une main étrangère, tout rend même vrai
semblable qu'une basse vengeance du ra
dicalisme a dirigé l'arme, mais qu'importe
la presse libérale? Le Progrès s'associe
sans scrupule aux confrères vaudois:
Qu'y aurait-il d'étonnant, dit-il, que M.
Leu.fut tombé dans l'abattement et
au désespoir des calamités qu'il avait
attirées sur sa patrie? Il faut lire:
dont il a préservé sa patrie, car les Baziles
du Progrès ne peuvent dénier que M. Leu
n'ait été un des citoyens les plus zélés
organiser cette résistance victorieuse, qui
a triomphé de l'invasion des bardes rebel
les de steiger. C'est grâce ses efforts, et
la vaillance héroïque de ses concitoyens,
que Lucerne n'a pas été le théâtre du car
nage et de l'incendie, et que les magistrats
du canton n'ont pas été pendus au haut
des tours, comme les libéraux se l'étaient
promis.
On mande d'Anvers, le 2 août Hier
malin, peu de temps après la distribu
tion du Moniteur en ville, MM. les pré
sidents et membres de la chambre de com
merce, ainsi qu'un très-grand nombre de
négociants et d'industriels d'Anvers ont
été féliciter Mr Malou sur sa nomination
de ministre des finances. Mr Fuchs a pro
noncé un petit discours très-convenable,
auquel Mr Malou a répondu avec une
émotion visible. Après avoir remercié son
nombreux auditoire de la marque d'intérêt
qu'on lui témoignait, Mr Malou a reconnu
que la situation de nos raffineries doit
être améliorée, et il a pris l'engagement
spontané de faire quelque chose en faveur
de cette branche importante de l'industrie
nationale. Ces paroles ont été accueillies
avec une vive satisfaction. Immédiatement
après cette audience, on a fait circuler
parmi le commerce une liste de souscrip
tion dans le but d'offrir un banquet au
nouveau ministre, comme témoignage
d'estime, d'affection et d'espérance. Cette
liste a été bientôt couverte de nombreuses
signatures et spécialement de celles de
tous les membres de la députation perma
nente.
Dans le courant de la journée, beau-
coup d'habitants d'Anvers ont rendu visite
Mr Malou, ou se sont fait inscrire au
gouvernement provincial.
Vendredi soir dix heures une bril
lante sérénade a été donnée Anvers Mr
Malou.
Une lettre de Roulers, datée du 1"
août, donne une idée de l'émotion causée
par la maladie des pommes de terre:
Des milliers de personnes de la cam
pagne^ est-il dit,se rendent en pèlerinage
Rumbeke,à une petite chapelle, nommée
St-Antonius Cappelleken, pour prier ce
saint de les préserver de la mortalité des
pommes de terre. Depuis le grand matin
jusqu'au soir,I00à200 personnes viennent
stationner devant cette chapelle; des mil
liers de chandelles sont allumées par les
pèlerins qui viennent de deux, trois et
quatre lieues la ronde. Toutes les autres
récoltes de la campagne se présentent
sous le meilleur aspect.
Le mouvement des troupes dont voici
les détails, va incessamment avoir lieu
Les 8' et iO' régiments de ligne sont dé
signés pour aller au camp de Beverloo.
Le 8e ira, après le camp, tenir garnison
Mons et le dépôt de ce régiment se rendra
Ath. Le 2' régiment de ligne rempla
cera le 8e de ligne Gand.
Le dépôt du 1" régiment de lanciers est
désigné pour tenir garnison Gand.
Les deux escadrons de cuirassiers, qui
sont Gand, partiront pour Bruxelles vers
les 16 ou 17 août, en remplacement des
guides qui vont au camp.
Après le camp les cuirassiers du 1" ré
giment iront en garnison Bruges.
Le 1" régiment d'artillerie remplacera
Gand le 2* régiment de la même arme; le
2' régiment se rendre Liège pour y tenir
garnison.
Le 1" régiment de chasseurs cheval
partira le 18 courant de Mons pour aller
tenir garnin Malines; il sera remplacé
par deux escadrons du 1" lanciers.
