Lundi 11 de ce mois, la foudre est
tombée sur la tour de l'église de Thourout,
qu'elle a fortement endommagée, elle a
pénétré dans l'intérieur et a brisé deux
poutres. Il paraît qu'il y a eu un commen
cement d'incendie qui a été éteint par une
averse qui a suivi immédiatement. Le
dommage est évalué 1,000 francs, le clo
cher est assuré par la compagnie d'Assu
rances Générales de Bruxelles pour la
somme de 80,000 francs.
On écrit de Nieuport, le 13 mars
Je viens d'apprendre l'instant qu'un
brick chargé de vins a fait naufrage entre
la Panne et Coxyde. On a vu l'équipage se
jeter dans le canot, mais la frêle embarca
tion ayant sombré dans les brisants, aucun
être vivant n'a pu gagner la côte. Ce navire
est Y Aimable société de Méan, capitaine Ni
colas.
Les eaux sont encore fort élevées dans
l'Yser et malgré la coupure effectuée la
digue de cette rivière, par les ordres de M.
l'ingénieur Foret, on craint qu'il n'y ait
encore des inondations, surtout vers le
Saint-Joris polder.
Les travaux de la nouvelle écluse sont
entièrement submergés; l'entrepreneur M.
De Rudder, aura donc supporter de
grands dommages de ce chef.
Par un temps des plus mauvais est
venu se perdre sur la cote de Klemskerke
près de Blankenberghe, le 11 du courant
huit heures du soir le koff belge Actif
chargé de 104 tonneaux, commandé par
J. Vandenbroucke. L'équipage exténué de
fatigue, est parvenu non sans peine se
sauver vers minuit dans le canot. Le capi
taine se trouve dans un état désespéré.
On écrit de Gand, 13 mars Un
commencement d'incendie a eu lieu hier
vers 8 heures du soir, rue du Poivre, dans
les maisons nos 23 et 25, occupées par MM.
Bernart et Bourguignon. Les pompiers
sont accourus de suite et ont promplement
maîtrisé le feu. Le dommage, causé par
les flammes, n'est pas considérable, mais
les habitants desdites maisons ont éprouvé
un assez grand préjudice par le bris d'une
partie de leurs meubles, que les impru
dents ont jetés sans nécessité aucune dans
la rue.
Un arrêté royal approuve l'état dressé
par la députation permanente du conseil
provincial de la Flandre-Occidentale et
relatif aux demandes formées par les con
seils communaux de Coolkerke, Oostkerke,
Leysele, Wulveringhem, Isenberghe, Vin-
chem et Eessen, tendant obtenir l'auto
risation de contracter des emprunts desti
nés couvrir des dépenses de pavement'
et d'empierrement de chemins vicinaux,
et dont le remboursement s'effectuera au
moyen du produit des centimes addition
nels extraordinaires aux contributions di
rectes, dont la perception a été autorisée
au profit de ces communes par arrêtés
royaux du 4 décembre 1843.
Un préfet français qui va publier un
livre sur Y administration, raconte l'anec
dote suivante pour faire voir l'ignorance
de certains maires. Lorsque j'étais pré
fet de la Dordogne, dit-il, un maire me
donna, dans une de ses lettres, le titre
à'éminence. A quelques jours de là, j'al
lai rendre visite l'évêque de Périgueux,
le vieux et spirituel Mgr. de Loslanges.
Monseigneur, lui dis-je, me voilà cardinal.
Mon cher préfet, me dit il en riant le gai
vieillard, j'en félicite le sacré collège; mais
Nous avons lieu d'être surpris qu'il ne soit
trouvé en Belgique un journal qui ait osé répéter
les assertions calomnieuses du Siècle. Il est vrai
que ce journal c'est Observateur, cet ami fervent
de la liberté d'enseignementa la manière
des universitaires de France.
Au reste, ne nous plaignons pas de tous ces
excès ils ne peuvent qu'être utiles a la cause de la
liberté d'enseignement plus la loi nouvelle trou
vera de partisans en France, plus elle en prendra
chez nous. Il ne lui manque plus que l'approbation
du Constitutionnel pour être complètement per
due dans l'esprit public.
Outre Y Observateur il s'est trouvé a Ypres un
antre écrivailleur assez éhonté pour reproduire
l'article du Siècle. Oui, a Ypres, dans cet Eldorado
du néo-libéralisme, où celui-ci a partout la hante
main, et spécialement sur l'instruction salariée par
la commune! On y ose imprimer que le clergé a le
monopole de l'enseignement? Et le collège com
munal donc!clérophobie!
Puisque le Progrès connaît si mal son propre
pays, au lieu de vouloir s'instruire aux lumières
clu Siècle, il fera mieux de s'adresser Y Univers,
autre feuille de la capitale de France, qui est bien
autrement initiée a nos institutions publiques.
