du subside devra avoir
pour destination de favoriser les écoles de dimanche pour
les adultes sur la proposition de M. le ministre, on
ajoute ce paragraphe les écoles du soir.
Les autres amendements sont successivement confirmés.
M. Rogier. J'avais appelé l'attention du gouvernement
sur une lacune qui existe dans la loi; j'aurais désiré que
l'on pût introduire une disposition relative aux écoles des
filles.
M. le ministre de Vintérieur pense qu'il est impossible
de rien écrire dans la loi cet égard, mais le gouverne
ment pourra faire tout ce qui dépendra de lui pour arriver
avoir des écoles spéciales de filles.
On procède l'appel nominal sur l'ensemble de la loi;
elle est adopté par 75 voix contre 3. Un membre s'est
abstenu.
La chambre commence ensuite la discussion du projet
de loi relatif exécution de la convention avec la France.
Les deux premiers articles sont adoptés.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du
projet de loi relatif l'exécution de la convention conclue
avec la France.
L'ensemble du projet est adopté l'unanimité de 63
voix. Deux membres se sont abstenus.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi
relatif la convention conclue avec la ville de Bruxelles.
Ce projet est ainsi conçu
Art. unique. Est approuvée la convention ci-an-
nexée en date du 5 novembre 1841 portant session par
la ville de Bruxelles, des immeubles y énumérées, ainsi
que de ses collections scientifiques et objets d'art, destinés
aux Musées de l'État.
La section centrale conclut au rejet de la proposition.
M. Dumortier pense que la question n'est pas encore
assez mûre, et que dans l'intérêt même de la ville de
Bruxelles; il faut ajourner cette question jusqu'à la session
prochaine.