On écrit de Gand, 4 août Un orage
a éclaté samedi Gand et dans les en
virons. La foudre est tombée en plusieurs
endroits et notamment sur l'Église de
Deurle, canton de Nazareth. M. Vael, co-
adjuteur, se trouvait en ce moment-lâ dans
son confessionnal, et il a ressenti un vio
lent coup la poitrine. Le Sacristain De
Martelaere et un charpentier, qui étaient
également dans l'intérieur du temple, ont
été atteints par le fluide et renversés.
La foudre a pénétré dans l'église en bri
sant d'abord les vitres du dôme, au-dessous
du maître-autel, et après y avoir exercé
d'assez grands ravages, elle s'est échappée
par le clocher qui a éprouvé le dégât le
plus considérable, au point qu'il paraît
constaté que le clocher devra être démoli
et reconstruit.
Le 51 juillet dernier, un pavillon
qu'on érigeait dans le jardin du docteur de
Vos, Eecloo, a été renversé par le vent,
et un maçon nommé Verhoest, atteint par
une poutre la poitrine, est décédé au
bout de quelques minutes. 11 laisse une
veuve et sept enfants, dénués de toutes
ressources.
Une quête a été faite pour ces infortunés
et a produit environ 200 francs, somme
peine suffisante pour satisfaire aux pre
miers besoins.
On lit dans le Courrier <fAnvers
Beaucoup de bruits circulent relative
ment des nominations de gouverneurs
de province. M. Mercier prendra la place
de M. De Viron, qui succédera M. Van
Den Steen Rome; voilà tout ce qu'il y a
d'à peu près certain jusqu'à présent. Quant
au poste d'Anvers, rièn n'est décidé on
prononce le nom d'un des élus du 10 juin,
de M. le baron Osy, mais ce n'est encore
qu'un on dit. Toutefois, on prétend qu'une
décision interviendra bientôt cet égard.
On écrit de Mons, 5 août
Nous avons encore un sinistre an
noncer. Vendredi, vers quatre heures du
matin, un coup de feu a eu lieu dans le
charbonnage de Belle Vue, appartenant
la société des hauts-fourneaux, usines et
charbonages de Couillet et Marcinelle.
Dix ouvriers ont été retirés sans vie
des travaux de la mine. Deux autres sont
grièvement blessés et on désespère de les
sauver. On ignore la cause de ce déplora
ble événement.
M"* la comtesse de Mérode est décé
dée Paris le 25 juillet, munie des secours
de la religion, âgée de 48 ans. Ses restes
ont été inhumés Bouverval, le 27 du
même mois, dans le tombeau de ses ancê
tres. Les larmes qui coulèrent dans ce
la veille. Chacun avait bien prévu que l'arrivée de Kauffmanu
ce chapeau serait on prétexte quelque nouvelle scène aussi
se garda-t-ou bien de le dérauger. Kauffmaun entra, tous les
yeux le suivirent: il vit le chapeau, le reconnut sans peine
pour appartenir un ollicier français et aussitôt le prenant, il
se dirigea vers le poêle sans dire un seul mot, l'y enfonça tout
entier et vint se rasseoir au milieu du murmure approbateur
de gens qui enoourageut faire ce qu'ils n'oseraient faire eux-
mêmes. Lorsque Félix eut fini de souper, il voulut reprendre
son chapeau, et se rappelant la place où il l'avait laissé, il vint
pour t'y cheroher; ne le voyant plus, il promena ses regards
autour de lui, et enfin il demanda poliment Kauifmaun, près
de qui il se trouvait, s'il n'avait pas vu là un chapeau
J'en ai vu un en effet, répondit-il.
Pourriez-vous me dire où je le trouverai?
Dans le poêle.
Comment?
C'est moi qui l'y ai mis.
Et pourquoi
Parce qu'il me gênait.
Ne pouviez-vous le donner un garçon
Je l'aurais fait s'il avait appartenu un Allemand.
