JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
No 2641.
Mercredi, 25 Janvier, 1843.
26me année.
i Bien peu de personnes assurément ont
pu se rendre compte du zèle aussi impré
vu qu'ardent que le parti libéral a montré
naguère contre les fraudes électorales.
Nous avouons, pour notre part, que jus
qu'ici nous avons cherché en vain le mot
de l'énigme. Comment s'expliquer, en ef
fet, qu'oubliant toutes les menées plus
honteuses les unes que les autres, dont le
'jjparti exclusif s'est rendu coupable au vu
t au su du pays entier, ce même parti
ienne un beau jour crier avec un tumulte
ffroyable contre la déloyauté de ses ad
versaires, coupables aussi, comme il pa-
aît, mais infiniment moins que leurs
accusateurs. En vérité, une semblable
conduite a de quoi étonner, et pour notre
arovince, où aucune élection ne doit avoir
ieu cette année, il y avait dans cela quel
que chose de vraiment monstrueux et par
tant d'incompréhensible.
Mais voici de quelle manière on parvient
comprendre enfin ce qui semblait incon
cevable. Nous avons trouvé dans le Nou
velliste de Bruges la solution de la difficulté.
Son correspondant de Bruxelles, qui puise,
comme on sait, des sources très-respec
tables, lui écrit en ces termes
Vous ignorez encore pourquoi un cri
hypocrite s'est élevé tout-à-coup contre
les fraudes électorales. Les exaltés ont
juré de frapper un coup de désespoir
aux prochaines élections générales. Dans
toutes les villes du pays de Liège etc.,
des comités sont organisés l'instar de
ceux dont les manœuvres ont été si tris-
tement célèbres Tournay et surtout
Ath; des sous-comités existent de même
dans chaque commune. A la vérité des
contre-comités pris dans les rangs des
hommes modérés sont érigés en nombre
égal, et décidés disputer de pied ferme
par tous les moyens légaux les succès
factices de leurs adversaires. L'alarme
causée par celte mesure a retenti d'un
bout l'autre de la chaîne des associés
exaltés contre lesquels elle servait de
réprésailles. Voilà l'origine du purita-
nisme auquel a été dû l'initiative de la
dénonciation des fraudes.
Plus loin le même correspondant assure
que dans les cercles de Bruxelles on ac
corde peu d'avenir au Politique, ce nouveau
journal qui le premier a eu l'idée de se
créer une clientelle par l'appât de romans
licencieux. On ne voit dans la création de
cette feuille, qu'une spéculation financière.
On signale, toujours d'après la même cor
respondance, comme fondateurs M. Du-
mon-Dumortier et quelques autres séna
teurs de ses amis, tous plus déterminés,
ajoute-t-onjeter une amorce au poisson
d'or, qu'à s'élever une tribune politique.
Nous empruntons au Journal de Bruxel
les les lignes suivantes, sur lesquelles nous
appelons l'attention de nos lecteurs. Elles
sont frappantes de vérité, et tout-à-fait
dignes d'être méditées surtout par l'oppo
sition actuelle.
Le rôle de l'opposition est ce qu'il y a
de plus facile au monde. Y a-t-il des ob
stacles quelque part? l'opposition les nie,
elle ferme les yeux. L'opposition navigue
toujours sur un lac uni comme le cristal
où aucun vent ne souffle, où aucun écueil
ne se fait apercevoir, où elle déploie en
liberté tous ses mouvements, toutes ses
évolutions. L'opposition, c'est la poésie de
la politique; le pouvoir en est la prose. Sa
tâche toute pratique semble parfois bien
vulgaire quand sa rivale se montre gran
diose et brillante.
Lorsqu'un homme de sens et de cœur
passe des bancs de l'opposition sur les
bancs du ministère, son rôle change, sa
position change, et avec elle le point de
vue duquel il juge les événements. Alors
il se trouve en présence de réalités, de
faits, de nécessités et surtout d'une im
mense responsabilité, qui font sérieuse
ment réfléchir tous les hommes moraux,
quelque parti qu'ils appartiennent.
ENCORE LES JOURNAUX-ROMANS.
Nous ne craignons point de fatiguer nos
lecteurs en revenant de nouveau sur les
plans subversifs des bonnes mœurs adop
tés par une partie de la presse. Le bon
heur de la patrie se trouve trop étroitement
lié l'observation des lois morales pour
qu'on puisse rester indifférent ce qui
peut porter atteinte ces dernières.
Si quelque chose pouvait nous rassurer
au milieu des excès inouis de la mauvaise,
littérature, ce serait, d'abord, de les voir
flétrir par tous les représentants de l'opi
nion modérée. Ce serait ensuite l'apologie
plus impudente encore que maladroite,
présentée par les feuilles corruptrices. Un
dévergondage aussi hideux est en effet de
nature révolter tout homme honnête, et
partant les inventeurs de cette nouvelle
espèce de lèse-nation se trouveront peut-
être trompés dans leur calcul.
Quoiqu'il en soit, voici comment Ylndé-
pendant a essayé de répondre au reproche
de pervertir ses lecteurs.
Ceux, dit il, qui ont voulu les romans
on dû nous écrire directement pour nous
en exprimer le désir; nous avions exigé
cela d'eux de la manière la plus expres-
se. Et pourquoi? Précisément parce qu'on
ne pût pas nous accuser de jeter de
mauvais livres qui ne les aurait pas
voulus. Ainsi, nul n'a reçu Feu Bressier
qu'il ne l'eût demandé. De quoi donc se
plaindrait-on? Si l'on reçoit de mauvais
livres, c'est qu'on les a voulus, et il n'est
pas raisonnable de nous en faire un
grief. Que ceux qui n'en veulent pas les
refusent; il nous feront le plus grand
plaisir. Mais, encore une fois, que ceux
qui les ont demandés, qui les reçoivent
et les lisent, ne nous jettent pas la
pierre, car eux seuls sont coupables, puis-
qu'ils peuvent se dispenser de profiter d'un
fait auquel la concurrence nous oblige. Ils
sont libres sous ce rapport, et nous ne le
sommes pas.
Ce raisonnement, que l'Indépendant dit
être sans réplique, est tout-à-fait identique
celui-ci mon voisin débite des drogues
malfaisantes une partie du public les
achète vil prix et va délaisser les mien
nes eh! bien, j'en vendrai mon tour.
Je sais fort bien que ces drogues donnent
la mort, mais, au lieu que mon concur
rent en fournira tout le monde, je n'en
vendrai qu'a ceux qui en feront la deman
de expresse. De cette façon ma caisse s'en
ressentira moin?TêT*j!SJïarderai mes pra
tiques.
Quelle odeur de mà
révoltant cynismePÏ
*VȈres de famille,
n: mais aussi
érons que tous
s exception, ne
s yeux et de re-
ifùser l'entrée de leurs maisons des jour-
jiaûx ùjli ne rougissent de rien.
taî'iclqrpht plus d'<
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