HOLLANDE. la haye, 21 mars.
Pendant l'hiver si rigoureux de 1709, on
n'a eu que 61 jours de gêlée: en 1740 il y
en eut 77; en 1709, on vit pendant 10 se
maines les barques retenues par la glace,
et pendant 80 jours, l'hiver de 1830. Mais
le froid de 1845, qui a commencé en no
vembre, est sans nul doute un événement
dont on conservera longtemps le souvenir.
Le 18 de ce mois, un tailleur de Breda
a eu une singulière idée dont l'accomplis
sement a tourné au profit des pauvres. 11
s'est établi sur la glace, en manches de
chemise et tête nue et, dans cet état, il a
confectionné une pièce d'habillement, en
chantant joyeusement. Comme on le pense
bien cette nouveauté a attiré la foule et l'on
en a profilé pour faire une abondante ré
colte de bienfaisance.
Les chefs de corps ont reçu une cir-
cnlaire par laquelle il leur est rappelé que
les lieutenants d'infanterie peuvent ob
tenir, s'ils le désirent et si le service le
permet, un congé illimité, avec un traite
ment de congé de G00 florins par an. Les
officiers de ce grade dans la cavalerie
jouiront de la même faculté avec un trai
tement de 11. 720 et le fourrage pour un
cheval s'ils prouvent qu'ils en ont effec
tivement un.
Nous recevons les journaux de Java
jusqu'au 25 novembre 1844; ils sont dé
pourvus d'intérêt. Les pirates s'étaient em
parés de l'ile Gilie, située 1 1/2 mille de
Bawoen. On se préparait les y attaquer.
Le brick royal de guerre de Arend a
quitté Macao le 11 septembre, se rendant
Hong-Kong, et le 29 du même mois il a
fait voile pour Shanghae.
FRANCE. Paris, 22 mars.
Mgr. le cardinal de La Tour-d'Auvergne,
évêque d'Arras, se tenant avec la dignité
de son double caractère, au-dessus des
adulations intéressées de la presse libérale
et de certaines provocations anonymes,
avait annoncé qu'avant de donner son ad
hésion la censure de Mgr. le cardinal de
Bonald, contre le Manuel de droit ecclésias
tique français de M. Dupin, il se réservait
de faire l'examen de ce livre. Voici le ju
gement de condamnation que nous ex
trayons de la circulaire que S. Em. a adres
sée au clergé de son diocèse
Arras, 18 Mars i845.
Ma circulaire du 5 de ce mois vous a
anoncé, Monsieur le curé, que je faisais
examiner l'ouvrage qui a pour titre Ma-
o nuel de droit public ecclésiastique français
imprimé pour la seconde fois en 1844.
La commission que j'avais nommée
pour cet examen, et qui était composée
de quatre théologiens possédant en mê-
me temps la science du droit canon, m'a
fait son rapport.
J'ai comparé et fait comparer ce rap-
port avec chacun des articles de l'ou-
vrage signalés par la commission comme
dignes de blâme ou de censure. Cette
seconde opération m'a convaincu du soin
sérieux et de la parfaite exactitude ap-
portés par la commission cet examen.
Voici la conclusion de ce rapport, je
n'y change pas un mot
Quand on se rend compte de l'esprit
de prévention qui domine entièrement
cet ouvrage; des propositions hasardées
et erronées dont il est semé; de sa ten-
dance ruiner les véritables libertés de
l'Eglise, et y introduire la défiance et
la désunion, on ne peut que gémir sur
l'abus qu'a fait l'auteur de son talent in-
contesté. Ce livre ne peut pas être le
Manuel d'un prêtre catholique; et un
évêque ne fait que son devoir en usant
du droit qu'il a d'en introduire la lecture
son clergé.
Nous défendons en conséquenceau
clergé de notre diocèse, de lire et de
conserver chez soi le Manuel de droit pu-
plic ecclésiastique français.
Dans un rapport lu récemment l'A
cadémie des sciences par M. le baron Du
pin, on trouve des renseignements curieux
sur les blessés de juillet 1830. Outre ceux
qui ont été traités domicile, il y a eu
blessés dans l'ordre civil, 881Femmes,
45. Enfants, 14. Militaires, 191.
Morts dans les 53 premiers jours de trai
tement, 233.
Après leur guérison, on demande cha
cun ce qu'il souhaitait; voici la statistique
et |es paroies mêmes de M. le rapporteur
Chose qu'on ne voudra pas croire,
après quinze années d'égoïsme toujours
croissant, par 100 blessés, 54 déclarèrent
qu'ils ne demandaient rien
Deux élevèrent leur désir jusqu'aux
épauletles de sous-lieulenant 2 jusqu'à
l'entrée de l'École Militaire; 1 jusqu'à l'E
cole des Arts et Métiers; 6 aspirèrent la
profession de commis dans les bureaux; le
reste se contenta de reclainerun emploi de
concierge, de garçon.de bureau, de garde-
chasse, de gardes-forestiers ou minicipaux.
S'ils eussent eu, ajoute M. Dupm, le
mérite assez facile de n'avoir pas été bles
sés, n'auraient-ils pas, comme tant d'au
tres, demandé bien davantage?...
Nous avons parlé de la présence
Paris de deux sauvages de l'Amérique du
Sud connus sous le nom de liotocudes. Ces
deux sujets ont été soumis l'examen des
naturalistes du Jardin des Plantes. La
science, ayant épuisé les observations sur
ces deux individus de la race rouge, va les
renvoyer ces jours-ci dans leur pays.Quoi-
ue le séjour qu'ils ont fait Paris ait été
e plusieurs mois, rien n'a changé ni mo
difié sensiblement leur état de nature. Le
résultat le plus remarquable auquel soit
parvenue l'éducation vis-à-vis d'eux a été
de leur apprendre confpïeEhisqu'à cinq.
