ATXS au PROGRÈS.
FACHEUSES NOUVELLES.
HXSTOÏB.S
DE FEUE LA BR1TISH-QUEEN.
On écrit de Courtrai Un vol de quel
ques pièces de toiles et autres effets la
blanchisserie de M. A. Verschuere, fut
commis il y a quelques semaines, et di
verses circonstances le faisaient attribuer
pour de si tristes excès; il faut que des voix indi
gnées protestent au nom des honnêtes gens. Si
nous laissions aller le roman-feuilleton, il perdrait
la France morale et littéraire de réputation aux
yeux de l'Europe.
Mais qu'importe au ConstitutionnelQu'im-
fiorte aux feuilles lihératres qui n'ont pas honte de
e copier chez nous Ces gens-la se soucient bien
de la moralité du peuple et de la réputation litté
raire de leur temps! pourvu qu'ils prennent
quelques abonnés cette glu immonde, leur but
n'est-il pas atteint Ça fait des journaux comme
l'araignée lisse sa toile au coin des rues, 011 com
me.... Mais ne souillons pas nos colonnes du nom
de ce métier dont aucun homme bien élevé n'en
tend parler sans rougir dès que la boutique va,
tout est dit.
Notre confrère du Marché aux Poulets est mal
avisé dans ses mesures d'attaques, et le plus souvent
les dards qu'il lance aux autres se tournent contre
lui-même. C'est chose connue, tantôt il en veut
au clergé tantôt au ministère mixtetantôt a l'un
et a l'autre. Cette fois c'est le tour de M. Nothomb;
et il l'accuse d'avoir manqué grièvement a la jus
tice distribulive en condamnant la marche suivie
par le Bourgmestre de Verviers, tandis que, il y
a quelques mois, le même ministre resta muet
devant une carte incendiaire qui fut distribuée
Grammont la suite d'une missionet qui
désignait la haine des faux dévots et
l'animadversion publique seize familles cou
pables de ne pas s'être laissées enrôlersous la
bannière jésuitique.
L'accusationcomme on voitest grave mais
l'astucieux Progrès pense-t-il donc que le mi
nistère a pu ignorer, et que le public oublie sitôt
que toute cette provocation aussi effrontée au
meurtre et au pillage n'a été qu'une mystification
laquelle peu de personnes se sont laissées pren
dre, et que cette carte incendiaire ne dut son
jour qu'à la presse libérale? Car on sait depuis
longtemps qu'il n'est de moyen dont nos parleurs
de liberté ne fassent usage, quand il s'agit de
nuire leurs adversaires. Du reste nous allons re
produire l'article que nous publiâmes le i4 février
dans notre N° 2,761.
Dernièrement une mission a eu lieu Gram
mont, sous la direction de quelques pères Jésuites.
A leur départ, au dire d'une feuille ultra libérale,
des cartes imprimées avaieut été distribuées pro
fusion signalant l'animadversion publique seize
personnes de l'endroit. Tous les journaux libéraux
se sont empressés de reproduire, avec commen
taires, cette nouvelle, qui leur fournissait une
bonne occasion de crier contre le clergé. Or il se
trouve que tout cela n'est qu'une insigne calomnie.
L'Echo de Renaix la signale ainsi Le libéra—
lisme seul, dit-il, peut en revendiquer les hon-
neurs. Les cartes de Grammont sont de la même
invention que le rétablissement de la dime et
de la main-morte, et il est de notorité publi-
que que leur auteur est un de ces individus qui
ont toujours un jésuite sur le nez. Une pareille
action est inqualifiable, et ne peut être attribuée
qu'à un esprit en démence. Nous aussi, nous
avons eu les jésuites, et nous avons pu juger de
leur modération et de leur bienveillance. Jamais
ils ne se sont permis le moindre blâme l'égard
de ceux qui sont restés sourds a leurs exhor-
talions. A leur départ de Renaix, au lieu de
signaler au public les personnes qui avaient
refusé de participer aux exercices religieux, ils
ont fait un dernier effort pour les ramener de
meilleurs sentimentset leurs dernières paroles
ont été toutes de conciliation.
La Gazette d'Ath, de son côté, fait ressortir en
ces termes toute l'invraisemblance de cette accu
sation odieuse L'auteur^u^es auteurs de cette
maladroite carte incendiât^ n'ont-ils pas mon-
tré un long bout d'oreille en Attribuant saint
Paul texte de saint Jean ?'Et l'on voudrait
insinuer qu'un ecclésiastique instruit comrnet-
trait de telles bevues? et nous serions assez
gobe-mouches pour accueillir le mensonge qui
se trouve ainsi enlacé dans ses propres pièges?
