No 2760. 27me année. 7PB.3S, 16 MARS. On a enfin reçu la nouvelle de la sou mission d'Alicante. La ville et sa garnison se sont soulevées contre le chef Bonet, qui a pris la fuite. Alicante et ses forts sont entre les mains des troupes royales. Le général Roncali s'est probablement déjà porté avec son corps d'armée sur Carlhagène, pour renfoncer les troupes du blocus. Cette ville capitalisera sans doute aussi bientôt; si les événements ne trompent pas les prévisions, tout porte croire que l'Espagne sera pacifiée quand la reine Christine fera son entrée Madrid. Elle y est attendue avec impatience, et de brillants préparatifs s'y font pour la rece voir. La reine, impatiente de revoir son auguste mère, s'est portée sa rencontre jusqu'à Aranjuez. Le général Narvaez l'ac compagne dans son excursion avec un régiment appartenant la garnison de Madrid. Les Français établis au Mexique ont adressé au ministre des affaires étrangères Paris, un mémoire où ils exposent leurs griefs contre le gouvernement de Santa- Anna. Ces griefs sont nombreux; ils sont tous tirés de la situation exceptionnelle où sont placés les négociants français, par suite des mesures arbitraires prises depuis quelquesannées parlegouvernement mexi cain, et qu'il refuse obstinément de retirer. On a reçu de Constantinople des lettres en date du 21 février. Elles ne confirment pas la nouvelle d'un soulèvement en Syrie, annoncée par un journal français. Les nouvelles de Bucharest sont d'un mauvais augure pour le gouvernement du pri nce Bibesco. L'opposition recrute cha que jour de nouveaux partisans, et n'était la crainte de la Russie, il est probable que les bojars n'hésiteront pas tenter un coup de main. Le voyage de la reine Christine est une véritable marche triomphale. Partout se manifestent, sur son passage, des signes non équivoques de la joie qu'excite son retour en Espagne. D'après les nouvelles du 6 mars, reçues de Goritz, il ny a plus aucun espoir de conserver le duc d'Angoulême. Le prince d'Oellingen-Wallerstein, qui est en ce moment Paris, est chargé, dit-on, par le roi de Bavière d'ouvrir avec la France l'Angleterre et la Russie, des négociations sur l'article de la charte grecque qui oblige le successeur du roi Othon a professer la religion grecque. Il s'agit de décider S. M. ne pas ratifier cette clause, qui empê cherait, selon toute apparence, le prince Léopold de Bavière d'accepter l'héritage de son frère. Les cabinets de Londres et de Paris entreront sans nul doute dans les vues du prince de Wallerstein; mais il n'est guère probable qu'il obtienne l'appui de l'empéreur Nicolas. On a reçu des nouvelles de Lisbonne jusqu'au 2 mars. Le comte de Bomfin tenait encore Ameïda le 27 février, avec les troupes insurgées. Le vicomte de Fon te-Nova et le baron de Leiria occupaient, avec les troupes de la reine, tous les points environnant la place. Le bruit a couru hier la bourse de Paris qu'une émeute a éclaté Madrid, après le départ de la reine et du général Narvaez pour Aranjuez. On disait même qu'une partie des troupes, gagnée d'avance, avait faitcausecommune avec les insurgés. Cette nouvelle, on le pense bien, a besoin de confirmation. On se souvient que les journaux de Ma drid ont annoncé que M8' Cappaccini avait été chargé parle Saint-Siège d'une mission extraordinaire près du gouvernement es pagnol. Cette nouvelle est démentie par une correspondance adressée de Rome la Gazette d'Augsbourg-qui annonce aussi le prochain retour de M8' Capaccini dans la capitale du monde chrétien. Voici comment un journal belge répond un journal de Paris On s'abonne Yprea, Grand'- Place, 31. vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Roy au rue. PRIX DE L'.tBOXXEMEIT, par trimestre, Pour Ypres fr. 4 Pour les autres localités 44* Prix d'un numéro n Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES EVSERTIOXS. Il centimes par ligue. Les lé- clames, »S centimes la ligne. REVEE POLITIQUE. On sait avec quelle ignorance naïve et étourdie la presse française apprécie la situation de notre pays. A voir les travers de ce genre dans lesquels elle donne a chaque instant, on dirait que la Bel gique est h quelques mille lieues de France, et qu'il est aussi difficile de savoir ce qui s'y passe que de connaître les événements qui s'accomplis sent en Chine ou au Japon. C'est ainsi que nous trouvons dans le dernier numéro du Siècleuu article sur la loi du jury d'exatnen, qui dépasse en inexactitude tout ce que nous avons lu jusqu'ici relativement a notre pays dans les journaux français. Le Siècle croit évi demment qu'en Belgique il n'y a pas d'universités de l'État; il assure que le pouvoir n'exerce sur les établissements d'éducation qu'un droit général de police. De là, dit-il, le clergé qui s'est attri- bué le monopole de l'enseignement, tire la conséquence que le gouvernement n'a pas le droit de choisir h son gré les examinateurs, conséquence parfaitement absurde. Absurdeousi les choses se passaient comme le Siècle les arrange; mais il s'en faut qu'il en soit ainsi; il s'en faut que le clergé ait le monopole de l'enseignement, puisque, sur quatre élablissemenls d'instruction supérieure, deux appartiennent l'État et un troisième nne société secrète, hostile aux idées religieuses il s'en faut qu'on dénie au gouvernement le droit de choisir son gré les examinateurs, puisque jusqu'ici il a concouru leur nomination avec les chambres et que personne ne songe lui ôter la part qu'il y a eu jusqu'à présent. Mais ce qu'on ne veut pas, c'est que le gouvernement soit la fois juge et partie dans sa propre cause; ce qu'on ne veut pas, c'est le régime injuste et oppresseur qui existe en France, où le ministre, chargé de veiller la liberté d'enseignement, est en même temps grand- maître de l'Université et se trouve, par cette double qualitédans l'impossibilité d'être im partial. Le Siècle oserait-il dire, la main sur la conscience, que le régime français est un régime libéral, un régime digne d'une grande nation qui, depuis un demi-siècle, a fait cinq ou six révolu tions pour conquérir la liberté? Nous ne savons ce que nous devons admirer le plus dans ce journal, ou son ignorance des faits ou l'outrecuidance avec laquelle il en tire des consé quences absurdes. Le Sièclequi ignore que le jury existe en Belgique depuis neuf ans et que la nouvelle n'a pas pour but de le créer de toutes pièces, comprend très bien, dit-il, les motifs de la résistance du clergé belge la loi proposée par M. le ministre de l'intérieur. Dans la crainte d'abrutir les générations par la science et de les démoraliser par les lettrescomme dit un de nos évêques, les instituteurs de la jeunesse, en Belgique, lui font faire en général les plus pitoyables études. Or, si les diplômes étaient distribués par des jurés impartiaux, mais capa- bles, et non par des complaisantsil deviendrait peu près impossible de dissimuler l'ignorance de la plupart des élèves et celle d'un bon nombre de professeurs. Le Siècle se flatte quand il assure qu'il com prend quelque chose aux institutions de notre pays. II n'y comprend rien du tout, et ce qui le prouve, c'est qu'il calomnie la fois les hommes honorables qui enseignent dans nos universités et ceux qui ont jusqu'ici fait partie du jury d'examen.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1844 | | pagina 1