JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N® 2860. 28me année On s'abonne Ipres, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chex les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 44© Prix d'un numéro 20 Tout cè qui concétne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Tpres. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Êt centimes pàr ligne. Les ré clamés, tS Centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7 P B. 33 S1" MARS. AFFAIRE BAELDE. Complément de l'audience de Mardi, tS Février. M Vanackerchirurgien, a assisté a l'exhu mation du cadavre de Cathérine Leroy. Marie Vanoost lui a dit que Clémence Baelde est allée chercher le remède, et que la défunte l'a trouvé d'un goût détestable. Cela prouve la présence dans le remède non de l'arsenic, mais du sel de soude. M. Becuwe, pharmacien-chimiste. Les ex périences au moyen de l'appareil de Marsch ont démontré la présence d'une très forte quantité d'arsenic- Le même poison a été trouvé dans le résidu de la fiole qui a contenu le remède. Le remplacement du sulfate de magnésie par le soude n'est pas une falsification de remède, mais une substitution qui ne peut entraîner aucun résultat fâcheux M Gayman, pharmacien-chimiste. Nous avons trouvé i° le soude au lieu du sulfate de magnésie au fond de la fiole du remède, 2° l'arsenic dans la fiole, dans le verre qui a servi la défunte, et dans son estomac II n'y a pas le moindre doute qu'elle ne soit morte de l'arsenic qu'elle a pris. Rosalie Pool, servante, demeurant a côté de la maison Baelde, a, par un temps brumeux, aperçu le 18 juillet, entre 7 et 8 heures du matin, une grande fumée provenant de la maison Baelde. Cette fumée sentait fort mauvais. A Ypres, c'est l'usage d'annoncer la inort aux voisins, et ce pendant je ne l'ai apprise que le soir. Dans une vive discussion entre les époux Baelde quelques jours auparavant, j'entends ces paroles Je veux que cette fille se taise. Mm° Baelde ne sait rien de cette fumée, elle ignore même si l'on a fait ou non du feu. Amélie Vannesle, épouse Bouckaert, a aperçu la même fumée Son mari s'écria Fermez la porte! Quelle fumée! Quelle fumée! Elle sortait de la cheminée de Baelde. Cela dura un quart d'heure avec deux ou trois intervalles Elle était blanchâtre ou bleuâtre, bleekachtig, et descendait jusqu'à terre Elle répandait une odeur très forte que je n'avais jamais sentie. L'e'poiise Dedeyster, même déposition. M Mareska, professeur de chimie Gand, a pris la suie du poêle et de la cheminée. L'analyse chimique a donué de l'arsenic- Cependant dans la suie des cheminées d'antres maisons Ypres, où l'on brûle du charbon de même qualité que celui des époux Baelde, on a aussi trouvé de l'arsenic, mais en quantité bien moindre. C'est un fait nouveau acquis la science. Voici la comparaison dans un kilogramme de suie- chez Baelde, 64 milligrammes, ailleurs seulement 4 milligrammes d'arsenic, donc chez Baelde seize fois plus d'ar senic. L'arsenic brûlé donne une vapeur épaisse et bleuâtre. MM Mareska, Becuwe et Hammelrath Darta- gent l'opinion qu'il a été brûlé de l'arsenic dans le poêle de Baelde. M. Lados, médecin a Gand a concouru aux Opérations sur la suie. M le Président ordonne séance tenante une expérience sur l'odeur de l'arsenic brûlé. MM Mareska et Hammelrath se font apporter une pelle couverte de charbons ardents, et en présence de la cour, répandent sur le feu une certaine quantité d'arsenic II s'en échappe immé diatement une fumée épaisse, d'un gris foncé, exhalant une odeur fétide M Mareska passe cette fumée aux visages de Rosalie Poot, et des femmes Bouckaert et Dedeyster- Elies déclarent sponta nément que c'est exactement la même odeur qu'elles ont sentie le 18 juillet (Sensation). Veuve LeroyC'est Gremonprez mari de la seconde'accusée. qui m'a prévenue de la mort de ma fille- Quand-je suis arrivée de Hollebeke chez Baelde. la femme m'a dit qu'elle était déjà en sevelie- Cela n'était pas vrai, j'ai voulu la voir. Mm" Baelde voulait m'empêcher d'ôter le drap Ma dame disait qu'elle avait trouvé ma fille étendue sur le lit, et morte, qu'elle en était encore toute bouleversée En partant, Marie Vanoost nie de manda ce qu'on m'avait dit M1"" Baelde l'aperçut, et me dit Qu'avez vous radoter là, vous ferez mieux de continuer votre chemin- Donse 1 mari en secondes noces de la veuve Leroy Marie Vanoost a dit ma femme que le 17 juillet au soir elle est allée mettre ses enfants au lit, et qu'ensuite