JOURNAL DYPRESIT DE L'ARRONDISSEMENT. No 2602. Samedi, 10 Septembre, 1842. 26me année. INTERIEUR. On s'abonne Vprcs, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Eoyaume. PBIX DE L'.tBOXXEHEXT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4OO Pour les autres localités 4S© Prix d'un numéro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le DiNEM et le MEBtHEDI de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. 4» centimes par ligue. Les ré clames, 33 centimes la ligne. vérité et justice. 7PE.3S, 10 Septembre. Ainsi qu'il était aisé prévoir, l'adoption par la chambre des représentants, de la loi sur l'ins truction primaire a jeté la consternation dans le camp des anti-unionistes. L'isolement de nos triumvirs pèse comme un horrible cauchemar sur leurs admirateurs quand même. Il a fait perdre la tramontane a plus d'un champion du faux libéra lisme. Témoin, entre autres, la dernière élucu- hration d'un journal exalté de cette ville. C'est vraiment le cas de dire Perdere quos vult prius demenlal Jupiter. Parmi les assertions et insinuations plus ou inoins absurdes et malveillantes, il est surtout une idée qui sourit singulièrement aux preux défen seurs de M. Verhaegen et consorts celle de sé parer l'éducation religieuse d'avec l'instruction civile. Admirable expédient, en vérité! Eh! mes sieurs, vous ignorez donc qu'on a lâté déjà de ce beau système? On en connaît trop, nous vous l'as surons, les déplorables résultats pour qu'il puisse être accueilli par tout homme, sinon religieux, du moins de bon sens. Demandez plutôt la France; interrogez les États-unis, et l'on vous répondra que vouloir séparer l'instruction de l'éducation, en d'autres termes, vouloir que la religion ne pénètre toutes les parties de l'en seignement, c'est vouloir dissoudre tous les liens de la sociétéc'est être ennemi du genre humain. Voici comment au sujet de l'éducation de la jeunesse s'exprime l'auteur d'un ouvrage récem ment édité, et qui prend beaucoup de vogue L'homme moral, dont l'éducation se propose le perfectionnement, est composé de deux facultés bien distinctes de l'intelligence et de la volonté. La volonté, puissance aveugle, devrait se soumet tre a la direction de l'intelligence; mais il n'en est rien. Nous naissons tous le chrétien sait pour quoi) avec une volonté rebelle, travaillée de passions ennemies de la raison et de la conscience. Si l'on ne réprime rie bonne heure cette tendance coupable, le cœur tyrannise l'esprit et en emploie les ressources au profit de ses passions. Ce n'est pas tout pour faire taire le remords, il demande a l'esprit des sophisines, et de vicieux qu'il était par faiblesse, il l'est bientôt par système. Enrichir l'esprit de connaissancessans avoir discipliné le cœur, c'est donc fournir des armes aux passions. Or tel est le résultat de l'instruction quand elle est seule. Vous avez appris a lire a un enfant; c'est bien, mais que lira-t-il Si l'on se borne aux leçons de lecture, d'écriture, de dessin, voir même de morale, le gamin préférera sans aucun doute les romans a ses Heures de messe. De florian il passera a Vol taireh Pigault-Lebrnnet en quelques mois il aura embelli sa mémoire de toutes les infamies rêvées depuis un siècle. Pour luiles devoirs de l'homme et du citoyen se réduiront a cette maxime du moraliste de Ferney Le plaisir est le but universel, quiconque l'attrape a fait son salut. Quel usage fera-t-il de l'écriture, du calcul et de ses autres connaissances? S'il ne rencontre pas une mort prématurée dans ses essais de philo sophie-pratique, si son orgueil enflé par des succès de collège trouve dans le bouleversement politi que l'occasion de jouer un rôle, vous le verrez un jour occupé dans son cabinet compter les têtes qui s'opposeut encore h son salut et a chercher dans son esprit, le moyen le plus expe'ditif de les faire tomber. C'est bien l'usage que firent de leur instruction libérale Robespierre, Danton, Marat, Hébert, Cbaumette, Fouquier-Tainville, Lebon, Carrier, Maîgnet, et cent autres héros de g3. Oui, certes, il faut un riche fonds d'idiotisme pour s'imaginer qu'on formera un enfant a l'a mour de ses devoirs en jetant dans son esprit