N« 2806. Samedi, 24 Aoûl 1844. 28me année. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Vprem. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MEHCHEDI de chaque semaine. PRIX DES IXSERTIOXS. 7 centimes par ligne. Les ré clames, SX centimes la ligne. On s'abonne Ypres, Grand1- Place, SA, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'AHOXXEMENT, par trimestre, Pour Yp resfr. 4 Pour les autres localités 4 Prix d'un numéro. SD 7??. 3 S, 24 AOÛT. La distribution des prix aux élèves du collège communal a eu lieu avant-hier k 5 heures de relevée. Cette solennité a été précédée de la représen tation de l'Optimiste et d'un discours de remer- ciment par le premier en Rhétorique. Voici les noms de tous les élèves qui ont obtenu des prix Gustave De Grave, Julien SantyThéophile Cornette, Louis Van Grave, Jules Kilsdonck, Louis Dujardin, Joseph Desrainault, Henri Dutilleul, Réné Begerem, Armand Destuers, Henri Creus, Eugène Vandaele, Edmond Vanalleynes, Théo dore Verheylewegen,Gustave Vanalleynes, Désiré Ferryn, Gustave HamelrathGustave Destuers, François Garnier, Polydore Boedt, Henri Dehera, Albert Van Grave, César Heldenbergh, Milo Verheyle wegenLouis Vau LamoenAlfred Nicaise, Gustave Lambin, Richard Coffyn. Alfred De Posch, Ainand Sonneville, Hippolyte Cornette, Éuiile Le Roy, Désiré Derainoudt, Pierre Verbelst, Edouard Maertens, Charles Van Rode, Jules Boedt, Henri Vercamer, Eugène Van Rode, Théodule Ferryn, Charles Becuwe Charles Iweins, Jules Baes, Nestor De Grave, Pierre Delmaere, d'Ypres; 4 Marcel Geurts, Félix Geurts, Henri Thiebault, de Warnêton; Alfred Vandewalle, de Bruxel les, Félix Losseaude Thuin Constant Klein, de Strasbourg; Jean Vandepulte, de Brielen; Amédée Lannée, Étuile Van deBrouke, de Bruges; François Seaux, de Liège. Les libéraux de q5 qui coupaient les tètes au nom de la liberté, et pillaient les familles au nom de la justice, parlaient k peu près le langage des libéraux de nos jours. Les calotins d'autrefois sont devenus les cléricaux d'aujourd'hui; les Irai- très la pairie, sont devenus, les ennemis de la constitutionles hommes du vieux régimesont devenus les rétrogrades les aristocrates sont devenus des réactionnaires etc., etc., en un mot le dictionnaire des sans-culottes, est devenu le vocabulaire de nos prétendus progressisteset les beaux sentiments qui ont couvert l'Europe de sang et de ruines, se font jour k travers un langage cyniquequi devrait effrayer tous les honnêtes gens, si nos prétendus libéraux étaient aussi foçts qu'ils sont impudents. Grâces k Dieu le bons sens règne encore en Belgique, et il fait promptement justice, de toutes les exagérations et de tous les excès. Les décla- mateurs de profession qui s'imaginent avoir dit de grandes choses quand ils ont employé de grands mots, trouvent peu d'écho dans le public. On se lasse d'entendre rasasser de vieilles calomnies qui n'ont aucun sens, si ce n'est pour les sots; l'on hausse les épauleslorsqu'on entend parler de cléricaux ambitieuxde faction, de rétro grades k propos de la pluie et du beau temps, comme si tous ces mots injurieux étaient des rai sons, et prouvaient quelque chose Le Progrès qui est sans contredit le journal le plus rétrograde du pays, puisqu'il est toujours en arrière au moins d'un an, lorsqu'il parle des affaires publiques, fait une consommation effrayante de ces mots: il fournit k ses lecteurs des articles en deux colonnes, qui en sont tout hérissés; et comme son vocabulaire est assez restreint, (la faute en est aux sans-culottes modernes), il répète ces belles choses avec un courage vraiment admirable. Ce n'est pas nous qui ferons des plaintes, de ce que le pauvre journal ne sorte jamais de ses pauvretés; elles font parfaitement notre compte; car aussi longtemps qu'il les débitera sur une grande échel le, le bons sens ne lui sera point revenu et tout le monde se rira de son tapage, et de ses platitudes. Il paraît qne le clergé d'Ypres n'est pas le seul qui fasse la guerre aux petits Observateurs de provincesdont il reçoit au moins trois fois par semaine, une bordée d'injures et de calomnies. Le Progrès de cette ville veut bien nous apprendre, que dans le diocèse de Tournay on a refusé le ma riage religieux k un imprimeur, qui travaillait k Y Echo de la Dendre. Il parait donc que dans ce diocèse, comme dans celui de Bruges, le clergé u'e s'est pas encore rendu aux avis charitables du Progrèsqui voudrait k tout prix que le parti clérical encourageât les feuilles progressivesqui