JOURNAL D APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2905.
29me année.
7PE.3S, G Août.
Monsieur le Rédacteur.
On vient de me communiquer votre
feuille du mercredi 30 du mois de juillet
dernier, dans laquelle se trouve un article
relativement la nouvelle église de Saint
Nicolas, monument, dites vous dans cet ar
ticle, dont le concours du gouvernement, de
la province et des habitants a doté la ville;
m f
j'aime a croire qu'une distraction vous a
fait oublier le concours généreux de l'ad
ministration communale; c'est contre cette
omission, sans doute involontaire de votre
part, que je crois, autant par reconnais
sance que par justice, devoir réclamer, le
conseil communal étant venu au secours
de la fabrique en lui accordant deux sub
sides l'un de cinq mille et l'autre de douze
mille francs, subsides d'autant plus im
portants qu'ils ont été le principe et le
fondement de ceux que la province et le
gouvernement lui ont accordés. Je vous
prie en conséquence, Monsieur le rédacteur,
de vouloir insérer la présente dans votre
prochain numéro et d'agréer l'assurance
de ma parfaite considération.
J. VANOUTRIVE curé de S'-Nic*.
LU M© ©'(MI ^OLLI.
Au sujet de la mort de Mr Leu d'Ebersoll,
nous avons posé une question laquelle
le Journal des Jobards s'est empressé de ré
pondre. A travers les plus pénibles cou-
torsions d'un nouvel accès de frénésie, il
reconnait, au moins implicitement, qu'une
main libérale a commis le lâche assassinat
dont Mr Leu d'Ebersoll est la déplorable
victime. Les jésuites, selon lui, exploitent
une catastrophe qui ne peut être qu'un
suicide ou une vengeance personnelle.
Mais les circonstances du fait et l'autopsie
du cadavre prouvent l'évidence qu'un
suicide est inadmissible, et la feuille libé-
râtre qui a eu Ceffronterie pyramidale d'in
venter ce mensonge calomnieux est pour
suivie par la famille du défunt, et ne tardera
pas recevoir le châtiment de sa stupide
méchanceté. Une vengeance personnelle?
Ah! c'est différent! nous comprenons cette
phrase dans la bouche d'un libéral de l'Al
liance, ou d'une de ses succursales. Celui
qui est l'adversaire de vos opinions, trouve
un ennemi implacable dans chacune de
vos personnes; vous lui avez juré haine,
vengeance, extermination. Vous êtes les
enfants dénaturés de la liberté et vous ne
souffrez pas que l'on pense autrement que
vous; sous vos paroles emmiellées, vous
cachez les pistolets et le poignard; et lors
que vous succombez dans une lutte ou
verte, comme en Belgique dans la lutte
électorale, comme en Suisse dans la lutte
des corp-francs, vous recourez aux ven
geances personnelles...., et ces vengeances
ne seraient pas le fruit de vos doctrines,
l'œuvre de votre parti!
Nous avons dit que la nouvelle Église de
S'-Nicolas est due au concours généreux
du Gouvernement, de la Province et des
habitants de la Ville. Le Progrès nous re
proche d'avoir passé sous silence la baga
telle de 17,000 francs alloués par le con
seil communal. Quelle différence y aurait-
il entre les citovens et leurs mandataires?
Le subside sort des poches de tous les ha
bitants nous n'avons pas mentionné le
chiffre parce que nous l'ignorions. Au sur
plus le Propagateur avait signalé, en temps
et lieu, les subsides votés par les adminis
trateurs de la ville.
Les libéraux prétendent que le Ministère
Vandeweyer est plus catholique que le Mi
nistère Nothomb. Où donc en sont-ils avec
leurs victoires du 10 juin?
Deux journaux qui font Lausanne
l'honorable métier de propager l'athéisme
et le communisme, et qui sont rédigés par
Marr et Beeker, n'ont pas reculé devant
l'idée d'attribuer la mort de M. Leu d'Eber
soll un suicide. La vie exemplaire du
défunt; les circonstances de l'assassinat,
tout démontre que le coup a été porté par
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, *4, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L°ABOM'i)NE\T,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 44D
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES 1XSERTIOX8.
I centimes par ligne. Les r<.
clames, tS centimes la ligne.
vérité et justice.
Ypres, a Août 184 5.
Dans la campagne de 1807, l'empereur s'était avancé avec
le gros de l'armée vers la Prusse et avait laissé derrière lui la
Hesse, dont les populations favorisaient de leurs voeux la cause
des ennemis de la France. Pour n'avoir pas redouter de ré
voltes qui l'inquiétassent sur ses dernières, il envoya occuper
le pays par des détachements militaires.
