JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
No 2676.
26me année.
7PR3S, 27 MAI.
II y a huit jours, nous avons, d'après
un autre journal, rendu compte des vio
lentes attaques, dont le clergé Français
se voit de nouveau en butte de la part
de la secte voltairienne. Malheur aux
jésuitesau parti-prêtre, c'est-à-dire tous
les vrais catholiques! Tel est le cri si
nistre poussé l'envi par les journaux
irréligieux. Et pourquoi cette levée de
boucliers contre des millions de conci
toyens? Parce qu'une foule de pères de
famille a osé remontrer aux arbitres des
destinées de la France qu'il est temps
que la charte de 1830 devienne enfin
une vérité. Voilà bientôt treize ans que
la liberté de l'enseignement a été so
lennellement promise, et, jusqu'à ce jour
l'Université, cette création du dispotis-
me impérial, a continué de diriger seule
l'éducation de la jeunesse. Et l'on sait
les désolantes doctrines professées par
les membres de ce corps enseignant. Plus
d'un publiciste courageux a montré
l'évidence qu'elles mènent droit au scep
ticisme. Dès-lors, en réclamant l'exécu
tion de l'art. 69 de la charte, les pa
rents chrétiens n'ont fait que s'aquitter
d'un devoir rigoureux.
Que ceux-ci ne se découragent point.
Si leurs démarches ont eu jusqu'ici peu
de succès, tôt ou tard justice leur sera
rendue. Quant on plaide en faveur de
FEUILLETON DU PROPAGATEUR7
L3S HC73S 1£7S?35J3:JZ.
la société toute entière, il est impossi
ble de ne pas gagner sa cause.
Un journal exclusif de cette ville, assez
connu du reste par ses opinions anti
catholiques, trouve très-rationnel que le
clergé français soit tenu dans une es
pèce d'ostracisme. Soumis la loi commune,
dit-il, le clergé a bientôt franchi les bor
nes qui lui sont assignées. C'est ainsi,
continue-t-il, qu'en Belgique, où l'on a
commis Yénorme faute de lui laisser pren
dre trop d'ascendant, il est déjà une
distance effrayante de son point de dé
part Plus loin le même écrivain, dans
un style où l'odieux le dispute au ri
dicule nous représente le parti-prêtre
assis sur les ruines de la loi des lois,
menaçant de démolir jusques dans ses
fondements, l'arche sainte de notre char
te constitutionnelleRisum tcncatis,
amici?
Et voilà comme se démasquent ces
tartufes de la liberté! Du reste, quand
on ne rougit pas de se livrer de tels
écarts, on cesse d'être bien dangereux.
Chaque jour les journaux nous four
nissent de nouvelles preuves des idées
tout-à-fait exclusives qui travaillent les
têtes libérales. Dans toutes les provin
ces, où les élections pour les chambres
doivent avoir lieu au mois de juin, les
membres de l'association ôte-toi de là que
je m'y mette font jouer tous les ressorts
pour éliminer les hommes modérés. Il
va sans dire qu'on met largement en
pratique la maxime si chère aux con
sciences libérales, que la fin justifie les
moyens. Rien n'est épargné pour per
dre dans l'esprit des électeurs les mem
bres les plus méritants de la législature.
A défaut de griefs réels leur charge,
on en invente d'imaginaires. Noblesse de
caractère, probité, services rendus au
pays, connaissances peu communes, rien
ne peut sauver un candidat de la pros
cription prononcée par les chefs du parti
contre tous ceux qui n'adoptent pas leurs
idées soi-disant progressives.
Nous avons la conviction intime que
les électeurs n'écouteront point les sug
gestions intéressées des meneurs du parti
libéral. Ce serait vraiment être dupe
que de s'imaginer qu'une majorité idées
exclusives ferait mieux les affaires du
pays que la majorité actuelle, qui depuis
notre émancipation politique s'est mon
trée constamment la hauteur de sa
mission.
Nous publions avec une satisfaction que
partagera toute la ville un arrêté royal du
22 de ce mois.
Si quelques organes de la presse ont
pensé que le gouvernement prodigue en
certaines circonstances la croix de Léo-
pold, nous pouvons affirmer que chacun
aura de l'approbation pour l'acte ministé-
On s'abonne Yprpg, Grand'-
Place, 3-1, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'iBOWEMEAT,
par trimestre^
Pour Ypresfr. 3
Pour les autres localités
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Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES I.YSERTIOXS.
centimes par ligue. Les ré
clames, 33 centimes la ligne.
vérité et justice.
En 1817, deux Anglais débarquèrent un matin
a Ostende, ville tombée dans le néant depuis 1792
jusqu'en 1814:mais que la paix fit sortir de ses
ruines, en le choisissant pour le point de départ
et d'arrivée des paquebots qui relient Bruxelles,
Anvers et les provinces du Rhin a la Grande-Bré-
tagne denombreusesaubergess'ouvrirent, l'herbe
qui croissait dans les rues fut fauchée, la rade, si
longtemps déserte, s'anima, et une suave odeur de
guinées, de florins, de thalers se répandit tout
autour de la vieille cité flamande.
L'un de ces Anglais était court, trapu, rouge;
l'autre était long, sec, pâle; ils déclarèrent se
uommer Richard Mowbray et William Feathe-
rington. Leur âge, quarante-cinq ou quarante-huit
ans; leur tournure, celle de gens comme il faut;
leurs passeports parfaitement en règle et revêtus
du grand sceau de la légation neérlandaise Lon
dres.
Ils se firent conduire, aussitôt qu'ils eurent mis
pied terre, chez le sieur Van Rysoort, tenant
l'hôtel de l'Escaut, rue de Sainte-Gudule. C'était
un hôtel de second ou de troisième ordre, tout au
plus. Ils se firent donner les meilleurs apparte
ments de tout l'hôtel; ils dépensèrent beaucoup
d'argent; le cuisinier du lieu leur apprêta un dé
testable dîner qu'ils déclarèrent excellent; ils de
mandèrent huit bouteilles de vin et du meil
Van Rysoort leur envoya un petit vin d
aigrelet, et il eut l'aplomb de leur présent^- comice
un Château-Margaux du prix de dix lïancs"
bouteille; les deux insulaires parurent fi
faits et payèrent, rubis sur l'ongle, sans
moindre observation.
L'aubergiste était peu habituée semblable
façon d'agir, quoiqu'il eût déjà rançonné outre
mesure quelques enfants d'Albion tombés entre
ses griffes; sa surprise fut grande; sa satisfaction ne
fut pas moindre. Il craignait cependant de voir,
d'un instant l'autre, ces agneaux la toison d'or
lui échapper et se diriger sur Bruxelles; il n'était
pas possible de supposer que des étrangers eussent
passé la Manchese fussent déplacés dans le seul
but de voir Ostende.
Les Anglais ne manifestaient cependant aucun
désir de s'éloigner; ils entendaient constamment
partir des diJj^^sAls^. témoigner la moindre
envie d'arr/wf leqrvpl^W ils paraissaient peu
jmpressés dAé montrer «ripublic; chaque jour, ils
rtaient dç la ville, aibWit faire une longue
Dmenade dans la.qaritpàgne,. rentraient, fu-
'aient, buvaiènL'tttaqaéaient, lisaient les jour
naux, dormaieut et ne faisaient rien le reste du
temps. Personne ne venait les voir; ils ne re
cevaient aucune lettre. D'ailleurs ils payaient fort
exactement, et tous les trois jours, un compte dont