demandai où était la fiole qui avait contenu le I remède- Elle me la montra j'ai vu au fond un petit dépôt blanc Je lui conseilla de conserver cette fiole. Elle me demanda de lui procurer les journaux qui parlaient de cette affaire, et de faire un article en sa faveur pour un journal- Je lui dis qu'elle devait s'adresser pour cela a un avocat sachant rédiger (1). que moi je ne le savais pas- Mme Baelde a encore dit Le pharmacien aurait bien pu se tromper, je ne retrouve pas la recelte du docteur. Le capitaine Adens a vu l'attroupement Quel que temps auparavant, Baelde lui a donné de la mort aux rats Femme Vandaele- Marie Vanoost m'a dit qu'elle a porté la servante dans la chambre, et qu'arrivée la, elle était morte- Cela aurait eu lieu le jeudi matin Elle me l'a dit le samedi- Femme Demey Marie Vanoost lui a montré des effets de Catbérine Leroy. L'accusée Vanoost reconnaît le fait, disant qu'elle avait eu ces objets de la mère de la ser vante Elle prétend n'avoir nié ceci devant le juge d'instruction parce qu'on soutenait qu'elle avait eu plus d'effets, Femme Coene- L'accusée Vanoost m'a dit d'avoir eu un demi franc et quelques effets de M"10 Baelde, pour avoir avec celle-ci enseveli la servante- Femme Samhaere, a vu des objets ,que Marie Vanoost disait avoir eus de M1"" Baelde- Angélique Debierte- Je suis allée chez Baelde le mercredi après-dîner, pour demander du lait battu, et j'y suis retournée entre 4 et 5 heures. J'ai vu Cathérine Leroy occupée travailler au lait battu- Le lendemain, la fille Baelde me dit que la servante était morte la veille au soir h 7 1/2 heures- en présence de sa mère (de Mme Baelde), Marie Vanoost m'a dit que le jeudi matin elle a trouvé la servante morte dans son lit- Mm* Baelde se plaignait de ce qu'on lui en voulait cause de la mort de sa domestique, tandis qu'elle l'aimait beaucoup, et qu'elle lui avait même donné du lait battu avec du sucre. Témoins déchargeLa femme Angillis a entendu dire en 1831 que Baelde avait maltraité et chasse' son épouse; elle l'a vue blessée- Eugénie fVallaeys En 1851. Baelde a mal traité cruellement sa femme Je l'ai reçue par compassion. M. Hammelrath l'a traitée- AngillisEn 1831j'ai vu Baelde poursuivre sa femme avec une bayonnette. Le lendemain, il l'a mise a la porte. Coutelle> Même déposition- Le lendemain, j'ai vu M®" Baelde couchée dans la rue avec un enfant de i5 jours- M Soenen, pharmacien- Un jour M- Gerste (l'apothécaire où l'on est allé chercher le remède) a donné de la fécule de pomme de terre au lieu de farine d'orge Amélie DidierM™0 Baelde m'a dit de sa servante, huit jours avant sa mort, qu'elle était très contente d'elle- Marie Vanoost lui a dit qu'elle avait couché chez Baelde la nuit du 17 au 18 juillet, Une discussion s'élève entre M le Président et M° D'hondt sur les conseils que ce défenseur aurait donnés a Marie Vanoost. M" Dewille proteste au nom de l'indépendance du barreau contre les insinuations de la cour et du ministère public M Gerste pharmacien Ou m'a tendu un pie'ge en demandant deux fois la même substance. On m'a adressé une lettre anonyme portant le timbre de la poste, et les mots Empoisonneur, tache sur le front d'un fripon- Il est évident que j'ai des ennemis qui visent a ma ruiue Depuis neuf mois que cette affaire dure, il n'y a pas d'avanie qu'on ne m'ait fait essuyer- I.a fille qui est venue deux fois demander de l'ascence de citron, était envoyée de chez l'huissier Dumort- Barbe Derousse Cathérine Leroy m'a dit que Mm° Baelde était moins difficile que ses enfants- (1) Le cabaretier Hauloy délivre ici bénévolement un brevet d'incapacité une partie du barreau d'Ypres. AUDIENCE DE JEUDI 27 FÉVRIER Le Ministère public renonce l'audition des deux maris, Baelde et Gremouprez. M M aériens y procureur criminel, dans un réquisitoire flamand qui produit la plus vife sensation dans l'auditoire, examine toutes les circonstances de ce procès mémorable. En 1825, dit-il, cette même femme se trouvait ioi sur ce banc d'infamie Elle était accusée alors d'avoir mordu dans le doigt de son père. Il est constaté par les pièces du procès d'alors que cette malheureuse était coupable, mais l'amour paternel l'a sauvée du déshonneur Le crime a lévéié la nature perverse de l'accusée et depuis lors tout ce qu'on a appris de sa conduite n'a fait que confirmer les appréhensions de la justice. Bientôt après le mariage de la femme Baelde, cette nature perverse s'est développée, les enfants du premier lit n'ont trouvé en elle qu'une marâtre impitoyable. 