JOURNAL DÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2741.
Mercredi, 10 Janvier, 1844.
27me année
La marche suivie par les organes du
parti libéral est bien faite pour inspirer le
plus profond dégoût chez les hommes im
partiaux. Ces soi-disant redresseurs des
torts dont selon eux le parti clérical se rend
coupable tous les jours, se montrent de
plus en plus amis du mensonge et du
scandale. Lisez la première feuille exagérée
qui vous tombe sous la main, qu'y verrez-
vous? Sans parler de la manie qu'elle a de
trouver détestable tout acte émané du pou
voir actuel, vous y rencontrerez sûrement
ce qu'il y a de plus contraire aux bonnes
mœurs, de plus outrageant pour la reli
gion et ses ministres. C'est par là, on peut
le dire, que le faux libéralisme se recon
naît aujourd'hui plus que jamais. Divisés
sur tout le reste, ses partisans s'entendent
admirablement pour propager la licence
et l'irréligion. On connaît les journaux-
romans et les feuilletons du jour. Tout y
respire les passions les plus dangereuses.
L'amour sensuel et son hideux cortège, les
duels, les assassinats, les empoisonne
ments, voilà ce qu'on y offre sans cesse en
pâture aux lecteurs de toutes les conditions.
Et ces infâmes corrupteurs de l'innocence
se vantent de mieux comprendre la morale
que l'épiscopat lui-même! Mais, non, ils
ont la conscience de faire mal, ils l'ont
avoué naguère, mais ils sèment le poison
pour prolonger une vie menacée par la
concurrence! En vérité, après être descen
dues si bas, ces feuilles immondes de
vraient, ce semble, rabattre un peu du
ton plein d'arrogance qu'elles prennent si
volontiers.
Du reste, si dans les productions libé
rales l'immoralité se prêche ouvertement
et par calcul, elles ont un autre défaut des
plus choquants. Nous voulons parler de
lempressement que le parti met publier
sans discernement tout ce qui peut jeter
du ridicule ou de l'odieux sur les amis des
bons principes. Dans le but de nuire ses
adversaires il dénature les faits les plus
simples, et au besoin il sait en inventer de
bien propres ses fins. C'est une véritable
industrie largement exploitée par l'Obser
vateur et ses acolytes, parmi lesquels le
Progrès d'Ypres tient sans contredit un
rang distingué. Il est vrai que d'ordinaire
les démentis ne se font pas attendre; mais
qu'importe? On a calomnié, il en restera
toujours quelque chose.
Et pour que nous-mêmes nous ne pas
sions pour des calomniateurs, le Progrès
que nous venons de nommer, n'a-t-il pas
trouvé bon d'insérer souvent les nouvelles
les plus hasardées? Entre autres, il a fait
grand bruit des visites inquisitorialesqui
se sont permises, selon lui, Sibret les
inspecteurs des écoles primaires, et voilà
que l'instituteur lui-même, la prétendue
victime d'une tyrannie sans exemple, vient
justifier les accusés. Et il se trouve que le
dénonciateur, le sieur Piron, a voulu don
ner des proportions gigantesques une
très-petite affaire d'amour-propre blessé.
Le même journal exclusif n'a pas man
qué de copier la fable, inventée Paris,
des jésuites anglais et français festoyant
Oscott le duc de Bordeaux. Il vient encore,
le véridique journalde traduire devant sa
barre l'évêque de Namur. Il ose accuser
ce prélat d'avoir injustement voulu enlever
aux héritiers d'un de ses curés les biens
que celui-ci devait leur laisser après sa
mort. Si le fait n'est pas entièrement con-
trouvé, on peut au moins assurer hardi
ment que YEclaireur de Namur, et après
lui, le Progrès, veut tromper ses lecteurs
en taisant les circonstances qui auront
forcé l'évêque d'agir comme il l'a fait.
Avant de prendre le parti du curé récalci
trant, la feuille namuroise eût dû prouver
en règle que la fortune de celui-ci lui ap
partenait réellement en propre. S'il n'en
est que le dépositaire, comme il est pré
sumer, l'évêque est dans son droit en exi
geant qu'elle retourne l'église, proprié
taire primitif.
