raison que s'il en était ainsi, ce ne seraient
pas les Jésuites, ce serait le Constitution
nel lui-même qu'il faudrait rendre respon
sable de cet accident, car les feuilletons
du Juif-Errant auraient agi sur l'imagina
tion du ministre. En effet, dans les
extravagantes inventions d'Engêne Sue,
il y avait de quoi tourner la tête aux
badauds qui les prennent au sérieux. On
a déjà cité même des cas de monomanie
qui se rattachaient aux impressions lais
sées par la lecture du Juif Errant. M.
Viliemain avait l'esprit en état de surexci
tation continuelle grâce au parti tracassier
qui, pour maintenir son profit un mono
pole illégal, poussait sans cesse le ministre
des mesures arbitraires. Ce n'est point
la faute des Jésuites, si sa raison n'a pu y
tenir.
Mais ici l'odieux ne saurait disparaître
devant l'absurde. Accoutumé ne douter
de rien après le succès scandaleux de son
Juif-Errant, le Constitutionnel sait qu'une
foule d'imbéciles accepteront comme in
contestables ses accusations. M. Viliemain
serait mort foudroyé que les Jésuites se
verraient encore accusés d'avoir dirigé le
coup qui l'aurait frappé. C'est ainsi que de
propos délibéré on allumé des haines vio
lentes contre des hommes qui ne répon
dent leurs absurdes calomniateurs qu'en
priant pour eux.
Une découverte merveilleuse a été faite
par le Journal de Liège, et il s'empresse de
la publier côté des juiveries hebdoma
daires de sa correspondance de Bruxelles.
Il s'agit d'une circulaire latine de Mgr. Van
Bommel aux doyens de son diocèse, au
sujet de la presse. Nous ne savons où ni
par quels moyens le Journal de Liège s'est
procuré cette pièce: mais que contient-elle
donc de si extraordinaire et de si alarmant
pour le parti du progrès?
Le prélat dit aux doyens Au nombre
de nos fonctions principales nous devons
aujourd'hui comprendre la sollicitude
pour la bonne presse, attendu que les
ennemis de l'Église se servent de la mau-
vaise presse et surtout des mauvais jour-
naux pour corrompre ou détruire com-
plèlement tous les fruits de notre mi-
nistère sacré.
Eh bien! nous le demandons tous les
hommes impartiaux Mgr. levêque de
Liège ne constate-t-il pas là un fajt littéra
lement exact? Le Journal de Liège lui-mê
me, escorté de tous les plus fougueux
champions de son parti,n'oserait prétendre
qu'il soit faux que les mauvais journaux,
dans les mains des ennemis de l'Église,
servent détruire les fruits du ministère
sacré. Or, s'il en est ainsi, la sollicitude
du clergé pour la presse n'est que trop lé
gitime.
En s'occupant de soutenir des journaux
qui n'offrent aucun danger pour les croyan
ces religieuses ni pour les bonnes mœurs,
les membres du clergé remplissent un de
voir comme prêtres, ils exercent un droit
comme citoyens. Sous l'un comme sous
l'autre rapport, ilssont l'abri du reproche.
Acôtéd'un temple ou d'une écolefondés
par des sectaires pour égarer quelques fi
dèles "sans instruction, qui oserait faire un
crime au clergé d'élever une église, d'éta
blir une école où l'enseignement de la foi
ait lieu dans toute sa pureté? Ce que le
clergé a le droit de faire pour résister
l'hérésie, pourquoi n'aurail-il pas le droit
de le faire dès qu'il s'agit de résister
l'impiété, au scepticisme, la licence? Or
que l'impiété, la licence, le scepticisme
comptent des organes dans la presse, c'est
une prémise tellement incontestable qu'il
est superflu de l'appuyer de preuves.
Dans le but de s'éclairer sur l'état des
choses, Mgr. l'évêque de Liège demande
aux doyens qu'elles souscriptions et com
bien de souscriptions ils peuvent recueillir
en favenr de la bonne presse; quels ecclé
siastiques reçoivent un bon ou un mauvais
journal, ou bien n'en reçoivent aucun.
Encore une fois, nous le demandons aux
gens impartiaux: remarquent-ils dans cette
mesure, le moindre abus, le moindre at
tentat la liberté civile ou politique?
Chaque jour l'autorité administrative
ordonne des recherches statistiques de
toute nature. Les fonctionnaires qui en
sont chargés blessent-ils pour cela la déli
catesse, sont-ils de ce chef considérés com
me propageant la défiance, le soupçon et
la délation? On trouverait très-naturelle
une enquête de la part de l'autorité civile
qui, jalouse de sa considération, préten
drait que la conduite de ses employés n'y
portât aucune atteinte dans l'opinion pu
blique; or, ici, il ne s'agit même de rien de
semblable: le chef du clergé veut constater
un fait qu'il a droit de constater, et il a
recours, cette fin, aux hommes qui peu
vent le mieux l'éclairer sans blesser la
délicatesse ni la charité, sans altérer l'har
monie qui doit régner entre tous les mem
bres du clergé.
