L.-J. cuvelier, S. J.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Séance du 1er Mars.
Séance du 2 Mars.
Séance du 6 Mars.
FRANCE. paris, 6 mars.
La discussion solennelle qui occupe la
chambre depuis trois jours a reçu hier une
solution. L'amendement de M. Lacrosse,
qui proposait une réduction de 50 mille
francs sur l'allocation demandée pour les
dépenses secrètes, a été repoussé par 242
voix contre 197.
Dans la séance de ce jour, la chambre
des députés a voté le projet de loi sur les
fonds secrets; le nombre des votants était
de 399, la majorité absolue de 200. Le
nombre des boules blanches s'est élevé
244; celui des boules noires 155.
MM. les abassadeurs des grandes
puissances expédient tous les soirs des
courriers leurs gouvernements, après les
séances de la chambre.
Il paraît que les difficultés ministé
rielles n'empêchent pas de s'occuper en
haut lieu du projet d'amnistie en faveur du
prince Louis Napoléon. On parle d'un
agent qui aurait été envoyé directement
auprès du prince, pour lui proposer de
nouveau les conditions de la liberté, qui
lui serait accordée le 1er mai prochain
l'occasion de la fête du roi. On ajoute que
le prince Louis refuse toujours de promet
tre, comme on veut lui en faire contracter
l'obligation, de ne plus remettre les pieds
en Europe.
Un sinistre événement est arrivé le
3, rue Saintonge au Marais. Deux dames
honorables, jouissant d'une fortune assez
considérable, Mme X"* et sa fille, la premiè
re octogénaire, et la seconde presque séxa-
génaire, habitaient depuis longtemps avec
un personnel domestique en rapport avec
leur position de fortune, la maison n° 27
de cette rue.
M.te
avait refusé dans sa jeunesse de
nombreux et brillants partis; les instances
de ses parents n'avaient jamais pu la dé
terminer se marier; elle ne voulait pas,
disait-elle, partager l'affection qu'elle leur
portait; son père étant mort, la part d'af
fection qu'elle lui prodiguait fut repartie
tout entière sur la mère, et dès ce moment
cette affection ne fit que s'accroître avec
les années.
La mère, accablée par le poids des ans,
succomba la suite d'une courte maladie;
ce fut pour M110 X... un coup terrible. De
noires pensées assaillirent son esprit; il lui
sembla qu'elle ne devait pas survivre
celle qui lui avait donné le jour. Ses amis,
inquiets de son désespoir, employèrent
tous les moyens pour la calmer. Dans les
premiers moments, leurs sages conseils
n'eurent aucun succès; mais, plus tard,
elle devint moins sombre, et l'on put es
pérer de la ramener des sentiments
moins exaltés. L'un de ces jours derniers,
elle avait invité plusieurs d'entre eux
dîner; elle les reçut avec son amabilité or
dinaire, et elle fit elle-même les honneurs
de la table. Vers le milieu du repas, elle
pria un de ses amis d'aiguiser un couteau
qui, dit-elle, ne coupait pas assez. Le dîner
se termina ensuite, et, le soir, chacun
se retira.
Le lendemain de ce jour, M,le X... pré
vint ses domestiques qu'elle ne recevrait
pas dans la soirée.Le soir étant venu, elle
se retira dans sa chambre, et les domesti
ques vaquèrent leurs occupations. Une
heure après, la femme de chambre,en pas
sant dans une pièce voisine, crut entendre
un léger criet au même instant comme
la chute d'un corpsv4rtfj0^^i"quet; elle
pénétra aussitôt danà H qftîMm>re de sa
yïfnfp^s, et fut saisie d'effroi'êY aperce-
^A^rtt'M/'Xi.. baignée dans son sîujg la tête
presqpe dçpchée du trqne,;jet dé donnant
plus aucùîf signe de
L'infortunée venait de se couper la gor-
la foi catholique Quels sont les obstacles qui s'opposent
cette conversion, depuis si longtemps désirés et que tant
d'âmes demandent au ciel avec instance Quel est ici l'état
actuel de la religion Ce sont la M. tout autant de
questions auxquelle il ne me sera possible de répondre qu'
après avoir acquis une connaissance plus complète du pays.
Il me reste vous parler du mal de merde la température
et de notre collège je le ferai brièvement. Pour ce qui est du
premier nous en avons été tous atteints diverses reprises
les uns quatre jours, les autres huit ou dix; le P. Johnson
s'en est même ressenti pendant tout le voyage. Quant moi,
j'en ai été quitte pour deux jours de souffrance, d'abord
dans le golfe de Gascogne, puis dans les enviions du Cap, où
je vous ai dit que nous avions été violemment secoués par la
tempête.
En ce qui concerne la températurenous ne saurions nous
plaindre pour le quart d'heure elle est vraiment agréable.
Nous sommes presqu'au coeur de l'hiver, et néanmoins il fait
ici peu près aussi chaud que dans les plus beaux étés de la
Belgique; les arbres sont couverts d'un charmant feuillage;
les fruits de toute espèce abondent sur le marché l'air est
constamment serein ce n'est que hier au soir qu'il a plu pour
la première fois depuis notre arrivée, et je dois vous faiie
observer, pour tout dire, que la pluie a été accompagnée d'un
léger tremblement de terre.
