FRANCE. Paris, 9 mai.
Lorsque M. Guizot fut saisi de cette
maladie subite dont il souffre encore, il
était occupé se faire la barbe. Sa main
faisait courir le rasoir sous le menton,
quand une douleur inopinée et atroce lui
causa une contraction nerveuse qui fit
entrer le rasoir dans la chair. M. Guizot
tomba la renverse, ayant le menton tout
en sang et tenant toujours le rasoir la
main. Accouru au bruit que fit la chute
du corps, le domestique s'écria que M.
Guizot s'était suicidé. Cette nouvelle, dont
la fausseté ne tarda pas être reconnue,
jeta un moment la consternation autour
de M. le ministre des affaires étrangères.
Des lettres d'Algérie reçues hier
annoncent qu'Abd-el-Kader, toujours vain
cu, jamais découragé, est sur le point de
recommencer encore une fois ses hostilités
sans fin contre nous. M. le maréchal Bu-
geaud se préparait une^Joovc^^xpé-
dition. Le traité de Tanaér, pn.tètyorl&i'a
rien terminé. La bataillo'd'Isiy n^tuf^ijttic
été qu'une glorieuse pacè dp pîys/â'îSiu-
ter nos annales.
On se souvient qu'un^^ào^e Ma
nille arrivée en Europe dans les premiers
Il fait remarquer qu'il aurait pû prendre une po
sition plus nette, mais moins favorable au district
que M. D'Elhoungne repre'sente, il aurait pâ
repousser la possibilité de la construction de la
section vers Aeltre ou vers Deynze.
M. De Roo se plaint de ce que le gouverne
ment a abandonné son projet primitif; il propose
par amendement d'ajouter k l'article du projet
ces mots avec embranchement sur Aeltre ou
sur Deynze. Il insiste sur la nécessisté ce rendre
les communications faciles entre Gand et Thielt
principal marché de toiles de la Flandre.
M. le président. L'amendement que M. De
Roo vient d'annoncer est arrivé au bureau. Il
est signé par 10 membres, k savoir MM. De
Foere, D'Elhoungne, Delehaye, De Roo, Mani-
lius de Sécus, Desmaisières, De Saegher, Castiau
et de Tornaco.
Voici une disposition additionnelle présentée
par M. Donny
Est supprimée la mention faite k l'art. 52
du prolongement de l'embranchement de Dix-
mude jusqu'à Furnes.
M. Donny développe son amendement. Il
fait remarquer que la construction de ce pro
longement est facultative pour la compagnie pen
dant une année entière. Il ne veut pas de cette
faculté, parce qu'elle tient en suspens pendant
un an la construction de toute ligne sur laquelle
ce prolongement pourrait exercer influence.
M. Malou. rapporteur, explique les motifs qui
ont guidé la commission elle a cru qu'il ne
fallait pas risquer de compromettre toute l'en
treprise en voulant faire mieux que ce qui était
reconnu possible par la majorité. Elle n'a pas
voulu se prononcer quant k l'embranchement
sur Aeltre ou sur Denze, en présence des ré
clamations qui s'étaient élévées; mais elle n'a
voulu empêcher la réalisation d'aucune des es
pérances qu'on forme pour l'avenir.
M. le rapporteur combat avec force l'amende
ment de M. Donny.
M. Meeus déclare qu'il ne comprend pas que
les Flandres par leur représentants viennent se
faire la guerre pour les chemins de fer en projet,
que des localités viennent combattre dans leur
intérêt en excluant les autres. La Chambre ne
peut consentir k ce que le débat descende ainsi
aux mesquines proportions d'un égoïsme étroit.
Il croit qu'il faut avant tout rapprocher les
centres de population des foyers de commerce et
d'industrie, et que dès lors le véritable intérêt est
que l'embranchement de Thielt sur Deynze soit
construit. Il appuiera donc l'amendement de M.
De Roo.