Nous sommes peu inités aux mystères
de la franc-maconnerie toutefois nous
n'ignorons pas que dans les loges, on s'oc
cupe beaucoup de la presse, des journaux
quotidiens, des établissements d'instruc
tion, de l'Université libre de Bruxelles. On
y provoque des subsides en faveur de ces
entreprises, on s'ingénie pour propager les
journaux du progrès. Comme citoyens et
comme chrétiens, nous exerçons un droit
et nous remplissons un devoir de conscien
ce, en cherchant neutraliser l'action de
la franc-maçonnerie; mais n*î)us n'imitons
pas nos adversaires, en contestant ses
adeptes, au point de vue constitutionnel,la
faculté d'agir comme ils le font. Qui donc
sait le mieux respecter la liberté civile et
politique
M. Teichman s'est rendu Ypres
pour juger par lui-même de l'utilité du
canal dont les Yprois Sollicitent la cons
truction et qui devrait relier l'Yperléeà la
Lys. Un assure en outre que le gouverne
ment est décidé faire celte construction
qui donnerait' une nouvelle existence
une ville, jadis1 bien florissante et que les
malheurs, qui ont pesé au XV"1" siècle sur
la Flandre, ont seuls réduite l'état peu
prospère dans lequel nous la voyons au
jourd'hui.
On lit dans le Nouvelliste des Flandres
On a répandu en ville le bruit que M.
Forster a soutenu et même a parié que la
gêlée durerait jusqu'au mois de mars. Cet
astronome, que nous venons de rencontrer
par hasard, nous prie de démentir ce bruit
et de déclarer qu'au contraire tous les pro
nostics indiquent une gêlée peu forte et un
printemps assez favorable. Pendant la
gêlée passée il a remarqué des étoiles
filantes.
HOLLANDE. La Haye, 6 Janvier.
On lit dans le Singabore Free Press, du
10 décembre Nous apprenons que le
brick de guerre hollandais YArend, est
attendu Macao, et que l'agent hollandais,
qui maintenant est activement occupé
prendre des informations sur le commerce
de la Chine, se rendra sur ce vaisseau
Êour visiter les parties septentrionales,
spérons que le zèle de M. Modderman
procurera des avantages au commerce de
son pays.
L'Achelsche-Kluis, situé en Belgique,
une dizaine de pas de la frontière hollan
daise, et appartenant la douairière ba
ronne Tuyl Van SerooskerkenHeeze,
Leende, etc., a été récemment acheté avec
les terres environnantes au prix de 22,000
florins des P.-B., par les moines de la
Trappe, qui se proposent d'y établir un
couvent de leur ordre.
FRANCE. Paris, 7 janvier.
L'amiral Dupetit-Thouars a reçu aujour
d'hui la dépulalion du comité qui lui a
offert une épée d'honneur. L'amiral l'a
remerciéeet a refusé cette marque de
sympathie publique, en disant qu'il n'avait
fait que remplir les ordres de son gouver
nement, et que c'est lui de le blâmer ou
de le récompenser.
Les travaux des fortifications deParis
ne se sont pas ralentis vers la fin de l'an
née dernière. L'enceinte, le fossé, les es
carpes, contrescarpes et glacis sont termi
nés sur la plupart des points. Il ne reste
plus achever, l'enceinte, que quelques
travaux de maçonnerie qui seront repris
avec la saison favorable.
Seize des vingt forts projetés sont con
struits et la plupart de ces bastilles sont
même déjà militairement occupées.
Il ne restera bientôt plus qu'à s'occuper
de l'armement.
AUTRICHE.
La condamnation deux années de dé
tention dans une forteresse, la perte de
la noblesse et au renvoi du service mili
taire, qui vient d'être prononcée contre un
général appartenant la haute aristocratie,
forme en ce moment le sujet de toutes les
conversations. Un jeune officier recher
chait la main de la fille du comte de qui
vivait retraité Vienne, où ses affaires
financières étaient fort dérangées.
Le père fit appeler le prétendant la
main de sa fille, et lui demanda s'il était
en état de déposer le cautionnement légal
qu'on exige des officiers subalternes pour
leur donner l'autorisation de contracter
mariage. Ravi de cette question paternelle,
le jeune officier s'empressa d'apporter aus
sitôt les six mille florins exigés par la loi,
et le comte le congédia en lui disant que
rien ne s'opposait plus maintenant la
réalisation de son désir, mais qu'il devait,
cependant, attendre encore un an, parce
que des affaires de familles rendaient le ma
riage de sa fille impossible pour le moment.
En attendant, le général conserva l'ar
gent. Mais, au bout de quelque temps, le
projet de mariage fut abandonné, et le
jeune officier se retira. Il ne fut nullement
question des 6,000 fl., et le jeune homme
allenditque l'année fût écoulée, ne voulant
pas réclamer immédiatement cette somme
de crainte de mettre le général dans l'em
barras. Ce fut seulement l'expiration de
l'année qu'il rappela au comte la somme
qu'il avait déposée entre ses mains.
Mais qui pourrait peindre la confusion
du pauvre jeune homme lorsque le général
répondit du ton le plus sévère qu'il n'avait
rien reçu de lui, et le menaça des arrêts
et de la forteresse, sinon de la maison des
aliénés. Le jeune homme persistant dans
ses prétentions fondées, l'affaire vint aux
oreilles du ministre de la guerre, qui man
da chez lui le général pour empêcher un
scandale.
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