JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2670.
26me année.
7P33S, 6 MAI.
Le Provincial des Frères des écoles
chrétiennes, qui a sa résidence Namur,
a été hier en ville. Le but de son voyage
était, dit-on, l'établissement d'une école
gratuite en faveur de la classe pauvre. Une
commission, composée de quelques con
seillers communaux, des membres des
hospices ainsi que de ceux de la bienfai
sance, et des quatre curés de la ville, a été
convoquée ensuite pour délibérer sur cet
important objet. On assure que nos ma
gistrats ont le sincère désir de doter la
cité d'un établissement, dirigé par ces ha
biles instituteurs afin de procurer aux en
fants du peuple une instruction aussi so
lide qu'éclairée.
Un ouvrage périodique exprime sur le
nouveau ministère une opinion si raison
nable que nous cédons volontiers l'envie
d'en donner communication nos lecteurs.
Pour nous, peine sentons-nous le
besoin d'émettre une opinion. Le Journal
historique qu'on s'est efforcé de faire passer
pour l'organe d'un parti intraitable, n'est
pas bien difficile en fait de gouvernement,
pour peu qu'il puisse espérer de voir tous
les communs droits respectés et l'égalité
maintenue entre les citoyens, il n'est pas
tenté de se plaindre ni de faire de l'oppo
sition. M. Mercier a fait partie du ministère
exclusif; mais M. Mercier, aujourd'hui,
est membre d'un cabinet mixte; cela nous
suffit.
Si nous sentons quelque peine, c'est
de voir la Belgique livrée aux transforma-
lions comme la France et comme la plupart
des autres. États représentatifs; c'est de re
marquer que, malgré le caractère sage et
calme de la nation, nous ne résistons pas
beaucoup mieux que nos voisins au torrent
qui entraîne la démocratie de changements
en changements, cette inquiétude qui ne
permet pas aucun pouvoir de prendre
racine et de ce raffermir.
Mais il n'y a pas de quoi s'étonner.
Quand il n'y aurait pas d'autre dissolvant
que la presse, où sont les hommes que,
parvenus au pouvoir et chargés de gou
verner, ne s'useraient en peu de temps?
On a beau dire; mais l'attaque répétée
journellement mais la calomnie et l'injure
reproduite sans cesse et sous mille formes,
trompent infailliblement le public qui les
entend, et nulle réputation ne pent de
meurer debout.
A peine les noms de ceux qui succè
dent aux ministres démissionnaires, sont-
ils publiés, qu'on les noircit, qu'on les
livre au mépris et la dérision. Ils n'ont
pas encore pris possession de leurs porte
feuilles, ils n'ont encore rien fait, et déjà
ils sont aussi coupables que ceux qu'on a
forcés la retraite. Leur faute n'est pas
d'avoir abusé du pouvoir, mais de l'avoir
accepté.
Là est le vrai danger de tout gouver
nement de la nature de celui que nous
avons. Les changements, les bouleverse
ments, s'ils sont continuels, s'ils paraissent
finalement adhérents aux institutions,
inspirent des défiances et des dégoûts.
Un certain degré de repos et de tranquillité
est une nécessité pour tout peuple civilisé,
pour toute société dont les membres ont
quelque bien ou quelque avantage perdre
dans les révolutions. Déjà, combien d'es
prits découragés et fatigués en Belgique!
Et nos lois sont encore si jeunes! Nous
n'existons que d'hier.
Mais nous dirons ces amis de la paix
et du repos, que leur découragement est
prématuré et qu'il entraîne un danger de
plus. C'est précisément quand les honnêtes
gens se découragent, que l'ambition de
vient plus active, plus hardie. Se laisser
abattre, craindre, se retirer de la lutte,
c'est se préparer l'esclavage, dans tout
Etat où le pouvoir dépend des élections.
Quel repos avez-vous espérer, en restant
chez vous? Dans une monarchie, il peut y
avoir un genre de repos au milieu de l'op
pression, triste repos sans doute, mais
ayant quelque réalité cependant; c'est,
qu'alors la crainte qui impose silence la
vertuenchaîne quelquefois aussi le
Mais dans un Etat populaire, une
les exagérés dominent, il n'y a
repos possible; pendant qu'ils op
les bous, ils se font la guerre entre
oppression et désordre en même ten^
On écrit de Bruxelles, 4 mai
Un affreux accident est arrivé hier ma
tin vers neuf heures sur le chemin de fer
de Liège, au premier convoi parti de cette
ville pour venir Bruxelles.
Les détails précis nous manquent; mais
voici en gros ce que nous avons appris.
Le convoi était arrivé vers Landen,
lorsque le feu s'est tout coup déclaré au
second des deux waggons chargés des ba
gages et placés en tête du convoi. On sup
pose qu'un charbon sorti de la cheminée
de la locomotive sera tombé sur ce waggon
et y aura mis le feu. Le fait est que la
flamme a fait de rapides progrès; le mal
heur ayant voulu que des bouteilles d'huile
de vitriol fussent chargées sur ce waggon,
dès que le feu les a eu atteintes, une forte
explosion s'est fait entendre et le feu a pris
une effrayante intensité.
Les gardes du convoi effrayés se sont
précipités terre, et l'un d'eux, le nommé
Vanhers, s'est tué sur le coup. Un autre,
nommé Etienne, s'est cassé la jambe; un
troisième, M. Van Duerne, s'est fait plu
sieurs contusions la figure et s'est cassé
le nez; deux autres ont reçu diverses bles
sures.
Les voyageurs ayant entendu l'explosion
et voyant les gardes se précipiter hors du
convoi, ont été pris d'une terreur panique,
se sont jetés pêle-mêle leur tour, et dans
cette horrible confusion cinq d'entre eux
se sont tués sur la place et dix ont été plus
ou moins grièvement blessés.
Le convoi s'est arrêté aussitôt, et des
secours aussi prompts que la chose a été
possible sont arrivés des stations voisines.
Deux médecins qui faisaient partie du con
voi ont prodigué aux blessés leurs pre
miers soins.
Le waggon a été entièrement consumé,
mais le feu n'a fait, dit-on, aux autres voi
tures contigues que d'insignifiants dégâts.
Ce malheureux accident que l'adminis
tration ne pouvait prévoir, a considérable
ment retardé le convoi; il aurait dû entrer
dans la station d&Bruxelles H heures; il
'est arrive qu a
et demie.
[Parmi les nrorts qurjjeV au nombre de
se trouve, dit-onV}we jeune et jolie
ime qui voyageât!mère.
Les blesse9.^ùr^bombre de 14.
Une chose remarquer, c'est qu'aucun
des voyageurs n'aurait probablement été
ni tué ni blessé, si chacun était resté sa
place, et n'avait pu sauter terre. Dans la
déplorable catastrophe de Versailles, dont
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