JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2813. Mercredi, 18 Septembre 1844L. 28me année.
L'instruction de la cause de l'épouse du
sieur Baelde est terminée. Plus de trente
témoins ont été entendus par devant mon
sieur le juge d'instruction. Les débats sur
l'empoisonnement de la malheureuse Ca
therine Leroy auront lieu probablement
la prochaine session de la cour d'assises
de la Flandre-occidentale.
On s'abonne ï^rr», Grand''
Place, S4, vis-à-vis de la Garde, et
cher les Percepteurs des Postes dn
Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Poiir les autres localités 4
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Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
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Ml centimes par ligue. Les ré
clames, SX centimes la ligne.
vérité et justice.
7PS.3S, 18 Septembre.
REVUE POLITIQUE.
Toutes les nouvelles d'Espagne confirment la
nouvelle de la solution des difficultés survenues
eutre l'Espagne et le Maroc. On prétend même
que le consul espagnol pourra reprendre son poste
a Tanger dans le courant du mois.
L'un des fils de l'empereur Abderhaman
visité le vaisseau anglais le Formidable, a bord
duquel il a été reçu avec de grands honneurs.
Le parti carliste a triomphé dans plusieurs col
lèges électoraux de l'Espagne. Ce résultat était
prévu. Cependant il n'est pas douteux que les
modérés n'obtiennent une majorité imposante.
Quant aux progressistes, on ne parle pas même de
leurs candidatures.
Les dernières harangues d'O'Connell depuis sa
sortie de prison ont vivement inquiété le ministère
tory. Il paraît que le libérateur a reçu des avances
directes de lord John Russell, chef de l'opposition
whig h la Chambre des Communes. 11 est entré
avec lui en négociation soit par l'entremise de M.
Sheel, soit par celle de quelque autre membre du
Parlement. Un vaste plan de campagne serait
exécuté en Angleterre et en Irlande pour le ren
versement des tories. O'Connell se serait engagé
mettre la plus grande réserve dans ses discours
comme dans ses actes, h ne plus attaquer les
Saxons,^ diriger toutes les haines contre le cabinet
de sir Robert Peel et contre les juges qui ont été
les instruments de ses vengeances. Les wighs
promettent de prêter O'Connell tous les secours
dont ils disposent pour faire obtenir a l'Irlande non
point le rappel de l'union, mais] nn parlement
fédéral qui aurait en main l'administration locale
et dont les dispositions législatives seraient son-
mises au pouvoir suprême des chambres anglaises
et du gouvernement central. On ferait pour l'Ir
lande ce qu'on a déjà réalisé pour le Canada, avec
les modifications que commande la situation parti
culière du pays.
Les journaux français nous apportent une nou
velle importante c'est une dépêche télégraphique
datée de Tanger, le 10 de ce mois, et transmise
la fois par Mgr. le prince de Joinville M. le
ministre de la marine et par MM. le duc de
Glucksberg et de Nyon M. le ministre des af
faires étrangères, pour les informer que la paix
est conclue avec le Maroc. Toutes les con
ditions de la France ont été acceptées, le consulat
général a été réinstallé Tanger et son pavillon
salué par la place; le soir, on a expédié l'ordre de
cesser toute hostilité et d'évacuer l'île de Mogador.
Comme l'appui bienveillant que la grande ma
jorité de la- population n'a cessé de donner au
collège de S' Vincent* de Paul, a fait prospérer cet
établissement, dont l'existence est désormais as
surée, les supérieurs se sont décidés ouvrir cette
année un pensionnat d'internes, qui trouveront
dans le collège tous les avantages qu'on peut
raisonnablement désirer. L'établissement de S'
Vincent de Paulen ouvrant ce pensionnat rend
un véritable service h la ville et aux eDvirons; il
trouvera dans cet accroissement un nouvel élément
de succès qui portera bientôt ses fruits. Si l'année
dernière il a pu compter i»8 élèves externes, il
est fort probable, que cette année il en comptera
davantage. La confiance toujours croissante qu'il
obtient des familles, est un sur garant des progrès
qu'il s'efforcera de faire pour former l'avenir
comme dans le passé de bons citoyens.
Il a été prouvé juridiquement que pas un seul
moine de Murï n'a pris part l'insurrection d'Ar-
govie; que les cloches du mouastère n'orrt pas
sonné; qu'il n'y avait eu ni armes, ni munitions au
monastère; et malgré tout cela la majorité libérale
du conseil d'Argovie a pillé les biens de tous les
couvents, même des couvents de femmes... Les
biens des couvents n'appartenaient pas aux Moi
nes, mais la Communauté catholique, c'est
dire, la province catholique, qui ces propriétés
étaient garanties par le pacte fédéral ou consti
tution de la Suisse. Si les moines avaient fait
le coup de fusil, il fallait les juger et non pas
piller leur monastère. On n'a pu en convaincre un
seul en justice, d'avoir pris part l'insurrection.