Celle, en répondant a un article du Journal des
Débats, s'exprime ainsi sur la grave question qui
nous occupe
Les hommes du vieux libéralisme sont partout
les mêmes, partout ils détestent et combattent la
liberté. Tandis que M. Villemain viole, aux ap
plaudissements du Constitutionnel, du National
et des Débats, l'article 69 de la Charte, le minis
tère belge, encourage, paraît il par l'exemple de
nos gouvernants, cherche se rattacher les libéraux
en portant atteinte cette liberté d'enseignement
que la Belgique a si péniblement conquise et dont
elle a déjà retiré de si précieux avantages. Voici de
quoi il s'agit
Le jury devant lequel se passent les examens,
en Belgiqne, est composé de sept membres,
choisis deux par la chambre des représentants,
deux par le sénat, trois par le gouvernement. Le
projet de loi que M. Nothomb, ministre de l'inté
rieur, a présenté le 21 du mois dernier, a pour but
d'attribuer au gouvernement seul le choix des
examinateurs composant chaque jury. Voilà ce
projet en substance, et tel qu'il est perfidement
analysé par le Journal des Débatsqui, pour
tromper les gens de bonne foi, ne craint pas
de paraître ignorer les premiers mots des choses
dont il parle. C'est ce que nous allons prouver.
En vertu même de la liberté absolue d'ensei
gnement, du droit commun, le gouvernement belge
a fondé deux universités de l'Etatcelle de
Gand et celle de Liège. Or, quel est le chef,
le directeur, le grand-maître de ces deux univer
sités? C'est le ministre de l'intérieur.
Eh bien c'est ce même ministre que le
projet de loi veut confier le privilège de nommer
tous les membres du jury universitaire. L'atteinte h
la liberté n'est-elle pas flagrante? Quoi! ce sera le
chef des établissements de l'État, l'homme le plus
intéressé h leurs succès, leur supériorité, qui
pourra prononcer en dernier ressort sur les élèves
des établissements rivaux: Cette disposition, que le
Journal des Débats passe hypocritement sous
silence, explique seule et explique parfaitement
l'ardente sympathie qu'il montre pour l'œuvre
réactionnaire de M. Nothomb.
Nous n'hésitons pas le dire si ce projet était
converti en loi, la liberté d'enseignement serait
gravement compromise en Belgique. Sans doute, il
resterait encore chacun le droit d'ouvrir une
école et même de créer une université libre, et la
position des catholiques belges serait toujours
digne d'envie, comparée a la nôtre; mais il est
évident aussi que YUniversité de l'État, forte
d'une première usurpation né tarderait pas a en
tenter de nouvelles, et ne s'arrêterait que le jour
où elle aurait constitué son monopole. Ce résulat,
le Journal des Débats le prévoit comme nous.
On sait que les évêques de la province de Paris
ont adressé au Roi un mémoire collectif en faveur
de la liberté d'enseignement. Ce mémoire, écrit
avec autant de mesure que de force, a fait une
vive impression sur le public. Ne pouvant réfuter
les raisons de l'épiscopat, le gouvernement fran
çais vient d'avoir recours a un autre moyen. M.
Martin (du Nord) publie dans le Moniteur une
lettre dans laquelle il cherche a établir que la
démarche des évêques est illégale, et pour cela il
se fonde sur une loi qui défend a l'épiscopat
toute délibération dans une réunion non auto
risée'
Ainsi les évêques ne pourraient plus signer, en
commun, la même supplique; mais s'ils en faisaient
une, chacun de son côté, l'illégalité cesserait! On
voit que jamais chicane plus absurde n'a été
suscité l'épiscopat.
I.a lettre que M. Martin (du Nord), garde-
des-sceaux, a écrite aux évêques de la province de
Paris, n'a jusqu'ici été approuvée que par le
Constitutionnel. Aucun journal ne fait remarquer
ce qu'il y a d'inouï dans cet acte sous le régime
de la charte actuelle, qui permet au moindre ci
toyen d'adresser des pétitions au gouvernement
ou aux chambres. On prétend, du reste, qu'elle
n'a été écrite que pour éviter la nécessité d'une
dislocation ministérielle, un des membres du
cabinet, M. Villemain, menaçant de se retirer si
le gouvernement ne prenait pas sur lui de blâmer
l'acte posé par les évêques de la province de Paris.
On assure, d'un autre côté, que l'on doit retirer
la loi sur l'instruction sécondaire. Le priucipal
motif de ce retrait, serait que la commission de la
chambre des pairs veut séparer le ministère de
l'instruction publique des attributions du grand-
maître de l'Université.
Cette confusion d'attributions est en effet la
source principale de tous les vices qui existent et
qu'on veut conserver dans la législation française.
On aura beau faire toutefois on ne parviendra
plus a rapetisser cette question de l'enseignement
en France. Elle est populaire aujourd'hui, et plus
on retardera la solution qu'elle doit avoir, plus on
aigrira le» esprits, plus la position du gouverne
ment deviendra difficile et odieuse.
Nous lisons dans la Gazette de Metz, du 7
mars La pétition pour la liberté d'enseignement
doit partir demain soir pour Paris; d'ici là nous
aurons sans doute encore des nouvelles signatures.
Un nombre considérable de personnes les plus
notables de l'importante commune de Rombas se
sont associées cette manifestation en faveur de
la plus chère, de la plus juste de nos libertés.
A Chambley, la pétition a trouvé de vives
sympathies, et plusieurs membres du conseil muni
cipal et des électeurs y ont adhéré. Nous avons
aussi des adhésions de Thionville, de Soigne, de
Fèves, d'Inglande,'de Thitnouville, de Viouville,
de Hautconcourt, etc., etc.