JOURNAL D YPRES ET DE I ARRONDISSEMENT. No 2848. Samedi, 18 Janvier 1845. 28me année. Une mission vient d'avoir lieu Menin. La première mission la quelle y avait été lonnée en 1836, fut remarquable par la jrandeaffluence des étrangers qu'elle avait attirés la ville, mais celle-ci a été réser vée aux Meninois seuls. Quatre jésuites y ont prêché pendant luit jours consécutifs. Chaque jour aux trois sermons flamands, l'église était com ble, et le sermon français prêché par le R. P. Barbieux, a été journellement écouté avec une envie religieuse. Pendant cinq jours plus de trente con fesseurs étrangers la ville, non compris les jésuites-missionnaires,ont été constam ment au confessionnal dès cinq heures du matin jusqu'à huit et neuf heures du soir. Beaucoup de militaires animés par le bon exemple des officiers de la garnison, se sont rapprochés des saints sacrements. La clôture s'est faite jeudi soir avec une pompe extraordinaire et un concours im mense de monde. On avait dressé un joli dais dans le chœur,etla statuede la Vierge se faisait remarquer par la richesse des diamants dont elle étincelait, tandis qu'un millier soit de bougies soit de chandelles et quinquets illuminait cettegrande église. Enfin tout le monde rayonnait de joie. Cinq soldats ivres traversaient hier la rue de Lilleavec un vacarme épouvantable. L'un d'eux paraissait commander les au tres. II y en avait un qui ne pouvait plus se soutenir, et ne marchait qu'en vomissant, appuyé sur le bras de son camarade. Au tournant de la rue des Trèfles, un de ces soulards donna de la tête contre le mur, l'angle de la maison du coin. La rue était empestée de l'odeur de genièvre. Les bour geois venaient leur porte, les passants s'arrêtaient indignés, la vue de ces êtres abrutis, dégradant l'honneur de leur uni forme. MM. les officiers ont déjà pris plu sieurs mesures pour réprimer l'intempé rance du soldat, qui entraîne aux derniers excès de débauche, la démence, l'insu bordination, aux maladies, au blasphème, la désertion, au vol, la lâcheté, l'abus des crimes et au suicide. Aucun moyen ne sera efficace si l'on ne met la plus grande attention entretenir et développer le sentiment religieux chez le militaire. Qu'on ne tolère jamais que l'accomplissement des devoirs soit un objet de risée, qu'on en donne franchement l'exemple, qu'on y encourage l'occasion. La scène repoussante que nous relatons aura son côté avantageux. En préludant au Carnaval et en montrant combien l'ivro gnerie avilit l'homme, elle détournera beaucoup de personnes des orgies dont le temps approche. Les badauds qui courent les rues et les cabarets pour voir les mas ques, en seront moins scandalisés. On mande de Bruges, le 15 janvier INous sommes informés que ces jours-ci un chevalier d'industrie s'est présenté dans plusieurs magasins de drap de notre ville, porteur d'un billet signé d'une dame res pectable des environs, afin de se faire li vrer des marchandises pour le compte de cette dame, qui est généralement connue. Déjà il avait réussi dans deux magasins, et allait probablement réussir dans un troi sième, lorsque la police, qui avait l'œil sur cet individu, est venue s'en emparer et le conduire en lieu de sûreté. La signature dont il était porteur était fausse. On écrit de Hasselt, le 14 janvier 0 Voici de nouveaux détails sur le meurtre qui vient d'être commis Loinmel. Le 31 décembre dernier, Joseph Le- maître, tailleur, originaire de Matines et peine âgé de 22 ans, se présenta Lommel chez les époux Verkammen, marchands fripiers. Comme il se trouvait dans le plus grand dénuement, il parvint, force de sollicitations, a engager le sieur Verkam men lui accorder l'hospitalité. Il fut con venu que, s'il faisait preuve de quelque habileté dans son métier, on le garderait en qualité d'ouvrier. Pendant quelques jours, les époux Verkammen n'eurent qu'à se féliciter de sa conduite. Jeudi dernier, Verkammen s'était ren du, comme d'habitude, au marché de Turnhout. A son retour, il fut fort surpris de rencontrer chez lui plusieurs