quelques connaissances élémentaires, en battant ses oreilles de froides leçons de morale. Attendons du moins, pour le croire, que nos prisons ne soient plus remplies de gens qui ne savent que trop lire, écrire et calculer. Attendons qu'un grand coupa ble, dans ces moments terribles où la vérité triomphe des cœurs les plus endurcis, vienne nous dire du haut de l'échafaud Je suis ici pour n'avoir su ni lire ni écrire. Est-il donc si difficile de comprendre que nous avons infiniment plus besoin de vertu que de science, et que l'éducation est un fléau si elle n'a pour but de plier les jeunes cœurs aux habitudes vertueuses On doit reconnaître que les organes des opini ons diverses qui se partagent le pays, font preuve depuis quelque temps sinon de bienveillance, du moins de tolérance mutuelle. Les haines qui na guère divisaient profondément les partis, s'as soupissent graduellement. Bientôt nous aurons la consolation de voir tous les hommes érninents, qui combattaient sous des drapeaux opposés, se don ner la main et consacrer tous leurs efforts a la consolidation de notre nationalité. Les rancunes, les défiances n'ont duré que trop longtemps. La patrie, qui pourrait le nier a un pressant besoin du concours de tons ses enfants afin de parvenir un jour a ce haut degré de prospérité, que tout semble lui promettre. Honneur donc aux bons citoyens, qui les premiers ont présenté la branche de l'olivier a leurs adversaires Recon naissance a ceux-ci pour avoir répondu sans arrière-pensée_au 3» i/aucienne union Pour notre part, nous éviterons toujours avec soin ce qui pourrait troubler cette harmonie entre tous les enfants de notre chère patrie. Seulement il doit nous être permis de repousser les attaques dirigées contre nous par quelques hommes qui se refusent b tout accomodeiuent. Pour avoir sous crit de grand cœur au nouveau traité d'union, nous n'avons point abdiqué le droit de défendre avec modération les principes d'ordre et de mo ralité, sans lesquels toute société croulera tôt ou tard Et plût a Dieu que l'occasion d'exercer ce droit inaliénable ne se présentât qu'à de rares in tervalles Certes, nous serions charmés de pou voir nous abstenir d'une polémique plus ou moins irritante. Mais ce bonheur nous est refusé, et, du train que vont les choses dans notre ville, nous craignons bien que ce ne soit pour longtemps encore. En effet il existe ici quelques hommes, qui se font un jeu d'entretenir le feu de la dis corde. Si leur propre fonds vient a manquer, ils s'en vont fouillant partout, depuis les colonnes de Y Observateur, jusques dans les fades élucubra- tions des petits journaux de province, afin de dénigrer tout ce qui leur déplaît. Ni religion, ni mœurs, ry saines idées politiques, rien n'est l'abri de leurs attaques furibondes. Il nous serait trop facile de justifier ce que nous avançons. Nous n'aurions que l'embarras du choix dans les cita tions nécessaires pour cela. Mais nos lecteurs sa vent que jamais nous n'avançons rien a la légère, et malgré l'apparence du contraire, nous aimons a croire que nous pourrons désormais mettre fin la triste polémique, laquelle nous a condamnés la conduite de nos antagonistes. Parce que nous avions lieu de croire le départ de M. Smagghe, le Chrysographe, très prochain, nous engageâmes les amateurs a aller sans relard contempler son œuvre Le Progrès trouve plus a propos de les avertir après le départ. Singulière complaisance envers ses rares lecteurs, et qui d'une manière très peu flateuse pour eux, fait paraître l'indifférence' qu'il leur suppose pour les productions artistiques. Ypres, le 9 Septembre i8'|2. ^féendteter Je rec/ac/ettr c/u (Proposa tenir. iïtottsteur, Je crois faire un acte de bon citoyen en ap- pellant l'attention de nos magistrats municipaux, sur le plan de fractionnement, qu'ils doivent pré senter au gouvernement pour en recevoir l'appro bation. Déjà plusieurs villes ont rempli ce devoir, et le temps des élections approchant, je crois que toutes les villes devraient le remplir au plus tôt, afin que les électeurs n'apprennent pas a la veille de faire leur choix, des dispositions inattendues.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 1