Il était impossible qu'une discussion commencée ainsi entre
deux hommes, dont l'un ne cherchait qu'à irriter et provoquer,
n'eût pas de suites fâcheuses, surtout si l'on pense qu'eu ce
moment Félix était entouré d'ennemis, dont lesourire moqueur
semblait accuser de lâcheté la modération de ses réponses.
Uu officier qui, de la salle voisine, avait entendu le commen
cement de la querelle, avait couru au quartier chercher un dé
tachement pour arrêter les provocateurs et arracher Félix
l'espèce de guet-apens où on voulait l'entraîner; mais il revint
trop tard, il n'y avait plus personne l'hôtel et il ne put ob
tenir aucun renseignement. Dès qu'il se fut assuré que Félix
n'était pas rentré chez lui, il se mit en quête avec les hommes
qui le suivaient. Il parcourut toute la ville sans rien découvrir;
enfin, en traversant un pont, il crut entendre des voix au-
dessous, et en s'avauçant sur le parapet, il aperçut des hommes
qui sortaient précipitamment de dessous une arche, que les
bases des eaux avaient laissé sec. Il courut de ce côté; mais il
fallait faire un long détour, pendant lequel il perdit la trace
de ceux qui fuyaient. U descendit sur la berge, et de loin il vit
briller une petit lumière sous l'arche où il avait entendu par
ler. 11 s'y dirigea avec ses hommes, et la ils trouvèrent Félix
Savin étendu mort, tenant encore son épée la main et ayant
attachée un des boutons du revers de son uniforme une petite
lanterne, seul moyen, sans doute, que les adversaires, dans
leur fureur, eussent trouvé d'assurer leurs coups saus attendre
le jour.
lendemain de grand matin, les notables de la ville, et
parmi eux Kauffmann père, étaient appelés par le colonel;
lorsqu'ils entrèrent, ils lui trouvèrent le visage altéré. Je vous
ai fait venir, Messieurs, leur dit-il, pour vous communiquer
les ordres qui me sout arrivés du quartier-général ils sont
rigoureux, terribles; mais le ciel m'est témoin que mes rap
ports n'ont jamais contenu que l'exacte vérité et n'ont provoqué
en rien les représailles que vous avez attirées sur vous. Il lut
les dépêches o'était un ordre de livrer Hersfeld au pillage et
d'y mettre le feu.Tous étaient consternés, et, dans leur frayeur,
trouvaient peine quelques paroles de prières; je comprend
votre douleur, reprit le colonel, et j'ai pris sur moi de retarder
l'exécution de oet ordre. Voici une dépêche toute prête où je
demande qu'on adoucise l'arrêt qui vous coudamne.
Eu ce moment un officier entra et présenta au colonel un
papier. C'est le rapport de celte nuit, dit le colonel eu le pre
nant; peut-être quelque nouveau désordre. Il parcourut le
papier. Encore un duel, Messieurs, continua-t-il: un duel
avec des circonstances barbares! C'est uu meurtre, cela sur
un officier. Et eu pâlissant horriblement, il dit d'une voix plug
basse: sur Félix Savin, sur mon neveu, mun dernier fils! Un
frisson de terreur parcourut l'assemblée, et le silence de tous
avait quelque chose d'affreux, quand le colonel, qui s'était ap
puyé contre la table, leur dit Laissez-moi, Messieurs laissez-
moi! Et au moment où ils sortaient, se tournant vers l'officier:
Que personne ne sorte de la ville! Et lui tendant sa dépêche
en faveur des habitants: Faites toujours partir ceci, je l'ai
promis.
Kauffmann,en rentrant chez lui, alla aussi vite que son âge
le lui permit vers l'appartement de sa belle fille. Où est mon
fils? lui dit-il en la voyant pâle et étendue sur le lit de repos
que le docteur ne lui permettait plus de quitter-
Parti, répondit Nasly, femme de Kauffmann fils,
Parti
Il s'est battu cette nuit avec un Français et l'a tné.
Lui c'est lui qui a tué le neveu du colonel.
(Pour e't.-e continué.)