voisins occupés chercher son épouse qui, depuis plusieurs heures, ne s'était pas montrée la boutique, et dont l'absence prolongée avait fini par les inquiéter. Vivement alar més, ils continuèrent leurs recherches et arrivèrent la cave. Ici un spectacle hor rible s'offrit leurs regards! Le cadavre de l'épouse Verkammen, la tête littéralement broyée, gisait dans une mare de sang. En relevant le cadavre, 011 découvrit, en outre, deux profondes blessures dans la région du cœur et plusieurs au 1res blessures moins graves aux mains et aux bras, circonstance que prouve que la victime avait essayé de lutter contre l'assassin. Un couperet en sanglanté fut trouvé quelques pas de la victime. Tous les soupçons se portèrent aussitôt sur Lemaître. Celui-ci, en effet, avait dis paru et ses vêtements ensanglantés étaient jetés ça et là dans la maison. Les recher ches actives de la gendarmerie furent bien tôt couronnées de succès. L'assassin fut découvert dans un cabarêt du hameau de Heppen, dépendant de la commune de Beverloo. Il dormait paisiblement, ayant côté de lui un paquet de bardes enlevées ses maîtres. Lui-même était vêtu d'un pantalon et d'une redingote appartenant Verkammen. Il avait, en outre, dérobé une somme d'environ 25 fr. On s'abonne Vpres, Grand'- Place, s4, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. prix de i. rno\vi',«i:\r, par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 4S® Prix d'un numéro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Vpres. Le Propagateur parait le ilNEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IVSEKTIOVS 19 centimes par ligue. Les ré- clames, ts centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7PB.3S, 18 Janvier. revue politique. Tout le monde croira sans peine que le cabinet de Londres fait tout ce qui est eu son pouvoir pour fomenter des difficiilte's l'Union américaine. Mais, pour notre part, nous douterons qu'elle y ait réussi tant que nous n'aurons pas sous les yeux la preuve certaine du contraire. Neuf évêques protestants d'Irlande sur quatorze dont se compose le haut clergé anglican de ce pays, viennent de signer une protestation contre le système d'éducation nationale imposé par le mi nistère a l'Irlande. Celte manifestation, laquelle l'archevêque d'Arinagh, primat protestant, a pris One part active est très-significative, ne peut manquer de susciter de graves embarras au cabinet Itnglais. L'archevêque de Cantorbery, primat protestant d'Angleterre, vient d'adresser au clergé et aux Jaïcs de son diocèse une lettre pastorale relative aux différends soulevés par la mise en pratique de Certains usages religieux recommandés par les puséysles. Le prélat ne se prononce ni pour l'une, ni pour l'autre des opinions qui divisent les laïcs et le clergé, il se contente de recommander aux uns et aux autres la tolérance, la modération et la charité chrétienne. Quant a l'adoption d'un rè glement uniforme pour la célébration des cé rémonies du culte, le primat anglican croit que le moment n'est pas venu de s'en occuper; il faut attendre, selon lui, que l'irritation causée par cette Querelle soit complètement calmée. Le ministre des finances d'Espagne a enfin présenté, la chambre des députés; le budget dont le lésultat est bien tel que nous l'avions annoncé il offre un déficit d'environ i5 millions de francs. On mande de Rome que le saint-père a reçu en audience particulière M. de Castillo et Ayenza, ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire d'Espagne près le saint-siége; c'est la première fois que le souverain-pontife reçoit un repré sentant de la reine constitutionnelle d'Espagne Isebelle II. De nouvelles condamnations politiques ont été prononcées dans les États Romains contre 19 personnes compromises dans les événements po litiques de 1843. Leurs peines sont de 7, 8, 10 et i5 ans de galères. Des médecins des pro priétaires; des commerçants, appartenant la pro vince de Bologne, voila quel est le rang des condamnés.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1