Parmi les localités désignées aux troupes, Hersftld ne pou
vait être oubliée; ville de fabrique et de commerce, elle ren
fermait une population d'ouvriers et de manufacturiers, dont
les uns déploraient leur travail journalier perdu, les autres, le
cours de leurs prospérités suspendu par la guerre. Ce fut donc
avec un espritde mécontentementetd'irritationpeudissimulé,
que l'on y vit arriver un régiment français. Le colonel Savin,
qui le commandait, ne put se méprendre l'accueil qui lui
fut fait aussi résolut-il d'écarter avec le plus grand soin, tous
les prétextes qui auraient pu amener une collision entre la
troupe et les habitants. Il ne frappa aucune réquisition mili
taire; les soldats, au lieu d'être logés dans les maisons parti
culières, furent distribués dans quelques édifices de la ville
et là, couchèrent sur de la paille, jusqu'à ce que l'administra-
lion de l'armée eût pu envoyer les objets nécessaires.
Enfin, un ordre du jour menaça des peines les plus sévères
ceux qui commettraient quelque délit ou se rendraient cou
pables de quelque injure envers les habitants. Toutes oes sages
mesures ne suffirent pas cependant. Au bout de quelques
jours, deux soldats qui s'étaient éloignés de la ville dans une
promenade, furent trouvés morts, et l'on ne put découvrir les
auteurs de ce meurtre tant les Allemands étaient unis pour la
même cause.
Quoiqu'il eût été interdit aux Français de fréquenter les
lieux publics, cependant, dans la rue même, ils étaient sou
vent provoqués de la manière la plus outrageante, et quelle
que fût leur patience, plusieurs duels eurent lieu. Il était si
évident que l'agression n était jamais partie des nôtres, que le
colonel se vit forcé d'inviter les babitauts plus de modération,
en les menaçant, leur tour, de les faire sentir les charges de
la guerre, dont ils avaient été exempts jusqu'alors Les choses
n'en allèrent pas mieux.
Parmi ceux qui se signalaient par leur acharnement contre
les Français était un jeune négociant nommé Kaufmann, que
tout ce qui l'entourait eut semblé devoir éloigner de semblables
excès. Marié depuis moins d'un an avec une jeune femme,
Kaufmann avait succédé la maison deoommerce tenue pen
dant quarante ans, avec honneur, par son père. Ce père, de
soixante-dix anschez qui les fatigues d une vie laborieuse
avaient encore avancé la vieillesse; son épouse qui gardait la
chambre, étaient pour lui des objets de tant de respect et d'a
mour, qu'il eût tout sacrifié leur salut, leur repos, tout,
excepté sa haine contre les Fiançais. Les intérêts de fortune
n'étaient pas plus puissants sur lui; car sa maison, située sur la
grande place eût été une des premières exposées au pillage, et
elle contenait d'immenses magasins, regorgeant des riches
marchandises que la guerre y avait été arrêtées. Malgré ces
motifs de prudence, on citait de lui cinq querelles, cinq ren
contres avec des officiers, où, au prix d'une légère blessure
qu'il avait su dérober aux yeux de sa famille, deux fois il
avait missou adversaire hors de combat, et deux fois il l'avait
laissé mort sur la place.
Le colonel avait, plusieurs reprises, appelé près de lui les
habitants notables de la ville et les avait exhortés le secon
der pour mettre un terme oes désordres, ces assassinats;
mais, sans doute, leurs remnutianoes n'avaient pas eu de
succès sur leurs jeunes compatriotes, et des rapports annon
çant oe qui se passaient furent envoyés l'empereur, dont le
quartier-général était déjà au fond de la Prusse. Avant que la
réponse vint, la longanimité du colonel devait être bien mal
payée.
Ce vétéran, qui avait pris part aux quinze ans de guerre qui
venaient de s'écouler, avait perdu deux fils au service, et toute
sa tendresse était reportée sur un neveu déjà arrivé au grade
de capitaine et qu'au commencement de la campagne il était
parvenu faire entrer dans sou régiment. Félix Savin, vingt
cinq ans, d'une figure heureuse, d àn caractère ouvert et facile,
brave et bon, s'était concilié l'affection de tous et surtout de
ses soldats. Il allait ordinairement prendre ses repas un
hôtel dont, suivant l'usage d'Allemagne, la vaste salle se divi
sait le soir par une cloison en deux parties, l'une réservée
ceux qui soupaient, l'autre ceux qui venaient seulement
fumer et boire. Un soir, Félix, en attendant le souper, se pro
mena contre son ordinaire quelques instants dans la salle ser
vant d'estaminet et oublia son chapeau plaoésur une des tables.
Le maihenr voulut que cette table fût justement celle où
Kauffmann fils venait tous les soirs prendre place et,eu causant
avec ses amis, se mettre au courant de ce qui s'était passé dans