Le Progrès applaudit au pillage des couvents
de Suisse; c'est parfait pour un journal de son
bord. 11 dira peut-être qu'il ignore les faits,
l'excuse est excellente calomniez d'abord, et
informez vous ensuite des faits. C'est procéder a
la manière libérale; c'est du progrès, est-ce aussi
de la justice? Est-ce aussi du bon sens?
A défaut de raisons, le Progrès emploie des
mensonges; c'est chez lui un péché d'habitude,
qui mérite de l'indulgence. Ce journal si sincè
rement attaché la religion de ses pères, et si
dévoué aux bons prêtres et aux bons curés, dans
la pieuse intention de nuire un établissement
auquel ses amis font concurrence coups de mille
francs l'aide des deniers publics, cru qu'il était
bon de dire et de répéter, que le collège de S4 Vin
cent de Paul, n'était bon qu'à former des prêtres,
et qu'il ne formait pas de gens instruits.
Le charitable journal affirme qne tous les
élèves sortis de rhétoriquel'exception d'un seul,
sont entrés au séminaire. Eh bien cela est faux
sans recourir aucune information, nous pourrions
en nommer plus d'un; le Progrès a donc blessé la
vérité dans une question qu'il considère comme
très importante il a donc joint la fausseté la
malveillance.
Du reste, nons attachons moins d'importance
que lui son assertion mensongère s'il était démon
tré comme deux et deux font quatre, que jamais un
seul élève,sorti de rhétoriquen'a choisi de carriè
re laïque, il nous serait bien facile de prouver que
ce fait dépend de mille circonstances étrangères
la cause, qne la feuille envieuse lui assigne, et
n'ôte l'établissement aucune des qualités néces
saires pour former des jeunes gens qui se destinent
tonte autre carrière que la carrière ecclésiastique.
11 y a peu d'années que le collège de S' Vincent
a le cours de rhétorique; le nombre des jeunes
gens qni ont achevé leurs études est très petit;
comme la maison n'avait pas de pensionnat, les
familles aisées, qui ne voulaient pas garder leurs
enfants chez elles, étaient forcées de les envoyer
dans des pensionnats étrangers; les jeunes gens
peu fortunés restaient seuls pour achever leurs
études; le nombre des élèves qui ont quitté le
collège dans les classes inférieures la rhétori
que et qui se sont engagés dans des carrières
laïques, ou bien qui s'y destinent est très considé
rable; c'est donc par un de ces tours, que le
Progrès appellerait un tour jésuitique, que cet
innocent journal ne parle que des élèves sortis de la
rhétorique c'est avec la même candeur qu'il ne
parle pas des élèves qui achèvent leurs études
françaises au collège de S1 Vincent, et qui s'en
gagent dans le commercesans faire leur rhéto
rique.
Voilà cependant les misérables moyens d'attaque
auxquels sont réduits des individusqui avec le
privilège exorbitant de puiser pleines mains
dans la caisse commune, ne peuvent lutter
avec des établissements qui n'ont d'autre appui
que la sympathie et la confiance publiques! S'ils
se doutaient du bien qu'ils font l'établissement
de S1 Vincent, et du tort ou'ils se font eux
mêmes, en excitant les mauvaises passions, contre
un collège bien dirigé et vraiment utile, ils se
tairaient par calcul; et ils subiraient leur sort en
silence mais ils n'ont ni assez de calme, ni assez
de coufiance en eux mêmes pour agir de cette
façon la haine les emporte et les perd.
Si nous voulions ici prendre'notre revanche,
qu'elle belle carrière s'offrirait devant nous! S'il
nous prenait envie de faire l'histoire littéraire, de
tous les jeunes gens instruitsqui sont sortis du
collège communal, qu'elles curieuses annales nous
aurions dérouler aux yeux du public! Nous en
trouverions peut être qui, sortis de rhétorique
et parfaitement instruitsauraient en de la peine
entrer au séminaire faute d?instruction nous
énumérerions les hautes foutions administratives
auxquelles sont parvenusles grands hommes
sortis de rhétorique. Mais ce genre d'arguments
nous répugne juger d'un établissement d'après
les carrières choisies par les élèves sortis de rhé
torique, c'est chercher une occasion de calomnier
et de nuire, sans pouvoir apporter aucun argument
précis, aucune preuve certaine. Que les avocats
d'une cause mauvaise procèdent ainsinous le
concevons; mais qu'ils sachent aussi qu'en em
ployant ces moyens, ils trahissent et leur dépit et
leur faiblesse.