elle est retournée chez Baelde, où elle a vu Cathérine vivante L'accusée VanoosL: je n'ai dit cela que pour consoler les parents, afin qu'ils pussent penser que leur fille n'était pas morte délaissée, mais entourée des soins nécessaires. Marie-Thérèse Leroy jeune fille de îfi ans, sœur de la victime, paraît irès-intimidée. M. le Président la rassure avec bonté Elle alla chez Baelde avec sa mère le jour de l'enterrement. En partant, elles rencontrèrent une femme qui dit sa mère Votre fille a été empoisonnée- Dieusart, commissionnaire d'Ypres Neuve- Église. a accompagné Mm° Baelde et sa servante revenant de Neuve-Église où travaillait Baelde, le 6 Juillet, fort tard dans la nuit. On tronva les portes de ia ville fermées Cathérine Leroy se coucha par terre, ce que le témoin lui déconseilla, disant qu'elle en serait malade II n'a remarqué aucune mésintelligence entre les deux femmes. M. Coppie/ersmédecin, est allé chez M™9 Baelde le jour du mandat de comparution Elle nie dit qu'elle était victime d'un erreur. J'ai dé claré M. le Procureur du roi que j'avais des soupçons que la tante de M. Baelde, que j'avais traitée, pouvait aussi être morte par le poison. M. Lammensdroguiste Gand a vendu il y un an une livre d'arsenic en morceux Baelde. Passé i4 ans, il lui en a vendu une livre en poudre. AUDIENCE DE MERCREDI, 26 FÉVRIER. M le Pre'sidentveuve Leroy, quels propos vous a tenus la femme Baelde sur la maladie de votre fille? Veuve Leroy Elle m'a dit qu'elle était lourde, somnolente, qu'elle avait lènti sa,tête, dont èfîe disait souffrir beaucoup. Mm" Baeljje a ajouté tjti'elle lui avait apporté un vase de huit parce qu'elle avait des vomissementset qu'elle était restée auprès d'elle jusqu'à dix heures. M. Van de Brouckejuge de paix, a connais sance des quérelles successives avec plusieurs ser vantes M Degheus juge d'instructions Ypres. Baelde lui a dit qu'il avait acheté une livre d'arsenic chez M. Lammens Gand, qu'il en avait employé très peu, qu'il était déposé dans le pupitre au bureau, qu'il avait laissé laclef du bureau sur la porte, qu'à son retour, il avait trouvé le pupitre complète ment dérangé, que même des papiers en avaient été enlevés- M Deghens n'a pas trouvé d'arsenic II a re marqué sur le parquet des tachesqu'il attribue des vomissements- II doute si Baelde lui a dé claré que sa femme savait que l'arsenic était dans le pupitre Reine Van IsackerCathérine Leroy m'a raconté que Baelde et sa femme avaient eu une vio lente querelle Neuve-Église, et qu'au retour madame avait dit la servante: Vous parlerez pour moi en justice, mais que celle-ci avait re'pliqué: Je parlerai pour qui a raison. Mmo Baelde aurait riposté: Vous vous en repentirez A quoi Cathe rine aurait encore répondu Comment pourrais-je en avoir du regret, puisque je vons quitte- Elle in'a raconté ceci le mercredi avant Sa itiOrt. Vermeerschde Neuve-Église, a entendu dire que l'épouse Baelde avait maltraité son îftâri et pris son argent- L'épouse Dekweekercabaretièrechez qui Baelde était logé Neuve-Église, entendu beau coup de bruit dans la chambre des époux, Baelde est descendu me priant de mettre de coté un petit coffre Madame s'y est opposée Elle était furiense. Quelques jours après l'arrestation de sà mère, la fille aînée me dit Ma mère est arrêtée par la faute du pharmacien qui a mêlé quelque chose la médecine de la servante. M" D'hondt proteste formellement contre l'al légation énoncée si imprudemment dans l'acte d'accusation qu'il serait allé trouver Marie Vanoost pour influencer ses déclarations par ses conseils- M le Juge Degheus déclare que M. l'avocat D'hondt est sous tous les rapportsavautageuseiuent connu Ypres (1). Hauloy cabaretier- Mm' Baelde me pria d'aller chercher la police pour dissiper la multitude at troupée devant sa porte A mon retour, elle me dit niais pourquoi tout ce monde? On a exhumé le cadavre de Cathérine-Comment! j'ai eu tant de soin d'elle, et l'on m'en veut? Je lui (1) La ville d'Ypres toute entière appuyera ce témoignage. M. D'hondt est incapable de jouer le rôle dégradant que lui reproche Pacte d'accusation. Comment les rédacteurs de cette pièce ont-ils pu s'arrêter aux assertions d'une férnttie que ses mensonges scandaleux ont conduite jusqu'au banc des assises, sous le poids de complicité uRe accusa tion capitale? J/excès du zèle 9 poussé une démarche inconvenante, mais lés intentions ont été pures. Note de la rédaction.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1