JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 2627. Mercredi, 7 Décembre, 1842. 26me année. Le Progrèsdans son dernier n°, con tient quelques réflexions sur la prétendue décadence du parti modéré, qu'il qualifie de parti catholique-politique. Si l'on en croit la feuille exclusive, la faction cléricale n'a plus que peu de mois vivre. Aux pro chaines élections pour les chambres, elle doit recevoir un échec, dont elle ne se re lèvera pas. Il va sans dire que cette odieuse faction cléricale-monacale-catholique-po- litique-religieuse-rétrograde se trouvera punie par où elle aura péché. Elle a voulu gouverner despotiquement le pays, elle a suivi une marche anti-nationale, elle a eu recours aux coups d'état, faussé la consti tution et rogné sans relâche nos plus pré cieuses libertés. En subissant donc une défaite générale et définitive, elle aura mérité son sort de paria. Tel est le précis de-Tarticlede la feuille exclusive. Elle applaudit, comme de juste, au prochain triomphe du libéralisme avan cé, auquel le pays devra une ère de bon heur ignoré jusqu'ici. Il serait difficile de prévoir, dès pré sent, lequel entre les partis politiques, l'emportera aux élections de 1845. Seule ment nous pouvons dire d'avance que le parti exalté n'épargnera ni démarches, ni intrigues, ni violences peut-être, pour évincer ses adversaires. Quoiqu'il en soit, sans entrer dans lin calcul hasardé sur le résultat des futures élections, nous nous permettrons de demander tout homme non prévenu si la défaite du parti qu'on appelle catholique-politique serait un événement aussi désirable que nos pro gressistes le prétendent. Ecoutons M. Devaux. Ce publiciste, dont les libéraux ne récuseront point l'autorité, rend hautement hommage aux principes de l'opinion catholique. Voici ses paroles Nous ne sommes pas de ceux qui mé- connaissent, même en politique, le mérite et les immenses services rendus la Belgique par l'opinion catholique. Nous savons quel appui sincère la nationalité belge a trouvé en elle. Nous savons que par sa sagesse cette opinion a puissam- ment contribué asseoir la Belgique nouvelle. Nous savons combien cette opinionsoumise la haute influence d un intérêt moral, puise dans cette influence même de garanties de moralitéde désin- téressement et de prudenceNous nous sommes plus (Tune fois demandé s'il n'était point regretter que la Belgique tout en- tière ne pût être rangée dans ce qu'on ap- pelle le parti catholique. Ce qui a relevé la force parlementaire de l'opinion catholique (dit encore M. Devaux), c'est que depuis le débat de nos assemblées législatives elle s'est ralliée en plus grand nombre que l'opinion V» libérale des idées de modération politique et des principes gouvernementaux Cette opinion a eu aussi de tout temps, sur l'opinion libérale, l'inappréciable avantage d'une plus grande unité dans sa marche, et de plus peut-être celui d'une assiduité plus constante. Si l'opinion catholique mérite de tels éloges, ce qu'il est imposible de nier, nous pensons que poursuivre outrance tout ceux qui appartiennent cette opinion, c'est se déclarer ennemi de son pays. Il y a quelques jours, la chambre des représentants a adopté l'une des proposi tions de la section centrale chargée d'ex aminer le budget des voies et moyens. Elle a rejeté les centimes additionnels la contribution foncière, par la raison qu'il existe d'autres moyens pour combler le déficit. Dans la séance du 3 dr, le ministère, d'après le vote susdit, a déclaré de relever ses propositions quant aux centimes addi tionnels sur le personnel, les patentes et les bierres. Là dessus, M. Delfosse s'est écrié que le ministère ne devait pas se borner retirer ses propositions, mais qu'il devait en outre se retirer lui-même. Quel sera l'avis de nos progressistes? Le ministère a eu l'effronterie de faire la sourde oreille. Il est vrai que le rejet d'une des propositions ministérielles n'avait nul lement le caractère d'un vote hostile au cabinet. Cela résulte évidemment de l'en semble de la discussion antérieure au vote. On sait que le ministre actuel des finan ces, M. Smits, vient d'encourir chez quel ques personnes un blâme aussi sévère que peu mérité, pour avoir accusé un déficit dans le trésor public. Ce ministre, enrôlé sous la bannière cléricale, n'a su qu'em brouiller les finances du pays, et faire des opérations qui font hausser les épaules. Tel est langage des exaltés. On conçoit que les ministres qui ont succédé au ministère Lebeau-Rogier, doi vent être souverainement incapables, si non dilapidateurs des deniers de l'état. Mais ce qu'on ne conçoit pas, c'est la per sistance avec laquelle on ose louer la ges tion des finances sous le ministère libéral. Or, il est maintenant connu de tout le monde que ce ministère économe et ména ger des deniers publics, a laissé comme sou venir de son administration un déficit de 13,968,614 fr. 15 c., c'est-à-dire, peu près 14 millions de fr.! Nos lettres du 25 jettent quelque lumière sur les causes et les mobiles de l'insurrec tion de Barcelone. Il paraît en résulter que c'est le parti républicain qui en a pris l'i nitiative, mais que ne se sentant pas assez fort pour lui donner une véritable consis tance, il a cru devoir faire appel aux autres classes de mécontents et s'abstenir, cet effet, de proclamer ses propres principes. Le bruit se confirmait d'un traité convenu déjà avec l'Angleterre pour l'introduction des cotonnades anglaises et l'interdiction des filatures catalanes au moyen d'un ra chat. En outre, le despotisme des généraux, les cruautés et les manières brutales du général Zurbauo paraissent avoir surtout contribué mettre dans le parti des révol tés toutes les classes de la population. Le gouvernement du régent paraît avoir été très-sérieusement alarmé de l'insur rection barcelonaise, en juger par les mesures énergiques qu'il a prises et les dépêches qu'il a expédiées aussitôt pour réunir des troupes et des approvision nements. Toutes les forces navales que possède encore l'Espagne ont même été appelées de la Corogne et de Cadixpour se rendre devant Barcelone, et le comman dement en était déféré l'amiral Balda- sano. Mais il n'est pas vrai que le gou vernement de Madrid ait demandé la coopération de la marine anglaise de Gi braltar. Ce gouvernement a su faire pré valoir son autorité par ses propres forces, comme il avait déjà fait dans d'autres circonstances non mpHK dïfScdes. On s'abonne Tprea, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Jtoyau me. PRIX. DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Pour Ypresfr. 499 Pour les autres localités a 499 Prix d'un numéro 11 centimes par ligne. Les ré clames, 44 centimes la ligne. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Tpres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. vérité et justice. TP3.3S, 7 Décembre. Cet article était composé lorsque là,Nouvelle de la pacification de Barcelone est arrivée'.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 1