M. Dumorlier fait remarquer que si l'on
conduit une ligne sur Furnes et sur Poperingue,
ces deux villes se trouvant k moins de 10 ki
lomètres de la frontière française, le gouverne
ment pourra toujours, sans l'intervention de la
législatureconcéder des embranchements qui
conduiraient aux ports français et ruiner le port
d'Ostende. Il voit 1k uu grand danger qu'il faut
prévenir et propose, pour atteindre ce but, l'a
mendement suivant Aucun chemin de fer de
Furnes ou de Poperingue k la frontière française
ne pourra être concédé sans l'intervention d'une
loi.
M. Delehaye parle en faveur de l'amende
ment de M. De Roo. Il se plaint de l'égoïsme
de la ville de Bruges qui veut que Thielt n'ait
des communications qu'avec elle.
M. Devaux croit que si Bruges doit être, accusé
de quelque chose, ce n'est pas d'égoïsme, mais
d'avoir cédé trop facilement sur de justes préten
tions.
Il fait remarquer que le projet en discussion
est accepté par i4 des i5 villes de la Flandre
occidentale. La seule de Thielt se plaint de ne pas
gagner assez. Il déclare que Bruges s'est résigné
au tracé k condkion qu'il ne fût pas empiré contre
elle. Bruges n'a pas été bien traité par le projet
comme chef-lieu, elle avait droit a être mise
en communication directe avec le principales lo
calités de la province; cependant deux points
seulement sont reliés directement Bruges et
le district d'Ypres, par exemple, un des plus im
portants, ne pourra parvenir k Bruges qu'en fai
sant un détour de 7 lieues.
Il prétend que Gand, qui se plaint, est surtout
favorisée par le projet, que la Flandre occidentale
lui cède en quelque sorte ses beaux districts que
l'on isole du chef-lieu de la province. Il in
siste sur la nécessité de ne pas portes un nouveau
coup au commerce de Bruges, déjà si déchu, par
l'embranchement que l'on réclame.
Il prétend, d'ailleurs, aussi que cet embran
chement serait nuisible au chemin de fer de l'Etat
si l'amendement proposé était adopté, il deman
derait a son tour qu'on rétablit la communication
directe de Bruges a Thielt qui se trouvait dans le
projet primitif.
M. D'Elhoungne soutient que la question n'est
pas entre Bruges et Gand, mais entre Bruges et
Thielt, k qui Bruges dispute un chemin de fer qui
lui est indispensable. Il insiste sur la nécessité de
mettre Thielt en rapport direct avec Gand où les
nombreuses populations de Thielt et des environs
trouveront du travail. 11 dit que le système de M.
Devaux tend k établir des relations forcées entre
Bruges et les autres villes de la Flandre occi
dentale, et k empêcher des relations naturelles
entre cette province et la Flandre orientale. 11
pense que si l'on poussait ce système jusqu'au bout,
il faudrait aller jusqu'k isoler complètement les
provinces les unes des autres.
La clôture demandée.
M. le président donne lecture d'un amende
ment présenté par M. Devaux, d'après lequel le
gouvernement serait autorisé k accorder la conces
sion d'un chemin de fer de Bruges k Roulers et de
Roulers k Gourtrai, dans le cas où la Chambre dé
créterait un embranchement sur Aeltre ou sur
Thielt.
MM. De Foere, Malou et Maertens combat
tent la clôture.
La clôture est mise aux voix; elle n'est pas
adoptée.
La Chambre décide qu'elle se réunira demain k
10 heures.
La séance est levée a 11 heures 12.
Séance du 10.
4,5oo ouvriers typographes, imprimeurs,
fondeurs en caractères, relieurs, papetiers, etc., de
diverses villes, demandent qu'on ne sacrifie pas
leurs intérêts dans le traité k conclure avec la
France.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion
du projet de loi relatif k la concession de chemins
de fer dans les Flandres.
