No 2625. ?P^3S, 30 Novembre. 26me année. Lorsqu'il y a parti pris d'attaquer quel qu'un, rien n'est plus facile que de trouver des armes dans les actes même de celui qui est l'objet de notre prévention. Une opposition, comme celle qui existe dans notre législature, doit assaillir le ministère tout prix, qu'il y ait des motifs, ou qu'il n'y ait que des prétextes. Le budjet des finances est le terrain qui a paru le plus favorable aux premières escarmouches. Le ministère précédent, pour se .débat tre avec un peu d'espoir contre l'opinion générale et énergiquement manifestée de la nation, a dissimulé l'état du trésor. Ac ceptant comme vérité les protestations de ses devanciers, le ministre actuel n'est certes point coupable, d'avoir au début de sa carrière, donné l'assurance très loyale d'ailleurs, que les charges de l'état demeu reraient en équilibre avec ses ressourses. Au surplus, des événements imprévus, la convention avec la France réciproque ment relative aux vins et aux lins, les modifications aux patentes des bateliers, d'autres circonstances qui ont agi plus ou moins sur le mouvement du trésor, étaient sans contredit de nature déjouer les cal culs du ministre le plus expérimenté. Mais rien n'y fait. L'opposition ne veut point du ministère actuel. Il faut qu'il se retire ou il continuera d'être traqué com me une bête fauve. Si vous en exceptez un seul, et il faut ici admirer la générosité de l'opposition, les hommes du cabinet sont incapables de soutenir le faix du pouvoir. L'arrêt est prononcé. Ainsi, que les finances l'exigent oui ou non, cela ne s'examine pas, 011 crie tue- tête contre les augmentations proposées. La section centrale elle-même n'a pas été favorable tous les détails du projet. C'est là sans doute ce qui aura déterminé le gouvernement le retirer. C'est prudent, mais c'est abandonner aux chambres les difficultés résoudre. Quand en effet, la législature aura voté les budjels, il faudra bien qu'elle invente et adopte les moyens de les couvrir. Alors du moins on ne pour ra plus insulter que la nation, le ministère sera hors de cause. Et c'est ainsi cependant que les criailleries de certaine presse bri sent tout moyen d'action entre les mains des ministres les mieux intentionnés. En Angleterre, les ministres assistent aux banquets de l'opposition. L'opposition et les ministres protestent de leur amitié et de leur dévouement la patrie. Leur but est le même; ils ne diffèrent que sur les moyens. C'est qu'en Angleterre l'opposition est vraiment constitutionnelle et nationale. En Belgique, au contraire, l'opposition est dictée par l'envie et la cupidité. Ote-toi de là que je m'y mette. En Belgique donc, l'opposition ne sau rait dire au ministère, notre but est le même le bien-être de nos compatriotes; nous nous séparons seulement dans le choix des moyens. Non, loin de là, l'opposition ne mérite aucune estime par ce qu'elle est guidée par un misérable égoïsme. On s'abonne Apre», Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'àBDIfEHEItiT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4OO Pour les autres localités 450 Prix d'un numéro tv Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSERTIOYS. 4» centimes par ligue. Les ré clames, 34 centimes la ligne. Il est beau, sans doute, de défendre les intérêts des contribuables. Nous croyons même qu'il est du devoir d'un publiciste consciencieux de s'opposer (.s avec force l'établissement de nouvelles charges publiques, dont la nécessité n'est pas évidente. Mais quand ori se donne la mission de contrôler la marche du gouvernement, il convient surtout d'être juste et impartial envers tout le monde, même envers les ministres. Or, peut-on dire que l'opposition respecte ce principe alors qu'on la voit distribuer la louange ou le blâme selon qu'elle aime ou repousse les diverses administrations? L'état de nos finances se trouve malheureu sement dans un certain embarras, que, du reste, tout présage devoir être momentané. Il y a un déficit, qu'il s'agit de combler. Le ministre des finances a présenté divers projets de loi dans le but de rétablir l'équilibre entre les recettes et les dépenses. De là, comme on se l'imagine, grande rumeur parmi les feuilles de l'opposition de tout étage. Voilàs'écrie-t-onle savoir-faire de nos ha biles! 11 y a un an peine, le ministre des finances osait soutenir que les recettes et les dépenses de l'état se balançaient, et aujourd'hui on annonce la législature que de nouvelles mesures financières sont indispensables. En s'efforçant de jeter ainsi de l'inquiétude dans le pays et de l'odieux sur un ministère qu'elle persiste regarder comme illégitime, l'opposition n'a garde de parler de la séance du sénat, dans laquelle M. Smits a prouvé l'évidence la justesse de ses prévisions. Pour quiconque a lu attentive ment les débats qui ont eu lieu la chambre haute, il est hors de doute que la gène financière actuelle ne saurait être imputée l'impéritie du gouverne ment. A quoi faut-il donc l'attribuer? Il est facile de résoudre celte question. Il suffit pour cela de se rappeler que pendant la session précédente il a été voté pour plus de 5o millions de dépenses extraordinaires SO.S5O.0OO fr. pour l'achèvement des chemina de fer, le canal de la Camplne, l'entrepôt d'An vers, et les routes dans le Luxembourg. 0,000,000 fr. pour les Indemnités; 0,000.000 fr. pour la ville de Bruxelles. 4,000,000 fr. pour le canal de Zelzaete. Enfin les chambres ont alloué pour environ 4,000.000 fr. de crédits supplémentaires A divers départements ministériels, pour des dépenses ar riérées. Ainsi, lorsque la législature vote plus de 5o millions de dépenses nouvelles, il n'est certes pas étonnant que l'équilibre du budget soit dérangé. Le ministère n'est donc pas la cause première de cette situation anormale; il a dû la subir, comme les chambres, poussées par les circonstances, ont dû, elles-mêmes, la lui imposer. Remarquons ici la conduite de l'opposition systématique. Celle-cidisait dernièrement un journal de la capitale, vote les dépenses sans scru pule; elle va même parfois plus loin que le gou vernement lui-même; et puis quand arrive le moment de faire face aux dépenses votées, elle s'arrête, se retourne contre ceux qu'elle a poussés en avant, et crie au gaspillage des deniers publics avec cette onction de vertu économique qu'elle aime tant étaler, lorsque ses adversaires sont au pouvoir. La majorité sait que, les dépenses votées, elle doit pourvoir aux ressources; les chercher dans l'économie d'abord, se montrer sévère cet égard, mais aussi rester conséquente avec elle-même, et ne pas reculer devant une situation qu'elle a aidé faire naître. Nous savons que ce rôle est plus difficile que l'autre mais aussi la majorité n'est pas l'opposition. L'une est une aide où l'autre est un obstacle. La première assure le bien du pays, quand l'autre ne songe qu'à ses propres affaires, c'est-à-dire augmenter sa fausse popu larité, en flattant les mauvaises passions. Du reste, voici ce que nous apprend le compte- rendu de la séance du 22 dr de la chambre des représentants M. Demonceau a présenté le rapport sur le budget des voies et moyens. La section centrale a été unanime pour rejeter les centimes addi tionnels proposés sur les contributions foncière, personnelle et les patentes. Elle a été divisée sur la question des centimes additionnels sur la bierre; 4 membres les ont rejetés, 3 les ont admis. Enfin I la section a adopté 4 centimes additionnels sur les

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Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 1