11 est croire qu'un de ces enfants est décédé la suite des tour ments physiques et moraux qu'elle lui a fait essuyer. Dans la suite, ce caractère coléiique et brutal s'est montré dans tous les phases de sa vie. Elle avait des disputes presque continuelles avec son mariet aucune des domestiquas ne pouvait rester longtemps chez elle. Les servantes ne quittaient son service qu'à lu suite d'une dispute soit pour les habille ments qu'elle lie voulait leur rendre, soit pour l'argent qu'elle ne voulait leur donner. Cathérine Leroy avait depuis quelques semaiues toute la confiance de la femme I aehie, elle était au fait de sa conduite perverse. Cette fille ne voulant pas aire témoin plus long temps de ces scandales, prit la lésotuliou de quitter le service de l'accusée, et elle mauisfesta cet iuleulious difîércntes personnes. Cette détermination contraire vivement l'accusé et dès lors elle résolut de s'en défaire. L'occasion était on ne peut plus propice, Catbérine Leroy ne se poitait pa» bien, elle est visitée par le médeciu qui lui écrit une ordonnance. La bile Baelde va chercher le remède et rapporte l'ordonnance pour que le pharmacien ne pût pas plus tard la reproduire. Ainsi la femme a tout tait pour iuduire la justice eu erreur. M Maertens se livre ensuite une longue dissertation pour faire tomber le système de défense de l'accusée qui prê tent n'avoir pas vu la médecine et par conséquent de n'avoir pu y mettre l'arsenic. Elle a tout fait pour dérouter la justice sur celte circonstance. Dés qu'elle a pu s'aboucher avec la deuxième accusée, elle lui a dit, c'est maintenant le moment décisif, il faut tout mettre eu œuvre pour faire accroire qu'il m'a été impossible d'avoir en ma possession de bouteille de médeciue. M. Maertens fait ici une véhémente sortie contre lesintrigues qui ont été mises en œuvre dans le but de piéierde la consis tance |ce systèmeet ajoute que c'est une tache que des avocats ont imprimée sur la robe, que de (louuer la main une pareille infamie (i). Le paroles de l'accusateur public font la plus vive impres- pression sur l'auuitoire qui de temps eu temps manifeste son approbation. Le Ministère public parcourt successivement tous les élé ments de l'iustructiou abordant et détruisant sur sou passage tous les moyens sur lesquelles pourra s'appuyvr la défenseet conclut la culpabilité de la femme Baelde. II abaudoune peu près complelemeut l'accusation contre Marie Vanoost. Nous avons donné la première partie du réqui sitoire de M Maertens Le ministère public s'est exprimé en langue flamandeavec une clarté et une précision qui ont ravi tout l'auditoire- Il a relaté toutes les circonstances de l'accusation il a insisté sur chaque point avec une force de logique qni semblait faire uue vive impression sur le jury- M Maertens, dans son long discours, a eu diffé rentes fois de beaux mouvements, il s'est élevé jusqu'à l'éloquence M0 Van Renterghem a pris ensuite la parole en faveur de la principale accusée. Il s'est parti culièrement occupée de la question scientifique. Un argument de la défense qui a produit de l'im pression c'est que les médecins-légistes n'ont trouvé que de la baryte, c'est-à-dire de l'arsenic acheté par Baelde chez Lammens était de l'arsenic en morceaux, c'est-à-dire de l'arsenic qui ne pou vait être falsifié Par conséquent si on prétend que l'accusée Baelde a empoisonné sa servante où a-t- elle été chercher la baryte Le pluidoyer de M" Van Renterghem était serré et fort de logique sa tâche cependant était difficile- M" De fVitte a pris ensuite la parole et s'est efforcé de réfuter les différents points de l'accu sation, qu'il a combattue corps corps avec une vigueur qui lui eut assuré la victoire s'il n'avait pas eu affaire des faits positifs et formellement constatés par la science- A chaque proposition hasardée par la défense, M- le président a fait rappeler les médecins-légistes de Gand et d'Ypres et leurs arrêts ont été presque toujours défavora bles la défense qui cependant semblait avoir fait une étude spéciale d'Orfila de Chevalieretcetc- A une heure la séance a été levée et remise trois heures. A trois heures et demie M" De Witte a repris son plaidoyer au milieu du plus profond silence. 