JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2837
7PB.3S, H Décembre.
ROBERT l)E BEHILÎXC.
28me année.
FEUILLETON DU PROPAGATEUR.
1304-1322(suite.)
La session législa ti ve de 1844-1845 prend
une bonne allure. Déjà plusieurs projets
de loi ont été adoptés et trois budgets sont
passés l'unanimité des membres présents
ou peu près; celui des voies et moyens
n'a rencontré que quatre opposants. On
connaît d'ailleurs les excentriques parmi
nos mandataires. M. Verhaegen est tou
jours leur tête, MM. Castiau et Delfosse
sont ses aides-de-camp, aux quels cette fois
est venu se joindre M. Delehaie. C'est
honorable pour le ministère de trouver
dans la chambre des représentants un si
fort appui, lequel lui promet encore une
longue existence s'il continue marcher
dans la voie de la modération.
Selon les prophéties de nos libéraux, le
ministère iNothomb n'avait pas d'avenir;
c'était un corps composé de parties hété
rogènes, une coagulation de substances
dissolvantes, ou plutôt un être mort-né.
Voilà pourlantquatreannées qu'il demeure
en vie, voir même qu'il marche d'un pied
ferme, tandis que celui de Lebeau-Rogier,
tout en se cramponnant la confrérie du
Grand'Orient,neput rester debout que peu
de temps.
Et qu'on ne vienne pas dire que l'admi
nistration de M. Nothomb est redevable de
sa longue durée au soutien des députés
On s'abonne Yprea, Grand'-
Place, U4, vis-à-vis de la Gurde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Boyau me.
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tion doit être adressé I Éditeur
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clames, tS centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
REVUE POLITIQUE.
Méhémet-Ali conduit les affaires comme par le
passé. 11 était attendu d'un jour l'autre k Alex
andrie.
La députalion provinciale de Logrono a adressé
une pétition a la reine Isabellepour lui demander
la grâce du fils de Zttrbano. La malheureuse mère
de cet imprudent jeune homme s'estde son côté,
rendue Madrid, pour implorer la clémence d'Isa
belle II. Mais ses larmes ont coulé en vain. Le
ministère s'est montré inflexible, et le fils ainsi
que le beau-frère du rebelle ont été fusillés a
Logrono.
Mgr. l'évêque d'Elvas, en Portugal ,a soumis a
la Chambre des Pairs un projet de loi ayant pour
but de prohiber l'enseignement de doctrines hété
rodoxes et la propagation de livres irréligieux.
L'examen de ce projetqui commine des peines
très-sévères contre les délinquantsa été renvoyé
un comité ecclésiastique. Il n'est pas douteux
qu'il n'ait été inspiré au prélat par les prédications
du missionnaire anglican Kalley, qui a récemment
mis en émoi toute i île de Madère par ses diatribes
contre le catholicisme. L'article 5 du projet de loi
porte en effet que, si le prédicateur est étranger,
il sera immédiatement expulsé du royaume.
Trois nouvelles exécutions ont eu lieu le 38 a
Logrono. L'autorité militaire avait consulté le
gouvernement relativement a ceux qui, ayant fait
partie de la bande de Zttrbano, prétendaient s'être
volontairement présentés aux autorités légitimes.
Il parait que la réponse du gouvernement a été que
ceux se trouvaient dans ce cas seraient graciés,
mais que le» ordres donnés devaient être exécutés
a l'égard de tons ceux qui ont été faits prisonniers,
soit par les troupes, soit par les habitants.
C'est par suite de celte décision et d'informations
Quelques-unes de ces propositions parurent
iniques aux Flamands et d'autres parfaitement ri
dicules, comme les nombreux pèlerinages imposés
'a Robert de Flandre. Ils n'y voulurent point sous
crire; et le cninte, pas plus que ses sujets ne se
montra disposé les accepter, II refusa même de
se rendre Paris pour en recevoir notification et
les hostilités recommencèrent bientôt. Sous pré
texte que l'arinislice ne comprenait point la mer
les Flamands s'emparèrent de quelques navires
français. Les comtés de Nevers et de Rhetel furent
occupés de nouveau par les gens d'armes de France;
et un corps de troupes, envoyé par le [régent
Saint-Omer, fit sous la conduite du sire de Mare-
quigneul des courses sur les territoiresjde Bergues
et de Cassel, où elles exercèrent de grands ravages.
Su r ces entrefaites, Louis de Nevers négocia le ma
riage desa fille avec le fils de Charles de Valois; et a
judiciaires que les nommés Feliciano Zurbano
lieutenant de cavalerie, Baltanas, capitaine et se
crétaire de Zurbano, et un troisième dont on ne
dit pas le nom convaincus d'avoir été arrêtés de
vive force par les habitants du village de San Mar
tin de la Cogulla, ont été passés par les armes.