En voilà assez pour faire voir combien
il faut être défiant par rapport aux nou
velles d'une certaine espèce, quand on les
rencontre dans les feuilles du parti libéral.
LES VOEUX DE NOUVEL AN.
Oïl «'abonne Vprea, Grand'-
Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume
PRIX DE L'àBOXIEKEIT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 4SD
Prix d'un numéro
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES ISSEBTIOIg.
4 3 centimes par ligue. Les lé-
clames, tl centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7PSSS, 10 Janvier.
Le Moniteur parisien, eosuite le Journal des
Débats, puis quelques-uns de nos journaux ont
raconté que le duc de Bordeaux avait reçu l'hospi
talité en Angleterre, dans le collège d'Ascott, tenu
par des Jésuites que Mgr. Wiseman, qui lui a
fait les honneurs, est provincial de l'Ordre qu'il
s'y trouvait cinq jésuites français. Tout ce que
nous venons de souligner est faux. Qu'est ce que
cela fait Ne s'agit-il pas des Jésuites et les défen
seurs du monopole universitaire devaient ils se
montrer si délicats, eux qui ont rattaché avec tant
de perfidie aux réclamationsde l'épiscopat relatives
h ce monopole, la conduite imprudente de quel
ques Français passés en Angleterre, propos de la
présence du duc de Bordeaux en ce pays? Mais
laissons parler l'Univers
Le Journal des Débatsd'après le Moniteur
Parisien, dit que l'établissement en question est le
collège d'Ascott. S'il avait inventé lui-même les
détails qu'il publie, il aurait dumoins écrit Oscott.
Il dit que ce collège est dirigé par des Jésuites, et il
fait de Mgr. Wiseman, le R. P. fViseman, pro
vincial de l'ordreea Angleterre. Il n'y a personne
qui ne sache que la maison d'Oscott est dirigée par
des prêtres séculiers que Mgr. Wiseman ancien
recteur du collège des prêtres séculiers Rome, est
aujourd'hui éiêque co-adjuteur d'un des vicaires
apostoliques de l'Angleterre, et qu'un jésuite ne
peut pas être évêque. Le Moniteur parisien as
sure et le Journal des Débats répète que cinq
jésuites Jrançais assistaient 'a une représentation
des premières scènes d'Alhalie, donnée au duc de
Bordeaux par les élèves d'Oscott il sait très bien,
lui, qui a dressé avec tant de soin la liste des pèle
rins de Londres, qu il n'y avait pas parmi eux un
seul jésuite; nous ajoutons^u'aucun jésuite fran
çais n'habite l'Angleterre, et qu'aucun jésuite,
même anglais, ne se trouvait Oscott en même
temps que le duc de Bordeaux.
Le Journal des Débats n'a point cependant
inséré par mégarde la ridicule narration du Moni
teur parisien, car il l'a corrigée. Ce dernier avait
cru embellir sa description d'une image pittoresque,
en disant Les R. P. jésuitesqui étaient fort
nombreux, ont vivement agité leurs tricornes
•ertains passages séditieux d'Aiha/ie. Le Jour
nal des Débats qui possède son Angleterre, et qui
n'ignore pas que le tricorne y est inconnu, a laissé
les nombreux jésuites, mais il a mis qu'ils avaient
agité vivement leurs chapeaux.
Voilà où en sont, eu fait de raison, les ennemis
de l'Eglise et les amis de l'Université. Si les catho
liques de France acceptent le joug de ces hommes,
il faut le redire avec M. de Montalembert ils
l'auront mérité!
A chaque renouvellement de l'année, comme
chaque anniversaire de sa naissance, le Progrès
regarde derrière lui pour se rendre compte de là
route qu'il a suivie, du chemin qu'il a par
couru.
La feuille qui se livrerait un pareil examen
avec l'intention siucère d'apporter sa conduite
les améliorations nécessaires et de la
tout ce qui peut-êtr^nuisible la socié
i-C-J