La cause de la pou
drière de la marine/à^^l]fçr i\^\ouj0u rs
un mystère; nous liféffilfdatTs le ïévfonmis
Parmi toutes le^yérsid^s àùëlrculent
sur la cause de cecause
qui restera probablenleiil^fl^mue, un de
nos correspondants nous~3onne la suivan-
Si le Pape s'avisait de vouloir, ce qu'a Dieu
ne plaise! entreprendre la conquête de la Fran-
celi la tête de ses soldatset de'trôner la dynas-
tie de Louis-Philippe, ce prince ne serait-il
pas fort a plaindre de ne pouvoir opposer a Sa
Sainteté, que l'article premier des libertés de
l'Eglise gallicane? Oui.
Se rend-on bien compte de ce que c'est que
l'Eglise gallicane dans un pays qui admet la
pleine liberté des églises calvinistes, luthérien-
nés, juives, et de toutes celles qui sont ou qui
seront successivement autorisées par M. le préfet
de police? Non.
Que peut-on vraiment entendre ici par la
liberté des cultes, si ce n'est, en définitive, la
liberté de conscience? Oui.
Savoir, dans une religion quelconque, ce qu'il
faut préférer et penser, de deux autorités spiri—
tuelie qui s'attache a leurs décisions spirituelles,
a leur puissauce spirituelle, a leur gouvernement
spirituel, n'est-ce pas éminemment la une ques-
tion de liberté de conscience?Oui.
La liberté de conscience intéresse-t-elle les
catholiques? Oui.
Et les protestants? Oui.
Et les juifs? Oui.
Et les philosophes? Oui.
Et les pbalanstériens? Oui.
Et les templiers? Oui.
Et ceux qui croient? Oui.
Et ceux qui ne croient pas Oui.
Et ceux qui ne croiront plus? Oui.
Et ceux qui croiront? Oui.
Et par conséquent tout le monde? Oui.
Et, lorsque, dans un pays libre, on opprime la
conscience de nos prêtresn'opprime-t-on pas
la nôtre? Oui.
Et, lorsqu'on opprime la nôtre, n'opprime-t-
on pas la vôtre? Oui.
Conçoit-on bien (car si nous insistons sur ce
point, c'est que c'est le point essentiel), que
lorsque la charte politique est neutre, et qu'elle
abandonne chaque culte h la liberté de sa foi, le
gouvernement prétende surveiller, contrôler,
gêner et conduire des opinions purement théo-
logiques, et se mêler de faire de l'esprit? Non.
En est-on quitte alors pour se jeter aux pieds
du Père commun des fidèleset pour lui dire
que la question de sa suprématie dogmatique
n'est qu'une question de discipline légale et
de police des cultes et sans doute qu'en lui
disant cela avec toute la précaution possible, et
avec toutes les componctions d'une tendresse
filiale et gallicane, on ne fâchera pas le Saint-
Père, mais ne le fera-t-on pas sourire? Oui.
Lorsque le gouvernement et les citoyens ne
se sont pas crus liés en matière politique, par le
despotisme de Louis XIV en 1789.Par la
déclaration des droits de l'homme en l'an viii,
par la Constitution du 22 frimaire eo 1814,
et par la Charte de Louis XV11I en i83o,
le clergé de France ne peut-il pas demander h
son tour s'il sera lié h jamaisen matière reli-
gieusepar l'édit de Louis XIV Non.
En d'autres ternies, l'Eglise gallicane de Louis
XIV et de maître Pithou est-elle l'Église galli-
cane de Louis-Philippe et de maître Dupin
Non.
NÉCROLOGIE.
M. Berger, ancien organiste de l'église de Saint-
Sauveur et carillonneur de la ville de Bruges, est
décédé subitement le 24. M. Berger était regardé a
juste titre comme un des meilleurs organistes du
pays.
La sœur supérieure du couvent de l'ordre
de Saint-Marie, établi Châtelet, a été trouvée
sans vie, dans son lit, le 19 couranth six heures du
matin. Elle a succombée par suite d'une apoplexie.
Le 20 est mort a Utrecht, l'âge de 70
ans, M. Schrôder, professeur de physique et de
mathématiques, chevalier de l'ordre du Lion-
Néerlandais. M. Schrôder comptait trente ans de
professorat près cette université.
Une parente de l'ex-roi de Naples, Mu° Mu-
rat, vient de mourir a Lavalle (Loire) h l'âge de
soixante douze ans; elle avait une fortune consi
dérable dont elle usait au profit des malheureux.
Mm° la baronne de Cambacérès, veuve du
général de Cambacérès belle-sœur du prince
archi-chancelier de l'Empire et du cardinal comte
de Cambacérès, ancien archevêque de Rouen, vient
de mourir Paris, presque subitement, dans un
âge assez avancé.
Un journal de Rome, Notizie del Giorno
annonce que M. l'abbé Masirofini est mort dans
la nuit du 3 au 4 mars, a l'âge de plus de 80 ans,
entouré de toutes les consolations de la religion,
et pénétré des sentiments de la foi la plus vive.
Autour de plusieurs ouvrages d'une science pro
fonde, M. Mastrofini était célèbre en Italie et dans
les pays étrangers, comme métaphysicien, juriscon
sulte et philologue. Il était consulteur de la con
grégation des affaires ecclésiastiques et membre
du collège philologique de l'Université romaine;
il n'éait pas moins recommandable par sa piété et
sa modestie que par son vaste savoir.