Encore un mot sur notre collège, pour finir. Il est petit,
mais il pourrapar la suitefaire un très-grand bien. Nous
sommes ici cinq Pères, savoir deux Anglais, les PP. Johnson
et Irvine, nouvellement arrivés; deux Français, le P. More,
actuellement recteur du collège, et le P. Bouligne; puis moi.
Les scholastiques sont aussi au nombre de_cinq. Ce sont MM.
Weld, Cooper, Mackenzie, Norton et Bousoit. Il y a, en outre,
un novice appartenant au pays et quatre Frères coadjuteurs,
qui sont l'un Français, le second Napolitain, le troisième Ir
landais et le quatrième Savoisien.
Le nombre des élèves est d'environ quarante internes et de
cinquante soixante externes, ex omni tribu, nation et lingua,
ainsi que de toutes sorte de religions, de sectes et de couleurs.
Il y en a de cuivres, de bassanés, de blancs et de noirs.
En terminant celte lettre, déjà trop longue, je vous prie,
M.de m'excuser si les détails que je vous y transmets ne
sont pas de ceux que peut-être vous attendiez de moi. Veuil
lez en accuser les circonstanceset ne pas suspecter ma bon
ne volonté. A votre tour, envoyez-nous autant de détails.que
possible sur la province de Belgique, laquelle nous resterons
toujours unis de coeur et d'âme, malgré l'immense distance
qui nous en sépare.
La chambre a décidé, la majorité de 39 voix
contre 3t que les deux espèces de sucre ne se
raient pas frappées du même droit. Par cette
résolution contraire aux propositions du gouver
nement, elle a implicitement décidé que l'indus
trie du sucre indigène ne serait pas sacrifiée au
bénéfice de sa rivale.
La chambre des représentants a continué au
jourd'hui l'examen du projet de loi relatif aux
sucres. Les débals devaient se renfermer dans la
proposition de M. Dumortier, mais après une
longue discussion la chambre a décidé qu'elle
s'occuperait en même temps des divers amende-
mens présentés et des questions du droit et du
rendement.
M. Rodenbach a développé l'amendement qu'il
avait déposé hier, et par lequel il propose le droit
de 4o francs pour le sucre exotiqueet celui de
25 francs pour le sucre indigène il l'a complété
en disant qu'il se ralliait au rendement fixé parle
projet ministériel et la réserve des 10 pour le
trésor.
M. Mercier a demandé alors a M. le ministre
des finances s'il persistait a maintenir la réserve
des 4/1 o pour le trésor.
M. le ministre des finances a répondu que puis
que la chambre avait rejeté le système qu'il avait
proposé, il ne pouvait pas se prononcer dès main
tenant sur la réserve des 4/10. II a ajouté qu'il
écoutait attentivement les développements don
nés aux divers amendemens et que peut-être le
gouvernement pourrait dès demain proposer un
nouveau projet.
M. Delehaye a combattu la proposition de M.
Dumortier qui serait suivant lui destructive de
toute exportation.
Après quelques observations de M. Deman
d'Attenrode et de M. Savarl en faveur d'une pro
tection efficace pour l'industrie de la betterave, la
suite de la discussion a été renvoyée h demain.
Séance du 3 Mars.
La séance est ouverte a 1 heure par l'appel
nominal et la lecture du procès-verbal de la der
nière séance. La rédaction en est approuvée.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion
du projet de loi sur les sucres.
La discussion continue sur les questions relati
ves au rendement.
Après un long débat, engagé fort mal a propos
par M. Lebeau qui reproche au ministère de ne
pas avoir fait une question de cabinet sur les
sucres, la séance est lévée h cinq heures et quart.
Séance du 4 Mars.
La chambre a continué, repris, ou recom
mencé, c'est comme on voudra, et la dis
cussion générale, et la discussion particulière
des nombreux projets de loi, des articles et des
amendements sur les sucres. M. Eloi de Bnrdinne,
M. Dumortier, M. Demouceau, M. Rodenbach ont
de nouveau cherché h démontrer, chacun l'excel
lence de son système.
M. Mercier s'est efforcé, au milieu de ce dédale
parlementaire, de ramener la question h ses véri
tables termes de ressaisir le fil du débat, qui,
comme toujours, a été ajourné au lendemain.
A la clôture de la séanceM. le ministre des
travaux publics a déposé sur le bureau deux pro
jets de loi. Le premier est relatif h des mesures
de police pour le chemin de fer. Le secoud a pour
but de proroger la loi concernant les péages du
chemin de fer.
La chambre s'est réunie aujoutd'hui deux
heures et demie. A l'occasion d'une pétition du
conseil communal de Seraing-sur-Meuse, qui ré
clame contre la nomination de son bourgmestre en
dehors du conseilM. Delfosse a demandé que le
ministre voulut bien déposer sur le bureau la liste
de tous les bourgmestres nommés en dehors du
conseil.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion
du projet de loi sur les sucres.
M. De Smel appuie les dernières propositions
faites par le gouvernement.
M. Verliaegen réfute tout ce qui a été dit
en faveur du sucre exotique; il combat les der
nières propositions du gouvernement. Il propose,
par amendement au projet de la section centrale,
de porter la réserve pour le trésor a deux dixièmes
et demi soit au quart.
La clôture est demandée. Elle est combattue
par MM. Deinonceau, Mercier et le ministre des
finances; elle n'est pas prononcée, la suite de la
discussion est renvoyée demain.
La séance est levée h quatre heures. Demain
séance a une heure.