lui lancent la boue et l'injure. Si ce fait prouve que le parti clérical est parfaitement d'accord dans sa manière d'apprecier la presse fangeuse qui écla bousse tous les honnêtes gens, il prouve aussi, qu'on a eu tort d'opposer la conduite du clergé d'Ypres k celle du clergé des autres diocèses, et de se plaindre de sa sévérité comme d'une tendance particulière et locale. LE PROGRÈS ET LA TUYNDAG D'YPRES. Depuis que la presse s'est faite l'écho de toutes les sottises humaines, les organes de Vopinion publique se sont multipliés en proportion des shoki-li-lhou. Il y a donc des journaux pour tous les goûts. Aimez-vous le genre stupide? Vous avez Y Observateur. Préférez-vous le style gothique? Adressez-vous au Journal de Louvain. Si vous trouvez de votre goût le genre bête, prenez le Progrès d'Ypres. Arrêtons-nous k ce dernier. Le Progrès appar tient k cette partie intelligente du pays qui se croit appelée k présider aux destinées nationales, k ce libéralisme maçonnique qui se dit dépositaire de la vraie lumière, k cette caste de pygmées-lit- térateurs qui s'adjugent tout l'esprit du monde et nous traitent, dous catholiques, de toute la hauteur de leur incommensurable politesse. Placé dans ces hautes régions intellectuelles, le Progrès peut avouer avec orgueil que, vu son titre, il ne sait écrire et penser moins entore double raison pourquoi il représente h merveille le libéralisme de la cité. Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. Le Progrès sert k ses lectenrs bénévoles tantôt de la politique, tantôt de la philosophie et parfois une description de kermesse. Voici sur la Tuyn- dag de 1844 une imitation des inimitables cause ries de J. Janin, une narration écrite avec la maDche du pinceau de Tenier. Tuyndag!.., aucun mot, dans aucune langue, chez aucun peuple, n'a un écho plus puissant que le mot Tuyndag dans le cœur des Yprois. Comprenez-vous ce galimatias? Attendez que je vous l'explique Si vous prononcez le mot de Mannelenpis, au lieu du mot Tuyndag, ce ne serait pas la même chose pour le cœur des Yprois c'est bien étonnant, mais c'est comme ça k Ypres. Si vous traduisiez le mot Tuyndag en langue iroquoise, non seulement il ne trouverait pas d'écho dans le cœur des Yprois, mais il pourrait bien se faire que les habitants d'Ypres n'y com prissent rien. C'est bien singulier. Or, voici ce qui est plus fort criez Tuyndag sur la Grande Place d'Ypres, et l'écho répondra dans le cœur des Yprois Tuyndag. Mais le phénomène de l'écho ne se renouvellerait pas, si vous criiez ce mot du haut des Alpes ou des Cordillières. Diable, diable! comment le Progrès sait-il de si belles choses? Et puis un écho plus puissant qu'un mot! sapristi! connue il écrit divinement ce Progrès Poursuivons Dès que le carillon de la veille annonce la fête du lendemainon voit toutes les figures s'épanouir. Nos ancêtres sortent-ils de leur tombe pour réchauffer le sang de leurs arrières- neveux? Quand un codsuI romain, au moment du combat, voulait engager ses soldats k bien faire, il évoquait le souvenir des ancêtres, et les beaux exemples des héros morts pour la patrie animaient le courage des guerriers romains! Le Progrès fait jouer un rôle plus honorable aux aDcêtresdes Yprois; il les convoque k la ronde des morts', il les conjure d'animer de leur présence une polka généreuse, et de prendre part au divertissement du Mat de cocagne, du Tourniquet. La ville prend un air de fête aux approches de la Tuyndag, les ouvriers ne peuvent suffire au travail et les danseurs brossent leur chapeau de bal et leurs habits couverts de poussière!!! les dames préparent des robes légères armées de rubans frais, de garnitures charmantes les pigeons volent pour annoncer la fêle, etc., etc. En un mot on dirait que la nature agit sur les Yprois d'une manière toute spéciale, quand le premier dimanche d'août approche. Ne croirait-on pas que celte bamboche a été écrite sons la dictée du collège écbevinal de Dinant? Les beaux danseurs que les amis du Progrès, qui brossent, dès la veille, leur chapeau de bal, comme s'ils devaient danser sur leur tête! On avait ouï dire, et cette réputation est bien méritée, qne les dames d'Ypres étaient toujours armées de leurs charmeset qu elles sont char mantes par leur esprit et mille autres belles qualités. Quant aux armes de rubans, elles les laissent aux décorés du Lion néerlandais, et les charmes de garnitures pour leurs salons.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1844 | | pagina 1