JOURNAL D YPRESIT DE L'ARRONDISSEMENT.
Samedi, 29 Juin 1844
27me année
No 2790
?PRS8, 29 JUIN.
Le monopole universitaire est loin de
posséder les sympathies de la presse fran
çaise tout entière, libérale s'entend. Voici
ce que nous trouvons dans une feuille
parisienne qui n'appartient ni au parti
clérical ni au parti légitimiste. Ce sout
donc des aveux qui ne sauraient être sus-
fiects. Nous les livrons la méditation des
ibéraux belges, qui tout en vantant leur
amour pour nos institutions ont tant ap
plaudi la lui récemment adoptée par la
chambre des pairs.
On a accusé le corps clérical de se
mêler des affaires de l'État, ce qui n'est
apparemment permis qu'à ceux qui n'ont
ni instruction ni bon sens, et l'on n'a
pas réfléchi que l'esprit des laïques en-
soignants professe une politique radicale
bien autrement dangereuse que celle
de n'importe quelle communauté. Nous
ignorons si M. le ministre de l'instruction
publique sait ce qui se passe ce sujet
dans les collèges où il n'y a pas de prê-
très; mais il y a de quoi frémir des idées
révolutionnaires que rapportent aujour-
d'hui les élèves dans leurs familles, et
de l'orgueil républicain dont on les
voit pourris. Toute subordination, toute'
obéissance, tout respect envers la vieil-
lesse et l'expérience leur parait de l'es-
clavage ou de la duperie. C'est là qu'est
le vrai danger, que les pères de famille
y songent! L'État est un composé de fa-
milles. Les prêtres n'ont de famille, eux,
que leurs élèves; aussi ces élèves devien-
nent-ils leurs enfants. La Chambre heu-
reusemeut aura le temps de méditer,
dans l'intervalle d'une session l'autre,
sur les voies où l'on veut l'entraîner.
BRUXELLES ET LES FRÈRES DES
ECOLES CHRETIENNES.
Un journal de la capitale contient un
article fort intéressant, comme pourront
en juger nos lecteurs, auxquels nous le
communiquons.
Tout ce qui concerne la réac
tion doit être adrriuc I Éditeur
tpre». Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MKBCBEBI
de chaque semaine.
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On s'abonne Yprra, Grand'-
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VÉRITÉ ET JUSTICE.
i I .in -
REVEE POI.ITiQt E.
On a reçu des nonvelles d'Athènes, qui vont
jusqu'au 10 juin. Le ge'ne'rai Grivas, dont on
suspectait la fidélité' et qui avait été' iuvite a se
reudre dans la capitale pour y justifier sa conduite,
n'ayant pas obtempéré a cette invitation, avait été
déclaré traître a la patrie. Le gouvernement avait
envoyé des troupes contre le rebelle; mais celui ci
s'était mis h la tête de ses partisans, au nombre de
soixante-dix, et avait repoussée la force par la
force; il s'était même fortifié dans un village, dont
il avait incendié plusieurs maisons; une brigade de
gendarmerie et un grand nombre d'hommes du
peuple s'étaient, dit-on, joints a lui. Quoi qu'il en
soit, le gouvernement a envoyé, le 10, contre
Grivasune division de trois cents hommes, avec
ordre de s'en emparer mort ou vif. Le ministère a
aussi lancé plusieurs mandats d'amener.
Les quatre membres du ministère espagnol
restés h Madrid, ont dû partir le 20 pour Bar
celone, afin d'y rejoindre la reine. La nouvelle de
ce voyage a donné lieu, dans la capitale, a des
commentaires sans fin. On a fait courir les bruits
les plus alarmants; vrais ou faux, ils inquiètent
l'opinion publique, et jettent le découragement
dans beaucoup d'esprits. Il faut, du reste, que
d'importants projets s'agitent h Barcelone, pour
que l'on ait cru devoir y mander tons les ministres.
Aucun journal de Madrid ne nous donne le mot de
cette énigme.
M. le prince de Joinville est parti le 24 de
Toulon. Il touchera, dit-on, h Oran pour aller y
chercher des instructions du maréchal Bugeaud
avant de contiuuer sa route pour Tanger. On n'a
rèço aucune nouvelle d'Afrique depuis la derniète
dépêche télégraphique.
M. le ministre de l'intérieur hollaudais a clos
hier, eu vertu d'un arrêté royal, la session des
États-généraux.
