JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2649.
Mercredi, 22 Février1843.
26me année.
Lorsque la question des fraudes électo
rales fut soulevée la chambre pour la
première fois, le ministre de l'intérieur
prit l'engagement formel de faire une en
quête pour connaître la gravité des faits
dénoncés et de présenter le plus tôt possi
ble, s'il y avait lieu, un projet de loi pour
assurer la sincérité des élections.
Depuis cet instant jusqu'à ces derniers
jours le ministre fut constamment en butte
aux plus graves soupçons de la part des
ultra-libéraux. A les en croire, M. No-
thomb, en faisant cette promesse, ne cher
chait qu'à endormir le pays. L'enquête,
tout prendre, pouvait avoir lieu, mais la
présentation d'un projet de loi, oh! elle se
ferait aux calendes grecques, c'est-à-dire,
pas encore dans mille ans. Cela devait être
évident pour tout le monde, car de quel
côté se trouvaient les fraudeurs, du côté
des libéraux, ou de celui des modérés? Ils
se trouvaient tous, ou peu s'en faut, du
côté des rétrogades. La chose était incon
testable; les organes de la coterie l'assu
raient, le juraient tous les jours. Or, le
parti exclusif est incapable de commettre
le moindre petit mensonge; la restriction
mentale, pour l'employer, bien entendu,
lui est entièrement inconnue. Pour le parti
jésuitique, soit dit en passant, c'est autre
chose.
Il était donc impossible d'en douter M.
Nothomb, cette âme damnée du parti clé
rical, ne voulait que gagner du temps. On
l'assurait encore, il y a peu de jours. Mais
peine les organes du parti exagéré eu
rent-ils avancé pour la millième fois que
le projet de loi sur les fraudes électorales ne
serait peut-être jamais présenté, que le mi
nistre, intimidé sans aucun doute par les
fortes remontrances des libéraux, se décida
remplir sa promesse. Il vient de présen
ter enfin le projet si impatiemment atten
du, précédé d'un assez long exposé de
motifs.
La presse exagérée sera-t-elle mainte
nant satisfaite? Il serait assez naturel de le
croire, lorsqu'on considère que voilà un
triomphe obtenu par elle sur le gouverne
ment tout-à-fait digne de figurer côté de
celui remporté naguère propos de la
dîme, de la main-morte, etc. Alors, comme
aujourd'hui, n'est-ce point aux efforts seuls
du libéralisme que la patrie a dû son salut?
Assurément, de même que passé peu d'an
nées l'établissement de la dîme n'a pu
avoir lieu, uniquement, comme chacun
sait, parce que Y Observateur et ses acolytes,
s'y sont opposés, ainsi le nouveau projet
de loi n'a vu le jour que parce que le parti
rétrograde a eu peur, en voyant l'attitude
aussi forte que décente des nouveaux pu
ritains. Les exclusifs auraient donc, di
sons-nous, le droit de reprendre haleine
et de se reposer sur leurs lauriers. La
mouche du coche jadis le fit après un
exploit de bien moindre importance.
Mais non; M. Nothomb, en élaborant
son projet de loia commis un nouveau
méfait, qu'il faut ajouter tous ceux dont
il a la conscience chargée déjà. Le Progrès-
Echo a eu raison de s'écrier, l'occasion
de la dernière réunion, de nos évêques
Malines, que ces menées n'annonçaient rien
de bon pour la Belgique. Il faudrait avoir la
cervelle obtuse comme celle d'un rétro
grade le mieux conditionné, pour ne pas
reconnaître la main qui a dicté le ma
lencontreux projet. C'est le cardinal de
Malines, pourquoi le taire? oui, c'est le
cardinal, assisté du corps épiscopal tout
entier, qui a forcé la main au gouverne
ment. M. Nothomb n'est que l'homme de
paille du parti clérical. Le projet sur les
fraudes électorales est une œuvre toute jésui
tique et de mauvaise foidans le genre de la
loi sur l'enseignement primaire. Ce sont les
propres termes d'une sentinelle perdue du
parti avancé.
La preuve? dira-t-on. Eh! mon Dieu,
les organes de la coterie n'ont-ils point
depuis un temps immémorial le droit
d'être crus sur parole? Prouver ce qu'on
avance! mais, cela était bon autrefois;
serait-on en progrès s'il fallait toujours
suivre la même routine en écrivant?
Que si cette réponse vous paraît uu peu
leste, voici pour cette fois un argument
qui sent furieusement le Progrès. Vous
allez en juger.
Le projet de loi est détestable; pourquoi?
Parce que la plupart de ses dispositions n'at
teindront que le parti libéral. Mais, de grâce,
en peut-il être autrement? La loi est des
tinée prévenir les fraudes électorales et
punir quiconque est convaincu de les
avoir employées, n'importe quelle opi
nion il appartient. Dès lors, est-il étonnant
que les partisans du mauvais libéralisme
se trouvent atteints par la loi, puisque
eux seuls sont les coupables? Que ces
singuliers puritains fassent accorder dé
sormais leurs actes avec leurs paroles, et
ils n'auront rien craindre. Sinon, leur
plainte extravagante sera jugée tout-à-fait
identique avec celle du voleur qui s'in
dignerait contre la loi qui le frappe pour
s'être emparé du bien d'autrui.
Quand on ne rougit pas de raisonner de
la sorte, peut-on être reçu traiter de
matière brute les habitants de la campagne,
comme se le permet la feuille soi-disant
libérale de cette ville? N'en déplaise ses
spirituels rédacteurs, le gros bon sens du
dernier campagnard nous paraît infini
ment préférable aux sottes élucubrations
que leur plume dévergondée enfante tous
les jours.
Au concours ouvert dans l'arrondisse
ment pour les plus beaux étalons et ju
ments, les prix ont été obtenus dans l'ordre
suivant
ÉTALONS.
nebeke, (cheval gris pommelé.)
2me Prix. La veuve Yan Wonterghem,
Zonnebeke, (bai chatain.)
JUMENTS.
La distribution a été faite hier par l'au
torité communale.
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX »E 1,' VBOHFUEXI,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4O©
Pour les autres localités
Prix d'un numéro
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IYSERTIOYS.
4* centimes par ligne. Les ré
clames, tS centimes la ligne.
vérité et justice.
7PP.3S22 Février.
1er Prix. Mr Yanheule, cultivateur Zon-
1er Prix. François Yerkaemer, cultivateur
Poelcappelle.
Le conseil des prud'hommes est a peine établi
en notre ville, que déjà sa salutaire influence se
fait vivement sentir; les rapports entre les ouvriers
et les fabricants, qui laissaient beaucoup désirer,
ont subi une amélioration sensible.
Sur huit causes dont cette institution eu a
connaître depuis sa première audience du 23 jan
vier dernier, sept se sont promptemeut terminées
par la voie de la conciliation devant le bureau
particulier.
Le bureau général a été^aisi le 5o janvier d'un
différend qui avait surgi entre un marchand
de dentelles de cette ville et deux ouvrières,
qui après avoir confectionné un ouvrage d'après le
dessin etavec la matière première de ce marchand,
exigèrent mrrfiîqtî?|ne.nt un salaire de quitté-'
vingt-diy francs l'annjk. tandis que Ja même
dentelle/confiée a une antre ouvrière avait .Até
I .fv -, - V. •">1 l v T
livrée dçtmîs pëirj 'au prpc de cinquan^-quaffe