JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N° 2894.
28me année.
7FB.3S, 28 Jum.
La société royale de S'-Sébastien en cette
ville vient de recevoir une nouvelle faveur
de la part de sa Majesté. 11 y a quelque
temps le Roi a permis que le comte de
Flandre fût membre de la société aujour
d'hui, par l'intermédiaire de M' Léopold
De Florisone, la liste civile vient de des
tiner deux mille francs l'acquisition d'un
drapeau d'honneur pour la confrérie qui
a son origine dans la bataille des éperons
d'or. Cette nouvelle a été annoncée aux
archers par M' De Florisone au moment
où ils revenaient du concours d'Eessen.
Ils ont témoigné leur gratitude par les cris
chaleureux de vive le Roi, vive le comte
de Flandre!
LE 20 JUIN 1792 AUX TUILERIES (i).
On s'abonne Ypre*. Graud'-
Place, 44, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
prix DK
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 4S*
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur paraît
le 8IMKDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IKSERTIOSS.
41 centimes par ligue. Les ré
clames, 44 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
M. le comte de Muelenaeregouverneur de la
province, accompagné de M. Goethals, membre
de la députation permanente du conseil provincial,
et d'une autre personne s'est rendu le 24 a Eessen
pour placer la première pierre du chemin de Dtx-
mudeà Roulers. Cette pose a eu lieu avec beaucoup
de solennité; après quoi un dîner a été offert
M. le gouverneur par M. le bourgmestre d'Eessen.
La plupart des notabilités du district assistaient
ce banquet.
Le Moniteur publie un relevé statistique des
travaux judiciaires des conseils de prud'hommes
établis a Alost, Bruges, Courtrai, Gand, Lokeren,
Renaix, S'-Nicolas, Termonde et Ypres.
Un journal de Bruges annonce que les opé-
Paris, ce 10 juin 179a.
Si j'ai de nouveaux crimes vous raconter, mon
cœur se soulage en pensant la grandeur d'âme, la sérénité,
au courage que le Roi et sa famille ont montrés dans oette
fatale journée. Eux seuls ont soutenu la dignité nationale qui,
depuis trois ans, a disparu en France un bouclier invisible
les a soustraits aux coups de ce ramas infernal et infect qui est
venu souiller les abords du trône
Depuis quelques jours, on nous prédisait l'arrivée du fau
bourg St-Antoine. Gorsas l'avait annoncée, et Gursas ne se
trompe pas en fait d'attroupements. On connaissait la pétitioh
qu'il devait faire; elle était écrite en lettres de sang, et chaque
phrase était un arrêt de mort pour le château. On était assuré,
par conséquent, de son admission l'assemblée (législative)...
Ce jour devait être plus horrible encore que le 5 et 6 octobre.
La garde nationale se rassemble de tous côtés, elle environne
le château et le jardin avec force pièces de canon cet appareil
militaire annonçait que non-seulement on voulait en imposer
au peuple, mais même qu'on voulait s'en rendre maître...
Cependant Romainvilliers, ce digue ami de Pétion, avait dans
sa poche l'ordre de respecter le peuple et de n'opposer aucun
obstacle son entrée au château. Il y avait, d'ailleurs, dans
les troupes da ligne et dans l'artillerie, plus de force que de
volonté. On a vu la gendarmerie et les troupes de ligne qui
avaient eu ordre de charger, jeter la poudre du bassinet, dé
chirer la cartouche, en ôter la halle et annoncer la populace
qu'elles partageaient ses sentiments.
(1) Cette relation inédite est extraite d'uue lettre adressée
M. bailly, valet de chambre de Louis XVI, par M. Rabcl,
officier de S. M.
rations de la compagnie du chemin de fer parais
sent marcher avec une grande célérité, et qu'avant
un an la voie ferrée de Bruges a Courtrai sera en
pleine activité.
On écrit d'Ostende, 26 juin Hier 'a 5 1/2
heures de relevée sont arrivés k Osteude par un
convoi spécial du chemiu de fer, le roi et la reine;
les voitures de la cour ont conduit L. M. au palais
royal. Ce matin h 7 heures le roi et la reine se sont
embarqués k bord du steamer de la marine royale
anglaise la Princesse Alice chargé de conduire
L. M. a Woolwich.
«Un transport de 262 colons allemands, non
compris les enfantsest arrivé le 20 au matin par
le premier convoi ils se rendent dans la province
de Sainte-Catherine (Brésil).
Le charmant petit port de Blankenberghe
commence depuis quelques semaines, a être fré
quenté par les habitants des localités environ
nantes, et surtout par les Brugeois, mais nous avons
été surpris de n'y pas rencontrer autant d'étrangers
que les années précédentes. Nous ne pouvons at
tribuer ce retard qu'a celui que les beaux jours ont
eux-mêmes mis a venir car Blankerberghe offre
aujourd'hui plus d'attrait encore que par le passé.
Sa superbe plage pour les bains a gagné beaucoup
en sécurité par les nouvelles jetées fort avancées
qui ont été construites; et de plus il y a maintenant
un jardin public qui offre une agréable promenade
aux étrangers.
