JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 2769. 27me année. 7PRSS, 17 Avril. On mande de Bruges, le 15 avril Le nommé Pierre Rosseel, âgé de 15 ans, demeurant chez ses parents Cour- trai, prit une bouteille qu'il croyait con tenir de la liqueur et en avala une dose assez forte. A peine en eût-il bu qu'il s'aperçut que c'était du vitriol et courut aussitôt chez un médecin; mais tous les secours furent vains, le malheureux enfant succomba ses horribles souffrance. Le typhus et la dissenlerie régnent dans l'hôpital S'-Jean, M. le gouverneur s'y est reudu, la semaine passée, accom- On s'abonne Vprès, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Boyau me. PB1V DE l.'tI10\\EKE\T, par trimestre, Pour Ypresfr. 4OD Pour les autres localités <1 Pria, d'uu numéro Tout ce qui conceme la rédac tion doit être adressé l'Editeur Ypres. Le Propagateur parait le MAMKDI et le REM'BEM de chaque semaine. l'KIE DES I.ANERTIOVN 3 3 centimes par ligne. Les lé- clames, 33 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. D'DY CEBTAI3 C.«THSLI{IIE, ET DE LA DÉFE\SE DE CERT4IX8 J41RXAIX. Ce n'est pas d'aujourd'hui que sont nés ces pré tendus catholiquesqui sous le masque d'un zèle sincère pour la religion, s'arrogent le droit de juger l'Eglise et de la condamner sans pitié. On a vu dans tous les temps des hommes remplis d'eux-mêmes, faire la leçon aux autorités qu'ils devaient respecter et couvrir d'un respect hypocrite les actes les plus injurieux et les plus perfides. Nous ne nous éton nons donc guère, qu'un prétendu catholique, dont la ferveur ne nous est connue que par sa sympathie pour un journal évidemment hostile a la religion et a ses ministres, s'élève au nom de la religion contre une mesure qui a été prise en faveur de la religion, par ceux a qui les intérêts de l'Église ont été con fiés par Dieu même. Il est dans la nature des choses, que des fidèles de ce genre, atteints par les lois salutaires, que l'autorité compétente n'a portées que pour prévenir des dangers certains, et des chûtes funestes, se révoltent contre ces lois, et s'en plaignent comme d'une atteinte portée a la religion et la foi. Si ces lois sages et prudentes n'avaient mis obstacle a nn mal réel, elles n'auraient excité aucune plainte; c'est parcequ'elles touchent a une plaie sensible, qu'on les déplore de ce ton protec teur et hautain qui ne sied pas un enfant de l'Église, mais tout au plus un faux frère et a un adversaire caché de la religion. S'il y a quelque chose de pé nible dans toute celte affaire, c'est de voir qu'un prétendu catholique s'arroge le droit de juger ses supérieurs ecclésiastiques en matière de conscience, et d'imposer son opinion privée, al'Épiscopat tout entier. En vain s'efforce-t-on de donner le change au public. Il ne s'agit pas ici de questions politiques; jamais le clergé n'a imposé au nom de la religion une doctrine politique quelconque; il est libre h tous les chrétiens de choisir en cette matière et de préférer la démocratie a la monarchie la républi que h l'empire. Pourvu qu'ils observent les lois justes et légitimes auxquels ils sont soumis, ils n'ont aucun compte a rendre au clergé de leurs opiuions politiques. Ces opinions, considérées en elles-mêmes, sont indifférentes la religion, qu'on a vu fleurir sous toutes les formes du gouvernement par un effet de la protection divine, qui est indé pendante des événements et des opinions politi ques. Mais il s'agit ici d'une question religieuse, il s'agit de savoir, si l'on peut admettre aux sacré- ments de l'Église, des hommes qui sous prétexte de propager des idées politiques, sapent a grands coups les bases de la religion et de la morale; des hommes qui s'associent de plein gré h tous les excès d'une presse anonyme, immorale et impie; des hommes qui ont la singulière prétention d'être ca tholiques dans l'enceinte du saint Temple, et plus que payens dans les actes de leur vie civile. II s'agit de savoir s'il convient de favoriser des efforts qui tendent k décrier le clergé en masse, et d'étouf fer ainsi dans le peuple tout espèce de respect pour les ministres des autels, qui seuls apprennent au peuple a remplir ses devoirs religieux et civils-; il s'agit de savoir