11 a continué la réfutation de l'acte d'accusation et du réquisitoire du ministère public Cette partie de son plaidoyer a fait impression il est parvenu, Voir la uota de la rédaction et la déposition de M. Deglieus. différentes reprises ébranler l'échaffaudage de l'accusation Mais nous devons ajouter que le mi nistère public lui aussi a été heureux dans ta réplique Cette réplique était courte mais décisive elle a consolidé l'accusation- Il y a en surtout un passage qui a fait sensation M° De Witte s'était efforcé de prouver que le pharmacien aurait bien pu avoir mis l'arsenic dans la fiole Le ministère public après avoir fait prouver par les membres delà commission officielle que l'arsenic du phar macien t'était trouvé sous clef lors de la visite faite par elle dix jours avant la mort de la ser vante demanda la défense qui accusait le phar macien d'avoir employé par inégarde l'arsenic si la femme Baelde y avait mis la sulfate de soude- Car s'écria M Maertens. la défense avoue elle- même qu'une seule poudre a été mise dans la mé decine par le pharmacien et l'analyse vient dé montrer la dernière évidence qu'on y a trouvé la soude et l'arsenic; ainsi donc c'est l'accusée qni doit avoir mis la soude dans la médecine hi larité générale Après M Maertens, MMt,,s Van Renterghem et Dewille ont pris encore plusieurs fois la parole, mais ils n'ont pu regagner le terrain perdu Les médecins-légistes ont encore été rappelés dif férentes fois, et sont venus réduire leur juste valeur les suppositions faites par la défense Celle- ci prétendait entr'autres qu'on aurait dû sentir l'intérieur de la maison l'odeur de l'arsenic que l'on croit que l'accusée a jeté dans un poêle fermé; les médecins-légistes ont déclaré le contraire; le poêle étant fermé aucune odeur ne pouvait être sentie l'intérieur La défense prétendait encore, d'après ou ne sait quels auteurs que s'il est vrai que l'arsenic ne se dissout pas dans l'eau* il se dissout dans le syrop de pavot que le pharmacien avait du employer selon l'ordonnance. Les mé decins-légistes ont déclaré que l'arsenic ne se dissout pas plus dans le sirop de pavot que dans l'eau La défense avait prétendu encore que le soude contient de l'arsenic- Les médecins sont venus déclarer que le soude que l'on vend chez les apothicaires n'en contient pas. mais que celle qui en contient, n'en contient pas dans une quantité suffisante pour pouvoir donner la mort Qu'en tout cas, Cathérine Leroy a pris presque autant d'ar senic que la dose de soude prescrite. M're Deschryvere a pris ensuite la parole et a présenté la défense de la femme Van Oost avec une habileté et une force de raisonnement qu'on rencontre rarement- Aussi, aussitôt après l'élo quent plaidoyer de M° Deschryvere, M- Maertens s'est levé et a déclaré qu'il devait rendre justice aux raisons alléguées par le défenseur et qu'il abandonnait l'accusation contre Marie Van Oost. Le jury s'est ensuite rendu dans la salle et en est sorti après une heure de délibération. 11 a apporté un verdict de condamnation contre la femme Baelde et un verdict d'acquittement envers la femme Van Oost. La décision du jury avait été prise par 7 voix contre 5- La majorité de la Cour s'étant jointe la majorité du jury, la femme Baelde a été con- damnné mort et la femme Van Oost mise en liberté. Malgré l'ordre formel donnée par le président la gendarmerie d'appréhender au corps tous ceux qui se permettraient des signes d'appro bation ou d'iinprobation. la foule qni encombrait la salle de la cour d'assises, et surtout la masse compacte qui stationnait sur la Place du Bourg, a témoigné son approbation par des cris de bravos et des trépignements La femme Van Oost, après sa mise en liberté ne se possédait pas de joie elle sautait et dansait comme une folle- La femme Baelde restait impassible, la tête penchée sur la poitrine, qui était probablement trop oppressée pour que des larmes puissent couler de ses yeux. La condamnée et l'acquittée ont été conduites en prison daus une vigilante La femme Van Oost, devait y aller pour chercher ses effets; son retour elle a été reçue par les acclamations d'une foule immense qui avait accompagnée la vigilante jus qu'à la prison. Lorsque M le président a demandé la femme Baelde si elle avait dire quelque chose sur

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 2