Le conseil communal de Gand doit s'occuper
samedi d'une réclamation de la régence de Renaix,
tendant obtenir l'appui du conseil pour l'établis
sement d'un chemin de fer entre Gand et Mons,
partant de Deynze ou de Nazareth, passant par
Déjà rassemblée avait reçu daus son sein cette infernale
cohorte, ces monstres avides de sang qui avaient déjà oublié
la fête civique et la plantation de leur mai. Ils délitent pen
dant trois heures dans le jardin, passent devant le château,
sortent par le Pont-Royal et rentrent par le Carrousel le gui
chet étant défendu par une vingtaine de grenadiers qui ne
résistèrent pas longtemps. Le bataillon du faubourg s'était
posté exprès au milieu de la place et avait braqué ses canons
sur la porte. Le peuple s'y présente, un municipal sa tcle il
demande au nom de la loi qu'on lui ouvre la porte: la porte
fut ouverte, et le peuple fut maître du château et du jardin,
parce qu'une moitié était restée sur la terrasse pour le forcer
de ce côté si l'on éprouvait la résistance de l'autre. Leurs
dispositions étaient préparées de longue main, leurs plans
combinés et leurs opérations bien dirigées, La garde nationale,
au contraire, n'avait ni chef, ni courage.
Le Roi s'aperçut le premier, trois heures et demie, que la
porte était ouverte, que le faubourg entrait: Ils ont donc en-
fouoé les portes? On vient dire qu'ils les avaient enfoncées.
Le Roi entre, avertit la Reine, reparaît sur-le-cbamp, demande
sou chapeau et marche droit eux. Nous le suivîmes en petit
nombre; les ministres arrivent par le tambour, précédés du
brave Acloque et du vieux maréchal de Mouchy, qui voulait
mourir ou réparer la honte de ses enfants Acloque va au Roi
Pardon, Sire il enfouce son chapeau ma vie est vous;
on me passera sur le corps avant d'arriver jusqu'à votre Majesté.»
Ils avancent vers le milieu de POEil-de-Bœuf, Mme Elisabeth
derrière le Roi. La Reine luttait, la porte de cette pièce,
contre plusieurs de nous elle pleurait, elle nous conjurait de
la laisser suivre le Roi lorsqu'il allait au-devant de ses assas
sins; enlin, elle se rendit nos larmes... C'élais, je crois, une
inspiration divine que de s'opposer ses désirs...
Le Roi ayait demandé quatre grenadiers et ordonné d'ouvrir
Audenaerde et Renaix, et se rattachant a Ath au
chemin de fer de Tournait Jurbise.
Ou e'erit de Gand le 25 juin Le Roi et
la Reine sont arrivés cette après-midi a 3 heures
et quartpar un convoi spécial dans la station du
chemin de fervenant du château de Laeken et se
rendant k Ostende, afin de s'y embarquer pour
Londres. Leur retour aura lieu du 10 au i5 du
mois prochain.
Dans la station LL. MM. ont été reçues par
MM. le gouverneur de la province, le bourgmestre,
le lieutenant-général Clump le commandant de
la place Van de Poele et les principaux chefs des
corps. Le Roi est descendu de voiture et a adressé
la parole tous les fonctionnaires et officiers pré
sents. La Reine s'est entretenue avec MM. le gou
verneur, le bourgmestre et le général Clump.
Après une halte d'environ un quart d'heure,
LL. MM. sont parties pour Ostende.
Un arrêté royal du 20 juin est ainsi conçu
Les sapeurs des régiments d'élite et d'infanterie
de ligne seront supprimés.
Les habitants de la commune d'Ixelles ont
été égayés lundi soir par une scène assez plaisante.
Un tailleur de cette commune avait fait quelques
reproches sa femme, parce que son souper n'était
pas prêt; il s'en suivit une discussion fort peu
parlementaire qui se termina par une volée de
coups de poing. S'atlribuant tous deux la victoire,
ils allèrent la célébrer chacun dans un cabaret
voisin et c'est un fond de leur verre qu'ils trou
vèrent probablement l'idée de se séparer.
Faire le partage de la communauté ne fut pas
long; on fit deux paquets dont l'un des effets du
mari et l'autre de ceux de la femme, et sauf quel-
a—
les portes on les enfoDçait coups de bâche et de crosses; les
coups redoublaient, semblables des coups de fusil. Un pan
neau de la porte alla tomber quelque distance du Roi. Il or
donna une seconde fois de l'ouvrir; pendant ce temps, M. de
Kougainville priait le Roi de se mettre contre la croisée pour
n'être pas entouré. Un coffre pratiqué dans l'enfoncement de
cette croisée lui servit de trôue. Mme Élisabeth moula sur un
autre cutl're alors la porte fut ouverte et la salle remplie de
gens de toutes armes, de tous costumes, de tout sexe, poussant
des hurlements affreux... Ceux qui environnaient le Roi vou
laient le repousser, il fit mettre bas les armes.... Quant moi,
mes mains dans mes poches, je tenais mes pistolets, et j'aurais
donné la mort avant de la recevoir. Le sacrifice de ma vie
n'était rien en comparaison de celui que je voyais faire.
Au milieu de ces cris et de ces hurlements, on entendait:
Où est le Roi nous voulons le voir où est-il Ou le leur
montr ait et ils ne le voyaient pas. Les premiers qui l'aperçu
rent, pâles, interdits, reculèrent son aspect... Un grenadier
dit alors au Roi: Sire, n'ayez pas peur! Grenadier, mets
la maiu sur mon cœur, et vois s'il bat plus vite. La foule
grossissait, les fenêtres servaient de passage cette borde fu
rieuse; les escaliers, les corridors étaient remplis de ces mon
stres a face humaine, et tout le château présentait déjà l'image
de la dévastation.
Un nouveau groupe se présente au Roi et lui offre un bon
net rouge au bout d'uue pique; le Roi Je met sans aucuu ait
de répugnance, quoiqu'il fût sale... Alors lus propos les plus
horribles, les plus atroces fureut débités; ils demandèrent que
les deux veto fussent retirés (r); le Roi soutint ces propos
infâmes avec une constance et une fermeté inébranlables Un
(1) Louis XVI avait apposé sou veto sur le décret de dépor
tation des prêtres, et sur celui d'un camp de vingt mille hom
mes sous Paris.