Allons donc C'est trop fort
Notre pauvre Belgique se roule dans un dédale
de malheurs. Cette chère patrie, certes digne d'un
meilleur sort, est enlacée dans les griffes d'un
gouvernement incapable de distinguer entre le
bien et le mal, et de discerner qui sont dues
les décorations a qui le blâme. Le Progrès en est
aux larmes, et qui ne vois avec lui que nous
sommes sur le bord de l'abîme? On laisse le champ
libre aux distributeurs de cartes incendiaires
pourvu qu'elles viennent des jésuites; au gouver
nement d'Anvers on appelle un élève de S'
Acheul; le curé et le bourgmestre de Dadizeele
saccagent impunément une tente dressée pour un
joli bal champêtre, tandis qu'on réprimande l'esti
mable bourgmestre Wamotte pour avoir accordé
son intervention empêcher l'arrivée de deux
jésuites, dont l'attente seule avait mis les Ver-
viétois en justes alarmes. On ose blâmer ce ma
gistrat modèle qui sous tout autre régime eut
été décoré!!'. Vraiment si le clairvoyant ministère
Lebeau-Rogier tarde de revivre, nous craignons
qu'un bon matin nous n'apprenions, nos grands
regrets, l'expatriation du Progrès ce qui aura
passé le Moerdyck pour respirer un air plus libre
sur le sol que papa Guillaume 1er a arrosé de ses
sueurs. En attendant il fera plaisir notre confrère
de lire l'article suivant qui met dans son grand
jour la sagesse et la prévoyance du paternel
ministère qui a toutes ses sympathies.
Papa, ce grand bateau
Qui va sur l'eau
11 Ça, a-t-il des jambes
o Petit bêla, s'il n'en avait pas
Il n'irait pas.
(Chanson d'Odry.)
M. Devaux avait prédit du cabinet de 1840 dont il fut
l'oracle et le père, qu'il ferait tant et de si merveilleuses
choses que la Belgique, sous son administration, deviendrait
un vrai pays de cocagne, et que le ministère de Theux,
éclipsé par les succè9 prodigieux de son successeur, n'appa
raîtrait désormais que comme une parenthèse vide. Cependant
le cabinet Lebeau-Rogier existait déjà depuis six mois et
les merveilles prédites par Calcbas ne s'accomplissaient
point, et la presse libérale criait vainement Anne, ma
sœur Anne, ne vois-tu rien venir? Car ma sœur Anne ne
voyait venir que des articles de la tlevue Nationale.
Un soir, temps favorable aux jeux d'imagination,
le conseil des ministres s'était assemblé pour aviser au
moyen d'immortaliser le régne du ministère exclusif; M.
Devaux était présent.
Rogler, Nous avons obtenu de la législature la créa
tion d'un service de bateau vapeur entre Anvers et les
pays transatlantiques. Celte grande mesure n'a poiut encore
reçu un commencement d'exécution. J'ai appris que la société
anglaise de navigation possède deux magnifiques vapeur
le Président et la British-Queen. Nous ferions, ce me semble
une excellente affaire, en acquérant ces deux navires.
Devaux. Certainement. C'est nous que le pays sera
redevable de la création de ses relations commerciales avec
le Nouveau-Monde. Le cabinet de Theux était incapable
d'une idée aussi féconde, d'une conception aussi vaste.
Lebcau. Les Anglais voudront-ils nous vendre ces
deux navires?
Devaux. Eh! pourquoi les auraient-ils construits
sinon pour nous les vendre?
Rogler. M. Van de Weyer, notre ambassadeur, né
gociera cette affaire, avec autant de succès et non moins
de gloire, que les i4 articles.
Lebeau. Mais les Anglais avaient un but en cons
truisant ces deux colosses pourquoi y renoncent-ils?
Rogler. Les Anglais ne s'y entendent pas ils ont
eu une idée, mais ils ne l'ont point comprise. Profitons de
leur inhabileté. Ces deux navires peuvent et doivent opérer
une révolution complète dans le commerce du monde. La
nation qui les possédera va accaparer, monopoliser le com
merce transatlantique. Supposez-les Anvers aussitôt tous
les fabricants du continent y affluent; nous les transportons
en Amérique; nous en rapportons le produit le commerce
continental devient notre tributaire. Anglais, Français,
Allemands, tous les peuples, dèvanoés par nous, accourent
dans nos ports. La concurrence devient impossible tandis
que la France construit ses navires vapeur, les relations
avec les pays transatlantiques s'établissent chez nous, le
commerce ne connait plus qu'Anvers et nous verrous
échouer tous les efforts des puissances maritimes pour se
soustraire au monopole que nous aurons conquis.