si la religion doit bénir ceux qui la maudissent, et répandre ses faveurs sur ceux qui la persécutent. Voila la question réelle; et l'Église est compé tente pour la résoudre; les prétendus catholiques, intéressés dans la matière, ne le sont pas. Quand on vient nous dire que des journaux comme l'Observateur, Y Indépendance, le Mé— phistophelès, le Progrèsne sont pas hostiles a la religion, on fait preuve ou d'une grande igno rance ou d'une grande mauvaise foi. Ces journaux combattent habituellement et les doctrines et les hommes qui soutiennent et défendent la religion en Belgique; s'il leur arrive de professer un cer tain respect pour la religion, c'est presque toujours pour couvrir une de leurs attaques et ajouter la perfidie a l'injustice. Les personnes qui ne sont pas en état de discerner tout ce qu'il y a d'hostile et d'injurieux k la religion dans l'esprit et la direction de ces journaux ne peuvent évidemment les lire saDs se laisser entraîner dans des écarts déplora bles. Le catholique Yprois, qui veut bien délivrer un brévet d'orthodoxie au Progrèset affirmer que ce journal n'a blessé aucun dogme, a sans doute oublié son catéchisme; un des premiers devoirs du chrétien, est d'obéir en matière de conscience aux chefs de l'Église; quoique les rédacteurs du Pro pagateur ne soient peut-être pas aussi profonds théologiens que ce singulier catholique, ils con naissent cependant assez la religion pour lui rap peler que le Sauveur a dit 'a ses disciples Celui qui vous écoute, né écoule; et qu'on lit dans le Nouveau 'I estainent Obéissez vos supérieurs. Il faut sans doute ranger parmi les dogmes le devoir de rendre k chacun ce qui lui est dû, et de respecter les propriétés légitimes. Et cependant, il yak peine quelques mois que le Progrès applau dissait a la spoliation la plus inique qui ait été laite depuis la révolution française, k la suppression des monastères d'Argovie, que les protestants mêmes ont signalé k l'indignation publique, comme une injustice criante et contraire a tous lès principes du droit naturel. Le Progrès a approuvé cette iniquité, que la religion et la^ustice naturelle condamnent! Veut-il d'autres preuves? qu'il se rappelle ces feuilletons sur la vie de S'-Ignace, qu'il emprunta k un journal' protestant, quoiqu'ils fussent farcis de blasphèmes et de moqueries impies; le culte des Saints, qui appartient sans doute aux dogmes delà religion, y était ouvertement attaqué. Mais nous aurions trop h faire, si nous entre prenions l'examen de conscience de ce journal. N'eut-on qu'a lui reprocher le ton de mépris qu'il affecte pour le clergé, ce langage irritant, ces ex pressions habituelles, nos cléricauxnos rétro gradesnos arriéréset autres gentillesses du même genre, on se rendrait facilement compte de l'opposition que ce journal rencontre de la part du clergé; car il est impossible que le clergé ne com batte pas des journaux, qui lui sont habituellement hostiles, et qui étouffent avec le respect du clergé l'amour de la religion, que le clergé représente. Du reste chacun connaît la valeur de ces conseils officieux. Jamais, dit-on, le fruit défendu n'a été plus goûté, et cette croisade aura pour conséquence immédiate de donner plus d'autorité morale aux journaux. Ainsi d'après ce catholique, ami du Progrès, la défense de lire les journaux impies et immoraux, aura pour effet de les faire goûter da vantage! La religion Monsieur le catholique ne tient pas k donner les Sacrements k de» hommes qui aiment plus le fruit défendu que le fruit pet m s; elle déplore sans doute leur aveuglement, mais elle doit vouloir qu'on ne les confonde pas avec les catholiques sincères, pour qui le fruit défendu n'a pas d'attraits. Dans un mouvement de dépit mal déguisé, on a l'air de promettre un nouveau succès aux mau vais journaux par suite de la défense qui a été faite; on adressait aussi ces menaces indirectes k la re ligion, lorsque les évêques défendirent aux catho liques de prendre part aux sociétés secrètes; et quel a été le succès de ces menaces? Chacun sait que le local de la Loge maçonnique d'Ypres, porte aujourd'hui l'inscription suivante \k L©(U)1E^<.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1844 | | pagina 1