JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2629.
Mercredi, 14 Décembre, 1842.
26me année.
L'affaiblissement vrai ou prétendu de
l'opinion catholique est trop dans les vœux
du parti soi-disant libéral pour que celui-
ci cesse de si tôt de l'exploiter dans un but
qu'on ne se donne plus la peine de cacher.
L'opinion catholique baisse tous les jours,
les rétrogrades se sont tués par leurs pro
pres excès l'avenir nous appartient dé
sormais, nous autres libéraux, qui for
mons un parti plein de jeunesse et de
vigueur! Voilà ce que nous crient aujour
d'hui quelques feuilles exagérées avec ce
ton de modestie et de décence qu'on leur
connaît.
Et ce qu'il y a de fâcheux dans ces chants
de triomphe, c'est que selon nos futurs
dominateurs, le Journal historique de Liège
vient de constater lui-même l'affaissement
complet, ou peu s'en faut, du parti catho
lique. Habent confitentem reum.
Quand on lit un auteur dans le but d'y
trouver de quoi étayer une idée qu'on ca
resse avec transport, il n'est pas rare de
prendre son désir pour la réalité. Lire avec
prévention c'est s'exposer prendre le
change et prêter l'écrivain des pensées
qui ne furent jamais les siennes. Or, c'est
ce qui est arrivé nos progressistes.
Ceux-ci, M. Devauxà leur tête, soutien
nent que les catholiques sont faibles tant
sous le rapport du nombre que sous celui
de leur valeur politique; en d'autres ter
mes, leur faiblesse serait un état normal
et naturel. D'après le Journal historique, au
contraire, cette faiblesse est produite par
des causes accidentelles, comme l'indiffé
rence des catholiques, leur inaction, leur
timidité, leur éloignement pour les affaires,
leur manque d'énergie et de volonté, leur
défaut d'union, leur crainte de la calomnie
et des embarras politiques. En ce sens,
hélas! oui, les catholiques s'affaiblissent
tous les jours. Nous en convenons volon
tiers; surtout si cela on ajoute, comme
s'exprime le recueil cité, l'action de leurs
adversaires, les moyens nombreux dont
ceux-ci disposent, leur inquiétude natu
relle, leur avidité, leur ambition, les men
songes d'une presse dominante, leur union
malgré l'absence de principes communs,
enfin l'active et puissante coopération des
sociétés secrètes.
En résumé, les libéraux exclusifs se
montrent de mauvaise foi, ou se complai
sent dans une vaine logomachie, lorsqu'ils
invoquent l'autorité du Journal historique
de Liège pour donner une nouvelle force
leur thèse favorite sur la faiblesse des
catholiques.
Au reste, puissent les prétentions des
libéraux ouvrir enfin les yeux tout les
vrais amis du pays! Il résulte des aveux
de M. Devaux que la patrie ne pourrait
que perdre par l'avènement au pouvoir,
des hommes que d'ailleurs cet écrivain ne
cesse d'exalter. Il serait facile d'adminis
trer la preuve de ce que nous avançons.
Nous pourrons y revenir un autre jour.
Les feuilles de l'opposition tracassière
ne tarissent pas sur les fameux échecs su
bis récemment par nos ministres propos
des centimes additionnels. Nous nous
sommes expliqués déjà sur la conduite du
gouvernement dans l'occurence dont il
s'agit. Mieux eût valu, selon nous, retirer
la demande aussitôt après la publication
de l'avis de la section centrale. Il faut donc
avouer que les ministres se sont exposés
de gaîté de cœur aux attaques dont ils
sont actuellement l'objet. Permis par con
séquent l'opposition d'adresser au cabi
net quelques semonces pour avoir attendu
un vote qui lui devait être défavorable.
Mais ce qu'on ne saurait permettre aux
feuilles exagérées, c'est de soutenir avec
opiniâtreté que le ministère ne pouvait
rester la tête des affaires, après le refus
du subside. Non, les débals de la chambre
en font foi, le vote de nos mandataires
n'entraînait pas la retraite du cabinet.
D'ailleurs, en fût-il ainsi, le cabinet de M.
Lebeau s'est-il retiré lorsque la chambre,
refusant de voter ses lois d'impôts, le for
çait de commencer son année financière
avec un déficit évident? S'est-il retiré,
lorsqu'elle a rejeté le droit imposé sur le
café S'est-il retiré quand elle l'a obligé de
remettre dans ses cartons son projet de
loi sur la bierre? S'est-il retiré, après le
rejet de la loi sur les pensions
Que les feuilles libérales nous expli
quent pourquoi un refus de concours, qui
en 1840 permettait au ministère libéral de
garder le pouvoir, forcerait le cabinet
actuel le quitter; la question s'éclaircira
alors d'elle-même et nous saurons quoi
nous en tenir. Jusque-là, nous ne saurions
rien comprendre leurs clameurs sans
cesse renouvelées.
Ce que nous avons prédit se réalise.
Une opposition hargneuse et violente s'ac
croche successivement l'un ou l'autre
pan des divers habits ministériels. Heu
reusement que tant de bassesse ne sert
qu'à relever aux yeux de la nation ceux
qui possèdent la confiance royale. Mr Ver-
haegen s'est rué sur le ministre de la jus
tice l'occasion du budjet.
II a articulé quatre griefs que Mr Yan
Volxem n'a pas eu la moindre peine dé
truire. Que signifie d'abord le reproche
d'avoir présenté dans des circonstances
inopportunes la loi relative la magistra
ture. Il y a nous ignorons combien de
temps que vous avez réclamé cette loi;
depuis le jour que le ministère Nothomb
est au pouvoir vous n'avez point cessé de
provoquer l'augmentation des traitements
de l'ordre judiciaire; et lorsqu'enfm on veut
vous satisfaire, vous dites qu'on a mal
choisi son temps. A qui la faute s'il vous
plait, Mr Verhaegen? L'esprit de parti doit
vous avoir aveuglé complètement si vous
ne voyez pas la contradiction.
Deuxième grief. Le ministre a dit que le
président du tribunal de commerce Brux
elles ne siégerait que pendant un an, parce
qu'il avait déjà siégé un an comme juge.
Mais cela est conforme aux termes et
l'esprit de la loi. Mr Verhaegen, il est vrai,
s'est vanté de prouver le contraire, mais
il s'en est prudemment abstenu. La loi dit
en général que les juges consulaires seront
renouvelés tous les deux ans. Or le prési
dent n'est-il pas juge par hasard.
Comme troisième grief, l'orateur s'est
plaint que le ministre au lieu de contre
signer un arrêté royal, l'ait signé lui-même.
Mr Yan Volxem a protesté qu'il s'est con
duit d'après l'usage. Au surplus il n'y a
ici qu'une pauvre chicane indigne des
honneurs de la réfutation.
Enfin, Mr Verhaegen a articulé comme
quatrième grief, la non présentation de
plusieurs projets de loi très-nécessaires et
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Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
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clames, 33 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7PB.ES, 14 Décembre.
Errata Dans notre n° 2628, lre page,
5me article, 6me ligne, lisez élevée au lieu
de enlevée.