Lebeau. Mais comment les Anglais ne comprennent-]],
pas l'immense avantage qu'ils peuvent retirer de ces deux
navires?
Devaux. Croyez-vous donc que les Anglais com.
prennent les affaires commerciales comme l'immortel cabinet I
de i84o? C'est notre cabinet qu'il appartient d'étonner I
le monde par la sublimité de ses conceptions politiques et I
commerciales.
Mercier. Je n'en doute pas, la gloire du ministère I
est attachée l'acquisition de ces steamers. Il faut signaler
l'avènement au pouvoir du libéralisme homogène par des I
actes d'une haute portée financière et politique.
I.ledto. La loi ne nous autorise pas faire cette ac-
quisiliou.
Rogler. La législature, émerveillée de celte acquisi
tion, plus émerveillée encore de ses résultats, applaudira I
notre initiative. D'ailleurs, un bill d'indemnité n'a jamais
coûté notre parlement.
Devaux. C'est une affaire arrêtée nous achetons le
Président et la British-Queenet la Belgique étonnée en
parlera.
■.ebeau. J'envoie des instructions notre ambassadeur.
SCENE II. A Londres.)
Van de Weyer. Bonne nouvelle, mon cher beau-père?
le gouvernement belge désire acheter le Président et la
British-Queen.
Le beau-père de M. Van de Weyer. En consi
dération de l'entremise de Votre Excellence, nous pourrous
les lui céder.
Van de Weyer. Ces deux steamers sont bons?
Le beau-père. Entièrement neufs. Deux magnifiques
navires, qui n'ont point leur pareil sur les mers.
Van de Weyer. Ils sont propres la navigation
transatlantique?
Le beau-père. Ils sont fait pour cela. Et quel prix
nous en offre le gouvernement de Votre Excellence?
Van de Weyer. Le cabinet de Bruxelles me res
semble il ne se connaît guère ces sortes de marchés.
Nous nous en remettons votre bonne foi.
Le beau-père. Voyons, je veux faire quelque chose
pour honorer mon gendre. Vous eu payerez 80,000 livres
sterl.
Van de Weyer. A ce taux, le gouvernement belge
fait-il un bon marché?
Le beau-père. Un marché excellentcar nous y
perdons 10,000 livres. C'est en votre considération que la
société consentira subir cette perte.
Van de Weyer. Mon gouvernement demande qu«
l'on fasse l'expertise de ces steamers.
Le beau-père. Je vais de oe pas prévenir mes as
sociés et MM. les ingénieurs de l'amirauté qui feront la
visite de la British-Queen.
SCÈNE III.
Le beau-père de M. Van de Weyer. S. Ex. Mon
seigneur Van de Weyer, ambassadeur de S. M. belge près
notre gouvernement, est chargé d'aoheter nos deux steamers.
Tous lea associés. -- Vraiment! vraiment!
Le beau-père. Il en offre deux millions.
Les associés. O providence!
Le beau-père. Ce marché excellent a votre appro
bation?
Les associés. - Sans doute. Mille grâces Son Excel
lence et ces bons Belges.
L'n sociétaire. Mais, si le Président ne revient point?
Le beau-père. Le gouvernement belge a trop de
loyauté que pour ne point tenir le marché pour la British-
Queen.
L'n Ingénieur de l'amirauté. Messieurs, le navire
que vous avez construit est hou, mais le marché que vous
avez fait est encore meilleur. Dès qu'il n'est point vendu
une maison Anglaise, il peut être livré en toute surêté de
conscience.
Nous recevons l'instant le procès-verbal du
conseil communal de Verviers, en date du 11 on
y lit que le conseil blâme le collège e'chevinal
d'avoir dresse' procès-verbal de la se'ance du 17
septembrequi e'tait purement officieuseque le
rapport envoyé M. le gouverneur comme pro
cès-verbal est incomplèt, et qu'on en informera
M. le ministre de l'intérieur pour obtenir le re
trait de l'arrêté d'annulation. Ainsi la Régence
de Verviers commence rougir elle-même de sa
conduite.
Une messe sera célébrée vendredi l'église
de S1 Martin, en l'honneur de S1 Luc, pour la
prospérité de l'Académie de dessin. Nous nous
proposons de traiter prochainement de cet inté
ressant établissement, et des garanties morales qu'il
réclame. Il est certain que tout n'y aurait pas
indistinctement l'approbation de l'illustre patron.