I
JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2686.
"JPP.2S1" Juillet.
26me année.
vérité et justice.
Pour quiconque ne se laisse pas entiè
rement aveugler par l'esprit de parti, la
mesure que M. Nothomb vient de prendre
l'égard de Y Indépendant n'a pas besoin de
justification. Elle est un acte de propriété,
et voilà tout. La chose est tellement claire
qu'on est en droit de penser que si le décès
de ce journal a soulevé un véritable orage
dans la presse exclusive, c'est peut-être
moins l'antipathie contre le pouvoir, que
l'appréhension d'un sort semblable celui
de feu l'Indépendantqui a fait pousser de
si hauts cris. Et cette peur, comme on l'a
vu, n'est peut-être pas tout-à-fait sans fon
dement. Si nous en croyons les journaux,
déjà quelques-uns des actionnaires de la
Revue nationale se disposent demander la
dissolution de l'acte de société qui les lie,
et une consultation sur la matière se rédige,
dit-on, en "ce moment. Qui sait si dans peu
de jours ce ne sera pas le tour de VObser
vateur? La position de ce Moniteur du parti
présente également une anomalie assez
choquante puisqu'il est avéré que parmi
ses propriétaires il en est plusieurs dont il
est loin de posséder les sympathies. En
vérité, on s'effrayerait de moins.
Quoi qu'il en soit, moins de renverser
toutes les notions un propriétaire ne sau
rait encourir de blâme pour user de sa
propriété comme il l'entend Qui paie,
commande. C'est là une vérité admise par
tout. Toutefois, puisque nous vivons dans
un temps où il faut, pour ainsi dire, prou
ver l'évidence elle-même, nous nous per
mettrons de faire une supposition afin de
convaincre les esprits les plus obtus.
Il y a deux ans, quelques hommes in
fluents de notre cité s'avisèrent de créer
un nouveau journal, qu'ils baptisèrent du
beau nom de Progrès. La rédaction en fut
confiée des écrivains nourris de la plus
pure doctrine du néo-libéralisme. Ces mes
sieurs furent chargés de propager deux
fois par semaine toutes les idées écloses
dans les têtes les plus fortes du parti. Ils
se mirent bravement l'œuvre et usèrent
largement du privilège octroyé de par le
Grand-Orient aux plumes libérales de s'é
carter sans façon des principes delà vieille
logique. Il fallait tout prix persuader
aux hommes les plus revêches que hors
du libéralisme exclusif il n'y a point de
salut pour notre chère Belgique; il fallait
faire accroire que toutes les vertus sont
l'apanage des libéraux, tous les vices celui
de leurs adversaires. Le clergé belge se
montrant assez récalcitrant, on devait, au
moyen des insinuations les plus capables
d'impressioner le public, s'efforcer de rui
ner son influence usurpée. On ne devait
pas négliger, non plus, de flatter les pas
sions les plus honteuses, et cela pour la
bonne raison que l'esprit cède bien vile
aux suggestions libérales lorsque le cœur
est gagnéVoilà en abrégé le pro
gramme que le Progrès s'est obligé suivre
dès l'instant de sa naissance.
Y a-t-il été fidèle jusqu'ici? Nous le pen
sons, et le public, d'après les échantillons
du savoir-faire de notre jeune confrère
que nous lui avons mis parfois sous ses
yeux, en jugera sans doute comme nous.
Oui, les fondateurs du Progrès ont lieu
d'être contents de leurs mandataires. Mais
si ceux-ci (c'est le point dont il s'agit), au
lieu d'attaquer le pouvoir tort et tra
vers, s'étaient bornés le blâmer lorsqu'il
s'écarte des voies constitutionnelles; si ces
mêmes rédacteurs s'étaient refusés tra
duire le clergé, tantôt comme aspirant
avec ardeur au monopole de l'enseigne
ment, tantôt comme une vile caste ennemie
jurée de toute instructions'ils avaient cessé
un instant de harceler le parti-prêtre et de
l'accuser d'ambition, de cupidité, de fana
tisme, de despotisme, d'immoralité, etc.,
etc.; si dans l'intérêt des mœurs, le Progrès
s'était abstenu, de préconiser les produc
tions les plus infâmes; s'il n'avait pas cons
tamment donné des feuilletons souvent
impies, toujours obscènes et frivoles; si,
eu un mot, il avait été infidèle sa mis
sion, les actionnaires de cette feuille n'au
raient-ils pas le droit de lui rappeler ses
obligations et, en cas de rébellion de sa
part, de lui retirer tout subside? Eh! sans
aucun doute; et, personne, notre avis,
ne pourrait y trouver redire.
Eh bien! ce qui serait loisible aux fon
dateurs du Progrès, doit être permis ceux
de l'Indépendant, ou de toute autre publi
cation.
Le rédacteur en chef de Y Indépendant
annonce qu'il vient de former une société
en commandite par actions, pour la publi
cation d'un nouveau journal, qui paraîtra
le i" juillet sous ce titre C Indépendance
belge.
Le tir au Roi de la société de Guillaume-
Tell qui devait avoir lieu le 28 mai dernier
et qui a été remis cause du mauvais
temps, vient d'être fixé de nouveau au 2
juillet 1843.
On nous écrit de Dranoutre
Monsieur J. Louf, bourgmestre Dra
noutre, atteint depuis plusieurs années
d'une affection du cœur, vient de succom
ber subitement et instantanément une
attaque d'angine de poitrineau milieu
d'une assemblée d'amis qu'il avait réunis
sa table pour célébrer la kermesse du
village. Des accès aussi dangereux s'é
taient déjà manifestés chez lui différentes
reprises; mais avec de longues intermis
sions complètes et sans autres altérations
sensibles de la santé. La mort le surprit
sans le moindre pressentiment sinistre et
avec la rapidité de l'éclair au milieu d'une
conversation qu'il eut avec l'un des convi
ves. La perte d'un homme aussi estimable
et aussi généralement aimé a plongé dans
le deuil le plus douloureux, non seulement
une famille, non seulement une commune;
mais toute la contrée environnante aussi
loin que son nom ait pu être connu.
On écrit de Bruges, le 28 juin Près
de cinq cents ouvriers sont occupés au
creusement du canal deZelzaete; aussi les
travaux avancent assez rapidement et ont
même déjà commencé sur un développe
ment de près de cinq mille mètres, de
sorte qu'ils sont poussés jusque près de la
chaussée de Bruges Westcapelle.
Les creusements ont mis nu sur
toute l'étendue des travaux et peu près
au même niveau, une couche de tourbe.
Près du village d'Oostkerke et sur une
étendue de plus de deux mille mètres sous
cette tourbère, se trouvent des débris d'une
vaste forêt de chênes et de sapins ou au
tres bois blancs.
Dans plusieurs endroits les troncs des
arbres ont disparu, mais dans d'autres
aussi ils se retrouvent gissant pêle-mêle
dans le sol. 11 faut donc bien admetlre que
le niveau des terres du nord de Bergues a
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