Le général Iturbe, qui a été arrêté Vitioria, a
été transféré de cette ville Logrono, où il doit
comparaître devant la commission militaire.
Le National prétend qu'Espartero est entré
Barcelone et qu'un soulèvement populaire rendu
maître de la ville. Rien n'est venu confirmer jus
qu'à présent cette nouvelle, qui est sans doute dé
nuée de tout fondement.
Si l'on en croit le journal l'sijrique, des Kaby
les du cercle de Cherchell venus de l'Ouest au
raient répandu, la date du 18 novembre, la
nouvelle que l'ex-émir et son khalif El-Berkani
avaient été emprisonnés pendant trois jours par
les ordres de Muley-Abd-er-Rhaman et mis en
suite en liberté préalablement dépouillés de tout
ce qu'ils possédaient. Ils auraient dit même que
Ben Tourkia, conseiller de l'émir, et Abdalah ben
Zaïd, chaouch de Berkani, avaient été décapités au
nom de l'empereur. Une antre version entéres-
sante du même fait, rapportée par le commandant
supérieur du cercle de Cherchellajoute de plus
que l'ex-khalifa a eu une jambe cassée et qu'il a
perdu son fils dans la fuite.
La Chambre des Députés espagnols a continué,
dans sa séance du 2, la discussion sur le titre 8 du
projet de réforme constitutionnelle relatif la
régence. Le projet du gouvernement a été adopté
une forte majorité. On doit se souvenir qu'il dé
cerne la régence au plus proche parent du souverain.
Des lettres de Burgos assurent que l'on fusillera
le second fils et le secrétaire de Zurbano, qui se
sont l'un et l'autre constitués prisonniers.
De nombreuses arrestations ont encore été faites
cette occasion une nouvelle trêve fut conclue jus
qu'à la Pentecôte; l'on décida en mènie temps que
le conflit serait soumis au jugement du pape. A la
fin de l'hiver, une députalion alla de la part du
roi et de celle du comte de Flandre trouver le sou
verain pontive Avignon. Les Français voulaient
que la décision papale fut irrévocable et que l'on
s'y soumît d'une manière absolue. De leur côté les
Flamands prétendaient qu'ils n'étaient venus que
pour prendre conseil de Jean XXIIse réservant
de voir ensuite ce qu'ils auraient faire; de sorte
que le voyage fut complètement inutile et encore
line fois les choses restèrent au même état. Les
Flamands se défiaient d'un pape né Français; ils
craignaient qu'il ne sacrifiât leurs intérêts au profit
de son propre pays. La trêve n'était pas encore
expirée que le comte reprenait les armes et assié
geait les châteaux de Courtrai et de Cassel, qu'il
força de capituler lorsqu'ils neurent plus ni vivres
ni munitions. Un envoyé du roi vint alors traiter
avec le comte afin que tout l'attirail du château de
Cassel fût transporté Saint-Omer et celui du
château de Courtrai Lille. On convient aussi que
ces deux forteresses sérient démolies et cette
Sarragosse, Alméria et Alicante. La province
de Téruel a été mise en état de siège.
On n'a pas encore pu découvrir la retraite de
Zurbano.
M. Mon a présenté le 3 ou le 4 au Congrès son
projet de loi sur la dotation du clergé.
proposition satisfit le comte, que des garnisons
françaises au sein de son pays gênaient beaucoup.
La trêve fut maintenue jusqu'à la Pentecôte. A
cette époque le cardinal Gocelin, délégué parle
pape, que la conduite des Flamands avait vivement
mécontenté, se rendit Paris et lança l'interdit sur
toute la Flandre. Cette mesure, émanée du souve
rain pontife en personne, fit grande impression en
Flandre; et lorsque le comte manda ses milices
Cassel pour les opposer Gautier de Châtillon et
Henri de Sully venus en Artois avec une cava
lerie nombreuse, beaucoup de gens refusèrent de
se rendre cet appel ou ne marchèrent que malgré
eux (t). On pensait qu'une armée frappée d'un
semblable nnathème ne saurait être victorieuse.
Robert de Be'thune s'efforça de rassurer ses gens et
de détruire leurs scrupules. Dans les champs de
vant Cassel il fit étendre un drap vermeil sur un
chariot, y monta et harangua les Flamands, il leur
insinua que l'Église et la religion soutenaient tou
jours la bonne cause, mettant ainsi en doute l'in
faillibilité du pape. Puis ordonnant d'apporter un
(i) jEgiè ac ferè iuvili feceruut'ut venireut, ob timoicni
scilicet iutei dicli. Meyer ad ann. UCCCX VU,