A la fin de la séance d'hierM. Devaux a déposé
l'amendement suivant:
J'ai l'honneur de proposer, pour le cas où un
embranchement quelconque sur Deynze ou Aeltre
serait adoptél'amendement suivant qui en serait
la conséquence
Le gouvernement est autorisé k accorder k la
compagnie, etc...., la concession d'un chemin de
fer de Bruges k Roulers par Thourout avec em
branchement sur Thielt et Dixmude, et de Roulers
k Conrtrai avec embranchement sur Ypres et Po-
peringhe partant de Roulers.
M. Devaux développe son amendement.
M. le Ministre de travaux publics déclare
qu'entre les prétentions différentes de Bruges d'un
côté, de Thielt et de Gand de l'autrele gouver
nement a cru devoir prendre une position d'exa
men il repousse le reproche d'indécision que M.
D'Elbougne lui a adressé II croit ce reproche peu
mérité dans un moment où le gouvernement vient
d'ouvrir une voie nouvelle k l'activité des popu
lations de rattacher au grand réseau du chemin
de fer de l'État presque toutes les parties des po
pulations qui s'en trouvaient éloignéesd'ouvrir
des débouchés nouveaux k tous nos centres indus
triels importants. Mais en présence des récla
mations sérieuses qui se sont produites contre
l'embranchement de Deynze ou d'Aeltre le gou-
vernement a cru qu'il fallait examiner la question
de nouveau et ne pas la trancher d'une manière
inconsidérée.
M. le ministre repousse l'amendement de M.
Devauxqui renverserait complètement le tracé
tel qu'il a été présenté par la compagnie en der
nier lieu et accepté par le gouvernement.
Il déclare qu'il ne voit pas de difficulté de se
rallier k l'amendement de M. Dumorlier, mais
qu'il ne peut adopter celui de M. Donny.
M. De Haerne déclare qu'il adoptera le projet
tel qu'il a été présenté par la commission. Il croit
toutefois qu'en fait de chemins de ferl'intérêt
général doit l'emporter sur l'intérêt local. 11 ne
peut donc se rallier aux considérations qu'a fait
valoir M. Devaux.
Il déclare qu'il ne peut se rallier k l'amende
ment de cet honorable membre.
II ne s'opposera pas k l'amendement de M. Du-
mortier. Cependant l'observation que cet hono
rable membre a fait contre le prolongement de
l'embranchement de Poperinghe.
La clôture est demandée et prononcée.
L'amendement proposé par les dix députés est
mis aux voix et adopté.
L'amendement de M. Devaux est mis aux voix;
il n'est pas adopté.
La proposition de la section centrale est ensuite
mise aux voix et adoptée.
La disposition additionnelleproposée par M.
Donny est mise aux voix elle n'est pas adoptée.
L'article nouveau proposé par M. Dumortier est
mis aux voix et adopté.
M. Devaux présente et développe un amen
dement ainsi conçu
Pour le prix de transport des voyageurs et
des marchandises venant de Roulers ou par Rou
lers et allant k Ypres ou au-delà et vice-versa, la
distance de Roulers k Ypres ne sera comptée que
pour 20 kilomètres.
M. le Ministre des travaux publics pense
qu'il ne faut rien stipuler de formel k cet égard,
mais qu'il faut se borner k autoriser le gouverne
ment k négocier avec la compagniek l'effet
d'atteindre le but que se propose M. Devaux.
M. Rodenbach appuie l'amendement de M.
Devaux.
M. Malourapporteur, partage l'opinion ex
primée par M. le Ministre des travaux publics.
M. Devaux présente une nouvelle rédaction k
laquelle M. le Ministre des travaux publics se
rallie.
L'amendement ainsi rédigé est mis aux voix et
adopté.
Il est procédé au vote par appel nominal sur
l'ensemble du projet qui est adopté a l'unanimité
des 36 membres qui ont pris part au vote, 4
membres se sont abstenus MM. Coppieters, De
vaux Donny et Maertens.