Nous ne savons si la régence de Bruxelles
s'applaudit d'avoir signalé, par une mesure aussi
injuste qu'impopulaire, ses haines et ses rancunes
libérales contre les Écoles Chrétiennes. A coup
sûr, elle n'aurait pas lieu de s'en féliciter si le
pauvre avait le droit de suffrage, car c'est le pauvre
qui devait recuellir les fruits de l'adopiioo des
Frères par le conseil communal. Mais qu'importe
au libéralisme? Les murmures et les plaintes de la
classe soufTrante n'ont point d'écho dans les
régions politiques; et les applaudissements des
hommes du progrès ne peuvent manquer d'ac-
cneillir la proscription des humbles disciples du
vertueux La Salle, car ceux-ci se vouent b l'in
struction et l'éducation des enfants par pur
désintéressement et par devoir religieux c'est
plus qu'il ne faut pour leur dire anathèine au nom
des lumières et de l'esprit du siècle.
Toutefois,sous ce rapport, nos pèresconscrilsde
la régence pourraient fort bien s'être mëpiis. S'ils
portaient leurs regards ailleurs que daus cette at
mosphère épaisse qui les entoureils verraient que
les plaisanteries de corps-de garde contre les igno-
rantius, et les mensonges du vieux Constitutionnel
sout loin de former encore l'opinion publique.
Maintes fois nous avons cité les témoignages rendus
fiar les Guizot, les Cousin, les Villemain, etc., b
enseignement des Frères de la doctrine chrétienne.
Voici un nouvel hommage rendu aux Frères par
un de leurs anciens ennemis; il est extrait des dis—
enssions qui ont eu lieu dans les bureaux de la
Chambre des Pairs de France sur l'instruction
secondaire; c'est le discours prononcé par M. Le
va vasseur, que I e Journal des Débats et les feuilles
de la même couleur ont oublié de reproduire.
L'honorable député s'est exprimé en ces termes
Les honorables préopinants approuvent l'ob-
ligation imposée aux sujets qui se destinent b
l'enseignement de déclarer qu'ils n'appartiennent
a aucune des congrégations religieuses prohibées
par la loi. La peur des Jésuites est si grande que
personne ne veut accepter la responsabilité de
leur défense. Je ne viens point ici faire l'apo-
logie d'hommes pour lesquels je n'ai ni amitié ni
antipathie. Partisan de ia plus grande liberté
possible d'enseignement, j'ai de l'éloignement
pour toutes les interdictions qui tendent a limiter
la concurrence. Mon éloignement est d'ailleurs
fondé sur une expérience dont nous avous tous
été témoins depuis plus de vingt ans. Attaché a
la politique libérale sous la restauration, b la
apolitique qui combattait l'influence cléricale,
j'eus comme la plupart des hommes de ce parti
les plus grandes préventions contre les Frères de
la doctrine chrétienne. A mes yeuxils étaient
l'avant-garde des Jésuites, l'instrument d'un parti
rétrograde. Je les détestais aussi franchement que
j'étais dévoué b leurs, concurrents qui enseig-
naient selon la méthode de Lancastre.
Le temps a marchéles préventions se sont
effacées, et la plupart de ceux qui comme moi
étaient contrairesaux Frères, vaincus aujourd'hui
par l'excellence de leur enseignement, par un
dévoûment sans bornes b l'enfance, ont aujourd'-
hui pour eux autant d'affection qu'ils avaient
jadis d'antipathie.
lia liberté, ajoute l'orateur, doit être pour tous
b des conditions déterminées. Le privilège ne doit
être pour aucun établissement, pas même pour
les petits séminaires. Mettez-vous franchement
hardiment dans le droit commun le clergé y
consent, le demande même aujourd'hui, et sur
ce terrain je suis prêt b le suivre. 'J'éprouverais
un vif désir de développer mes idées b cet égard,
mais l'honorable M. Odilon Barrot a demandé
la parole et je la lui cède avec plaisir, convaincu
qu'il ne peut défendre qu'un principe de liberté.»
Ces paroles sont remarquables elles font hon
neur l'homme qui les a prononcées et aux
modestes instituteurs qui savent si bien désarmer
jusqu'b leurs ennemis par le silence, la résignation
et un zèle infatigable. Une feuille libérale de Paris
dit b ce sujet -
L'opinion de M. Leva vasseur a aussi toute notre
sympathie. Avec quelle candeur sincère et hono-
rable il a avoué ses préjugés, que nous avons eus
presque tous dans notre enfance politique, si mat
élevée et si mal instruite par Minerve et le Cou
rt stitutionnelcontre ces humbles Frères de la
doctrine chrétienne! Nous ne savons de qui ces
hommes de Dieu ne sont pas honorés, aujourd'hui
qu'on lésa vusb l'œuvre del'e'ducalion de cette
jeunesse qui les insultait sous la restauration.
Que de modestie, de résignation et d'humilité
sincère On ressent b les voir une véritable édi—
fication, et nous ne sommes point surpris qu'elle
ait amené un honnête homme b reconnaître fran-
chement l'erreor où il était sur ces hommes, qu'on
englobait dans lepilète stupide de Jésuites et
dans le plus intolérant des anathèmes.
Quelques uns de nous se rappellent bien une
impression analogue, lorsque ces hommes étaient